Le 36ème Sommet franco-britannique s'est tenu à Paris, au Palais de l’Élysée.
5 ans après le dernier Sommet de ce type à Sandhurst, au Royaume Uni, le 18 janvier 2018, la 36ème édition de ce Sommet dédié à la relation entre la France et le Royaume-Uni a marqué un moment de retrouvailles entre les deux pays. Elle est intervenue, en outre, dans le contexte favorable de l’ouverture d’un nouveau chapitre dans la relation entre le Royaume Uni et l’Union européenne.
Cette rencontre entre le Président de la République et le Premier ministre Rishi Sunak, en présence de membres des gouvernements français et britanniques, ainsi que d’acteurs économiques et de jeunes talents impliqués dans la relation entre la France et du Royaume-Uni, a permis de rappeler les liens qui unissent historiquement nos deux pays et nos populations.
Nouveau départ. pic.twitter.com/6E1hRsWRJp
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 10, 2023
Le Sommet a surtout été l’occasion de réaffirmer et approfondir l’étroite coopération en matière de soutien militaire à l’Ukraine. Il vise également à renforcer les liens entre nos sociétés civiles, la coopération entre nos deux pays en matière de sécurité – contre-terrorisme, lutte contre la radicalisation, les stupéfiants et la pédo-criminalité –, d'énergie, de nucléaire civil et de contrôle des migrations irrégulières,.
Partageant une ambition élevée en matière de défis globaux, en particulier concernant le climat, l’environnement et la biodiversité, la France et le Royaume Uni ont également évoqué lors du Sommet la manière de renforcer leurs engagements et leur partenariat, ainsi que leur ambition commune sur l’architecture financière internationale, notamment à destination des pays les plus vulnérables, en vue du Sommet qui se tiendra à Paris en juin 2023.
Les destins du Royaume-Uni et de la France sont liés. Nos défis, partagés. Préservation de notre planète, soutien à l'Ukraine, coopération en matière de sécurité et d’énergie : c’est ensemble que nous avançons.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 10, 2023
Bienvenue à Paris, cher @RishiSunak. pic.twitter.com/CCQ7etwaWR
Afin de promouvoir la coopération économique de nos deux pays dans la continuité du Business Forum franco-britannique, les deux chefs d’État ont échangé avec des chefs d’entreprises pour mettre en avant des projets d’investissements, des partenariats et des actions concrètes entre nos deux pays autour du thème de la décarbonation de nos économies.
Conscients des liens qui unissent nos sociétés et de la nécessité de continuer à les renforcer, en particulier lorsqu’il s’agit de la nouvelle génération, les deux chefs d’État se sont également entrentenus avec des jeunes talents franco-britanniques de tous horizons.
Revoir la conférence de presse conjointe :
10 mars 2023 - Seul le prononcé fait foi
Conférence de presse du Président de la République à l’occasion du 36ème Sommet franco-britannique.
Monsieur le Premier ministre, cher Rishi,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les ambassadrices et ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux, Monsieur le Premier ministre, de vous retrouver ici et de nous retrouver ici, rassemblés à l'Elysée, pour ce Sommet bilatéral franco-britannique, le 36ᵉ dans ce format. Je veux vous remercier ainsi que vos ministres pour le travail fait avec l'ensemble des équipes pour parvenir à la déclaration commune qui est un document de travail robuste et aussi pour les très bons échanges que nous avons eus durant la matinée et à l'instant avec nos ministres.
Cinq ans se sont écoulés depuis la dernière rencontre entre nos deux Gouvernements. Durant ces cinq années, nos sociétés ont traversé la pandémie de Covid-19. Elles connaissent le retour de la guerre sur notre continent. Elles vivent une crise énergétique et le retour de l'inflation. Et durant ces cinq années aussi, le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne. Le 18 janvier 2018 à Sandhurst, je rappelais qu'il y a deux choses que rien ne peut changer : aucun vote, aucune décision politique. J’ajouterai aussi maintenant aucune pandémie. C'est notre histoire et notre géographie. Et celle-ci nous place ensemble face à un destin commun et c'est encore plus vrai aujourd'hui.
Nous avons une histoire qui nous lie. Nous avons des valeurs qui soudent notre solidarité. Nous avons une amitié entre nos peuples qui parfois connaît des parenthèses sur un terrain de football ou un terrain de rugby. Et je ne veux ici pas aller plus loin dans les mentions sportives compte tenu de ce qui nous attend dans les prochains temps.
Nous avons en effet une géographie qui nous lie. C'est en cela que ce Sommet est exceptionnel. C’est que c'est un moment très clairement, je dirais, de retrouvailles, de reconnexion et de nouveau départ. Il marque une volonté commune de nous parler, de mieux nous coordonner et de bâtir ensemble de nouvelles perspectives dans ce contexte. Et je crois que la volonté que vous avez exprimée très clairement et ce dont nous avons discuté ensemble, ce sur quoi nos Gouvernements ont travaillé et ce que nous avons réussi à créer avec la rencontre avec nos dirigeants d'entreprise puis avec les jeunes leaders, va dans ce sens.
La volonté commune qui s'est imposée à nous comme une évidence, c'est dans le nouveau contexte international que nous connaissons. Dans ce contexte qui place l'Europe, au sens géographique du terme, face à des responsabilités nouvelles. Nous deux, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, membres fondateurs de l'OTAN, puissances dotées avec des intérêts communs et des vraies convergences, nous voulons travailler ensemble et nous voulons bâtir des solutions concrètes pour notre avenir.
À ce titre et dans ce contexte, je veux ici saluer le nouveau virage qui a été pris aussi et votre volonté de réengager avec l'Union européenne et vous féliciter pour le cadre de Windsor qui a été conclu avec la Présidente VON DER LEYEN. Alors, ce nouveau départ, nous voulons le poursuivre et le mettre à profit pour nous coordonner davantage dans le soutien à l'Ukraine. Je crois pouvoir dire que nous partageons la même analyse et la même volonté. La Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre. Nous aidons depuis le premier jour l'Ukraine et le peuple ukrainien à résister sur le plan humanitaire, sur le plan économique, sur le plan militaire et nous faisons tout pour que cette guerre ne s'étende pas et ne se mondialise pas.
A ce titre, nous avons décidé des actions concrètes, ensemble, pour la formation de militaires ukrainiens sur des segments opérationnels à haute valeur et nous voulons ensemble préparer les prochaines semaines et les prochains mois avec une conviction commune, c'est qu'il faudra trouver une issue à ce conflit, qu'il nous faut placer nos amis ukrainiens dans la meilleure situation possible pour qu'ils choisissent du moment et des termes d'une négociation qui sera à conduire. Et donc, dans la manière de conduire aujourd'hui les opérations, il y a cette volonté de bâtir une paix durable, acceptable, c'est-à-dire une paix qui respecte le droit international et les intérêts du peuple ukrainien.
Il y a un an, jour pour jour, se tenait à Versailles un Conseil européen important où nous définissions les termes de l'autonomie stratégique européenne et durant lequel nous affirmions que l'Ukraine appartenait à la famille européenne. Cette autonomie stratégique, elle se construit aussi par une relation accrue, à repenser, que nous voulons bâtir avec votre pays. Et c’est pourquoi, en matière de sécurité et de défense, nous avons largement ici discuté de la manière de renforcer, au-delà du conflit de l'agression russe en Ukraine et du conflit qui s’y joue, nos capacités communes, de travailler davantage à l'interopérabilité opérationnelle technique et humaine, et je pense en particulier à notre volonté d'avancer avec un calendrier ambitieux sur le futur missile antinavire et le futur missile de croisière, sur l'interopérabilité de nos systèmes aériens futurs respectifs et dans des domaines aussi différents que la maîtrise des fonds marins ou des armes à énergie dirigée.
Donc, le renforcement de ces capacités est essentiel. Et c'est aussi celui que nous souhaitons bâtir pour penser les termes aussi de la sécurité européenne de demain, c’est-à-dire avoir un vrai cadre juridique et des vraies capacités pour notre protection antimissile et bâtir ce qui devra advenir après les décisions prises sur New Start.
Vous l’avez compris, l'engagement que nous voulons prendre, c'est de travailler maintenant pour notre continent en la matière pour développer une stratégie commune, renforcer à cet égard, nos coopérations. Le faire aussi sur des domaines qui sont absolument clés pour nos pays. Je veux en citer simplement quelques-uns : la coopération énergétique. En la matière, cette coopération n'a pas été impactée par le Brexit. Elle est bilatérale, elle est forte, elle a fait le jeu. Elle est le fruit de choix profonds que vous avez fait d'une complémentarité entre nos modèles.
Le nucléaire, avec le chantier de Hinkley Point C, est la concrétisation la plus visible de la coopération franco-britannique dans ce secteur. Le projet Sizewell C, que nous soutenons pleinement et qui sera aussi l'occasion d'un nouveau dynamisme économique et la volonté donc de poursuivre cette unité et ces projets communs dans le nucléaire civil.
Et à côté de ça, de renforcer, aussi, nos projets et nos investissements croisés. On l'a encore vu ce matin, en matière d'énergies renouvelables où vous avez une expertise et des capacités importantes, en particulier sur l’éolien en mer. Et d'avoir une coordination dans notre stratégie d'hydrogène bas carbone, où, là, je crois pouvoir le dire, nos intérêts et nos visions sont très convergents. C'est le même engagement que nous souhaitons sur les questions environnementales, avec une ambition commune : accélérer notre sortie des énergies fossiles, mais aussi réformer notre architecture financière internationale, le soutien à la lutte contre les changements climatiques, notamment en préparant les résultats du sommet qui se tiendra à Paris le 23 juin, sur le nouveau pacte financier ; et renforcer nos engagements communs en matière de défense de la biodiversité et ceci à travers les différents rendez-vous de l'année, dont la COP de fin d'année qui nous permettra de finaliser des concrétisations ensemble.
Et puis, c'est évidemment dans la lutte contre l'immigration irrégulière que nous voulons aussi avancer de concert. Nous avons chacun conscience des enjeux humains qui s'y rattachent et de l'extrême sensibilité de ces sujets. Alors ensemble, nous agissons déjà, et je veux ici remercier nos deux ministres et l'ensemble des équipes qui travaillent très étroitement. En 2022, ce sont plus de 1 300 traversées d’embarcations de fortune que nous avons empêchées. Ensemble, nous avons démantelé 55 filières de criminalité organisée et procédé à plus de 500 arrestations grâce au travail de la cellule de renseignement conjointe franco-britannique.
Nous avons convenu le 14 novembre dernier d'un cadre bilatéral renouvelé et ambitieux pour continuer la lutte contre l'immigration irrégulière. Nous avons aujourd'hui décidé de continuer en ce sens, de manière très opérationnelle, concrète et conscients du caractère partagé de notre responsabilité. Et à cet égard, nous avons décidé justement d'une coordination renforcée de nos activités, de nouvelles initiatives qui nous obligent, l'un et l'autre, et il s'agit pour nous d'agir ensemble dans un cadre pleinement partagé. Mais nous l'avons dit aussi, de pouvoir le faire avec l'ensemble des Européens qui sont concernés par les transits et le passage de ces migrants et avec certains pays depuis lesquels sont organisés les trafics.
A cet égard, le groupe de Calais est un forum pertinent de coordination et nos deux ministres y travaillent étroitement. Ils ont prévu d'avoir des réunions prochaines sur ce sujet. Mais nous souhaitons aussi engager plusieurs pays d'origine, plusieurs pays impliqués dans les filières clandestines. Nous nous sommes accordés pour cela sur la nécessité d’augmenter nos capacités d’intervention et de surveillance et nous avons également décidé renforcer un financement pluriannuel qui permettra d’engager des sommes à la hauteur du besoin actuel de part et d’autre.
Enfin, toutes les coopérations dont nous avons parlé aujourd’hui ne seraient que de peu d’utilité sans des actions concrètes pour renforcer les liens entre nos sociétés civiles. Nous avons tenu à rencontrer, je le disais, des entreprises britanniques et françaises investies en particulier dans les enjeux de la décarbonation et qui ont pu annoncer aujourd’hui des projets très concrets et démontrer par l’exemple cette complémentarité et cette volonté d’avancer ensemble.
Nous avons aussi rencontré de jeunes talents franco-britanniques au parcours déjà prometteur. Ils seront les acteurs de notre entente cordiale et il était indispensable qu'ils soient partie intégrante de ce sommet. Et c'est d'ailleurs dans ce même esprit que nous nous sommes aussi engagés à plus de coopération entre nos musées, nos jeunesses, nos sportifs, nos écoles, avec en particulier un engagement pour faciliter les voyages scolaires entre nos deux pays.
Voilà quelques-uns des sujets de ce 36ᵉ Sommet franco-britannique. Mais vous avez compris que ce n'était pas un sommet comme les autres et qui, compte tenu de ce qui s'est passé ces dernières années et du moment que traverse la planète et notre continent, c'est un Sommet d'une nouvelle ambition et, je l'espère, avant des réalisations concrètes encore plus ambitieuses.
Merci Monsieur le Premier ministre d'être aujourd'hui à Paris.
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