À l’occasion des Journées européennes du patrimoine et de la cinquième édition du Loto du Patrimoine, le Président de la République Emmanuel Macron s'est rendu à Guéret dans la Creuse.
 
Au cours de cette journée, le Président a visité le petit théâtre de Guéret. Inscrit au titre des monuments historiques depuis le 1er avril 2021, ce théâtre à l’italienne a été retenu comme site emblématique de la région Nouvelle-Aquitaine par la Mission Bern. Ce projet illustre la capacité des différents acteurs (État, élus, associations, Fondation du patrimoine et Mission Bern) à œuvrer pour la défense du patrimoine historique cher aux Français.

Revoir le discours du Président :

Le chef de l’État s'est ensuite rendu à Aubusson, dont l’art de la tapisserie est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Il a assisté à une « tombée de métier », moment symbolique à l’occasion duquel les fils sont coupés et la tapisserie dévoilée.
 
 

16 septembre 2022 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République

Emmanuel MACRON

Merci Madame la maire pour ces mots et tout ce que vous venez de dire. Madame la ministre, Mesdames et Messieurs les parlementaires, parlementaires honoraires, Madame la présidente, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les élus, Madame la préfète, chers amis. 

Merci de ces mots, et au fond, vous avez réinscrit le moment que nous partageons aujourd’hui, et qui pour moi est aussi le bonheur de revenir en Creuse et d’être parmi vous, en quelque sorte, dans la légende des siècles. Celle qui a fait justement cette part de France la plus ancestrale, et sa contribution à la vie de la nation. Celle aussi de ce petit théâtre à l’italienne qui nous réunit, devenant ensuite cinéma, et qui est fermé depuis 40 ans. Mais celle aussi de tout ce qui est à écrire. Et puisque plusieurs éditeurs et écrivains de renom nous font l’honneur de partager ce moment avec les élus, les enfants qui étaient là avec nous et nos lycéens qui nous ont offert une scène de théâtre tout à l'heure de Macbeth dans le petit théâtre à l'italienne, je voulais, dans ces moments un peu inquiets que vous avez évoqués à la fin de votre propos, réinscrire celui que nous vivons. 

On ne peut pas affronter les incertitudes du temps si nous ne savons pas d'où on vient et si nous ne poursuivons pas chacun de nos projets, lesquels sont tressés par les grandes histoires et ces légendes que j'évoquais. Les peuples vivants sans légendes sont condamnés à mourir de froid. Ce n'est pas de moi, mais de LA TOUR DU PIN. Nous n'avons pas envie de mourir de froid. Et nous voulons écrire ces légendes et continuer de les écrire. C'est ce que vous avez collectivement fait avec ce théâtre. 

Alors, vous l'avez dit, Madame la maire, vous avez simplement oublié une chose, c'est vous, et une personne et une volonté, qui avez contribué à convaincre. Mais je veux ici d'abord saluer la dynamique qu'il y a eu et l'aventure humaine extraordinaire, celle que vous avez portée avec vos équipes. Celle des associations, l'association Masquarades et Anny DUPEREY qui en est la marraine n’a pas pu être là aujourd’hui, mais j’ai une pensée pour elle. Les autres associations qui nous ont convaincu, vos élus qui vous ont accompagnés, les services de l’Etat du Ministère de la Culture et Stéphane BERN que vous avez évoqué mais qui nous permet ici de nous retrouver. 

Étant ici parmi vous, c'est aussi une manière de célébrer les cinq ans du Loto du patrimoine. C'est en effet la cinquième saison qui nous permet d'avancer sur là aussi, cette aventure un peu folle. Il se peut qu'elle ait été au départ critiqué. Ça arrive, même aux meilleures aventures. Quand les choses changent, ça ne fait pas toujours l'unanimité. Mais je veux ici remercier les cinq ans d'engagement sans faille de Stéphane BERN, de ses équipes, de la Française des Jeux et de sa présidente, de la Fondation du patrimoine et de son président, évidemment de nos préfectures, de nos DRAC et du ministère de la Culture, Madame le Ministre. 
Cinq années qui ont permis — d’ailleurs, nous nous sommes un peu inspirés de nos voisins d'outre-Manche, il faut bien le dire, qui ont de telles formules — d'abord de réunir de l'argent pour sauver notre patrimoine qui était parfois délaissé, souvent délaissé. 

Au total, grâce à ça, nous avons mobilisé 200 millions d'euros, l'argent du Loto direct et de celui qu'on a réussi à réunir. Depuis 2018, 745 sites en péril ont pu être sauvés, en Hexagone comme Outre-mer. C'est une mobilisation extraordinaire qui a été permise grâce à ce Loto et qui vient en quelque sorte enrichir, donner une visibilité à des associations locales et à des initiatives justement d'élus, et qui nous permet de sauver ces sites et qui permet aux Françaises et aux Français de contribuer et de se mobiliser pour sauver ce qui fait leur quotidien. 

Cela vient s'ajouter — je le redis ici parce que c'est important — à la mobilisation du Ministère de la Culture, parce que ça ne s'est pas fait pour que le Ministère se désengage, au contraire. En 2022, l'investissement collectif par le Ministère de la Culture pour le patrimoine n'a jamais été aussi important, dépassant les 355 millions d'euros. Dans le cadre de France Relance, nous avons aussi pu massivement investir dans le patrimoine, dans tout notre patrimoine et en particulier nos églises et nos cathédrales. 

Il y a dans cet engagement une volonté profonde qui continue, un projet français depuis plus de deux siècles, celui de sauver le patrimoine, de rénover, réouvrir, sauver nos pierres, nos monuments, qu'il s'agisse du patrimoine culturel, industriel, naturel, qu'il s'agisse de nos fontaines de villages, qu'il s'agisse de grands sites qui étaient parfois délaissés quand les industries s’étaient fermées, qu'il s'agisse parfois de nos églises et de tant d'autres, de ce qui fait la fierté de nos villes et nos villages. C'est une fierté parce que cela s'inscrit dans la politique culturelle qui est la nôtre. Il n'y a pas de littérature qui se tient sans paysages. Et justement, cette légende des siècles qui se poursuit sans ces monuments, dont on réinvente ainsi les usages et dont on retrouve aussi la légitimité dans le temps. Et il n'y a pas, en quelque sorte, de pratique culturelle qui pourrait se séparer de ces vieilles pierres. Quand j'entends parfois critiquer cette politique à l'égard du patrimoine comme étant une part de conservatisme que nous pourrions avoir, non, la culture est un tout, c'est un bloc, et elle seule permet justement d'avancer. 

Le théâtre pourra reprendre ses droits à quelques mètres de nous parce que nous aurons fait ce travail de réhabilitation, que des talents seront là pour y programmer des pièces, des créations, des concerts et que des jeunes ici formés pourront s'y produire. Et c'est ce sur quoi je veux aussi ici insister en vous disant la fierté qui est la mienne d'avoir simplement permis que tout cela se déclenche. 

D'abord, nous allons continuer. Je peux simplement garantir une chose, c'est que cela va durer au moins cinq ans. Pour la suite, advienne que pourra. J'espère que cette décennie aura rendu la chose irréversible et que d'autres projets ensuite viendront. Ensuite, je vais vous dire combien à mes yeux, cette politique pour le patrimoine est importante parce qu'elle permet à nos villes et nos villages de renouer avec leur histoire, mais surtout avec leur projet écrit au présent. Vous l'avez admirablement dit, Madame le maire, mais ici, ce que nous allons faire au théâtre vient simplement reconnaître, accompagner le travail qui a été fait par votre association et quelques autres. 

Le projet actions Cœur de ville, qui permet de réhabiliter la ville, ses commerces, va aussi permettre de faire travailler des jeunes, des industries, de l'artisanat, et donc d'accompagner des projets. Oui, la rénovation de notre patrimoine, cette politique pour réhabiliter nos bâtiments, ce que nous allons faire ici à Guéret, et ce que nous ferons ailleurs, c'est évidemment une politique qui permet de faire travailler des métiers d'art, des artisans, des architectes, des artistes, et qui nous permet, sur l'ensemble des projets qui sont portés par le ministère, de faire travailler plusieurs dizaines de milliers d'artisans partout en France, qui permettra ici de donner des perspectives à des artisans en Creuse mais aussi de toute la région. Il n'y a pas un projet que nous conduisons qui ne permet ainsi de féconder à la fois les projets locaux pour réaménager la ville, le village, mais aussi faire travailler les artistes, les artisans, les métiers d'art, des métiers qui sont aussi extraordinairement fragiles car derrière les pierres, il y a des savoir-faire, derrière les lieux, il y a aussi les trésors cachés, des savoirs qui sont ainsi réveillés, et auxquels nous redonnons des perspectives. Pour tout cela, merci, car c'est vous qui allez permettre de le faire, d'avancer, et de continuer. 

Ces cinq années du patrimoine viennent à la veille aussi d'un événement dont je voulais marquer l'importance qui était évidemment nos Journées européennes du patrimoine et qui permettront partout dans notre pays d'ouvrir, d'ouvrir les lieux qui sont ordinairement fermés au public, mais qui permettent à nos compatriotes de se réapproprier notre histoire. Cette histoire qui, parfois, est extraordinairement locale, mais toujours aussi profondément universelle et mondiale. Je parle sous le contrôle ici de quelques-uns qui l'ont infiniment mieux écrit que moi. Mais il y a dans cette capacité à rouvrir nos lieux, la possibilité de construire, en quelque sorte, cette Carte du Tendre de notre histoire, et de retrouver des lieux fermés qui font notre quotidien, des lieux qui nous permettent de retrouver l'histoire de nos villes, de nos départements, mais qui permettent aussi de comprendre que notre pays a toujours été ancré dans une histoire de voyages, d'échanges, de rayonnement. 

Qu'un architecte de Limoges ayant voyagé en Italie revienne ici à Guéret, pour faire un théâtre à l'italienne en 1837, c'est le signal que le Grand Tour n'était pas simplement réservé à une aristocratie britannique, mais qu'il a permis de changer nos paysages, nos usages, d’y inventer des lieux et toujours des échanges. C'est cela notre pays. Et d'y voir nos enfants tout à l'heure chanter la Marseillaise devant nous et nous raconter leur projet de vie. C'est ça aussi ce que permettent nos Journées du patrimoine, d'ouvrir des lieux, de bâtir des rêves, mais de retrouver également ce qui est le sens, même le fil de ce qu'est la France. 
Nous ne sommes pas, nous non plus, simplement des pierres qu'il faudrait rénover. Nous sommes un grand récit qui vient de loin, qui est le fruit de monuments, de paysages, de littérature, de théâtre, de peinture. Et ce grand récit, nous avons à continuer de l'écrire. Il ne peut s’écrire que si nous nous plongeons de manière régulière dans cette légende des siècles en la respectant et en la réinventant. C'est cela le loto du patrimoine. C'est ça notre politique du patrimoine. C'est cela aussi que nos Journées du patrimoine permettent de reconvoquer pour tous nos compatriotes.
 
C'est avec beaucoup de bonheur et de fierté que je suis parmi vous aujourd'hui pour, à Guéret, permettre déjà de reconnaître le travail fait, l'engagement d'élus, d'associations, l'engagement de la mission menée par Stéphane BERN depuis cinq ans, de la Fondation, de la Française des Jeux, mais de ce qui fait la force de notre nation. Donc merci pour tout cela. Il n'y a que des projets qui manquent de lieux et que des lieux qui manquent parfois de projets. Quand on sait les retrouver, on invente simplement la dynamique, la force et l'avenir d'un pays. C'est ce que nous faisons.

Vive la République et vive la France !

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