1.    En ce jour du 8 mai, nous, dirigeants du Groupe des Sept (G7), commémorons, aux côtés de l’Ukraine et de l’ensemble de la communauté internationale, la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et sa libération du fascisme et du règne de terreur du national-socialisme, à l’origine de destructions incommensurables et d’horreurs et de souffrances humaines indescriptibles. Nous portons encore le deuil des millions de victimes et nous présentons notre respect en particulier à tous ceux qui ont payé le prix ultime pour vaincre le régime nazi, notamment nos alliés occidentaux et l’Union soviétique.

2.    Soixante-dix sept ans plus tard, le président russe Vladimir Poutine et son régime ont choisi à présent d’envahir l’Ukraine dans une guerre d’agression non provoquée à l’encontre d’un pays souverain. Les actions du président russe jettent le déshonneur sur la Russie et sur les sacrifices historiques de son peuple. Par cette invasion et par ses agissements en Ukraine depuis 2014, la Russie a violé l’ordre international fondé sur la règle de droit, en particulier la Charte des Nations Unies, rédigée au sortir de la Seconde Guerre mondiale afin de protéger les générations à venir du fléau de la guerre. 

3.    Aujourd’hui, nous avons eu l’honneur d’être rejoints par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Nous lui avons assuré de notre profonde solidarité et de notre soutien indéfectible à l’égard de l’Ukraine qui défend courageusement sa souveraineté et de son intégrité territoriale, et de son combat pour un avenir pacifique, prospère et démocratique à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, assorti des libertés dont beaucoup d’entre nous jouissons à l’heure actuelle. 

4.    Le président Zelensky a souligné la ferme résolution de l’Ukraine à protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale. Il a déclaré que l’objectif ultime de l’Ukraine était de veiller au retrait total des forces et des équipements militaires de la Russie de l’intégralité du territoire ukrainien et de garantir sa capacité à se protéger à l’avenir, et il a remercié les membres du G7 pour leur soutien. À cet égard, l’Ukraine a souligné qu’elle comptait sur ses partenaires internationaux, en particulier sur les membres du G7, pour fournir l’aide nécessaire en termes de capacités de défense, mais également pour garantir un relèvement rapide et efficace de l’économie ukrainienne, ainsi que la sécurité économique et énergétique du pays. L’Ukraine a entamé des discussions avec ses partenaires internationaux concernant des mécanismes de sécurité aux fins d’un processus viable de retour à la paix au sortir du conflit. L’Ukraine reste déterminée à travailler en étroite collaboration avec les membres du G7 pour soutenir la stabilité macroéconomique du pays face aux difficultés posées par l’ invasion totale russe, par la destruction massive des infrastructures critiques et par la perturbation des routes de commerce maritime traditionnelles des exportations ukrainiennes. Le président Zelensky a dit l’engagement de son pays à défendre nos valeurs et nos principes démocratiques communs, dont le respect des droits humains et l’État de droit.

5.    Aujourd’hui, nous, membres du G7, avons réaffirmé au président Zelensky notre volonté constante de prendre de nouveaux engagements pour aider l’Ukraine à s’assurer un avenir libre et démocratique, de sorte que le pays puisse se défendre aujourd’hui et dissuader des actes d’agression dans le futur. À cet effet, nous continuerons d’apporter notre soutien militaire et défensif aux forces armées ukrainiennes, nous continuerons d’aider l’Ukraine à protéger ses réseaux des incidents de cybersécurité et nous renforcerons notre coopération, notamment en matière de sécurité de l’information. Nous continuerons à soutenir l’Ukraine dans le renforcement de sa sécurité économique et énergétique.

6.    En collaboration avec la communauté internationale, nous, membres du G7, avons depuis le début du conflit fourni un appui et convenu d’une aide supplémentaire qui dépassent les 24 milliards de dollars pour l’année 2022 et les années à venir, à la fois en moyens techniques et matériels. Dans les prochaines semaines, nous renforcerons notre appui financier collectif sur le court terme pour aider l’Ukraine à combler ses déficits de financement et à fournir les services de base à sa population, tout en mettant au point des options, en collaboration avec les autorités ukrainiennes et les institutions financières internationales, en vue d’appuyer le relèvement et la reconstruction du pays sur le long terme. À ce propos, nous saluons la mise en place par le Fonds monétaire international du compte administré multidonateurs pour l’Ukraine et l’annonce de l’Union européenne d’instaurer un fonds fiduciaire de solidarité avec l’Ukraine. Nous soutenons le train de mesures d’aide à l’Ukraine du Groupe Banque mondiale, ainsi que l’ensemble de mesures de résilience de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

7.    Nous appelons tous les partenaires à se joindre à nous pour soutenir le peuple ukrainien et les réfugiés et pour aider l’Ukraine à reconstruire son avenir. 

8.    Nous réitérons notre condamnation de l’agression militaire non provoquée, injustifiée et illégale de la Russie contre l’Ukraine et des attaques indiscriminées perpétrées contre des civils et des infrastructures civiles, à l’origine d’une terrible catastrophe humanitaire en plein cœur de l’Europe. Nous sommes consternés par les lourdes pertes en vies humaines, par les violations des droits humains et par les destructions que les actions de la Russie ont infligées à l’Ukraine.

9.    Les civils et les personnes qui ne prennent pas une part active dans les hostilités ne peuvent en aucun cas être considérés comme des cibles légitimes. Nous ne ménagerons aucun effort pour tenir le président Poutine et les architectes et complices de cette agression, y compris le régime Loukatchenko en Biélorussie, responsables de leurs actions conformément au droit international. À cet effet, nous continuerons d’œuvrer main dans la main avec nos alliés et nos partenaires dans le monde entier. Nous réaffirmons soutenir tous les efforts visant à garantir une pleine responsabilité des parties prenantes. Nous saluons et nous soutenons les travaux en cours d’investigation et de recueil de données probantes en la matière, entrepris notamment par le Procureur de la Cour pénale internationale, par la commission d’enquête indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies et par la mission d’experts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

10.    Par ailleurs, nous condamnons les tentatives de la Russie visant à remplacer les autorités locales ukrainiennes démocratiquement élues par des autorités non légitimes. Nous ne reconnaîtrons pas ces actes qui constituent une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

11.    Nous continuerons à contrer la stratégie de désinformation de la Russie, qui manipule délibérément le public mondial, public russe compris, dans l’espoir de camoufler la culpabilité du régime russe dans ce conflit. 

12.    Notre ensemble inédit de sanctions coordonnées a déjà considérablement entravé la guerre d’agression de la Russie en limitant son accès aux circuits financiers et sa capacité à poursuivre ses objectifs. Ces mesures restrictives ont déjà un impact significatif sur tous les secteurs de l’économie russe (finance, commerce, défense, technologies et énergies) et elles accroîtront avec le temps la pression exercée sur la Russie. Nous continuerons à imposer des coûts économiques lourds et immédiats au régime du président Poutine pour cette guerre injustifiée. Nous nous engageons collectivement à prendre les mesures suivantes, dans le respect des autorités et des procédures juridiques de nos pays respectifs :

a.    Premièrement, nous nous engageons à éliminer progressivement notre dépendance vis-à-vis de l’énergie russe, notamment en réduisant progressivement ou en interdisant l’importation de pétrole russe. Nous veillerons à procéder en temps opportun et de manière ordonnée, en laissant le temps au monde de trouver d’autres sources d’énergie. Ce faisant, nous travaillerons en étroite collaboration, ainsi qu’avec nos partenaires, pour garantir des approvisionnements énergétiques mondiaux stables et durables et des tarifs abordables aux consommateurs, notamment en accélérant la réduction de notre dépendance globale vis-à-vis des combustibles fossiles et notre transition vers une énergie propre conformément à nos objectifs climatiques.

b.    Deuxièmement, nous prendrons des mesures pour interdire ou empêcher la fourniture de services clés dont dépend la Russie. Ces mesures renforceront l’isolement de la Russie dans tous les secteurs de son économie.

c.    Troisièmement, nous continuerons à prendre des mesures à l’encontre des banques russes connectées à l’économie mondiale et qui revêtent une importance capitale d’un point de vue systémique pour le système financier russe. Nous avons déjà sérieusement détérioré la capacité de la Russie à financer sa guerre d’agression en ciblant sa banque centrale et ses principaux établissements financiers. 

d.    Quatrièmement, nous poursuivrons nos efforts pour combattre les tentatives du régime russe visant à diffuser sa propagande. Les entreprises privées respectables ne devraient pas fournir de revenus au régime russe ni à ses affiliés qui alimentent la machine de guerre russe. 

e.    Cinquièmement, nous poursuivrons et nous intensifierons notre campagne à l’encontre des élites financières et des membres de leur famille qui soutiennent le président Poutine dans l’effort de guerre et qui dilapident les ressources du peuple russe. Avec l’accord des autorités nationales de nos pays respectifs, nous imposerons des sanctions à des personnes supplémentaires. 

13.    Nous continuerons à travailler avec nos partenaires internationaux et nous les invitons à se tenir à nos côtés et à faire de même par des actions similaires, notamment en empêchant que ces sanctions soient éludées, contournées ou comblées par un tiers.

14.    La guerre du président Poutine provoque de graves perturbations économiques au niveau mondial qui portent atteinte à l’approvisionnement mondial en énergie, à l’offre de produits alimentaires et d’engrais et plus généralement au fonctionnement des chaînes mondiales d’approvisionnement. Les pays les plus vulnérables sont les plus durement touchés. Aux côtés de nos partenaires dans le monde entier, nous intensifions nos efforts pour contrer les répercussions négatives et néfastes de ce conflit. 

15.    La guerre du président Poutine contre l’Ukraine met à rude épreuve la sécurité alimentaire mondiale. De concert avec les Nations Unies, nous appelons la Russie à mettre un terme à son blocus et à toutes les autres activités qui entravent la production alimentaire et les exportations ukrainiennes, conformément à ses engagements internationaux. Toute inaction en ce sens sera considérée comme une atteinte à la nutrition de l’humanité. Nous redoublerons d’efforts pour aider l’Ukraine à poursuivre sa production en vue de la prochaine saison des moissons et ses exportations, notamment par l’emprunt de routes de commerce alternatives. 

16.    En soutien au Groupe de réponse aux crises mondiales des Nations Unies, nous étudierons les causes et les conséquences de la crise alimentaire mondiale au moyen d’une Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire, qui constituera notre initiative conjointe pour garantir une dynamique et une bonne coordination, et d’autres actions. Nous collaborerons étroitement avec les partenaires et les organisations internationales au-delà du G7, dans l’objectif de transformer les engagements politiques en mesures concrètes comme le prévoient diverses initiatives internationales comme l’initiative Food & Agriculture Resilience Mission (FARM), ainsi que les principales initiatives régionales de sensibilisation, à l’intention notamment des pays africains et méditerranéens. Nous réaffirmons que notre ensemble de sanctions est minutieusement ciblé pour ne pas entraver l’apport de l’aide humanitaire ou le commerce des produits issus de l’agriculture et nous réitérons notre engagement à éviter les restrictions sur les exportations de produits alimentaires qui affecteraient les plus vulnérables.

17.    Le G7 et l’Ukraine font front commun en ces temps difficiles et dans leur quête d’un avenir démocratique et prospère pour l’Ukraine. Nous demeurons unis dans notre résolution à ce que le président Poutine ne gagne pas cette guerre contre l’Ukraine. En mémoire de tous ceux qui ont combattu pour la liberté pendant la Seconde Guerre mondiale, nous devons continuer à combattre pour elle aujourd’hui, au nom des peuples d’Ukraine, d’Europe et de l’ensemble de la communauté internationale.

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