Le continent africain, qui compte 20 % de la population mondiale, connaît une croissance démographique dynamique. La sécurité alimentaire et nutritionnelle et les moyens de subsistance de sa population constituent des problématiques majeures que les changements climatiques, la perte de biodiversité et la dégradation des sols viennent aggraver en perturbant la production et les rendements agricoles. Ces problématiques s’accroîtront certainement au cours des prochaines décennies si une solution adéquate n’est pas proposée.

À la suite du lancement de l’Accélérateur de la Grande muraille verte en janvier 2021 dans le contexte du sommet « One Planet », les partenaires européens et africains se sont rencontrés à Bruxelles à l’occasion du sommet UE-UA dans le but d’accroître leurs efforts et d’accélérer la transformation des systèmes alimentaires africains sur la base de modèles plus durables. Ils poursuivent ainsi les approches nationales développées à la suite du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires et s’inscrivent pleinement dans la stratégie de l’Union africaine, qui a choisi de faire de 2022 l’année de la nutrition.

Dans ce contexte, le développement de la culture protéagineuse en Afrique impliquant notamment des pays partenaires de la Grande muraille verte constitue une occasion de premier plan. Les études techniques démontrent qu’elle contribue avantageusement aux objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle, à la préservation des espaces naturels, à la lutte contre la désertification et au développement socio-économique de la région, grâce au recours à des approches agro-écologiques permettant une agriculture et des systèmes d’élevage diversifiés et intégrés.

Une initiative conjointe a été lancée aujourd’hui au sommet UE-UA pour favoriser le développement de la culture de protéines végétales en Afrique (ce qui inclut notamment les légumineuses comme les haricots, les légumes secs riches en huile ou ceux provenant d’arbustes et de buissons) pour la consommation humaine ou l’alimentation animale. Ces efforts contribueront à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique et constituent une voie de développement économique et humain durable centré sur les petits exploitants. Cette initiative s’appuiera sur un plan d’action collectif pour le développement de la culture protéagineuse ouvert à tous les pays d’Afrique et mené en coopération avec les partenaires financiers internationaux et les organisations régionales africaines.

Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Tchad sont prêts à soutenir cet effort. Nous encourageons les autres pays intéressés à s’associer à cette initiative.

Afin de démarrer cette initiative, une plateforme régionale est en cours de préparation pour soutenir les bénéficiaires. S’agissant de l’assistance technique et des projets de développement des protéines végétales, notamment dans les pays membres de la Grande muraille verte, cette plateforme renforcera les interactions, le dialogue et la coordination entre les partenaires techniques et financiers, notamment le Fonds international de développement agricole, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD), la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque européenne d’investissement et les organisations régionales africaines compétentes, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’Union économique et monétaire ouest-africaine et l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte. L’un des points clés consistera à favoriser l’implication du serveur privé, notamment grâce à l’initiative « Investir dans les jeunes entreprises en Afrique » de l’Équipe Europe, ou l’Alliance pour l’entrepreneuriat en Afrique dirigée par la Société financière internationale.

Cette initiative vise ainsi à renforcer les chaînes de valeurs durables des protéines végétales, en tirant parti des atouts des régions concernées et en répondant pleinement à leurs besoins. Elle se fonde sur des méthodes innovantes pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux. Grâce à une approche de bout en bout, cette initiative fournira des outils clés pour une plus grande autosuffisance de l’Afrique dans le domaine des cultures protéagineuses et des produits transformés qui en sont issus, notamment le soutien de la recherche, l’élevage, l’accès à des variétés végétales locales et adaptées à l’environnement où elles seront cultivées, le financement, l’assistance technique et le soutien à la transformation et à la commercialisation pour les entrepreneurs agricoles et les exploitants agricoles familiaux dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine.

La 15e Conférence des Parties à la CNULD, sous présidence ivoirienne, sera l’occasion de dresser un premier bilan des progrès accomplis.

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