« L’Homme ne pourra continuer à vivre sur cette planète que s’il vit avec son environnement et non plus à son détriment. »
Écoutez le message du Président Emmanuel Macron à la COP15 sur la biodiversité de Kunming :
12 octobre 2021 - Seul le prononcé fait foi
Intervention du Président de la République pour l’ouverture de la COP 15
Monsieur le Président de la République populaire de Chine,
Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,
Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement,
Je veux avant toute chose remercier la Chine pour l’organisation de cet évènement. Le format en partie virtuel de cette COP est la conséquence d’une crise sanitaire mondiale qui nous rappelle combien notre santé, notre prospérité économique comme notre sécurité collective, sont indissociables d’une nature en bonne santé. Je le dis ici clairement : l’Homme ne pourra continuer à vivre sur cette planète que s’il vit avec son environnement et non plus à son détriment.
Face à ce constat, c’est à notre génération d’inverser la tendance, et de récréer des synergies vertueuses avec la nature. Plus exactement, de remettre la nature au cœur de notre modèle de développement – la préservation, la reconstitution d’écosystèmes, au cœur de notre modèle de développement. C’est pourquoi, malgré cette crise qui continue de paralyser notre monde, j’ai tenu à ce que 2021 soit une année d’action. Nous avons construit un programme d’action internationale, en accueillant deux rendez-vous majeurs dédiés à la biodiversité, auxquels la Chine a d’ailleurs pris part.
Le One Planet Summit organisé à Paris en janvier dernier a permis le lancement de nombreuses initiatives concrètes qui portent déjà leurs fruits. Je tiens notamment à citer le programme PREZODE sur les zoonoses, qui compte désormais quatre Etats partenaires et une trentaine d’organismes de recherche dans le monde, et dont les travaux nous aideront à prévenir les prochaines pandémies. Je salue également le lancement avec nos partenaires du plan pour une Méditerranée exemplaire, une initiative multi-acteurs ambitieuse pour la protection du bassin méditerranéen.
C’est ensuite à Marseille, il y a quelques semaines, que nous avons accueilli les représentants d’Etats, de la société civile, du secteur privé et de la recherche du monde entier pour le Congrès mondial de la nature. A travers le « manifeste de Marseille », l’UICN et ses membres ont envoyé un message fort pour faire prévaloir les solutions fondées sur la nature. Et à quelques jours de la COP26, nous nous devons d’écouter ce message et d’amplifier le mouvement pour la biodiversité comme pour le climat.
En effet, la science nous le confirme, les solutions que nous offre la nature seront déterminantes pour atteindre la neutralité carbone, et la préservation de la biodiversité implique de limiter le réchauffement de la planète. A chaque fois que l’on recrée de la biodiversité, on protège nos populations du dérèglement climatique. Les mangroves, les océans et les forêts, ces écosystèmes uniques, sont nos premiers alliés dans ce combat. Ils absorbent le carbone, réduisent les dégâts des événements extrêmes lorsque nous avons à les traverser. On ne peut pas envisager notre survie sans la leur. Nous devons donc poursuivre un double agenda, et identifier le chemin qui nous permettra d’atteindre à la fois la neutralité carbone et la restauration des écosystèmes endommagés.
C’est tout le sens des initiatives que porte la France, comme par exemple l’accélérateur de la Grande Muraille verte. Ce grand projet africain, c’est un rempart pour les pays du Sahel contre la désertification, l’extinction de la nature ; mais aussi contre l’insécurité alimentaire et pour l’emploi rural, dans l’une des régions les plus vulnérables au monde. Sur les 18 milliards de dollars promis en janvier, près de la moitié sont aujourd’hui engagés.
La lutte contre la déforestation est également essentielle pour préserver les poumons de notre planète. Dès 2030, notre pays n’importera plus de produits ayant induit de la déforestation dans d’autres Etats. C’est une question de cohérence et de responsabilité. La France souhaite que l’Union Européenne puisse adopter un tel engagement au niveau européen, et que la plupart des grandes puissances puissent nous rejoindre au plus tôt sur cet agenda.
Cette complémentarité entre biodiversité et climat justifie aussi l’urgence de renforcer la protection des océans, ce bien commun de l’humanité. Aussi la France a décidé d’accueillir, sur la suggestion des nations unies, un sommet « One Ocean » début 2022, pour faire converger les efforts de tous les acteurs ambitieux, publics et privés, en faveur d’initiatives concrètes.
Ces engagements de la France reflètent les thèmes que je souhaite voir intégrés dans le futur cadre stratégique mondial pour la biodiversité post-2020, celui qui sera adopté lors de la COP 15. Il devra intégrer trois priorités de notre temps : premièrement, face à la crise sanitaire, nous devons tisser un lien direct entre la santé de la nature et celle de nos populations et donc porter l’approche « Une seule santé – One health ». Deuxièmement, les aires protégées sont l’un des socles de la préservation de la biodiversité, je souhaite donc que la COP permette de nous accorder sur un objectif commun de protection de 30% des espaces terrestres et maritimes. Enfin, cet objectif de conservation doit s’accompagner d’une cible précise de restauration, à hauteur de 30% des écosystèmes dégradés.
Pour atteindre ce niveau d’ambition, la mobilisation des ressources financières sera déterminante. Il faut que l’ensemble de nos investissements, publics comme privés, soient alignés avec les objectifs du cadre post-2020, c’est-à-dire que leur impact soit ou nul ou positif pour la nature. A cet égard, je salue les travaux en cours des banques centrales et de développement ainsi que de la TNFD pour évaluer l’impact des flux financiers sur la biodiversité.
Toutes les sources, notamment celles issues des fonds existants, comme le Fonds pour l’environnement mondial mais aussi des fonds climat, doivent ainsi être mobilisées pour protéger, gérer durablement et restaurer la biodiversité. J’appelle les autres Etats et banques multilatérales de développement à partager la cible que s’est fixée la France de dédier 30% de ses financements internationaux en faveur du climat à la biodiversité. C’est cette intégration et cette prise en compte de la biodiversité par tous les secteurs concernés qui assureront le succès de ce cadre post-2020.
Je le redis : nous ne vivrons pas en bonne santé sur une planète malade. Je souhaite donc à la Chine, en tant que présidente de cette COP15, l’adoption d’un cadre mondial ambitieux, à la hauteur des enjeux et des attentes de nos sociétés. Je remercie le Président Xi Jinping de son invitation, et aussi de son engagement sur ces sujets, et j’espère que nous pourrons nous retrouver pour la deuxième session de cette COP physiquement, tous ensemble.
À très bientôt.
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