Il fut l’une des étoiles qui brilla le plus fort sur la scène de l’Opéra de Paris. Patrick Dupond nous a quittés aujourd’hui après une vie tout entière donnée à son art.
Enfant, Patrick Dupond avait une énergie débordante, que sa mère tenta de canaliser en l’inscrivant au football et au judo. Mais c’est en assistant un jour à une leçon de danse classique que le jeune garçon, médusé par la nuée de ballerines qui virevoltait devant ses yeux, découvrit sa vocation profonde.
Délaissant ses crampons pour des demi-pointes et son kimono pour un justaucorps, il s’exerça bientôt sous la férule de Max Bozzoni, qui décela en lui le diamant brut qui n’attendait que d’être taillé. En 1969, à dix ans, il fut admis à l’école de danse de l’Opéra de Paris. Avec une énergie de feu et une volonté de fer, le petit rat se hissa de classe en classe. Sa virtuosité excusait son indiscipline, et il passa sans mal tous les niveaux de la sixième à la première division. À 16 ans, les portes de son rêve s’ouvrirent grandes : le voilà accepté dans le saint des saints, le corps de ballet de l’Opéra de Paris.
Dès l’année suivante, le concours international de ballet de Varna, l’un des plus prestigieux au monde, le coiffa d’or. Sur la scène de l’Opéra, il gravit les échelons à une vitesse fulgurante, passant de quadrille à étoile en seulement cinq ans. Le 30 août 1980, à 21 ans, il connut la consécration ultime, le sacre de son talent : il fut nommé étoile.
Au firmament de la danse, il enchaina les rôles légendaires du répertoire, Albrecht, Basilio, Jean de Brienne, passant avec une aisance folle des ballets classiques aux pièces contemporaines, de la délicatesse des rôles romantiques à l’énergie mutine des personnages plus modernes. Aux côtés des grandes ballerines de l’époque, Sylvie Guillem, Noëlla Pontois ou Marie-Claude Pietragalla, il livra des pas de deux d’une harmonie et d’une sensualité partout acclamées.
Au fil des ans, au gré des rôles, sa palette s’élargit, son répertoire s'enrichit. Danseur caméléon, Patrick Dupond savait se couler dans les styles variés des monstres sacrés de l'art chorégraphique du XXe siècle : Rudolf Noureev, Maurice Béjart, Alvin Ailey, Roland Petit ou John Neumeier.
Adoubé par sa compagnie, adulé du public, il se produisait sur les scènes du monde entier. Les chorégraphes, ses partenaires, les spectateurs louaient à l’unisson son physique princier, sa technique souveraine, son aura incomparable, la puissance dramatique de son jeu et l’éloquence de ses mouvements.
Parce que son nom et son talent étaient connus de tous, parce que le maître et le créateur bouillonnaient déjà sous l’interprète, on lui confia en 1988 la direction artistique du Ballet français de Nancy, puis en 1990 la direction du Ballet de l’Opéra national de Paris, où il succéda à Noureev.
En 2000, un grave accident brisa son corps et sa carrière. Les médecins lui annoncèrent qu’il ne pourrait plus jamais danser. C’était sans compter sur son acharnement, qui lui permit de reprendre en moins d'un an les chemins de la scène, puis d’enseigner son art aux nouvelles générations.
Personnalité charismatique, présence magnétique, Patrick Dupond sut passer de l’écrin de l’Opéra aux écrans de cinéma et de télévision, officiant notamment en tant que juré de plusieurs concours télévisés.
Le Président de la République et son épouse saluent une grande étoile du XXe siècle qui sut conquérir de nouveaux publics à la danse et éblouir de son talent par-delà nos frontières.