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1 octobre 2020 - Seul le prononcé fait foi

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DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À L’OCCASION DE L'ÉVÉNEMENT DE HAUT-NIVEAU « PÉKIN + 25 »

Mesdames et Messieurs les chefs d'État et de Gouvernement,

Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,

Madame la directrice exécutive d'ONU Femmes,

Mesdames Messieurs,

En 1995 s'est tenu à Pékin un événement inédit, presque inespéré : 50 ans après avoir inscrit l'égalité des sexes au fronton de la Charte des Nations unies, la communauté internationale passait des paroles aux actes en adoptant pour la première fois et à l'unanimité, une déclaration et un programme d'action ambitieux pour les droits des femmes. Une génération plus tard, l'heure n'est pas à la commémoration ou à l'autosatisfaction, mais bien à la vigilance et à la remobilisation.

Ce n'est un secret pour personne. En 2020, la déclaration de Pékin n'aurait aucune chance d'être adoptée. C'est bien là où nous en sommes collectivement. Partout, les droits des femmes sont attaqués, comme les droits de l'Homme dont ils sont inséparables. Des progrès acquis de haute lutte sont remis en cause jusque dans nos démocraties, à commencer par la liberté pour les femmes de disposer de leur propre corps et en particulier le droit à l'interruption volontaire de grossesse. Les inégalités scolaires, salariales, face aux tâches domestiques ou à la représentation politique n'ont que trop peu régressé. Ce recul, je ne peux pas, nous ne pouvons pas nous y résigner. C'est pourquoi j'ai souhaité faire de l'égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de mon mandat et une priorité de notre diplomatie.

Nous le devons, nous le devons à toutes les femmes qui ont été en première ligne face à la crise sanitaire que nous traversons – dans les hôpitaux, les services et de nombreux métiers parmi les plus exposés. Nous le devons à toutes celles qui ont subi, plus durement que les hommes, les effets directs ou indirects de cette épidémie ; aux 11 millions de filles qui pourraient ne jamais retrouver le chemin de l'école après l'interruption de leurs études, et sont elles aussi des victimes directes de cette crise ; aux femmes privées de contraception qui seraient 7 millions de plus cette année à être tombées enceintes sans avoir voulu ; aux victimes de féminicides, de violences domestiques, dont le nombre augmente à la faveur de la crise.

Nous le devons aussi à celles et ceux qui portent haut ce combat pour l'égalité et l'humanité, parfois au péril de leur vie. Comme Nasrin SOTOUDEH, avocate condamnée à 148 coups de fouet pour avoir défendu la liberté de ne pas se voiler. Comme le docteur Denis MUKWEGE menacé de mort pour avoir rendu la vie aux femmes congolaises meurtries par la guerre, comme des milliers de militants engagés à travers le monde que la France soutient désormais à travers un fonds de 120 millions d'euros consacré aux organisations féministes actives dans les pays en développement.

Ce combat, nous le poursuivrons ensemble avec le Mexique et sous l'égide d'ONU Femmes, lors du Forum Génération Égalité que j'aurai l'honneur d'accueillir à Paris en juin prochain. 25 ans après la conférence de Pékin, ce forum rassemblera tous ceux – États, organisations internationales, société civile, entreprises – qui souhaitent s'engager concrètement pour changer les choses et faire de la prochaine génération, celle de nos enfants, la véritable génération de l'égalité.

Nous avons beaucoup à faire. Cela ne doit pas nous décourager, au contraire, cela nous oblige. Nous avons à rattraper des engagements que nous n'avons pas tenus. Nous avons de nouveaux combats à mener et nous avons surtout un devoir de continuer à dénoncer, même lorsque cela gêne, à agir et à aider toutes celles et ceux qui dénoncent et se battent dans leur pays sans relâche.

Vous pouvez compter et vous pourrez compter sur notre engagement indéfectible.

Merci.

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