Il était devenu le doyen des médaillés français de l’histoire olympique, mais Noël Vandernotte était avant tout, et reste à ce jour, le plus jeune athlète tricolore à s’être hissé sur le podium des Jeux. En 1936, il était reparti de Berlin avec deux médailles de bronze en aviron, à seulement 12 ans.
Noël Vandernotte était né en 1923, le 25 décembre. La vie fait peut-être des cadeaux à ceux qui naissent le jour de Noël : il semblait avoir reçu dès la naissance les dons qui allaient faire de lui un champion. A tout le moins, cette date d’anniversaire lui valut son prénom.
Quelle que fût la générosité des fées qui se penchèrent sur son berceau, elles furent rapidement relayées par deux oncles qui l’initièrent à l’aviron. Ces deux rameurs firent très vite de leur neveu un barreur exceptionnel qu’ils embarquèrent avec eux des rives de l’Erdre jusqu’aux Jeux de Berlin. Le prodige de douze ans décrocha alors deux médailles de bronze, l’une en deux barré, l’autre en quatre barré.
A la joie du jeune garçon se mêlait néanmoins une inquiétude. Et pour cause : c’est sous le regard d’Hitler qu’il accomplissait ses exploits. Durant ces jours d’été 1936, il découvrit avec stupeur le fanatisme nazi : les drapeaux et oriflammes à croix gammée qui, partout, pavoisaient les rues, les chemises brunes qui se tendaient sous des torses trop bombés, les masses qui marchaient au pas... A l’évidence, ces Jeux Olympiques, comme les parades militaires, étaient pour Hitler des démonstrations de force, les vitrines du « triomphe de [s]a volonté ».
Alors qu’il sortait à peine de l’enfance, Noël Vandernotte en avait tiré une terrible certitude : « Il va y avoir la guerre » dit-il à ses parents dès son retour en France. Dans cette ostension de puissance, il avait vu le fourbissement de la vengeance, une propédeutique au combat.
Cette clairvoyance, du reste, n’était peut-être pas étrangère à ses talents sportifs. Le barreur, c’est celui qui guide le navire : à ce poste, il faut voir clair et loin, malgré l’écume des jours et les brumes du temps. Et cet enfant si lucide, cet athlète si précoce, allait bientôt devenir un de ces résistants qui n’avaient pas encore vingt ans. D’abord auprès de son père, qui aidait les aviateurs tombés du ciel à passer en zone libre. Après que celui-ci fut déporté à Buchenwald, il devint un réfractaire au Service du travail obligatoire, un obstiné de liberté qui savait se sortir de toutes les mauvaises passes grâce au certificat olympique qu’il avait reçu en 1936. Ce papier qui était son trophée lui servait désormais de bouclier. Car, immanquablement, cet « Olympia-Ausweis » amadouait les soldats allemands, lesquels laissèrent ainsi souvent filer ce soldat de l’ombre qui, dès qu’il le put, brandit ses armes en pleine lumière en grossissant les rangs de l’armée française Rhin et Danube.
Le Président de la République salue les lauriers de l’athlète et les palmes du résistant. Il adresse à sa famille et ses proches, comme à ses anciens camarades et ses admirateurs, ses plus sincères condoléances.
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