Jean-Loup Dabadie a rejoint ce paradis ouvert à tous qu’un jour de 1972 il mit dans la voix de Michel Polnareff et dans le cœur des Français. Le romancier, journaliste, parolier, scénariste et académicien s’est éteint aujourd’hui.

Fils d’un parolier qui écrivait entre autres pour Maurice Chevalier et Julien Clerc, Jean-Loup Dabadie reprit vite le flambeau paternel. L’adolescent qui s’absorbait des heures durant dans des lectures passionnées n’eut guère de peine à trouver sa voie. Etudiant en lettres, il publia son premier roman à dix-neuf ans, Les Yeux secs, le second l’année suivante, Les Dieux du foyer, puis commença bientôt une carrière de journaliste, collaborant aux revues Candide et Arts, participant à la création de Tel quel, publiant reportages et critiques de films. 

Eclectique et prolifique, il savait tremper sa plume dans toutes les encres, l’humour et la mélancolie, l’amour et la nostalgie, la légèreté et la profondeur. Et il savait la faire glisser sur tous les supports, la manier pour tous les publics. Avec lui, les belles lettres se conjuguaient résolument au pluriel, car il avait le goût et le génie de les décliner sous toutes leurs formes.

C’est ainsi qu’il écrivit ensuite des sketches, d’abord et surtout pour Guy Bedos, avant de prêter ses traits d’esprit et ses galéjades éloquentes à Michel Leeb, Jacques Villeret, Pierre Palmade et Muriel Robin. Puis il se lança avec succès dans l’écriture de pièces de théâtre et plus encore de scénarios, collaborant avec Claude Sautet, Yves Robert, Claude Pinoteau ou encore François Truffaut. On lui doit notamment les déchirantes réminiscences des Choses de la vie, les difficultés existentielles de Vincent, François, Paul… et les autres dans lesquelles tant de Français ont reconnu leurs propres tourments ou encore les aventures cocasses des personnages d’Un Eléphant ça trompe énormément.

Mais c’est en tant que parolier que les Français le connaissent le mieux. Car Jean-Loup Dabadie était comme le Cyrano de la chanson française : un homme qui savait chuchoter à l’oreille des chanteurs les couplets qui émeuvent et les refrains qui rassemblent, les mots que l’on fredonne par cœur et en chœur, les mots mélodieux de la passion d’aimer, de la détresse du temps qui passe, de l’attachement à un pays et aux siens. Marie Chenevance de Barbara, Le Clan des Siciliens de Dalida, Le Petit garçon, L’italien et Le Vieux couple de Serge Reggiani, Lettre à France et On ira tous au Paradis de Michel Polnareff, Ma Préférence et Femmes, je vous aime de Julien Clerc, Chanteur de Jazz et Salut de Michel Sardou, Maintenant je sais de Jean Gabin… Autant de texte signés Jean-Loup Dabadie, qui accompagnera longtemps encore nos vies de son verbe haut et beau, émouvant et fraternel ; immortel. 

Car en 2008, ce « rimeur de phrases » virtuose avait été élu à l’Académie française, y faisant entrer dans son sillage certaines des plus belles paroles de la chanson française et quelques-unes de plus poignantes tirades du septième art.

Le Président de la République et son épouse sont attristés par la disparition de cet homme qui a partout porté la langue française à ses sommets, sur nos ondes comme sur nos écrans, dans les pages de nos revues comme sous la Coupole de l’Institut. Il adresse ses sincères condoléances à son épouse, à ses enfants et à tous ceux dont il avait su mettre en mots les chagrins et les bonheurs. 

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