(Ré)écoutez le discours du Président de la République à l'occasion des vœux aux armées depuis la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy :

16 janvier 2020 - Seul le prononcé fait foi

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Vœux aux armées depuis la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy (Loiret)

Mesdames les ministres, 
Mesdames et messieurs les parlementaires et élus, 
Monsieur le préfet de région, 
Monsieur le chef d’état-major des armées, 
Messieurs les chefs d’état-major, 
Officiers, officiers mariniers, sous-officiers, soldats, aviateurs, quartiers-maîtres et marins, gendarmes, personnels civils des armées, 
Mesdames et messieurs,

Le métier des armes n’est pas un métier comme les autres.

De l’entraînement aux opérations, du territoire national aux théâtres extérieurs, à terre, dans les airs, sur les mers et dans ses profondeurs, les missions que vous préparez et que vous menez, qui justifient la raison d'être des armées, sont d'une exigence spécifique. 

Un militaire ne choisit pas sa mission. C'est la Nation qui en décide et exige de lui en toute circonstance discipline, disponibilité, loyauté, neutralité. Et l'esprit de sacrifice, cette forme de don de soi qui porte en elle, indissociable, la possibilité de donner jusqu'à sa propre vie.

En 2019, vingt-six de vos camarades sont morts en opération ou en entraînement, dans l'accomplissement de leurs missions de combat. 
Je m'incline ce soir avec un infini respect et une immense gratitude devant ces sacrifices consentis. 
En ces lieux, je pense avec une émotion particulière au commandant Baptiste CHIRIÉ et au capitaine Audrey MICHELON. Il y a un an, le 9 janvier 2019, ces deux pilotes, deux officiers de l'armée de l'air disparaissaient lors d'une mission d'entraînement, à bord de leur MIRAGE 2000D. Cette mort douloureuse, brutale, rappelait à tous la dangerosité inhérente au métier des armes. S'entraîner en temps de paix en conditions opérationnelles, au risque de sa vie, pour être prêt en temps de guerre, cela fait partie de l'engagement pris par chaque militaire. Ce même choix qu'avait fait le caporal-chef BONNIOT, membre d'élite du Groupement militaire de haute montagne, mort, lui aussi, à l’entraînement. 
Je pense à vos camarades tombés au service de la Nation dans l'accomplissement de leur mission. En opération sur le sol métropolitain ou dans la forêt guyanaise, ils combattaient pour notre défense, celle de nos concitoyens. 
Je tiens aussi ici à saluer la mémoire de ceux qui ont donné leur vie sur des théâtres extérieurs, loin de leurs concitoyens. Je pense à Marc LEYCURAS et Ronan POINTEAU mortellement touchés par l’ennemi ou à Alain BERTONCELLO et Cédric DE PIERREPONT qui ont sauvé au prix de leur existence celle de nos compatriotes retenus en otages. En se battant aux côtés des peuples du Sahel, ils sont morts pour la France, sa liberté, ses valeurs. En allant jusqu’au bout de leur engagement. 
Je pense aussi à vos treize camarades appelés pour épauler leurs frères d’armes engagés au sol dans de furieux combats dans le Liptako malien. Ils sont morts pour leurs camarades, pour vous, pour nous. Leur bravoure, leur dévouement, jusqu’au don ultime de leur vie, nous obligent. Leur souvenir est gravé dans la pierre du monument aux morts en opérations extérieures que j’ai inauguré le 11 novembre dernier et que nous avons pensé comme le témoignage de la reconnaissance de la Nation pour ses soldats tombés pour elle. 
La mort d’un militaire au combat endeuille la Nation mais elle ne l’affaiblit pas, jamais. Au contraire, elle la renforce, la soude, la justifie. Et elle oblige ses frères d’armes, ceux qui restent, à en être dignes et, eux aussi, à être dignes de la Nation. 
 

Vous, qui êtes réunis ce soir, êtes l’image vivante de cette dignité et à travers vous, je veux rendre hommage à l’ensemble des armées. 

Cet après-midi, durant les présentations, j’ai vu, comme à chaque fois, un très grand professionnalisme. J’ai surtout vu de la passion, de l’enthousiasme, le sens de l’engagement. Vous offrez à la France votre jeunesse et votre énergie, votre vie. Et cela les Français le savent et vous en sont infiniment reconnaissants. Alors, en leur nom, en ce début d’année, je tiens à nouveau à vous en remercier. Je vous remercie de « Faire face » comme le dit cette belle devise du capitaine GUYNEMER qu’a reprise toute l'armée de l'air qui nous accueille aujourd'hui sur cette impressionnante base aérienne d'Orléans-Bricy. Je remercie vos chefs qui vous commandent et à qui je veux renouveler, ce soir, l'expression de toute ma confiance. 

Je pense plus spécialement à vos camarades qui, pour nous défendre, n'ont pas pu être auprès de leurs proches à Noël et en fin d'année, et à ceux qui, en ce moment, sont engagés en opération partout dans le monde et sur le territoire national. 

Je sais combien la présence de vos familles, à vos côtés, est importante dans le parcours d’une vie militaire. Car être militaire c’est plus qu’un métier, c'est un état, presque un mode de vie, qui s'impose à vos familles et qu'elles partagent. Et je leur sais gré d'assumer avec abnégation cette part d'inquiétude, cette part d'inconfort, liée à l'état militaire et que l'imprévisibilité des missions et la réactivité de nos engagements augmentent. 
Mes pensées vont plus particulièrement aux familles éprouvées par la mort d'un des leurs. Nul n'est jamais préparé au deuil soudain de l'être aimé, à une vie fauchée en pleine jeunesse, à un destin brisé trop tôt. Personne n'est jamais préparé à une telle absence si brusque. 

Et pourtant, à chaque fois que je rencontre ces familles, vos familles, au nom de tous les Français, aux Invalides, le 11 novembre ou le jour de la fête nationale, nous partageons avec elles des moments douloureux et graves mais toujours empreints d'une profonde dignité et d'un immense courage. Car ces familles partagent autant que leurs proches le sens du service de la Nation. Elles savent que la mort d'un soldat n'est jamais vaine. Elles savent que leur sacrifice fait partie des actes constitutifs de notre Nation. 

Je salue également nos blessés, dont certains ont tenus à être là parmi nous ce soir. Ils ont échappé à la mort, mais leur corps et leur esprit restent marqués à jamais par le feu ennemi et portent les séquelles de leur engagement personnel sans réserve. À côté des meurtrissures visibles, il y a parfois, aussi, des déchirures souterraines, aussi profondes, quelquefois plus aiguës encore. 

À tous nos blessés, nous devons une infinie reconnaissance car leurs stigmates résultent de la volonté de notre pays de se battre pour la paix, pour notre liberté. 

Au nom de tous les Français, je leur souhaite de se rétablir au plus vite, de se reconstruire physiquement et moralement. La prise en charge, l'accompagnement et la réinsertion des blessés figurent parmi les priorités absolues de nos armées, et je sais combien la ministre, aidée de la secrétaire d'Etat, ainsi que les chefs d'état-major, prennent soin de cette mission particulière. Il ne peut en effet en être autrement. Parce que nos armées font la guerre et que c'est une nécessité opérationnelle. Parce qu'il n'y a pas de plus bel exemple de solidarité nationale. Je remercie les armées de s'en acquitter avec cœur et générosité. 

Le monde combattant, dans sa diversité, incarne également cette solidarité nationale, car ce don de soi pour la Nation est une forme suprême de solidarité avec son pays, avec ses concitoyens. Solidarité des combattants à l'égard de leurs compatriotes, solidarité des Français à l'égard des combattants, solidarité entre frères d'armes, solidarité entre générations, de l'Algérie aux opérations extérieures, de 1963 à 2020. 

Je veux ici rendre un hommage tout particulier aux anciens combattants qui ont quitté le service actif et ne sont désormais plus militaires. Certains ne sont pas si anciens que cela et poursuivent une vie professionnelle civile, une deuxième carrière. D'autres ont atteint l'âge de la retraite et je les rencontre à chaque fois, dans nos cérémonies patriotiques, tout au long de l'année. J'ai eu le plaisir, il y a quelques semaines, de les recevoir à l'Elysée le 11 novembre dernier.

Je veux ici témoigner à tous ces anciens combattants mon estime et la reconnaissance de la Nation, reconnaissance pour les services rendus au pays. Tous me le disent : les armées leur ont beaucoup offert. Le métier des armes est un enrichissement pour toute une vie qui les porte à témoigner et à transmettre, encore et inlassablement, auprès des plus jeunes générations. On cesse peut-être, à un moment donné, d'être militaire. On ne cesse jamais d'être engagé. Comme bénévole, comme citoyen, en continuant à porter haut les valeurs de la défense dans la vie civile, politique et associative. Leur rôle est essentiel et constitue bien l'un des ciments de notre Nation. Je salue leurs représentants ce soir et leur redis que nous avons besoin de leur engagement, pour notre jeunesse en particulier, afin que vive cet indispensable lien, cette osmose entre la Nation et son armée, qui insuffle à tous le sens des valeurs premières. Je sais combien, Madame la secrétaire d'Etat, vous êtes attachée à ce rôle. 

L'exemple, la transmission, cet engagement du monde combattant, d'active et de réserve, auprès de nos jeunes, j'y tiens absolument. Le Service national universel qui va monter en puissance dès cette année, après la préfiguration réussie de juin dernier, se fera donc avec vous tous et avec le soutien des Français qui croient dans leurs armées, admirent leurs militaires et comptent sur eux. 
 

C'est fort de ce soutien, de ce soutien de toute la Nation que dès mon élection, j'ai fait de la défense une priorité. 

Vous le savez, je me suis engagé sur une trajectoire budgétaire inédite que j'ai fait inscrire dans la loi de programmation militaire 2019-2025. 

Cet engagement, je l'ai pris parce que c'est ma responsabilité de chef d'État et de chef des armées et que je l'estime nécessaire pour relever les défis stratégiques et militaires qui sont devant nous, dans un monde chaque jour plus dangereux, instable. Oui, la menace augmente et ce début d'année, s'il était besoin, nous l'a encore rappelé. Il ne s'agit pas d'un discours pessimiste ni de mots mal pesés, mais d'un constat lucide encore confirmé. Il nous faut nous adapter, nous renforcer. La sécurité de la Nation, son avenir sont bel et bien en jeu. C'est pourquoi je resterai ferme sur mon engagement, comme je l'ai été depuis le début. Et je sais, en la matière, pouvoir compter sur l'engagement de la ministre mais aussi du président et de la présidente des commissions compétentes à l'Assemblée nationale et au Sénat et de l'ensemble des élus concernés. Les ressources budgétaires prévues en 2018 et 2019 ont bien été allouées et l'objectif reste et restera de porter l'effort de défense à 2 % du produit intérieur brut en 2025. 

Quand je me déplace dans vos unités, que je viens à votre rencontre, je constate toujours avec satisfaction que cet effort important que la Nation consent est productif et vertueux. Car grâce à ces investissements, grâce aux efforts fournis chaque jour pour honorer cette confiance, en vous réorganisant, en innovant, en coopérant, nous sommes au rendez-vous des opérations. 

Je veux vous remercier, Madame la ministre, pour votre action à la tête du ministère et saluer la profonde transformation que vous avez engagée avec l'aide très précieuse de la secrétaire d'État. Vous vous consacrez à votre mission avec talent et passion et les résultats sont là. Je veux vous remercier, mon général, pour votre engagement constant en tant que chef d'état-major des armées et pour celui des hommes et des femmes que vous commandez, qui font notre fierté et à qui nous devons tant. 


Nous savons les défis qui nous attendent. Je sais aussi ceux que nous avons su relever.

L'année 2019 a été dense, tant sur le plan des opérations que sur le plan de la modernisation de notre outil militaire. Et l'année 2020 se poursuivra avec la même ambition sur chacun de ces points. 
Sur le plan opérationnel, l'engagement a été intense sur de nombreux théâtres : au Proche et Moyen-Orient, malgré les mutations de la région, nos forces engagées dans l'opération Chammal poursuivent les opérations de lutte contre Daech, dont le califat territorial n'existe plus mais dont la menace pèse toujours, sous une autre forme larvée, plus insidieuse. Aujourd'hui, sur cette base aérienne, j'ai une pensée particulière pour les aviateurs déployés sur la base aérienne projetée H5. 

J'étais hier avec le roi de Jordanie qui a, à nouveau, remercié la France pour cette présence. Et tous ceux qui connaissent la région et regardent avec lucidité la menace terroriste savent combien la place de la coalition internationale contre Daech est indispensable, et combien la France, depuis le début, avec constance encore ces derniers mois et ces dernières semaines, elle, est restée, avec détermination, avec courage. C'est par notre engagement, notre présence au sein de cette coalition que nous sommes crédibles vis-à-vis de tant de pays de la région. Les discours politiques et diplomatiques ne valent rien s'ils ne sont pas suivis d'effet. Ceux qui se battent contre la menace terroriste, ceux qui la subissent dans cette région, savent qui est là, et qui reste, même quand cela tousse, si je puis dire. Les dernières semaines l'ont montré. Il y a parfois loin des discours aux réalités. Nous sommes restés. 

Dans la péninsule arabique et dans le golfe arabo-persique, où les tensions montent, nous avons déployé en un temps record la Task force Jaguar qui contribue à la réassurance du royaume saoudien. Et par les initiatives que nous menons avec nos partenaires européens, nous renforçons la sécurité maritime dans cette région si stratégique pour nous. C'est avec fierté que je peux vous dire que, sur notre initiative, nous avons su convaincre pour cette mission essentielle nombre de nos partenaires européens. Pour garder cette autonomie stratégique, vitale, celle de comprendre, de savoir par nous-mêmes et de pouvoir intervenir comme il se doit. Je ne peux prendre aucune décision qui soit bonne ou juste, si cette capacité n'est maintenue. 

Elle l'est par de telles opérations. Et je veux ici aussi mentionner les opérations navales que notre marine conduit partout dans le monde, du canal de Syrie au golfe arabo-persique, du golfe de Guinée à l'Atlantique Nord. Nous avons, là aussi, inauguré nombre de ces missions. Et nous avons pu constater, en fin d'année dernière s’agissant par exemple du golfe de Guinée, combien la présence française est, là aussi, déterminante, parfois la seule qui reste, à coup sûr la plus appréciée. 

Dans la lignée de ces opérations, le groupe aéronaval viendra soutenir l'opération Chammal de janvier à avril 2020, avant de se déployer en Atlantique et en mer du Nord. Une fois de plus, notre porte-avions sera le cœur d'opérations combinées de plusieurs pays européens : Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Grèce participeront à l'escorte du Charles de Gaulle au cours de sa mission. Cette force européenne, tout comme notre déploiement Lynx dans les pays Baltes, viendra renforcer le lien transatlantique et l’OTAN, preuve supplémentaire que défense européenne et OTAN sont les deux piliers d’un même édifice : la sécurité collective de l’Europe. Et chacun de ces déploiements, chacune de ces opérations le montre. 

Au Liban, nos forces engagées dans la FINUL contribuent à la stabilité d’un pays qui nous est cher, qui s’apprête à fêter un siècle d’existence mais dont les difficultés politiques enveniment une situation économique et sécuritaire déjà précaire. La présence, là aussi, de nos armées est indispensable. 

Au Sahel, les opérations se poursuivent. J'ai tenu, à la fin de l'année dernière, à aller à la rencontre de vos camarades des Forces Françaises en Côte d’Ivoire et de la base aérienne avancée de Niamey. La France et ses alliés se battent conjointement avec les armées des pays sahéliens, à leur demande et en leur faveur. Si la France a dû prendre seule l'initiative pour sauver le Mali en 2013, c'est bien aujourd'hui l'Europe qui se bat pour stabiliser une région qu'il est impossible de laisser tomber dans le chaos et devenir la base arrière d’un autre terrorisme aux frontières sud de notre continent.

Il revient bien à la communauté internationale et aux acteurs régionaux, et non à la France seule, d'accompagner durablement nos partenaires sahéliens sur le chemin de l'autonomie et de la stabilité. C'est pour cela que nous avons soutenu le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad pour créer, dès 2014, le G5 Sahel et le doter, en juillet 2017, d'une force conjointe. C'est pour cela que nous avons lancé, avec l'Allemagne, le Partenariat stratégique pour la stabilité du Sahel. C'est la volonté qu’ont exprimée les pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest en septembre dernier à Ouagadougou. Oui, l'Afrique, l'Europe, les Nations-Unies se mobilisent pour le Sahel. 

Sur cette région du monde, j'entends, toutefois, les doutes et les inquiétudes. L'année 2019 a été une année douloureuse et tous, Sahéliens comme Français, nous avons payé un lourd tribut au combat contre le terrorisme djihadiste. Et je veux avoir une pensée, évidemment, pour nos soldats que j'évoquais à l'instant et pour leurs frères d'armes sahéliens – encore, il y a quelques jours, tombés au Niger. Mais ces sacrifices ne seront pas vains. 
Et je crois pouvoir dire que les décisions profondes, nouvelles, prises il y a quelques jours à Pau, après l'hommage rendu à vos frères d'armes du 5ème RHC, permettront d'avancer. Oui, à Pau, les Etats membres du Sahel ont réaffirmé leur volonté politique d'être défendus, protégés et de coopérer avec nos armées. A Pau, nous avons bâti, décidé d'une coalition internationale pour le Sahel, nouvelle, profonde, reposant sur quatre axes. 
Le premier, la lutte contre le terrorisme. Barkhane y sera pleinement engagée avec les forces du G5 Sahel, avec aussi quelques-uns de nos alliés européens qui rejoindront la task force Takouba et toutes les forces étrangères internationales qui nous rejoindront. Par un commandement conjoint enfin décidé, nous serons plus efficaces, mais nous avons défini l'ennemi principal et la zone, en nous concentrant sur les trois frontières. En donnant comme priorité la lutte contre l’EIGS et en concentrant tous ces moyens regroupés à cet endroit contre principalement ce groupe et les quelques autres qui l’aident ou coopèrent. Je sais que les résultats suivront. J’ai décidé que 220 soldats viendraient compléter notre force déjà présente. Nous y mettrons tous les moyens et la victoire sera là.

Le deuxième pilier, c'est celui du soutien de la montée en capacité des armées sahéliennes. Barkhane joue là aussi un rôle essentiel. Les missions EUTM, EUCAP, le rôle de la MINUSMA et l'ensemble des coopérations internationales permettront d'aller plus loin, plus fort, en termes d'équipement, de formation, d'accompagnement, indispensables là aussi pour gagner les espaces repris et consolidés. 
Le troisième pilier sera celui du retour de l'État et de l'action politique que nos partenaires sahéliens doivent conduire. La part militaire ne peut être durable ou efficace s'il n'y a pas, à côté, le travail politique indispensable, qui ne relève pas de nous mais de nos amis du Sahel. Et principalement au Mali, au Burkina Faso, beaucoup est à faire, pour reconquérir certaines régions. Je pense à Kidal, où l'État doit pleinement revenir. Et c'est l'administration, la justice, parfois l'école, qu'il faut replacer dans chacun de ces territoires. 

Enfin, le quatrième pilier de cette coalition internationale pour le Sahel, c'est le développement autour de l'Alliance pour le Sahel, lancée dès l'été 2017, et de ses projets que nous savons d'ores-et-déjà déployés par une organisation aujourd'hui très coordonnée et méthodique entre nos armées, l'Agence française de développement, l'ensemble des bailleurs internationaux et les organisations non-gouvernementales locales. Le cap est fixé. 
Dans un an, la force Barkhane sera devenue une coalition militaire internationale, ce qu'elle est déjà en partie, grâce aux contributions de nos partenaires européens et américains. Maintenant, ce sont des victoires et des résultats que nous irons chercher à nouveau. 

Les armées françaises, et c'est à votre honneur, ont porté cette année encore les engagements pris par la France pour assumer ses responsabilités internationales. 
Grâce à vous, c'est aussi sur notre propre sol et dans nos approches que la sécurité a été garantie à terre, en mer et dans les airs, nous l'avons vu tout à l'heure. Dans l’Hexagone comme dans nos outre-mer, votre engagement pour la défense des Français, la paix et la sécurité, a été permanent. 

Tout à l'heure, j'ai vu la modernisation en marche dans l'armée de l'air. Et je vous remercie, Mon général, pour les présentations qui m'ont été faites, qui m'ont permis, une fois encore, d'apprécier la très grande qualité et le professionnalisme des femmes et des hommes qui servent au sein de l'armée de l'air. 

Cette année, arriveront, ici, à la base aérienne 123, deux A400M ATLAS – ce qui portera la flotte à dix-sept – un deuxième ravitailleur KC130J et, sur la base aérienne d'Istres, un troisième A330 PHENIX MRTT. Après les premiers tirs de drones armés au Sahel, qui ont montré toute la pertinence de cette capacité, que nous avons pu apprécier il y a quelques semaines à Niamey, un système REAPER supplémentaire viendra renforcer notre force de combat. La création du Commandement de l'espace en septembre dernier et sa montée en puissance à Toulouse marquent clairement un changement d'ambition et, avec le renouvellement de la composante spatiale, rappellent à chacun que la France se prépare à demain. Nous avons pu tout à l'heure, là aussi, en apprécier la puissance. 

Le lancement du SNA Suffren, premier des six BARRACUDA, marque le renouvellement de notre composante sous-marine, qui se poursuivra en 2020 dans sa composante stratégique, par le lancement en réalisation du programme des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de 3ème génération. La surveillance de nos zones économiques a été considérablement renforcée avec la livraison d’un troisième patrouilleur léger, d’un B2M et la commande de 6 nouveaux patrouilleurs outre-mer qui seront livrés à partir de 2023. 

Pour l’armée de terre cette charnière 2019-2020 voit la livraison des premiers blindés de l’ère SCORPION. 92 GRIFFONS ont déjà été livrés en 2019 comme prévu et l’armée de terre recevra les 128 suivants dès 2020 ainsi que les quatre premiers engins blindés JAGUAR, 12 000 fusils d’assaut HK-416, sept hélicoptères CAÏMAN. 

Je sais tout ce que ces chiffres signifient d’effort, de mobilisation et je veux vous remercier monsieur le délégué général, pour le travail accompli de modernisation de votre délégation et du dialogue constant avec nos industriels, des délais parfois contraints et poussés et de l’amélioration profonde de notre propre organisation. Des situations étaient, sur nombre de sujets, parfois difficiles et critiques. Sur chacun de ces points nous sommes en train, je crois pouvoir le dire, de rétablir les choses. Je sais aussi tout le travail sur le MCO conduit, j’ai encore pu le voir il y a deux jours à Pau. Et, à travers cela, je sais combien madame la ministre et, mon général, vous y tenez. Et moi aussi. C'est la disponibilité de nos équipements que nous améliorons en revoyant nos organisations, en sachant externaliser là où il le faut, réorganiser nos propres chaînes pour mieux utiliser nos équipements, pour permettre en opérations et dans tous les cadres de faire encore davantage. 

Mais la modernisation de nos armées ne se limite pas à une modernisation des équipements. Je l'ai dit dès ma prise de fonction, je veux un renouveau de la condition militaire parce que celle-ci s'était profondément dégradée par le passé et parce que, j'y crois profondément, la condition militaire participe de l'efficacité opérationnelle des armées. 

Le plan d'amélioration des conditions de vie et d'accompagnement des familles mis en œuvre depuis 2018 comme le programme « Hébergement » lancé en 2019 illustrent le changement d'ambition que j'ai souhaité et que j'entends concrétiser au plus près des préoccupations du terrain, c'est-à-dire, comme vous m'avez souvent peut-être entendu le dire, « à hauteur d'homme ». 

Oui, cette loi de programmation militaire ne doit pas simplement permettre d'avoir les meilleurs équipements au monde en opérations — ce qui est légitime et ce qui est notre part de souveraineté, d'autonomie et ce que je vous dois — mais aussi d'avoir un quotidien - ce que nous vous devons - de pouvoir vivre une vie de famille avec les contraintes de la condition militaire, mais où les préoccupations, les difficultés sont mieux prises en compte, où l'hébergement est amélioré. 

C'est nécessaire parce que, là aussi, cela fait partie du pacte avec la Nation. 

Mais également parce que de manière très simple c'est une condition de l'attractivité et de la fidélisation pour nos armées : la condition militaire c'est aussi ce qui touche aux parcours, à l'environnement professionnel, au recrutement et à cette fidélisation. 

Car pour relever les défis qui nous attendent, il nous faut des femmes et des hommes d'engagement, passionnés, prêts à servir leur pays, qui s'épanouissent dans le métier des armes et dans le mode de vie si particulier qui en découle. 

L'attractivité du métier militaire est primordiale. Susciter des vocations à servir la France, donner envie chaque année aux jeunes Français de rejoindre vos rangs est un enjeu majeur dans le contexte que nous connaissons. 
Je crois pouvoir le dire ce soir devant vous : nos armées sont formidablement attractives. Notre jeunesse s'engage toujours davantage et je suis convaincu que le SNU créera encore plus de vocations demain. 
Nous avons un défi, la fidélisation, nous en parlions encore cet après-midi. Et les plans que j'évoquais, qu'il s'agisse des familles ou de l'hébergement, sont une composante de cette fidélisation car, bien souvent, on quitte l'engagement militaire pour rejoindre une carrière civile parce que la famille veut moins bouger, parce que les contraintes pèsent davantage et il nous faut répondre à ces aspirations légitimes en gardant bien évidemment ce que sont les spécificités de la condition militaire mais en sachant entendre, accompagner. Fidéliser est un défi sur lequel nous continuerons de nous engager car il est déterminant. 
Et vous savez aussi l'attention constante que je porte à la prise en compte des exigences de votre métier dans la création d'un système universel de retraites. 

Je me suis exprimé, je crois avec clarté, en décembre dernier en Côte d'Ivoire. Je sais que la ministre, laquelle a veillé avec détermination et courage à défendre les quelques mots que j'avais prononcés et les spécificités que j'évoquais, la ministre disais-je, a, depuis lundi, saisi le CSFM sur le projet de loi. Il a rendu son avis et j'en tiendrai le plus grand compte. 

Je connais la sensibilité sur le sujet et je la comprends parce que les pensions militaires constituent une garantie essentielle du contrat que l'Etat et la Nation passent avec ceux qui acceptent de les servir par le métier des armes. Elles constituent une contrepartie que la Nation apporte solidairement à votre engagement exorbitant à la défendre. Elles sont également une garantie du modèle d'armée dont la France a besoin pour assurer sa défense et ses missions dans le monde : une armée jeune, agile, disponible sans contrepartie, qui ne compte pas ses heures mais sert en tout temps et en tout lieu, une armée d'emploi, engagée en opérations, avec une chaîne de commandement directe qui va du chef des armées au terrain, telle que nous la connaissons aujourd'hui. 

Aussi, je le redis, les engagements que j'avais pris devant vous il y a un an, de prise en compte des spécificités militaires et du modèle d'armée, sont et seront tenus. J'y veillerai personnellement. 

Mesdames et messieurs, cet après-midi j'ai encore découvert de nouvelles facettes de vos savoir-faire, de ces multiples compétences et métiers que l'armée de l'air met en œuvre pour assurer ses missions de protection, d'intervention, de dissuasion. J’ai vu et apprécié les technologies et équipements de pointe qui façonnent votre quotidien. 

Mais plus que cela, une fois encore j'ai aimé cet état d'esprit : le vôtre. Un esprit commun à tous les militaires de nos armées, fait d'engagement, de passion, d'enthousiasme, de courage et de détermination à servir votre pays et vos compatriotes. C'est, et cela restera, la plus grande force de nos armées. 

Alors, ce soir, devant les élus, les parlementaires c'est la gratitude de la nation à ses armées que je suis venu vous exprimer. 

Et c'est également mes vœux pour cette nouvelle année : au nom de tous les Français, qui vous respectent et vous estiment, qui vous admirent, et, j'ose le dire, qui vous aiment, je vous souhaite le meilleur pour cette année 2020, dans vos missions pour le succès des armes de la France, dans votre vie personnelle et familiale. 
 

Merci de ce que vous faites et de ce que vous êtes.

Merci de porter si haut nos couleurs et l'esprit français. 
J'en suis fier. Merci de cela. Alors ce soir je suis venu vous transmettre tous les vœux de la Nation pour cette année qui s'ouvre. Tous ses vœux. 
Nous continuons ensemble. Merci à chacune et chacun d'entre vous.

Vive la République et vive la France !

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