Le cardinal Roger Etchegaray, qui fut l’émissaire du Pape Jean-Paul II à travers le monde et président de la conférence des évêques de France, est décédé aujourd'hui à l'âge de 96 ans.

Il s’est éteint dans ses chères Pyrénées, au cœur même de ce pays basque où il était né en 1922, dans une famille de mécaniciens agricoles. Ordonné prêtre en 1947, il fut choisi pour participer au Concile Vatican II en 1962, et bientôt nommé évêque-auxiliaire de Paris, archevêque de Marseille à partir de 1970, puis membre de la curie à Rome dès 1981. En tant que secrétaire général de la Conférence des évêques de France à compter de 1967, dont il devint président en 1975, il se distingua par sa capacité à faire front dans une église fragilisée par des dissidences internes.

Son charisme, son verbe rare et choisi, son intelligence de l'humanité jusque dans ses fractures les plus profondes, lui valurent d'être nommé cardinal puis désigné par le pape Jean-Paul II, dont il était l'ami et le confident, comme son principal émissaire diplomatique à partir des années 1980, parfois dans le secret des missions les plus délicates de la guerre froide.

Partout où le dialogue achoppait, au plus sanglant du génocide des Tutsi au Rwanda, en Iran, en Chine communiste, à Sarajevo, auprès de Saddam Hussein ou de Fidel Castro, le prélat portait des paroles d'apaisement et de reconstruction. En des temps marqués par le durcissement des positions diplomatiques, la peur et le rejet de l'autre, il arpentait le monde entier, jusque dans ses marges, pour favoriser la reprise des échanges. Son amour profond de la France s’accompagnait d’une curiosité inlassable pour les cultures étrangères, en particulier pour la Chine et la Russie. Chez lui, la compréhension et la compassion étaient les deux moteurs d’un même élan vers l’autre.

Résolument tourné vers la rencontre et l’échange, favorable à l’œcuménisme, défenseur d’un catholicisme ouvert et bienveillant, il fut également l'un des principaux instigateurs et animateurs des rencontres interreligieuses d'Assise, qui unissent tous les horizons religieux autour de la prière pour la Paix depuis 1986. Le cardinal a ainsi bâti entre catholiques, protestants, orthodoxes, juifs et musulmans, des ponts fraternels qui font écho aux valeurs républicaines fondamentales.

« Justice et paix », « Cor unum », tels sont les deux ministères pontificaux qu'il présida pendant plus de quinze ans, chargés des interventions humanitaires de l’Eglise dans les zones de conflit, et dont les noms reflètent son double combat pour la non-violence et l'unité.

En tant que président du Conseil des Episcopats d'Europe, il anticipa aussi la construction de la fraternité européenne. Il aura ainsi, toute sa vie, « senti battre le cœur du monde » et déployé une diplomatie faite d’amour et d’espoir. Il fut la voix de la tolérance et du dialogue, qui nécessitent, aimait-il à dire, « une brassée d'amour et une pincée d'humour ».

Des horizons montagneux de son enfance aux bans de la curie, l'étudiant en droit canon d'Espelette était devenu un immense serviteur de l’Eglise et l’une des figures religieuses majeures de la scène contemporaine, de ceux à qui l’on confia l’orchestration du Grand Jubilé de l’an 2000, qui célébrait deux millénaires de christianisme.

Ses cinquante années d'épiscopat ont porté des fruits aussi bien temporels que spirituels, pour lesquels la République est reconnaissante. Le Président de la République salue la mémoire de cet homme de dialogue et de paix qui a élargi sa mission pastorale au monde entier, et adresse à son entourage ainsi qu’à tous les catholiques de France ses sincères condoléances.

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