Le romancier franco-belge François Weyergans nous a quittés hier.

Lui qui fut l’un des rares écrivains à obtenir à la fois le Prix Renaudot et le Prix Goncourt, avait été élu à l’Académie française en 2009.

 Né en Belgique, d’un père lui-même écrivain mais aussi fervent catholique, le jeune François Weyergans se plongeait avec gravité et dévotion dans la lecture des Evangiles tout en dévorant par ailleurs avec gourmandise les aventures de Tintin, découvrant sa vocation dans cette double source d’inspiration.

Grand cinéphile aussi, il a d’abord affûté sa plume et son regard en frappant à la porte du cinéma, qui s’ouvre à lui : il est reçu au début des années 1960 au prestigieux Institut des hautes études cinématographiques, l’IDHEC, devenu aujourd’hui la Fémis. Il rejoint très vite l’équipe des Cahiers du cinéma en tant que critique et tourne dans la foulée ses premiers films. Passionné de danse, il réalise en 1965 un premier court métrage sur son ami Maurice Béjart qui lui a valu cet hommage de François Truffaut : « pendant 18 minutes, j’ai compris la danse ! ». Il réalise ensuite sept longs métrages dont Robert Bresson, ni vu ni connu, un portrait-conversation du cinéaste du dépouillement, et Un film sur quelqu’un qui fut sélectionné à la Mostra de Venise.

C’est en 1973 que François Weyergans fait son entrée sur la scène littéraire avec Le Pitre, une chronique sarcastique de la cure psychanalytique d’un personnage agoraphobe qui lui ressemblait fort et dont les séances avec celui qu’il nomme le Grand Vizir et en qui l’on reconnaît Jacques Lacan évoquent parfois des numéros de cirque.

Suivront une douzaine d’œuvres où le vécu de l’auteur s’entrelace aux fictions de l’écrivain pour évoquer sa mère (Trois jours chez ma mère), lui-même (Je suis écrivain), ses rapports avec son père (Franz et François) ou les expériences d’un enfant dans le ventre de sa mère (La Vie d’un bébé).

Lui qui ne prenait la plume que la nuit et qui disait sa difficulté à écrire nous laisse pourtant une œuvre foisonnante, qui aime le vertige des mises en abime multiples et les sinuosités voluptueuses des digressions. Il aimait feindre de perdre le fil de son récit pour mieux ourdir la toile souple et dense dans laquelle il enveloppait ses lecteurs.

Le courage qu’il avait de se dire tout entier, jusque dans ses névroses les plus cocasses, son humour facétieux, son érudition jamais pesante, manqueront à la littérature francophone.

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