L’actrice Anémone s’est éteinte aujourd’hui. Drôle, émouvante, farouchement libre, elle nous laisse à travers ses films des trésors de belle humeur et de bon humour.

Anne Bourguignon, de son vrai nom, avait fait ses débuts au café-théâtre, mais c’est de son premier film, Anémone de Philippe Garrel (1968), dans lequel elle tenait le rôle-titre, qu’elle a tiré son nom d’artiste – ce simple prénom, un rien fantasque, qui l’a rendue immédiatement familière au public français. 

En 1977, son ami Coluche lui offre un rôle important dans le seul film qu’il réalisa lui-même, Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine. Puis Anémone devient l’une des acolytes de la mythique troupe du Splendid de Christian Clavier, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte ou encore Josiane Balasko. C’est ainsi qu’elle joue en 1979 dans Le Père noël est une ordure, une pièce écrite par l’équipe et bientôt adaptée par Jean-Marie Poiré dans un film devenu suprêmement culte au fur et à mesure de ses rediffusions télévisées. Anémone y incarne l’inénarrable Thérèse, une femme un peu guindée, très émotive, à la voix passablement criarde, qui assure un soir de noël la permanence téléphonique de SOS Amitié avec Pierre, joué par Thierry Lhermitte.

Anémone avait cette force comique qui passait chez elle par une maîtrise virtuose des rythmes, des décalages et des dissonances, des jeux de mots et des effets vocaux. Les réalisateurs l’avaient compris qui l’ont propulsée en haut de l’affiche dans des comédies populaires dans lesquelles son talent éclatait comme Viens chez moi, j’habite chez une copine, Ma femme s'appelle reviens, Les Babas-cool, Pour cent briques, t'as plus rien..., Le Quart d'heure américain ou encore Le Mariage du siècle.

Mais la palette de jeu d’Anémone était sensiblement plus large et elle savait aussi crever l’écran dans des rôles dramatiques comme dans Le Grand chemin où elle incarne une mère marquée par le deuil de son enfant – un rôle qui lui a valu un César en 1988 – ou dans Le Petit Prince a dit, un drame familial déchirant.

Ces dernières années, Anémone avait retrouvé le goût des planches en jouant dans L’Avare, Mademoiselle Werner ou Les Nœuds au mouchoir

A l’image de cette fleur qu’elle s’était choisie comme nom, le talent d’Anémone avait cette richesse de couleurs et cette puissance d’éclat qui a illuminé durant des décennies nos salles obscures et nos scènes de théâtre.

Elle aura traversé le cinéma français avec liberté : provocatrice, pudique, elle avait ce génie d’un comique touchant.

Le Président de la République et son épouse adressent leurs sincères condoléances à la famille et aux proches d’Anémone ainsi qu’à tous ceux qui ont travaillé à ses côtés.

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