De son nom, il avait fait une marque, de cette marque il avait fait un emblème – celui d’une élégance française reprenant le flambeau des grands couturiers d’avant-guerre (notamment Jacques Fath, dans l’atelier duquel il fera ses premières armes) pour le porter plus loin et plus haut encore.

Cette longue vie commença par des rencontres décisives. Celle de Christian Dior, qui lui donnera envie de fonder sa propre maison. Celle du modèle Bettina Graziani, pour qui il concevra en 1952 les pièces maîtresses de sa première collection. Celle aussi de Cristobal Balenciaga, son idole, son inspirateur, qu’il rencontra enfin en 1953 et qui, en 1968, lorsqu’il prit sa retraite, conseilla à sa clientèle de s’habiller chez Givenchy. Celle également d’Audrey Hepburn, avec qui il se lia d’amitié lorsqu’en 1953 elle le pria de dessiner pour elle les costumes de Sabrina – ce qu’il déclina avant de se laisser convaincre et de devenir pour jamais l’habilleur de cette star montante puis consacrée.

De ces rencontres, Hubert de Givenchy tira des audaces nouvelles, en se donnant toujours pour principe de respecter et célébrer le corps de la femme – ce qui le conduira plus tard à ne guère se reconnaître dans une mode plus déstructurée. Sa réputation grandit dans les années 50 et 60. Personne n’a oublié la coupe racée des robes conçues pour Jackie Kennedy ou Liz Taylor.

Ne limitant pas son inspiration à la haute couture féminine, et sensible à la nécessité de renforcer sa maison pour conserver son indépendance créative, Hubert de Givenchy élargit progressivement son travail à la mode masculine, aux accessoires et aux parfums, sans jamais standardiser son métier, et sans perdre le contrôle étroit de tout ce qui portait son nom.

Cet artiste fut aussi ouvert à toutes les influences esthétiques et passionné notamment d’art contemporain, collectionneur avisé se fiant à son propre jugement – c’est ainsi qu’il acquit et fit découvrir nombre d’œuvres de Diego Marinetti.

C’est à cette passion pour l’art qu’il voua sa vie une fois qu’il eut revendu sa maison à LVMH en 1988, avant de se retirer en 1995. Il rendit un fidèle hommage à son maître Balenciaga lorsqu’il fonda à Getaria la Fondation Cristobal Balenciaga en 1997.

La France perd un maître. Maître de l’élégance, de la création, de l’invention. Maître de sa culture et ambassadeur de cet esprit fait de liberté et d’audace. C’est avec de tels artistes que la France rayonne dans le monde et il ne fait aucun doute que la figure d’Hubert de Givenchy perdurera longtemps.

Le président de la République et son épouse adressent à son compagnon, à ses neveux et nièces, à ses amis et collaborateurs leurs sincères condoléances.

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