Le Président Emmanuel Macron s'est rendu en République d’Albanie les 16 et 17 mai 2025.

Ce déplacement était l'occasion pour le chef de l'État de participer au Sommet de la Communauté politique européenne à Tirana le 16 mai.

Après Prague, Chisinau, Grenade, Blenheim et Budapest, c’est la sixième fois que la Communauté politique européenne se réunit depuis sa création, à la suite à la proposition faite par le Président de la République à Strasbourg en mai 2022.

L'objectif étant de renforcer le dialogue stratégique entre Etats européens et à répondre aux grands défis de sécurité et de stabilité sur le continent.

Ce Sommet a a réuni près de 50 chefs d’État et de gouvernement pour :

  • échanger sur les défis en matière de sécurité auxquels fait face l’Europe,
  • réaffirmer l’unité européenne en soutien à l’Ukraine et revenir sur les enjeux de stabilité régionale,
  • assurer le suivi des projets de coopération concrets lancés lors des précédents sommets.

Revoir la déclaration du Président lors de la plénière d'ouverture : 

16 mai 2025

Déclaration du Président de la République au sommet de Tirana, le vendredi 16 mai 2025.

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Emmanuel MACRON

Merci, Edi.

Merci beaucoup de nous accueillir pour ce sommet et félicitations pour le résultat électoral, et en effet, ce chemin européen et cette confiance dans l'avenir, dans l'Europe que tu as exprimée. Merci, et je suis heureux de vous retrouver ici tous et toutes pour ce sixième sommet de la communauté politique européenne et le premier dans la région des Balkans. Et donc merci pour l'immense hospitalité, et aussi pour avoir rappelé que derrière le rêve européen et ce qui nous unit, l'Europe n'est pas simplement une géographie, mais elle est toujours une mythologie, un récit et une traversée. Et de rappeler que cette Europe de la Renaissance, des Lumières, celle de la paix, du progrès et de la culture est celle qui nous a inspirés et qui, au fond, donne envie.

Néanmoins, nous nous retrouvons dans un moment de la vie de nos Nations et de cette région qui, je crois, empruntent d'une certaine gravité la rencontre d'aujourd'hui, compte tenu des enjeux qui sont les nôtres. Et en fond, en essayant de préparer cette rencontre, je suis frappé de voir à quel point, et de manière sans doute inédite, on a aujourd'hui sur notre Europe un défi sur toutes les sécurités. Et réunir cette Europe large, au-delà de l'Union européenne, entre tous les chefs d'État et de gouvernement et toutes les Nations qui sont ici représentées, c'est essayer de donner une chance à notre grand continent de faire face aux défis qui sont les siens à travers l'unité. Et je pense que l'unité entre nous tous est indispensable aujourd'hui compte tenu des menaces et des risques de division qui pèsent sur le continent.

Évidemment, la première sécurité est la sécurité géopolitique, vous l'avez exprimé l'un et l'autre, et les menaces de guerre, de divisions qui frappent l'Europe et qui, parfois, menacent sa propre unité. C'est d'abord, évidemment, la guerre d'agression russe en Ukraine. Et Volodymyr sait combien, ici, il a notre solidarité. Et je pense que la bataille que nous menons tous, que nous avons porté nos collectifs la semaine dernière avec Keir, Donald et Friedrich, la coalition des volontaires qui s'est constituée et unie beaucoup ici autour de cette table pour soutenir l'Ukraine est importante d'abord pour obtenir le cessez-le-feu. Et si besoin était, je crois que les dernières heures ont montré à cet égard que la Russie n'avait pas envie de cessez-le-feu et s’il n'y a pas une pression accrue des Européens et des Américains pour obtenir ce résultat, il ne sera pas spontané. Et au fond, la Russie veut reprendre des discussions qui sont connues, celles qui se sont tenues entre février et mai 2022, qui n'ont pas empêché les crimes de guerre à Boutcha et ailleurs, et qui n'ont donné aucun résultat. Et nous devons pousser sur ce chemin et bâtir une paix juste et durable pour l'Ukraine. C'est aussi tout le travail qui est en train d'être finalisé, et j'espère qu'il sera parachevé et qui permettra un traité de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et je veux dire ici vraiment à Nicole et Ilham notre plein soutien à tous pour obtenir sur ce chemin la signature de ce traité de paix. C'est d'avancer sur des questions qui restent entre Belgrade et Pristina. C'est d'apporter notre soutien à la Moldavie, victime chaque jour des ingérences russes. Et c'est rappeler l'importance d'échéances électorales en cours qui, là aussi, sont, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences. Et enfin, comme vient de le dire Antonio, c'est nous coordonner pour apporter une réponse tous ensemble à la situation humanitaire inacceptable à Gaza, obtenir là aussi un cessez-le-feu immédiat, une réponse humanitaire, puis une réponse politique qui est la seule possibilité d'avoir un chemin, qui est clé pour l'unité de nos pays et les principes que nous défendons, mais qui est aussi le seul moyen, au vu du reste du monde, d'être compris sur ce que nous faisons sur l'Ukraine.

Et je ne compare aucune situation, mais je veux insister pour nous tous sur cela, l'essentiel de l'humanité : la Chine, l'Inde, le continent africain, le Proche Moyen-Orient, le Pacifique et l'Asie et l'Amérique latine, nous regardent. Parfois, elles ne comprennent pas totalement ce qu'on fait sur l'Ukraine, soyons lucides, mais il faut l'assumer et l'expliquer. Mais elles ne nous comprennent plus du tout sur l'Ukraine quand nous restons silencieux sur Gaza. Ce qu'elles nous disent : vous êtes étranges, vous nous dites que notre vie est en jeu quand il y a la souveraineté territoriale qui est attaquée, puis vous fermez les yeux quand il y a un massacre. Et je ne compare rien, je sais les histoires, mais je veux vraiment ici nous réveiller collectivement sur la cohérence que nous devons tenir sur ces points.

Au fond, nous le voyons, toutes ces situations montrent le besoin de paix, la nécessité, évidemment, de revenir par la diplomatie, mais c'est le chemin sur lequel nous devons trouver l'unité pour notre sécurité et sur lequel, nous devons construire aussi une réponse collective. Et derrière, pour être crédible, là aussi, avoir une réponse commune, une large majorité d'entre nous font partie de l'OTAN, mais nous avons aussi besoin d'avoir un pilier européen fort dans l'OTAN et d'agir en européens pour notre sécurité collective. Et les dernières semaines et les derniers mois l'ont montré. Et l'Europe, l'Europe large, prend encore plus de force et de pertinence dans le moment que nous vivons pour justement assurer sa propre sécurité. La communauté politique européenne est aussi l'espace qui permet de bâtir la sûreté pour nos populations. Et à cet égard, la lutte contre les trafics de drogue, le narcotrafic, la lutte contre l'immigration illégale sont des sujets essentiels que nous avons commencé à évoquer tous ensemble et sur lesquels je souhaite que nous puissions ensemble commencer à structurer des coalitions d'États, d'organisations internationales, d'agences européennes spécialisées pour lutter contre les trafics, notamment portuaires et fluviaux, et bâtir des échanges de données, lutter contre le financement illicite, le blanchiment et la corruption, et renforcer les programmes de prévention. Mais c'est une bataille qui est clé, qui est attendue par nos populations. Tous ces trafics sont liés entre eux, et la communauté politique européenne est aussi l'espace qui permet de bâtir des coopérations très concrètes en la matière.

Enfin, c'est la sécurité démocratique. Alain Berset la porte, ô combien, dans tous ses discours et à travers son organisation, mais nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, je l'évoquais, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience, et nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe. Et donc, face à cela nous avons lancé à Blenheim l'initiative qui a été portée avec Maia Sandu en créant un réseau de points de contact au niveau de la CPE pour améliorer la coopération entre nous. Et il faut aller plus loin en protégeant mieux nos infrastructures critiques face aux cyberattaques, en renforçant nos cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne, en traquant les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides. Mais cette sécurité démocratique est essentielle, sinon, en particulier la Russie, continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes. La Commission européenne, je le sais, a des initiatives en cours, mais ce qui a été porté par Maia à Blenheim, je pense, est un point important sur lequel on peut accrocher tout ça.

Et puis le dernier point, c'est la sécurité économique. Je l'évoquais à Budapest, mais je pense qu'on n'a pas encore suffisamment pris la mesure que nous constituons un marché de 700 millions d'habitants, et ce marché a une puissance extraordinaire. Il est beaucoup plus gros que le marché américain, il est beaucoup plus cohérent, et en fait, compte tenu du niveau de vie moyen, il est plus structurant que le marché chinois. Si nous savons agir tous ensemble, c'est une énorme puissance de feu, d'abord en renforçant les coopérations, en abattant les barrières tarifaires, en ayant de la convergence réglementaire pour faire de notre grande Europe, de notre large Europe quelque chose de beaucoup plus uni sur le plan commercial et sur le plan de l'intégration économique. C'est tous les débats qu'on a entre l'Union européenne et le Royaume-Uni et qui sont menés en ce moment, mais c'est aussi les débats qu'on avait eus et que vous aviez structurés, en particulier, Aleksandar et Edi, sur toute la région.

Mais je souhaite qu'on puisse vraiment aller beaucoup plus loin sur cette intégration économique de la région, indépendamment des sujets d'élargissement et d'Union européenne. Et je pense que nous devons nous coordonner très fortement pour faire face à toutes les attaques extérieures ou, au fond, à tout ce qui crée de la concurrence déloyale. On est tous face aux tarifs américains. Coordonnons-nous. On sera beaucoup plus forts si on se coordonne avec un marché de 700 millions d'habitants et de consommateurs. On fait tous face à la concurrence déloyale de certains produits venant d'Asie en raison de différences de règles ou de la sur-subvention de surcapacité. Coordonnons-nous. On sera beaucoup plus forts pour protéger nos marchés et ce commun. Et donc, je souhaite qu'on essaie de structurer aussi une réflexion et un travail autour de la sécurité économique à l'échelle du continent et donc autour de la communauté politique européenne.

Voilà les quelques mots que je voulais dire, mais au fond, on le voit bien, notre grande Europe est à un moment de réveil géopolitique. Si justement, on veut éviter le rapt, et la Renaissance a continué de peindre les mythes, et au fond, le grand risque qu’Europe court. Alors je ne sais pas si c'est Zeus transformé en taureau qui la ravira, ce que je sais, c'est que les risques se multiplient face à nous et que la communauté politique européenne est un espace qui nous permet de structurer, sur le plan géopolitique et militaire, sur le plan des sécurités et de la sûreté de nos pays, sur le plan économique et sur le plan démocratique, des réponses très concrètes par des coalitions d'action. Et donc, pour ça, je pense qu'il est temps, comme ça avait été proposé par Victor et comme Edi l’a suivi d'en effet de formaliser par un secrétariat léger une équipe de coordination de soutien pour suivre les projets concrets de la CPE, qui pourrait être assurée par la troïka des Présidences et le Président du Conseil européen, et du coup, à chaque fois, de pouvoir prévoir les deux Présidences à venir, ce qui permettrait d'avoir en permanence des troïkas et un suivi des projets que nous lançons dans ce cadre.

En tout cas, Edi, merci de nous permettre de nous retrouver à Tirana, et merci pour l'hospitalité et l'amour lyrique de notre Europe que tu portes.

Au cours de ce sommet, un échange a notamment eu lieu entre le Président Emmanuel Macron, le Président Volodymyr Zelensky, le Chancelier Friedrich Merz, les Premiers ministres Donald Tusk et Keir Starmer et le Président Donald Trump qui s'est connecté par téléphone. 

Revoir la déclaration du Président : 

Le chef de l'État a également présidé une table ronde sur la sécurité de l’Europe et le renforcement de la résilience démocratique, en compagnie de Jonas Gahr Støre, Premier ministre du Royaume de Norvège. 

Il a enfin répondu aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse. 

Revoir la conférence de presse :

16 mai 2025

Conférence de presse du Président de la République à l’occasion du 6e Sommet de la Communauté politique européenne en Albanie.

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Emmanuel MACRON

Bonjour, mesdames et messieurs. Merci de votre présence à l'issue de cette sixième édition, ce sixième sommet de la Communauté politique européenne. Je voudrais avant toute chose remercier le Premier ministre Edi Rama pour l'organisation de ce sixième sommet qui vient de s'achever, qui a démontré une nouvelle fois l'utilité de ce format inédit. Alors, notre réunion nous a permis d'abord d'aborder les questions de sécurité qui traversent notre Europe, avec évidemment une discussion utile sur la situation en Ukraine autour du président Zelensky, et au lendemain des discussions qui ont eu lieu en Turquie, et après, d'ailleurs, l'arrêt des discussions ce matin.

Nous le savons, et on l'a suffisamment répété, se joue en Ukraine notre propre sécurité, et donc nous continuons de soutenir un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours pour préparer une paix robuste et durable et nous avons eu l'occasion d'échanger avec le président Zelensky, ensuite avec le chancelier Merz, le Premier ministre Starmer et le Premier ministre Tusk, comme vous le savez, et d'appeler ensemble le président Trump pour coordonner la réponse, au fond, au choix qu'ont fait les Russes, d'une part de ne pas appliquer le cessez-le-feu, d'autre part de refuser une discussion bilatérale russo-ukrainienne à haut niveau, malgré la réponse positive du président Zelensky.

Dans les prochaines heures, la délégation ukrainienne attend un retour sur les demandes faites de la délégation russe, et nous aurons l'occasion de rééchanger avec le président Trump. Mais il est clair qu'aujourd'hui, ce qui reste d'actualité, c'est la seule proposition concrète qui ait été faite, c’est celle d'un cessez-le-feu inconditionnel. Nous continuons par ailleurs de préparer des nouvelles sanctions en coordination avec les États-Unis d'Amérique, au cas où ceux-ci ne trouveraient pas une réponse positive. Au-delà, évidemment, de cette question, nous avons pu évoquer les enjeux de sécurité auxquels notre Europe est confrontée en matière d'ingérence et de désinformation et nous avons, avec le Premier ministre Støre, la Première ministre moldave et beaucoup d'autres collègues, pu avancer sur ce sujet, avec deux coalitions qui se sont mises en place de façon concrète. La première, dans la droite ligne de ce que nous avions décidé à Blennheim avec Maia Sandu, nous avons structuré une coalition pour coordonner la lutte contre les fausses informations et les ingérences étrangères, ce qui permet là aussi de mutualiser les instruments dont nous disposons, et en particulier ce qui est mis en place par l'Union européenne. Et nous avons décidé aussi d'une coalition pour lutter contre le narcotrafic en tant qu'enjeu structurant sur le continent européen, ce qui, là aussi, est cohérent avec la stratégie que la France a lancée il y a maintenant un peu plus d'un an et demi et qui a débouché sur le texte de loi qui est en cours d'examen au Conseil constitutionnel.

Au-delà de ces sujets de sécurité européenne, nous sommes revenus évidemment sur plusieurs sujets importants pour notre Europe en réunissant le groupe de soutien à la Moldavie. La Première ministre Sandu nous a exposé évidemment ses craintes et les grandes difficultés qui sont les siennes, les attaques quotidiennes et les ingérences quotidiennes, la situation en Transnistrie. L'Union européenne continuera de la soutenir, et nous continuons aussi le soutien bilatéral sur les questions de sécurité, de cyber, de lutte aussi contre les ingérences et les groupes mafieux qui, aujourd'hui, alimentent largement la déstabilisation du pays. Évidemment, les conséquences de l'élection en Roumanie ne seront pas innocentes sur la situation en Moldavie, et il n'aura échappé à personne que si le candidat pro-russe et anti-européen se positionnait et pouvait être élu, les conséquences sur la Moldavie seraient évidemment extrêmement dommageables.

Ensuite, sur la situation en Arménie, j'ai pu voir le Premier ministre Pachinian à l'instant. Nous sommes revenus sur les dernières discussions entre lui et le président Aliev, et la France continue d'apporter son soutien au plan de paix discuté entre les deux pays. Notre volonté est que celle-ci puisse se parachever au plus vite pour être signé. Je veux ici redire combien le Premier ministre Pachinian a su faire d'efforts et montrer son esprit de responsabilité. Je tiens à l’en remercier et j'espère que ces discussions pourront arriver à leur terme le plus vite possible.

Nous avons enfin, sur la communauté politique européenne, à l'issue de ce sixième sommet qui marque une continuité, - maintenant, au fond, cette forme politique a pris place dans notre organisation avec des rendez-vous réguliers - , nous avons pu ainsi établir d'abord la création d'un secrétariat de suivi et d'un secrétariat permanent léger, ce qui permettra de faire le suivi des coalitions qui sont mises en place, en particulier les coalitions d'action que nous avons décidées. Et donc, le prochain rendez-vous, le prochain sommet se tiendra en octobre au Danemark et nous permettra de poursuivre nos travaux. Je vais maintenant répondre à vos questions.

Journaliste

Vous venez d'indiquer qu'il n'y aurait pas de sanctions supplémentaires si un cessez-le-feu était accepté par la partie russe, si vous pouviez préciser ? Sinon, si jamais il n'y avait pas de cessez-le-feu, à ce moment-là, quelle serait la nature de ces nouvelles sanctions, notamment au niveau financier, et quand seraient-elles opérationnelles ? Ensuite, vous avez parlé avec le président Trump. Donc, lui, vous a-t-il dit qu'il serait favorable à des sanctions ? Enfin, Donald Trump a émis l'hypothèse d'une rencontre avec le président Poutine. Est-ce que ce serait désormais le seul moyen de débloquer le conflit ? Je vous remercie.

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup. Écoutez, il y a eu des échanges nombreux aujourd'hui, y compris mes propres équipes étaient au contact à la fois des équipes ukrainiennes et en lien direct avec nos collègues britanniques et allemands. Et donc, nous avons pu faire partie, en effet, des discussions en temps réel. Le président Trump compte, mais c'est sa responsabilité, il lui revient de le confirmer et de le dire, organiser des échanges dans les prochaines heures ou les prochains jours avec la partie russe pour pouvoir clarifier ce qui s'est passé et essayer d'avancer. Par ailleurs, la partie russe a promis un retour à la partie ukrainienne sur les propositions qui avaient été faites lors des échanges d'hier et de ce matin. À ce stade, il faut avoir de la prudence.

Ensuite, nous avons la même cohérence, c'est que si le cessez-le-feu et la réponse restaient négatives, il nous faudra avoir une réponse, et donc monter d'un cran dans les sanctions. Elles sont en train d'être travaillées entre les Européens et les Américains, et donc il serait trop tôt ici pour en donner le détail. Ce qui importe, c'est qu'on ne fasse pas croire à qui que ce soit qu'on pourrait reprendre les négociations d'Istanbul là où elles s'étaient arrêtées au printemps 2022, parce qu'il y a eu entre-temps 3 ans d'une guerre terrible, à laquelle les Ukrainiens ont résisté avec beaucoup de courage, un engagement de tous les Européens, donc on ne fera croire à personne qu'on peut revenir au point où on en était. Ni les Ukrainiens, ni les Européens, ni les Américains ne peuvent être sur cette position. Par contre, ce qui est sûr, c'est que ce qui s'est passé avec le refus russe du cessez-le-feu et le refus russe d'une réponse à haut niveau est inacceptable pour nous tous et inacceptable vis-à-vis de la proposition américaine. Moi, je note que le président Trump s'est engagé avec résolution d'abord pour obtenir un cessez-le-feu. C'était sa proposition, un cessez-le-feu de 30 jours. Le président Zelensky a eu raison de l'accepter début mars en responsabilité à Djeddah, et depuis, il n'y a aucune réponse russe. Puis il y a eu une deuxième proposition qui a été faite, une rencontre. Le président Zelensky l'a encore courageusement acceptée dimanche dernier, et refus d'obstacle de la Russie. Et à un moment donné, ça doit appeler une réponse.

Journaliste

Et concernant la rencontre…

Emmanuel MACRON

J'ai dit : je pense que ce seront d'abord des contacts téléphoniques.

Journaliste

Monsieur le Président, est-ce que ça fait une différence pour la coalition de volontaires que le chancelier Scholz ou le chancelier Merz soit présent ? Et quelle est la contribution la plus importante que l'Allemagne peut apporter maintenant ? Et une autre petite question, si vous le permettez : Meloni vient de dire qu'elle n'était pas présente à la réunion du groupe aujourd'hui parce que l'Italie n'est pas prête à envoyer des troupes. Est-ce que ça serait un critère d'admission ?

Emmanuel MACRON

Alors, d'abord, je ne fais jamais de comparaison, mais je peux dire que pendant tout son mandat, nous avons très bien travaillé avec le chancelier Scholz et la France et l'Allemagne sont deux pays dont les politiques, les liens et l'amitié dépassent les personnes. Mais nous avons vraiment œuvré et fait le maximum dès le premier jour et la France et l'Allemagne ont œuvré de concert pour sanctionner la Russie, pour accompagner l'Ukraine, pour ensemble acter aussi de sa candidature par un voyage commun avec, à l'époque, le président du Conseil italien, M. Draghi, et le président roumain, Klaus Iohannis, en Ukraine, au printemps 2022, et nous n'avons cessé d'agir.

Avec le chancelier Merz, nous avons une relation de très grande confiance et je veux ici saluer son engagement immédiat et la très grande clarté de sa position. Il l'avait eue en campagne, mais je pense que ça a été un geste très fort, dès sa première semaine, de se rendre en Ukraine et de décider de le faire avec, en effet, quelques collègues, le Premier ministre polonais, le Premier ministre britannique et moi-même. Et c'était pour nous un grand honneur de pouvoir l'associer à cette démarche diplomatique et d'œuvrer en confiance et, je dois dire, en parfaite communauté de pensée et d'action. Et donc, aujourd'hui, l'Allemagne et la France agissent sur ce dossier avec la même conscience que nous jouons notre sécurité, le même sens du devoir, le même engagement, la même volonté qu'il n'y ait pas d'escalade, mais que nous ayons un cessez-le-feu et que nous bâtissions cette paix durable, et je m'en félicite, c'est extrêmement important.

L'Allemagne apporte et a apporté depuis le début de ce conflit une contribution essentielle, d'abord sur le plan financier et sur le plan capacitaire. Et je veux ici saluer l'importance de l'investissement budgétaire. Je n'oublie pas aussi ce que le peuple allemand apporte en termes d'accueil des réfugiés ukrainiens, et je veux ici dire notre gratitude, parce que vous êtes un des pays qui en accueille le plus. Et c'est un effort qui est considérable et qui, à mes yeux, a beaucoup de valeur dans ce contexte.

Enfin, je crois qu'il y a une erreur d'interprétation. La discussion que nous avions est une discussion pour obtenir un cessez-le-feu. Donc, il n'y a jamais eu de discussion, ni à Kiev dimanche, ni aujourd'hui, tout à l'heure, quand nous avons vu le président Zelensky et appelé ensemble le président Trump, il n'est pas une seule seconde question d'envoi de troupes ou quoi que ce soit. Il faut être sérieux sur l'information qu'on donne sur ces sujets. Il s'agit d'obtenir un cessez-le-feu de la Russie, de construire une paix durable avec des garanties de sécurité sur lesquelles nos pays, nos équipes travaillent depuis maintenant des semaines et qui sont connues de tous. Voilà. Donc, gardons-nous d'avoir des fausses informations sur ce sujet. Il y en a suffisamment qui sont distillées par les Russes et les réseaux qui les suivent. J'ai constaté qu'ils avaient parfois beaucoup d'alliés dans nos pays.

Journaliste

Le Conseil de l'Europe dénonce aujourd'hui une famine délibérée dans la bande de Gaza. Mardi soir, vous avez vous-même qualifié de honte ce que fait le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Êtes-vous prêt à prendre des sanctions contre Israël de même nature que celles contre la Russie ? Si oui, quand ? Au risque, si vous ne le faites pas, de pratiquer un deux poids, deux mesures que vous avez vous-même dénoncé un peu plus tôt dans la journée devant vos partenaires de la CPE. Merci.

Emmanuel MACRON

La situation humanitaire à Gaza est intolérable. J'avais eu l'occasion de le dire dans mon voyage, il y a quelques semaines, en Égypte, à Al-Arish, à la frontière, et elle s'est aggravée. Et nous sommes en train d'atteindre un point inédit sur le plan humanitaire depuis le début du conflit. La question que vous posez est tout à fait valide et elle sera soulevée dans les semaines qui viennent, dans les jours qui viennent. Nous sommes en train de nous concentrer pour obtenir ce cessez-le-feu et la réouverture des chemins humanitaires. Et donc, j'aurai l'occasion de parler avec le Premier ministre Netanyahou dans les prochains jours et j'ai évoqué cette question aussi avec le président Trump, dans une discussion à part. Il est absolument indispensable, comme d'ailleurs les États-Unis d'Amérique avaient pu l'obtenir il y a quelques mois, de réobtenir un cessez-le-feu qui, jusqu'à début mars, nous avait permis de rouvrir les accès humanitaires, en effet, de faire taire les armes, et donc de soigner les blessés, de faire sortir les blessés, de permettre l'accès à l'eau, à la nourriture, aux médicaments, toutes ces choses qui ne sont plus possibles aujourd'hui, ce qui conduit à une situation qui est intolérable. Et donc, nous allons d'abord, dans le temps qui est le nôtre, nous concentrer pour obtenir ce cessez-le-feu et la réouverture de ces routes. Les jours qui viennent seront déterminants à cet égard, et nous allons redoubler d'efforts en lien très étroit avec les Américains pour l'obtenir.

Emmanuel MACRON

Merci à toutes et tous et bon courage. À bientôt.

Ce déplacement était aussi l'occasion d'effectuer une visite bilatérale, à l’invitation du Premier ministre albanais, Edi Rama.

Un plan d’action de mise en œuvre de la stratégie Green AI a été signé. Ce plan fait partie de l’accord intergouvernemental franco-albanais. 

En fin de journée, les deux dirigeants se sont rendus à une séquence numérique pour le lancement de l’Ecole42 « 42Tirana » hebergée au sein de la Pyramide, au centre de la capitale. 

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