Haut-fonctionnaire, Serge Lasvignes avait consacré sa vie à la République : la beauté de sa langue, la protection offerte par son droit, la force d’émancipation permise par sa culture. Exemple lui-même d’ascension républicaine, il avait œuvré pendant neuf ans comme secrétaire général du gouvernement puis prit la tête du Centre Pompidou. Cet esprit de probité et de liberté marqua profondément notre politique culturelle et le service de l’Etat.
Né le 6 mars 1954 à Toulouse, Serge Lasvignes fut d’abord agrégé de lettres, amoureux de Baudelaire, enraciné en Ariège, et bientôt nommé à Malesherbes dans le Loiret. Au regard de ses capacités, de son ambition, de sa vocation de servir l’Etat dans toutes ses dimensions, le jeune professeur se décida à passer le concours de l’ENA et fut admis dans la promotion 1989, « Liberté, égalité, fraternité ». La devise républicaine augurait une carrière faite de valeurs et d’engagement, et Serge Lasvignes en exprima la traduction concrète en devenant conseiller d’Etat : libertés publiques à protéger, égalité devant la loi à assurer, fraternité comme espérance humaine à trouver. Ses qualités d’éminent juriste comme son tropisme pour l’enseignement le désignèrent pour créer en 1995, la direction des affaires juridiques du ministère de l’Education nationale. Puis, Serge Lasvignes fut choisi comme adjoint de Jean-Marc Sauvé, secrétaire général du gouvernement, auquel il succéda en 2006. Servant trois Présidents, quatre Premiers ministres, Serge Lasvignes s’inscrivit jusqu’à son départ en 2015 dans la haute tradition des « SGG », avec sa rigueur et sa force de travail. Il servit le pays à travers une presque décennie marquée par la crise économique de 2008, la vague d’attentats islamistes, une série de transformations majeures de l’Etat aussi, sous l’effet de l’intégration européenne et de la déconcentration.
En 2015, il succéda à Alain Seban comme Président du Centre Pompidou. Pendant six ans, grâce à l’engagement de toutes ses équipes, Serge Lasvignes guida l’institution à un moment charnière de son Histoire. Il voulut renforcer la vocation pluridisciplinaire de « centre » du musée, agora au service des visiteurs, en mettant en avant son rôle de bibliothèque et d’institut de recherche musical. Il conforta la place du mécénat avec le fonds de dotation « Accélérations ». Fidèle au programme de Michel Guy, attaché à ce que le Centre Pompidou soit « la centrale de la décentralisation », le musée se déploya en France et dans le monde.
Après ce mandat de développement et de rayonnement, Serge Lasvignes prit en 2021 la présidence de la Commission de contrôle des techniques de renseignement. Il connaissait l’institution : ce fut lui qui en 2015 avait veillé à son établissement comme secrétaire général du gouvernement. Après des années de service, gardien du droit, Serge Lasvignes se retira de ses fonctions en janvier 2025.
Le Président de la République et son épouse saluent un professeur, un juriste, un homme d’arts et de lettres qui entendait rendre la France plus belle, plus rayonnante, plus humaine. Ils adressent à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l’aimaient leurs condoléances émues.