Le Président Emmanuel Macron s'est rendu en Éthiopie le samedi 21 décembre 2024 pour une visite officielle.
Il a discuté à cette occasion avec le Premier ministre Abiy Ahmed des nombreuses coopérations entre la France et l'Éthiopie, notamment dans le domaine de la restauration du patrimoine, la France ayant largement contribué à la rénovation du Palais du Jubilé d’Addis Abeba.
Le renforcement de la relation bilatérale et les enjeux régionaux ont également été évoqués.
Revoir les déclarations à la presse :
22 décembre 2024 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration du Président de la République depuis Addis-Abeba.
Merci beaucoup pour vos mots, Monsieur le Premier ministre, très cher ami, et pour votre invitation à me rendre aujourd'hui en Éthiopie.
C'est pour nous tous très émouvant d'être de retour, si je puis dire, et vous l'avez dit, la relation bilatérale s'inscrit dans notre histoire. Elle remonte au siècle passé, mais l'histoire contemporaine l'a particulièrement nourrie. C'est, pour ma part, la deuxième visite en tant que Président après celle de mars 2019. Et nous avons convenu, à ce moment-là, de nous lancer dans des grands programmes culturels et patrimoniaux, scientifiques, ensemble. Nous l'avons fait, vous l'avez rappelé, à Lalibela, et je veux remercier l'ensemble des équipes qui sont impliquées sur ce projet absolument unique au monde et qui aboutira dans les prochains mois. Vous savez l'engagement de la France pour permettre d'avancer sur la transformation de ce site et revisiter ces églises uniques et permettre ce projet de protection. Et nous avons également décidé en mars 2019 la rénovation du palais national. Et ce qui était alors un projet est aujourd'hui une réalité.
Cela doit à notre coopération, cela doit beaucoup, Monsieur le Premier ministre, à votre engagement personnel. Je sais combien vous avez été le directeur des opérations personnellement engagé, et c'était pour nos équipes une très grande fierté d'être à vos côtés pour pouvoir pas simplement transformer et rénover ce palais, mais pour y créer plusieurs musées, pour offrir un lieu de vie, de détente à tous vos concitoyens, et ouvrir cette part d'histoire contemporaine de l'Éthiopie à vos concitoyens et au monde. Et la France a mobilisé pour cela une subvention de 25 millions d'euros via l'Agence Française de Développement, une assistance technique de haut niveau assurée par Expertise France. Je veux remercier tous les experts français qui ont contribué, architectes en chef des monuments historiques, membres du comité scientifique franco-éthiopien, experts du château de Versailles, du musée des arts décoratifs, du musée d'histoire naturelle, du musée de l'automobile de Lyon ou encore restaurateurs d'objets d'art et de mobilier. Le meilleur du savoir-faire français et les plus grandes institutions ont ici travaillé pour vous aider dans l'aménagement et les travaux, et c'est pour nous une immense fierté. Et je reviendrai pour la Lalibela.
C'est une fierté pour nous parce que la France s'enorgueillit d'être, en effet, une puissance culturelle, scientifique, patrimoniale. Nous l'avons montré au monde par la réouverture de Notre-Dame il y a quelques jours, et pouvoir participer à la réouverture et à la réappropriation de ces églises de Lalibela comme aujourd'hui de ce palais, c'est une immense fierté pour nous.
Ce faisant, nous avons conscience aussi de participer à ce projet si important que vous portez, d'unité de la nation éthiopienne, en regardant en face son passé dans toutes ses dimensions, culturelles, religieuses, et dans sa capacité à voir aussi son passé le plus récent en face.
Au-delà de cette importante coopération, nous avons pu nous entretenir avec Monsieur le Premier Ministre, et il vient de le rappeler, sur les perspectives communes en matière économique. Lors de ma précédente visite en 2019, la France s'était engagée à soutenir l'ambitieux agenda de réformes économiques de votre gouvernement, à travers un appui de 100 millions d'euros de l'Agence française de développement, incluant un important volet d'assistance technique. Aujourd'hui, je veux ici confirmer notre soutien à une nouvelle phase de réforme en cours, avec une première tranche de 25 millions d'euros d'appui budgétaire.
Je suis heureux également de vous annoncer que la France accordera un prêt exceptionnel pour la modernisation du réseau électrique éthiopien, avec la participation d'entreprises françaises à cette priorité, qui est un élément clé justement, de ce déploiement, et en mobilisant aussi autour de notre engagement à la fois les fonds de l'Union européenne et les prêts de la Banque européenne d'investissement. Et donc, l’AFD mobilisera 80 millions d'euros.
La France est aussi pleinement impliquée dans le processus de restructuration de la dette éthiopienne. Au titre du cadre commun du G20, nous avons la coprésidence avec la Chine, et ce travail est emblématique de celui que nous menons pour les pays africains, et c'est une des suites d'ailleurs du sommet que nous avions mené au printemps 2021 à Paris pour le financement des économies africaines, une suite très concrète. Grâce à votre engagement au programme de réforme que vous menez, nous voulons aboutir sur la restructuration de ces 3 milliards d'euros de dettes dans les toutes prochaines semaines, et nous vous soutenons pleinement pour le cadre en cours de discussion et les échéances en cours de discussion avec le FMI, avec un rendez-vous important à la mi-janvier.
Au-delà de cela, nous souhaitons que les entreprises françaises s'engagent davantage, et nous avons regardé très précisément les points qui sont à régler en la matière, et nous avons mis une organisation en place, et je veux remercier le Premier ministre pour son engagement personnel.
Au-delà de cela, nous avons bien entendu échangé aussi avec le Premier ministre sur les différents défis auxquels l'Éthiopie est confrontée. Nous sommes convenus de l'importance de la poursuite de la mise en œuvre de l'accord de Pretoria, qui reste la paix angulaire de la paix et de la stabilité au Tigré. Le lancement récent du processus de désarmement était attendu. C'est un pas significatif. C'est le signe aussi du sérieux et de la mobilisation. Et la France soutient la mise en œuvre de cet accord avec des projets menés dans des régions affectées par le conflit, afin de relancer l'agriculture locale, de réhabiliter des hôpitaux endommagés, d'apporter un soutien aux populations les plus affectées, en particulier les femmes victimes de violences sexuelles ou les blessés de guerre ou les personnes déplacées internes. Nous nous tenons prêts à poursuivre notre appui, notamment en faveur de la lutte contre l'impunité et de la justice transitionnelle, qui sont essentielles.
Je veux ici vous dire combien nous soutenons ce qui est en train d'être mis en œuvre, cet esprit de dialogue et ses avancées, et par tous les projets concrets, en fonction des demandes que vous nous ferez, nous serons à vos côtés. Comme nous l'avons été depuis le début. Et c'est cet esprit de dialogue qui a prévalu dans la résolution du conflit au Tigré, qui inspira, je le sais, la résolution d'autres situations difficiles pour parvenir à une paix durable.
Nous avons aussi évoqué les questions régionales et j'ai pu féliciter le Premier ministre pour l'accord trouvé avec le président somalien en Turquie avec l'appui de l'Union européenne le 11 décembre dernier. J'ai encouragé à la poursuite du dialogue pour apaiser durablement la situation dans la corne de l'Afrique et dans le respect de la souveraineté de chacun. Mais ce que le Premier ministre a dit sur l'accès à la mer, la nécessité pour l'Éthiopie de diversifier ses accès, d'avoir la maîtrise de son destin dans un environnement régional ô combien difficile, est une demande légitime. La France souhaite, le rôle qu'elle peut jouer et beaucoup d'humilité, aider à ce processus de diversification par un dialogue responsable, apaisés, respectueux du droit international avec les voisins. C'est dans cet esprit que nous avancerons et que nous aiderons aussi au développement harmonieux de l'Éthiopie et de la région.
Nous avons aussi évoqué la situation au Soudan, conflit pour lequel la France avait réuni une conférence de premier plan en avril à Paris. Plus d'un an et demi après le début de la guerre civile, je veux ici redire que nous appelons les parties prenantes à déposer des armes et à tous les acteurs régionaux qui peuvent jouer un rôle de le faire de façon positive dans l'intérêt de la population qui a trop souffert. Le seul processus qui peut exister au Soudan, c'est celui du cessez-le-feu, de la négociation et de redonner toute sa place à la société civile qui a été si admirable dans la révolution qu'elle avait su conduire dans le respect de celle-ci. Et il faut bien le dire qui n'a cédé à aucune forme d'irresponsabilité, qu'à peu près toutes les parties prenantes et belligérantes sur le terrain l'ont fait subir. Et je pense à la société civile soudanaise et en particulier à ces femmes remarquables et cette jeunesse remarquable qui avait mené la Révolution et à laquelle nous devons beaucoup.
Voilà, mesdames et messieurs, ce que je voulais vous dire. L'Éthiopie porte l'empreinte des premiers pas de l'humanité et elle porte en elle une partie de l'avenir de ce continent et de l'humanité. Et je suis très heureux d'être ici parce que cet être, au fond, dans un pays civilisation, dans un géant de l'Afrique, trop peu regardé comme tel, mais c'est une réalité démographique, économique et d'avenir. Je suis ici aussi aux côtés d'un ami, d'un ami de la France et d'un ami personnel.
Alors, Monsieur le Premier ministre, dans ce palais rénové qui est le témoignage de la richesse de votre patrimoine, qui est aussi le témoignage par l'inauguration faite aujourd'hui de notre amitié, je veux simplement vous dire que j'ai confiance en vous et que la France a confiance dans l'Éthiopie et dans son avenir, et que nous ferons tout ce que nous pouvons pour que celui-ci soit qui prospère, pacifique et qui l'aide à équilibrer la région et au-delà. Et donc vous pouvez compter sur la France. Nous tenons notre parole et nous sommes cette puissance d'équilibre qui aime le continent africain et qui le regarde avec ce rapport décomplexé, respectueux et responsable, celui que vous avez, que quelques autres leaders ont, qui ne cède à aucune facilité, qui n'utilise aucune propagande, parce que ce qui nous lie, c'est le souci réel de nos jeunesses.
Merci pour cet esprit de responsabilité et vive l'avenir en Éthiopie et entre nos deux pays. Merci.
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