Yvon Gattaz, défenseur de l’entreprise tricolore et ancien président de l’Académie des sciences morales et politiques, nous a quittés à l’âge de 99 ans.
Né en 1925, Yvon Gattaz conquit son destin à force de travail et d’effort. Enfant d’instituteur de l’Isère, meilleur bachelier de son département, il suivit le programme de maths sup et maths spé en une seule année au lycée du Parc à Lyon. À l’École Centrale, il apprit les fondamentaux de l’ingénierie. En passant quelques années chez Citroën, ceux de l’industrie. Mais son apprentissage de la vie d’entreprise commença un matin de 1952, au fond d’un garage de la rue Oberkampf, à Paris, lorsque son frère Lucien et lui décidèrent de lancer une fabrique de connecteurs pour téléviseurs.
Ils s’appuyèrent sur ce que les écoles de commerce transmettent encore sous le nom de « recette Gattaz » : « 10 % de finances, 10 % de compétences, 40 % de vaillance, 40 % d’inconscience ». La formule fut efficace, à en juger par la longévité florissante de l’entreprise Radiall, dont les connecteurs électroniques se sont répandus en soixante-dix ans sur terre, sur mer et dans les airs, des sous-marins aux satellites.
De la compétence, de la vaillance, Yvon Gattaz en avait à revendre. Il ne manquait pas non plus de convictions, voyant dans l’entreprise française le cœur battant de l’édifice économique. Il créa pour les défendre une revue économique en 1974, « Les quatre vérités », publia des essais, puis fonda une association, le Mouvement des entreprises à taille humaine industrielles et commerciales. Ainsi introduit dans les milieux patronaux, Yvon Gattaz se laissa convaincre d’être candidat à la présidence du CNPF, ancêtre du MEDEF. Son élection en 1981 coïncida avec celle de François Mitterrand. Tenant d’une ligne non partisane, mais désireux d’obtenir des avancées en faveur du monde de l’entreprise, Yvon Gattaz engagea un dialogue musclé avec le gouvernement de Pierre Mauroy. Acteur du débat public, à l’humour et aux formules remarqués, il noua aussi avec le Président Mitterrand, qu’il rencontra quatorze fois en cinq ans, une relation faite d’estime et de clivages. Le président du CNPF parvint à limiter les nationalisations et à obtenir d’autres concessions en faveur des entreprises.
En 1986, Yvon Gattaz quitta la tête du CNPF dont il demeura président d’honneur et revint chez Radiall, préparant quelques années durant la transmission de Radiall à son fils Pierre, qui reprit à son tour le flambeau de l’entreprise, des combats, de la vie publique. Persuadé de l’importance éthique et économique de cette valeur de transmission, Yvon Gattaz mena en 1995 la bataille pour un statut protecteur des entreprises patrimoniales et familiales, créant l’organisation qui devint le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire, dont il fut aussi un président d’honneur.
Homme de dialogue, enfant de la République à l’humanisme sincère, Yvon Gattaz consacra ensuite ses forces à promouvoir un capitalisme éthique et la jeune création d’entreprise. L’emploi, en particulier celui des jeunes, était pour lui une préoccupation permanente. Il créa un prix annuel destiné à récompenser les jeunes entreprises créatrices d’emploi, et une « Association Jeunesse et entreprises », afin de faire découvrir le monde entrepreneurial aux collégiens et lycéens.
Loin de la délectation morose qu’il reprochait à ses concitoyens, il croyait profondément à l’existence d’un modèle français, fait de justice et d’audace, ancré sur notre territoire pour mieux conquérir les marchés internationaux. Sa hauteur de vue, sa largeur de pensée, ses treize essais, lui ouvrirent les portes de l’Académie des sciences morales et politiques en 1989, dont il devint président en 1999. Yvon Gattaz ne cessa de faire entendre sa voix dans les débats sur les grandes questions économiques et sociales de la Nation.
Le président de la République et son épouse saluent un destin dans le siècle, un grand bâtisseur qui fit de l’engagement humain, du combat, de la transmission ses principes de vie, d’action, de pensée. Ils adressent à ses enfants, à sa famille, à ses proches, aux membres de l’Académie, aux salariés du groupe Radiall, à tous ceux qui l’aimaient, leurs condoléances sincères.
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