Sa passion, son lyrisme, son ton sans compromis enchantaient depuis des décennies ceux qui aiment le football tel que lui le portait au cœur : populaire, romanesque, entier, plein de la fureur de la Bombonera ou du Vélodrome, des accélérations de Cruyff, des buts de Maradona et des dribbles de Socrates. Didier Roustan était plus qu’un journaliste, il était, pour des millions de téléspectateurs, un visage familier, irréductiblement drôle, fidèle, authentique. Sa disparition endeuille tous ceux qui ont aimé, vibré, pleuré à ses côtés lors des matchs du football français et international.

Né le 10 octobre 1957 à Brazzaville, Didier Roustan grandit à Cannes, où sa famille s’était installée après sa naissance. De cette enfance dans les Alpes-Maritimes, Didier Roustan garda pour toujours l’amour de la Méditerranée et de l’ASC, le club cannois, dont enfant, il arborait le maillot numéro 5, celui du libero.  En 1976, à dix-sept ans, guidé par sa mère qui avait décelé chez lui une fibre pour le commentaire sportif, il devint stagiaire du service des sports de la première chaîne de télévision. Là, il s’imposa rapidement, par sa verve, son engagement, son talent. Pierre CANGIONI, présentateur de « Téléfoot », impressionné par la culture encyclopédique et l’originalité d’esprit de cet amateur de football, autant que par ses performances balle au pied, le mit à l’antenne. Le 5 septembre 1979, il commenta en direct son premier match, un « Suède- France », avant de poursuivre une carrière brillante comme responsable du football pour TF1 à partir de 1984. Puis, il prit la direction de « Téléfoot » de 1986 à 1989, marquant de son empreinte l’émission mythique. Avec son style, son caractère intransigeant, son œil décalé, il n’hésitait jamais à inventer de nouvelles formes télévisuelles. Ce tempérament entier, sans concession, l’éloignèrent un temps de la première chaîne, avant de rejoindre Canal + où il créa le magazine « Mag Max » puis Antenne 2 où il porta le projet de Coupe de la Ligue, dont la première édition eut lieu lors de la saison 1994-1995.

 Plus qu’un métier, ou une passion, le football était sa vie. A ce titre, Didier Roustan devint proche de certaines des plus grandes légendes de son temps. Ami de Diego Maradona, commentateur avec Eric CANTONNA de l’Euro 92 et de la Coupe du Monde 94 sur Antenne 2, il créa avec ces deux derniers l'Association internationale des joueurs professionnels en 1995 pour porter la cause des footballeurs. De retour à l’antenne sur l’Equipe TV en 1999, il fut le visage d’ « Enfin foot », aux côtés de Pierre MENES et Karim NEDJARI, puis un pilier de l’ « Equipe du soir ». « Président à vie » de l’émission, Didier Roustan sut fédérer autour de lui une communauté d’aficionados, ses « braves », avec qui il échangeait avis, pronostics et coups de sang. Ce personnage médiatique, aimé des téléspectateurs, dissimulait un homme de fidélité et d’engagement. En 2003, il fonda aux côtés d’Arsène WENGER, l’association « Foot Citoyen » afin de lutter comme il l’a fait toute sa vie contre la violence et le racisme dans le football. Son livre de souvenirs, « Puzzle », paru en 2023, racontait une vie consacrée à un sport, son imaginaire, ses épopées.

Le Président de la République et son épouse rendent hommage à un amateur du « beau jeu » et du « beau geste », une « belle âme », passionnée et généreuse.  Ils adressent leurs condoléances émues à sa famille, à ses proches, à ses amis, à tous ceux qui l’aimaient.

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