Avec la mort de Marie-France Garaud mercredi, à 90 ans, disparait la mémoire de toute une génération politique, à laquelle elle servit de matière et d’éminence grise.

Elle était née Marie-France Quintard en 1934, dans une famille de notables poitevins. Diplômée de droit à la faculté de Poitiers, elle devient avocate, et épouse Louis Garaud, avocat lui aussi. Son parcours ministériel commence au ministère de la Marine en 1957, se poursuit au ministère de la Coopération en 1961 et à celui de la Justice en 1962. Pierre Juillet la recrute à Matignon en 1967, pour l’aider dans sa tâche de conseiller politique du Premier ministre Georges Pompidou, afin de faire revenir les centristes dans la majorité. 

Marie-France Garaud se révèle une alliée de choix, qui mêle à son bon sens de femme terrain, habituée à récolter des noix et élever des moutons dans son Poitou natal, la pratique experte de l’art politique. 

Quand Georges Pompidou est élu Président, Pierre Juillet et elle partagent un bureau de conseiller à l’Elysée, et c’est elle que Juillet, préférant rester dans l’ombre, envoie en première ligne des tractations politiques. Le magazine américain Newsweek la couronne en 1973 du titre de « most powerful woman of France ». 

Pendant la campagne des élections présidentielles de 1974, l’irréductible duo Juillet-Garaud continue de tirer les ficelles dans l’ombre, empêchant Jacques Chaban-Delmas de représenter la droite et appelant au ralliement implicite à Valéry Giscard d’Estaing. Après le succès de son poulain, elle devient un temps conseillère officieuse de Jacques Chirac à Matignon, avant de s’éloigner de lui.

Candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 1981 et aux élections législatives de 1986, elle poursuit une carrière à la Cour des comptes puis au Conseil d'État et à la Cour de cassation, et est élue en 1999 députée européenne sur la liste RPF, menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers.

Le Président de la République salue une intelligence politique de la Ve République, qui contribua à y frayer la place des femmes dans les sphères institutionnelles. Il adresse à ses proches ses condoléances émues.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers