Figure tutélaire de la vie politique Lorraine, Jean-Marie Rausch nous a quittés hier, à l’âge de 94 ans. Emblématique maire de Metz quatre décennies durant, par trois fois ministre sous la présidence de François Mitterrand, président d’exécutifs régionaux, il s’est éteint auprès des siens, à quelques pas de cette place d’Armes qu’il ne cessait d’admirer depuis son bureau d’édile. 

Né à Sarreguemines en 1929, Jean-Marie Rausch descend de minotiers est-mosellans. Son père, Victor Rausch, possédait le moulin de Frauenberg, près de Metz, qu’il reconstruisit pierre par pierre après sa destruction lors de la Seconde Guerre mondiale. Fraîchement émoulu de l’École française de meunerie à Paris, le jeune Jean-Marie Rausch reprit la direction de l’entreprise familiale, rebaptisée les Moulins Rausch, au tournant des années 1960, et jusqu’en 1976. 

Profondément attaché à son territoire, Jean-Marie Rausch se présenta à l’élection municipale à Metz en 1971, après la disparition brutale de Raymond Mondon, maire depuis l’après-guerre, alors ministre des Transports de Georges Pompidou. La victoire de Jean-Marie Rausch à la mairie de Metz en appela d’autres, dans un mouvement d’élargissement ascendant : Jean-Marie Rausch brigua avec succès les mandats de président de conseil général de la Moselle de 1979 à 1982, de sénateur de Moselle de 1974 à 2001 et de président du Conseil régional de Lorraine, de 1982 à 1992. 

Trente-sept années durant, ses mandats locaux lui offrirent les coudées franches pour agir à la mesure de ses ambitions, au sein de son territoire de cœur. Car Jean-Marie Rausch fut un élu d’action et d’avant-garde, d’abord engagé en faveur de l’environnement : l’une de ses premières décisions, comme maire, fut de porter sur les fonts baptismaux l’Institut Européen d’Ecologie, en 1971. Jean-Marie Rausch fit de Metz une ville-jardin, dont il quadrupla les espaces verts, autant qu’une ville moderne, et réconciliée avec son passé. Il lui fit prendre le virage du XXIe siècle grâce à l’aménagement de la Technopole et la signature de partenariats universitaires avec les institutions les prestigieuses en France et aux Etats-Unis.

Mais ce sont ses réussites culturelles qui suscitaient sa plus grande fierté. Avec le concours de l’architecte espagnol Ricardo Bofill, il rénova l’Arsenal, qu’il inaugura en 1989. Son acoustique hors-norme en fit l’une des salles de concert les plus réputées d’Europe. En 2006, il posa, aux côtés de Claude Pompidou, la première pierre du Centre Pompidou-Metz. A deux années de son départ de la mairie, il atteignait l’acmé de son projet de maire-bâtisseur, artisan du désenclavement de sa ville, en faveur de l’accès à la culture pour tous.

Jean-Marie Rausch connut également une carrière émérite comme ministre. Homme de droite, il était aussi un homme de conciliation, ce qui le conduisit à intégrer deux gouvernements de François Mitterrand comme ministre d’ouverture : au Commerce extérieur, auprès de Michel Rocard puis d’Edith Cresson, il défendit notre économie et nos savoir-faire dans le monde entier, de 1988 à 1991, avant d’être nommé aux Postes l’année suivante. 

Le Président de la République s’incline devant la mémoire d’un monument politique, humaniste et visionnaire, dont le destin se mêla à celui de son territoire. Il adresse ses condoléances émues à sa famille, ses proches ainsi qu’aux Messins, qui perpétuent aujourd’hui son héritage.

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