Nous avons connu cette année des vagues de chaleur sans précédent, sur terre comme dans les océans. Des records de températures ont été atteints partout dans le monde, qui se sont accompagnés d’inondations, de feux de forêt, de cyclones et de sécheresses. Ces événements se produisent alors que le réchauffement climatique n’est que de 1,1 degré.  L’objectif de ne pas dépasser le seuil de 1,5 degré est devenu incontournable. Les risques pesant sur la capacité de ceux qui sont en première ligne à assurer leur survie et leur prospérité sont trop importants.

Le rapport de synthèse en vue du Bilan mondial de l’Accord de Paris doit nous inciter à agir plus rapidement et à renforcer nos actions pour faire face à cette crise. 

Tant que nous ne cesserons d’émettre davantage de carbone dans l’atmosphère, les dommages causés, notamment aux plus pauvres et à ceux qui sont le moins responsables de la crise climatique, ne feront que s’accroître et le besoin constant d’adaptation se perpétuera. Le coût en sera de plus en plus élevé, et se comptera en vies humaines. 

Pour nous maintenir en-deçà de 1,5 degré, il nous faut pendant cette décennie diviser par deux les émissions mondiales en poursuivant notre trajectoire vers zéro émission nette. Nous savons que la première étape consiste à atteindre un pic des émissions de gaz à effet de serre avant 2025, sans quoi nous n’aurons aucune chance de réduire nos émissions de moitié d’ici à 2030.

Des transformations systémiques sont nécessaires dans tous les secteurs de l’économie, à commencer par l’élimination progressive des combustibles fossiles. Les dispositifs de capture du carbone ont un rôle à jouer dans la réduction des émissions, qui est toutefois minime en matière de décarbonation des systèmes énergétiques. Elles ne doivent en effet pas servir à envoyer un signal en faveur de l’accroissement des combustibles fossiles. La restauration et la protection des puits de carbone doit être une priorité absolue. Nous devons fixer et atteindre des objectifs ambitieux à l’échelle mondiale en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, qui s’inscrivent dans une transition juste et équitable permettant d’avoir accès partout dans le monde à une énergie propre.

Des efforts considérables d’adaptation sont nécessaires dans toutes les régions du monde pour le rendre résilient face à la crise climatique. Les pertes et préjudices causés par la crise climatique s’accumulent de jour en jour, et la situation continuera de s’aggraver à un rythme accru chaque fois que nous parviendrons à un seuil critique.

Il est temps de faire preuve de solidarité. La mobilisation de moyens de financement de l’action climatique doit atteindre des milliers de milliards et nous devons réformer le système financier afin d’être en mesure de faire face aux crises multiples auxquelles le monde est aujourd’hui confronté. L’ensemble des flux financiers doivent contribuer à forger un monde plus juste et plus équitable, en aidant les pays à se développer d’une manière qui soit compatible avec la trajectoire de 1,5 degré et accroisse la résilience face aux effets de la crise climatique, parce qu’aucun pays ne doit avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et le combat pour la planète.

Le Bilan mondial doit être l’occasion d’un tournant décisif. Nous devons conclure la prochaine COP forts de l’engagement de la communauté internationale en faveur d'un plan solide et ambitieux permettant de combler, durant cette décennie cruciale et par la suite, les lacunes en matière d’objectifs et de mise en œuvre de l’action climatique sous toutes ses formes.

La science nous montre la voie. Nous devons nous inspirer de la clairvoyance du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et d’autres scientifiques pour élaborer un plan d’action à même d’apporter les inflexions de trajectoire nécessaires dans tous les domaines couverts par l’Accord de Paris.

Nous sommes conscients que la crise climatique menace les droits de l’Homme. Nous devons œuvrer de concert pour les défendre et progresser dans l’élaboration de réponses urgentes et équitables face à la crise climatique. Dans ce processus, nous offrirons une tribune privilégiée à ceux qui sont sous-représentés, notamment les femmes, les peuples autochtones, les enfants et les jeunes, pour qu’ils puissent mieux faire entendre leur voix.

Nous reconnaissons que les acteurs non-étatiques, tels que la société civile et le secteur privé, jouent également un rôle clé pour accélérer l’action climatique.

Nous sommes déterminés à mettre en œuvre la présente déclaration et nous invitons les autres chefs d’État et de gouvernement à s’engager à nos côtés.

Signataires : M. Alexander van der Bellen, Président fédéral de l'Autriche ; M. Alexander De Croo, Premier ministre de Belgique ; M. Gabriel Boric Font, Président du Chili ; M. Gustavo Francisco Petro Urrego, Président de la Colombie ; Mme Mette Frederiksen, Première ministre du Danemark ; M. Wesley W. Simina, Président des États fédérés de Micronésie ; M. Sauli Niinistö, Président de la Finlande ; M. Emmanuel Macron, Président de la République française ; Mme Katrín Jakobsdóttir, Première ministre de l'Islande ; M. Leo Varadkar, Taoiseach d'Irlande ; M. William Ruto, Président de la République du Kenya ; M. David Kabua, Président de la République des Îles Marshall ; M. Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas ; M. Surangel Whipps Jr, Président de Palau ; M. Pedro Sánchez, Premier ministre du Royaume d’Espagne ; M. Kausea Natano, Premier ministre de Tuvalu ; M. Meltek Sato Kilman Livtunvanu, Premier ministre de la République de Vanuatu.

High Ambition Coalition Leaders’ Statement – UN General Assembly 2023.

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