Le Caennais Louis Mexandeau, ancien ministre de François Mitterrand et figure historique du Parti Socialiste, nous a quittés ce lundi, après soixante-dix ans d’engagement pétri d’idéaux.

Né près d’Arras en 1931, orphelin de père à 5 ans, Louis Mexandeau grandit dans la tempête de la Seconde Guerre mondiale, éclairé par l’esprit de Résistance qui imprégnait sa famille. 

Agrégé d’histoire, professeur au lycée Malherbe de Caen et historien reconnu du socialisme, il s’engagea en parallèle dans la vie politique locale, prenant fait et cause pour le parti à la Rose. Une rencontre marqua à jamais sa vie de militant. Celle, en novembre 1965, à trois semaines de la première élection présidentielle au suffrage universel, du candidat Mitterrand, au parc-expo de Caen. Désormais, et durant les trois décennies qui suivront, Louis Mexandeau fera partie de ses fidèles, avec Louis Mermaz, Pierre Joxe, Claude Estier ou Charles Hernu, militant au sein de la Convention des institutions républicaines et de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, et portant leur baron à la tête du Parti socialiste en 1971.

Pour Louis Mexandeau, si les années 70 sont celles de l’intensification de son engagement (élu député du Calvados en 1973, il rédige le projet socialiste pour l'école de 1978), les années 80 sont celles de la consécration : après la victoire du 10 mai 1981, il est nommé ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones, fonction qu’il occupe jusqu’en 1986, et qui lui donne l’occasion d’inaugurer le Minitel. Il sera également secrétaire d’État aux anciens combattants de 1991 à 1993, avant de reprendre son écharpe de député, mandat qu’il exercera jusqu’en 2002, et auquel il n’avait renoncé que le temps de son accession aux portefeuilles ministériels.

La mairie de Caen se refusa à lui durant cinq élections, mais il n’en perdit jamais son énergie politique, ni la force d’organiser et d’animer le Parti socialiste du Calvados. Les militants se souviennent de sa silhouette coiffée d’un grand chapeau, colorée par une écharpe rouge, de son amour pour le SM Caen, et plus encore de sa passion de la transmission, de son émotion quand il évoquait Jaurès ou Blum, de la ferveur avec laquelle il racontait les années de Résistance, ou la déportation de son beau-père en 1942.

L’un des derniers messages qu’il adressa à ses proches était emprunté au résistant Julius Fučík, exécuté par les Nazis en 1943 : « Hommes, mes frères, je vous aimais. Soyez vigilants ! ». Il résume une vie imprégnée d’un amour de l’humanité fraternel, qui scrutait avec inquiétude les résurgences de la haine et de la division.

Le Président de la République salue le parcours d’un homme d’une intelligence historique et politique exceptionnelle, alliée à une profonde sensibilité humaine. Il adresse à sa famille, à ses trois enfants, à ses proches, ses condoléances émues.

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