Le 18 juin 1940, le général de Gaulle disait au monde que la France, vaincue dans les circonstances, n’avait pas perdu la guerre, puisque la flamme de la Résistance demeurait vivante. Cet appel fut l’acte fondateur du mouvement de lutte contre l’occupant nazi et contre l’esprit de défaite. Il fut le flambeau vers lequel convergèrent les milliers de femmes et d’hommes qui voulaient lutter pour rester libres.

Cinq ans plus tard, dans une France enfin libérée, le général de Gaulle se recueillait au Mont-Valérien. Il était accompagné de deux cents Compagnons de la Libération, et des porteurs de la flamme recueillie à l’Arc de Triomphe, qui allumèrent symboliquement celle à la mémoire de la Résistance. Le Mont-Valérien, enceinte du supplice et de la mort pour un millier de combattants et d’otages, devenait un monument de gloire et d’hommage. Ainsi était scellé un pacte de mémoire entre ce lieu, la bravoure des morts fraternellement liée à celle de la première guerre mondiale, et le souvenir de la nation.

Le Mont-Valérien fédère autour d’une même flamme les mémoires de tous ceux qui ont lutté pour que la « France vive libre ». Les héros de la Résistance étaient multiples : Français libres de Londres, Alger, Libreville, de l’Île de Sein ou de Saint-Pierre-et-Miquelon, du Tchad et du Pacifique, membres de l’armée des ombres, fusillés de Châteaubriant, combattants des maquis des Glières ou de Corse, « partisans, ouvriers et paysans », tant d’autres célèbres ou anonymes. Mais tous combattaient au nom de nos valeurs, résolus à accomplir pour elles le sacrifice de leur vie. 80 ans après l’année 1943 durant laquelle l’élan de libération nationale commença de renverser la fatalité, l’exemple de ces femmes et de ces hommes ne cesse de dire ce que nous sommes.  Après l’hommage à Jean Moulin à Montluc le 8 mai et au Conseil National de la Résistance le 24 mai, le Président de la République a souhaité faire de 2023 l’année où nos défis du temps et notre imaginaire commun s’éclairent à la flamme de la Résistance. A travers elle, à travers les « braises ardentes » qu’évoquait Hubert Germain, nous parviennent ces visages du courage et de la liberté.

Aussi, ce 18 juin, la cérémonie traditionnelle sera précédée par un hommage à l’ensemble des forces de la Résistance. Le Président de la République cheminera, au sein du site du Mont-Valérien, dans chacun des lieux où se confondirent les destins mêlés de la lutte contre l’occupant nazi. Le Président de la République fera étape à la chapelle des condamnés et dans la clairière des fusillés au son de l’ «Affiche rouge », écrite par Louis Aragon et mise en musique par Léo Ferré. Les acteurs et témoins de la Résistance passeront, par leur témoignage, le flambeau de leur engagement à nos jeunes conviés à la cérémonie, pour que les consciences des jeunes générations soient elles aussi trempées à la flamme de cette épopée.

Dans cette perspective, le Président de la République a décidé de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian. Missak Manouchian choisit deux fois la France, par sa volonté de jeune homme arménien épris de Baudelaire et de Victor Hugo, puis par son sang versé pour notre pays. Il figure, dans notre mémoire, comme l’un de ceux visés par l’ «Affiche Rouge », qui désignait à la vindicte dix des membres du groupe qu’il dirigeait, Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI),  étrangers, juifs, communistes, et pour cela exécrés par le régime de Vichy. Le 18 février dernier, le Président de la République avait déjà réparé l’injustice commise envers Szlama Grzywacz, seul membre de l’ « Affiche Rouge » à ne pas avoir été déclaré mort pour la France.

Missak Manouchian porte une part de notre grandeur. Sa bravoure singulière, son élan patriote dépassant toutes les assignations, son héroïsme tranquille inscrit dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée où il confiait son absence de haine pour le peuple allemand constituent une source d’inspiration particulière pour notre République. Missak Manouchian incarne les valeurs universelles portées par ces « vingt et trois qui criaient la France s’abattant » et ce sont eux, qui avec lui, seront aussi célébrés. Car ceux du groupe Manouchian défendaient une République où l’adhésion aux principes de liberté, d’égalité, de fraternité, permet tous les exploits, autorise tous les sacrifices, réunit et transcende tous les destins.

Après l’entrée au Panthéon des Résistants Félix Eboué (1949), Jean Moulin (1964), René Cassin (1987), Jean Monnet (1988) André Malraux (1996), des Justes de France (2007), Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay (2015) et Joséphine Baker (2021), cet hommage de la République à Missak Manouchian, qui sera accompagné de Mélinée, permet de fédérer tous les combattants engagés dans la lutte contre le nazisme. Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous, et comme l’écrivait Louis Aragon, « Un rebelle est un rebelle / Nos sanglots font un seul glas ». Et notre mémoire doit être une au moment de considérer notre passé.

A cet égard, tous les Résistants et otages fusillés au Mont-Valérien seront déclarés morts pour la France. Le Président de la République a en outre demandé qu’un travail historique soit mené partout dans notre pays pour que la reconnaissance de la patrie ne méconnaisse aucun de nos héros.

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