Fait partie du dossier : Déplacement en Afrique centrale.

Du 1er au 5 mars 2023, le Président de la République était en déplacement en Afrique centrale. Sa quatrième et dernière étape : la République démocratique du Congo.

À l'occasion de son déplacement en République démocratique du Congo, le Président Emmanuel Macron s'est d'abord rendu à l'Institut national de recherche biomédicale à l'occasion de la signature de la convention PRISME, la plateforme pour la recherche internationale en santé mondiale, en présence du Professeur Muyembe. Ce partenariat nouveau et ambitieux réunit plusieurs acteurs français et congolais de la recherche biomédicale.

Revoir leurs discours : 

5 mars 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République sur la recherche scientifique.

Mesdames, Messieurs les ministres, 
Monsieur le Professeur, 
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, Ambassadrices,
Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités. 

Tout a été dit par Monsieur le ministre et le Professeur à l'instant. Je tenais à remercier le Professeur MUYEMBE pour l'accueil à l’INRB, ce fleuron de la recherche scientifique congolaise et le remercier pour les propos qu'il vient de tenir. La sérendipité, c'est le mariage, en effet, du hasard et de la ténacité. Et quand on voit votre parcours et celui de votre laboratoire, il y a peut-être eu des hasards. Mais on est convaincu d'une chose, il y a eu beaucoup de ténacité dans le temps, une obstination joyeuse et généreuse à marier les talents, à les former et à les faire grandir, à vous équiper, à tresser les coopérations et à réussir à bâtir ici ce véritable fleuron. Alors, je ne vais pas répéter ce qui a été dit. L'objectif premier était en effet de constituer une forme de l'Institut Pasteur. Et d'ailleurs, vous avez placé sous ces auspices votre propos, ce qui montre la fidélité à ce rêve. 

Il y a eu ensuite la découverte d'Ebola. Le travail qui a été fait. Le travail qui ensuite a permis d'aller jusqu'à l’anticorps monoclonal et les expériences très concrètes des procédés. Puis, sur ce chemin, la coopération avec la France, la présence du Président MITTERRAND en 1984, dont nous avons vu la photo tout à l'heure, qui va sceller une amitié, une coopération inédite. Même s'il y a 30 ans maintenant, la France a cessé cette coopération du fait des événements politiques, jamais le lien n'a été rompu parce que beaucoup de vos chercheurs, de vos post-doc et de vos étudiants, même de quelques semestres, ont continué à être formés en France et en particulier à l'université de Montpellier. J'ai pu le constater tout à l'heure en visitant le laboratoire, une bonne partie était passée par Montpellier. Et donc ce lien a persisté à travers la formation, les échanges et la circulation des talents, mais avec cette volonté de revenir. Je n'ai pas vu que ni pour eux ni pour vous, ces ailes de géant vous empêchant de marcher. L’Albatros se porte bien quand il revient à l’INRB et au Congo. 

Au-delà de cela, il y a cette formation aussi de nombreux chercheurs à travers tout le continent. On me dit qu'il y a au moins sept pays d'Afrique centrale ici représentés avec des femmes et des hommes qui sont passés par l'Institut national de santé publique et qui ont ainsi ici appris. C'est vrai qu'il y a eu un peu moins de coopération, en tout cas, sauf ces mécanismes de formation, une présence différente. 

Alors nous avons commencé à changer les choses. Vous l'avez rappelé avec la feuille de route franco-congolaise en matière de santé signée en 2019 qui nous a permis d'engager ensemble des actions ambitieuses pour lutter contre Ebola, le renforcement du système de santé congolais et la création de nouveaux partenariats scientifiques. Et cette ambition partagée nous a permis de faire face ensemble d'ailleurs, à la crise de Covid-19, où vous avez été en première ligne et où on a pu ainsi contribuer à financer un laboratoire de séquençage qui vous a permis de travailler en temps réel et d'échanger des travaux avec l’ANRS et tant d'autres laboratoires à travers le monde. 

Mais aujourd'hui, nous passons à une étape supérieure. C'est en effet une nouvelle page qui s'ouvre avec la Plateforme de recherche internationale en santé mondiale et cette convention PRISM. A travers elle, c'est un partenariat nouveau et ambitieux qui se met en place entre l’INRB, 4 institutions scientifiques françaises, l'IRD, l'Université de Montpellier, l’ANRS et l'Inserm, couvrant ainsi de nombreux domaines et les thématiques d'Ebola, la variole du singe, la Covid-19 et les essais thérapeutiques que vous avez vous même réévoqués. 

Cette étape d'aujourd'hui et ce que vous allez en faire concrètement permet de revenir à la logique, si je puis dire originelle. En ayant toutefois beaucoup appris collectivement et donc en faisant encore beaucoup plus et plus fort, parce qu'au fond, nous avons appris quelques éléments qui, à mes yeux, au-delà de la signature d'aujourd'hui, doivent guider nos travaux. 

D'abord, vous l'avez très bien dit, tous ces virus n'ont plus de frontières géographiques. Qu'ils soient régionaux ou à l'échelle du continent. Ces virus maintenant s'internationalisent en temps réel et nous l'avons encore vécu ces derniers temps. Et donc, une coopération internationale du meilleur niveau qui vient compléter les liens que vous avez avec la Belgique, le Japon et plusieurs autres pays est pertinente et vient renforcer le caractère international d'un laboratoire comme le vôtre. 

La deuxième chose, c'est qu'il n'y a plus de frontières entre la nature, les espèces animales et les hommes. Là aussi, nous l'avons vécu. On en parlait tout à l'heure dans le laboratoire. Il y a fort à parier que des espaces d'interaction aussi vibrant avec une biodiversité si riche seront les épicentres d'épisodes à venir de zoonoses pathogènes, voire létales pour l'homme, et donc il est important d'y renforcer les lieux de recherche à la pointe avec les meilleurs équipements. 

Cette philosophie - si je puis dire, de recherche - elle vous est familière parce que c'est votre quotidien, votre savoir - elle l'était peut-être moins dans les politiques publiques de la santé nationale et internationale. Et je crois que c'est un des éléments que nous avons appris pendant le Covid qui a conduit à ce qu'on a appelé « One Health ». Pour moi, ce qui sera fait sur la base du partenariat et de la convention PRISM est très illustratif de cette stratégie One Health que nous avons défendue depuis un peu plus de deux ans, qu'on a encore évoqué à Libreville dans le cadre du One Forest Summit. La compréhension de tous ces phénomènes sera clé notamment la capacité à faire travailler ensemble des disciplines qui se parlaient insuffisamment pour comprendre les interactions entre tel phénomène de biodiversité, telle espèce animale, tel virus. 

À cet égard, comme je le disais, l'émergence ou la réémergence de zoonoses pathogènes, voire létales pour l'homme, sont directement liées à ce que nous traitons aujourd'hui et pour cela j’en suis très heureux. Vous l'avez évoqué, Monsieur le Ministre, que la RDC rejoigne l'initiative PREZODE que nous avons lancée en 2021 et qui vient concrétiser les travaux de ce type. 

Dernier point, nous avons aussi appris qu'il ne fallait plus qu'il y ait de frontière entre la recherche clinique et la capacité à traduire les réponses les plus rapides possibles sur le terrain d'un point de vue épidémiologique afin de pouvoir diagnostiquer, traiter, soigner. C’est essentiel si on veut éradiquer les virus dès qu'on les a identifiés et le faire au bon endroit, au bon moment avec les bons instruments. C'est pourquoi, en scellant ce partenariat nouveau et en venant aussi consacrer vos travaux depuis tant d'années, je veux ici dire l'importance pour nous de deux choses qui viennent compléter ce qu'on est en train de se dire. 

La première, c'est de continuer de renforcer le système de santé primaire de la RDC. Parce que faire tout ce qu'on fait avec vous aujourd'hui n'a de sens que si le jour où une nouvelle épidémie surgit, on ait les meilleures capacités à organiser une campagne de vaccination, à déployer des réponses. Et donc il nous faut en parallèle redoubler d'efforts pour partout sur le territoire, avoir un système de santé primaire qui permette d'apporter la réponse à la population au plus vite et au plus près. Il nous faut aussi avoir la bonne politique de prévention. 

Deuxième chose, c'est évidemment de développer les capacités de production, des traitements, des éléments de diagnostic, des dispositifs médicaux et des vaccins sur le territoire africain. C'est le cœur de ce que nous avons lancé au printemps 2021 en Afrique du Sud, également dans plusieurs autres pays. Ce continent qui représente 20 % des besoins de vaccins à l'échelle de la planète, en produit 2 %. Dès qu'il y a une épidémie qui est à l'échelle mondiale, il se passe ce qu'on a déjà vécu : les gens qui les produisent les gardent pour eux. Ceux qui en produisent moins sont les derniers servis. Est-ce qu'on peut légitimement, considérer que c'est une fatalité, qu'on ne devrait rien faire ? Non. 

Donc on doit aussi investir sur des capacités, pas simplement de recherche mais de production de tout ce qui est le fruit de la recherche partenariale à laquelle vous aurez contribué. Sinon, le risque, c'est que dans deux ans, cinq ans, dix ans, peut-être aurez-vous séquencé ici un virus ou aurez-vous contribué à le découvrir ? Les Européens, les Américains et les Asiatiques, les plus riches, auront la possibilité de produire très vite un vaccin et vous ne l'aurez que 6 ou 12 mois plus tard. Il faut donc aussi que nous nous mettions ensemble en capacité de produire sur le sol africain, dans des hubs de production des vaccins qui reposent soit sur la technique du virus mort, soit sur celle de l'ARN messager. Il n'y a pas de fatalité en investissant. 

Voilà les quelques convictions que je souhaitais apporter au-delà de la convention PRISME d'aujourd'hui, sur ce qu'il nous reste à faire pour les mois et les années qui viennent, avec, je l'espère, la même ténacité de celle qui vous anime, cher Professeur, le même talent et la même humilité. 

Vive la coopération entre la RDC et la France ! Vive cette coopération scientifique et l'excellence de vos travaux. 

À la suite d'un entretien avec le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisedekedi, le chef de l'État a réaffirmé la fidélité de la France et son rôle d'allié indéfectible pour défendre l'intégrité et la souveraineté du territoire congolais.

Réécouter la déclaration conjointe : 

5 mars 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse du Président de la République et de M. Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo.

Monsieur le Président, cher Félix, 
Monsieur le Premier Ministre, 
Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires, Ambassadeurs, chers amis. 

D'abord, je veux dire combien je suis heureux d'être aujourd'hui pour ma première visite en République Démocratique du Congo, dans cette salle historique pour l'Histoire de votre nation et après avoir accueilli comme invité d'honneur le Président, au Forum sur la paix en 2019, puis retrouvé lors du Sommet sur le financement des économies en 2021. Il était grand temps que je vienne à mon tour. 

Alors cette visite est la dernière étape, le point d'orgue, en quelque sorte, d'une tournée de 4 jours qui m'a conduit de Libreville à Luanda, puis Brazzaville, jusqu'à vous, Kinshasa. Et c'est ici, en effet, que se jouent nombre de combats du siècle, y compris ceux que nous avons portés ces derniers jours. Celui pour la forêt et ce trésor du bassin du fleuve Congo. 

Alors, cette visite, vous l'évoquez à l'instant, arrive à un moment particulier pour la République démocratique du Congo et j'en mesure toute la gravité. Elle intervient à un moment, vous l'avez dit, Président, où une région, un peuple, un pays vit le nouvel acte d'une tragédie qui, depuis près de 30 ans, ne s'est jamais vraiment éteinte. Des centaines de milliers de Congolais vivent, revivent le cauchemar de la guerre, de la fuite, du dénuement absolu. Une ville, Goma, est à nouveau sous la menace d'une rébellion qui emprunte de nouveaux acronymes. Aujourd'hui, le M23, dont le visage et les soutiens extérieurs et l'agenda sont connus. 

La France ne s'est jamais résignée à une soi-disant fatalité de l'Histoire et à ce que l'horreur de la guerre puisse se répéter. Parce que la guerre qui revient, c'est ajouter des morts aux morts et des drames aux drames. Et en disant cela aujourd'hui, je veux également pleinement mesurer le poids de l'Histoire : les drames qui se sont joués dans votre pays, les crises et guerres précédentes qui nécessitent et nécessiteront que la justice pour le temps présent et la justice pour les crimes passés puissent passer. 
Face à une Histoire dont le nombre de victimes équivaut à celui des guerres mondiales que nous avons vécu, la France ne prétend pas - et je ne prétends pas - avoir seule une solution. La solution est dans un réveil collectif, dans la prise de conscience qui se joue ici, qui est l'affaire de tous et de toute la région. Et aux crimes et aux tragédies qui se déroulent sous nos yeux, nous ne devons pas ajouter l'oubli et l'abandon. 

Alors je souhaite aujourd'hui que la France reste fidèle à son rôle d'allié indéfectible de la RDC pour défendre son intégrité et sa souveraineté. La République démocratique du Congo ne doit pas être un butin de guerre. Le pillage à ciel ouvert de la République démocratique du Congo doit cesser. Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre. C'est le sens même de ma présence aujourd'hui, dire à tous qu'il ne peut d'ailleurs y avoir deux poids : deux mesures entre la tragédie qui se joue en Ukraine sur le territoire européen et celle qui se joue sur le sol africain.  Et la solidarité ne saurait être à géométrie variable. 

A cet égard, je veux vous saluer, Monsieur le Président, pour la clarté de vos expressions et de vos votes à l'Assemblée Générale des Nations Unies, quand il s'est agi de condamner l'agression russe et de défendre le droit international. Vous méritez la même clarté. Nous avons, au cours des derniers jours, écouté les acteurs humanitaires congolais et internationaux engagés sur le terrain. C'est la première réponse de court terme. Nous avons entendu leurs alarmes face au dramatique manque de moyens qui se profilent sur le terrain, les situations extrêmes qui sont à la fois à nouveau vécues par nombre de vos compatriotes. 

C'est pour cette raison que la France sera le premier Etat à répondre à l'initiative de l'Union européenne, annoncée ce matin même. Initiative qui permettra de mettre en place un pont aérien humanitaire à destination de Goma. Nous allons débloquer une contribution immédiate de 34 millions d'euros d'aide humanitaire, laquelle s'ajoutera au montant de près de 50 millions annoncé par l'Union européenne. Nous nous tenons également à la disposition de l'Union européenne pour fournir des moyens de transport civils ou militaires et pour procéder à leur acheminement. 

Je veux ici remercier le commissaire européen LENARCIC, d'avoir amorcé cette solidarité européenne qui se concrétisera dans les jours qui viennent par l'acheminement de plusieurs tonnes de matériel humanitaire au profit des populations déplacées dans la région de Goma et dans toutes les régions qui ont été affectées par ces mouvements rebelles et ces groupes terroristes. 

Le rôle de la France, c'est aussi de tout faire pour qu'il y ait un chemin vers la paix. Pour cela, chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités. J'ai parlé il y a quelques instants au secrétaire général des Nations unies, Antonio GUTERRES, qui est engagé pour faire jouer aux Nations unies leur rôle indispensable. Je l'en remercie. Ensemble, nous devons travailler, Union européenne, Union africaine, Organisation sous-régionale, pays de la région et Nations unies. Nous devons travailler à ce que chacun apporte sa contribution pour enfin imposer la désescalade et la paix. 

À cet égard, je veux ici dire tout notre soutien au processus de Luanda et de Nairobi. Et suite à la dernière réunion qui s'est tenue en marge du sommet de l'Union africaine, à Addis-Abeba, notre soutien à la médiation que vous avez confié. J'étais hier avec le président LOURENÇO, nous avons eu un très long échange sur le sujet. Le plan qui est aujourd'hui sur la table, qui a été agréé par tous, qui est en train d'être mis en œuvre, j'en suis convaincu, est le bon, à condition évidemment qu'à chaque étape il soit respecté et que le chronogramme qui a été décidé à partir du 28 février soit dûment respecté. Cessez-le-feu sur le terrain, mécanisme de vérification sous supervision angolaise, cantonnement du M23 sur votre sol, processus de désengagement, désarmement et réinsertion, déploiement de forces régionales. Je veux ici remercier les Kényans, et j'espère que les autres rejoindront. 

Je veux ici dire que nous serons évidemment mobilisés pour aider au financement et à la désescalade dans un premier temps pour parvenir à un retour à une paix durable ensuite. Tout cela est ce qui nous a longtemps manqué. Mais tout cela dépend évidemment des pressions politiques, diplomatiques et économiques pour que cela soit respecté. 

À cet égard, la discussion que j'ai eue avec le Président LOURENÇO, la discussion que j'ai eu ce matin avec le Président, cher Félix, et l'échange que j'ai pu avoir avec le Président KAGAMÉ m’a démontré une chose. Tous m'ont apporté un soutien clair au cessez-le-feu pour mardi prochain, qui est prévu dans le chronogramme, sur lequel se sont engagés aussi les représentants du M23 qui sont allés voir le Président LOURENÇO. Nous verrons maintenant si chacun respecte la parole donnée. 

Mais si je dois retenir un seul motif d'optimisme, c'est que tous mes interlocuteurs adhèrent à ce plan porté par l'Angola, le Kenya, le Burundi, et je salue, cher Félix, le courage qui est le vôtre de donner une chance à ce plan et à la paix. Avec une exigence légitime : que tout ce qui s'y engage respecte la parole donnée, les rendez-vous, les dates et l'effectivité des choix pris et des promesses tenues. 

Il nous revient d'être collectivement à vos côtés pour faire la démonstration que ce choix est le bon. Ceux qui s'en éloigneront auront une responsabilité écrasante et s'exposeront à la sanction de l'Histoire. Et dans une région où la France a su regarder en face son propre passé, nous savons combien ce poids de la sanction de l'Histoire peut être accablant. Je le disais en ouverture de mon propos, cette visite en un moment de gravité est aussi une visite d'amitié, d'espoir. Le Président l'a évoqué à l'instant. C'est un espoir légitime parce que vous êtes un grand pays et nos deux pays ont en quelque sorte en commun aussi de voir grand. 

Et pour transposer un mot célèbre du Général De Gaulle : « Le Congo ne peut être le Congo sans la grandeur ». Aucun pays d'Afrique n'est plus doté que le vôtre de richesses de toutes sortes et une capacité à saisir un destin d'exception. 

C'est pourquoi nous souhaitons bâtir un partenariat nouveau sur plusieurs axes. 

D'abord, vous aider à la pleine souveraineté sur le plan sécuritaire et militaire. Nous sommes déjà les premiers partenaires en termes de formation militaire de la RDC. Nous souhaitons faire davantage parce que la condition pour qu'il y ait dans la durée la fin des pillages, la fin du risque de balkanisation que j'évoquais c'est qu'il y ait le retour de l'Etat régalien et des conditions de cet État régalien partout sur le territoire. Nous souhaitons être des partenaires dans la durée de ce travail : formation, équipement. La capacité d’être à vos côtés correspond au nouveau partenariat qui est le nôtre. 

Deuxièmement, c'est sur le terrain économique. Nous allons cet après-midi dans une conférence économique illustrer ce que je disais lundi. Nous répondons aux demandes qui sont les vôtres. On ne vient pas plaquer des solutions, on vient avec des entreprises de toutes tailles, de tous ordres et beaucoup d'entreprises nouvelles. 

Nous assumons d'être là, y compris pour défendre nos intérêts économiques. On le fait en amenant avec nous toutes les compétences, et y compris les Européens. Je me félicite que deux commissaires européens seront à nos côtés cet après-midi. Ce n'est pas simplement la France mais la France et l'Europe, sur la base d'un partenariat équilibré et respectueux. On l’évoquait ensemble, ces entreprises proviennent du secteur numérique jusqu’au domaine minier, dans lesquels nous souhaitons travailler avec vous pour bâtir un cadre de confiance qui permettra une exploitation au service des Congolais. Ceci, dans les meilleures conditions scientifiques, permettant justement la coopération et notre expertise. 

C'est je crois là la clé de ce partenariat économique parce que l'Afrique est un théâtre de compétition. Il faut que cette compétition se fasse dans un cadre loyal qui serve les intérêts des populations, qui aident à lutter contre la corruption, mais où nous avons notre place à jouer, ni plus ni moins. 

Ensuite, la science et la recherche. J'aurai cet après-midi l'occasion et l'honneur d'être reçus par le professeur MUYEMBE, découvreur du virus Ebola dans ce fleuron de la recherche scientifique congolaise et africaine qui est l'Institut national de recherche biomédicale. Je veux ici d'ailleurs rappeler combien la France a été engagée dans cette lutte contre le virus Ebola avec les meilleures équipes de l'Inserm et de plusieurs de nos laboratoires. Combien de nos chercheurs et de nos épidémiologistes sont venus. Yves LEVY avait eu cette mission confiée il y a quelques années ici même et je veux saluer cette coopération mais l’INRB, dans le séquençage des virus les plus dangereux dans la lutte contre la pandémie de Covid 19, dans la formation d'étudiants venus de toute l'Afrique, prouve tout ce qu'on peut accomplir quand notre coopération se donne les moyens. 

Sur ce modèle qui est un fleuron de la coopération franco-congolaise, je souhaite qu'on aille beaucoup plus loin avec la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, pour illustrer cette volonté dans de nombreux domaines d'échanges scientifiques et universitaires. Je souhaite aussi que nous puissions le faire dans les domaines climatiques et liés à la biodiversité, notamment autour de la question des forêts si importantes et que vous avez réévoqué. 

Enfin, voir les choses en grand, c'est le voir aussi pour la culture congolaise. C'est votre puissance, il faut l'exercer, c'est votre intérêt, c'est le nôtre d'avoir en Afrique et dans le monde, si je puis dire, l'équivalent d'un Nigeria francophone. Les créateurs et entrepreneurs qui nous accompagnent avec les ministres amènent avec eux, outre un immense intérêt pour leurs homologues congolais, tous les outils et les réseaux pour l'aider à se développer dans nombre de domaines nouveaux : jeux vidéo, séries télévisées, bande dessinée, e-sport, univers virtuel. De nombreux domaines où la créativité, le génie congolais a sa place à jouer. 

Sa vocation, permettre des moyens d'expression et de partage pour nos jeunesses. Des moyens aussi de création et de développement de nos industries culturelles et créatives qui sont extrêmement importantes. 

Et dans ce cadre, je veux ici dire combien, à mes yeux, la langue française n'est pas simplement un trait d'union, mais un trésor en partage dont vous êtes devenu le centre de gravité. Plusieurs présidents de la République sont venus avant moi ici pour parler de francophonie. Et lorsque François MITTERRAND s'est rendu à Kinshasa en 1984 parler de francophonie, il la défendait ici alors la France était deux fois plus peuplée que votre pays. Je viens ici devant vous en vous parlant de francophonie et en assumant totalement que vous êtes le premier pays francophone par votre démographie. C'est une force et une fierté dont il faut tirer toutes les conséquences. C’est une communauté de langue, de valeurs, de solidarité, de progrès, d'exigence. C'est aussi une communauté de création, de dynamisme. 

Je suis convaincu que la vocation qui et celle de la République démocratique du Congo est de prendre toute cette place, la première dans la francophonie de demain. Je souhaite qu'ensemble, on puisse bâtir les prochains rendez-vous et en particulier des annonces fortes lors du Sommet de la Francophonie que nous organiseront en France en 2024. 

Merci beaucoup.

Le déplacement du Président de la République en République démocratique du Congo s'est terminé par la clôture du Forum économique de Kinshasa. 

Revoir la clôture du Forum : 

5 mars 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Discours de clôture du Président de la République au Forum économique de Kinshasa

Monsieur le Président, cher Félix, merci beaucoup. 
Monsieur le Premier ministre, 
Mesdames, Messieurs les Ministres, 
Mesdames et Messieurs, Commissaires Européens, 
Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités. 

Beaucoup de choses ont déjà été dites et avec le Président, nous arrivons à la fin. Donc on va essayer de ne pas répéter ce qui a été dit. Mais d’abord, je dirais que par son existence même, ce forum me paraît constituer un succès, en tout cas, un bon rendez-vous. J’avais interpellé un peu l'écosystème français en début de semaine en disant : « j'en ai assez quand je vais voir un Président sur le continent africain d'avoir les N-9, N-10 des entreprises qui viennent comme si l'Afrique ce n'était pas important ». Là aujourd'hui, je veux remercier les chefs d’entreprise pour leur présence parce que c'est un signe de respect, d'engagement, de sérieux. C’est d'ailleurs, pour ça qu'ils ont signé des contrats avec leurs partenaires ce matin. L'engagement est là. Merci pour le sérieux et la mobilisation. Donc vous avez des entreprises françaises qui sont pleinement mobilisées au plus haut niveau parce que c'est un marché important et compétitif. On veut être présents, on prend les choses au sérieux. 

Le deuxième élément : j'ai dit en début de semaine, « il faut que quand on se déploie, qu'on va travailler les grands pays africains, on essaie de jouer groupés, c'est-à-dire Européens », et c'est exactement ce qu'on fait. Je remercie les commissaires d'être ici présents. On a 50 entreprises françaises, mais elles ont, grâce à l'effet de levier européen, attiré avec elles 50 entreprises européennes qui sont ici présentes aussi. Je remercie tous les dirigeants. 

Puis on est venu avec les ministres et les commissaires européens qui portent l'ambition, l'initiative, les financements des projets du Global Gateway :150 milliards d'euros pour l'Afrique afin d’accélérer l'intégration régionale et venir décliner l'agenda qu'on a pensé ensemble lors du sommet Union africaine et Union européenne, il y a maintenant un peu plus d'un an à Bruxelles. 

Le troisième élément : c’est toujours mieux de bâtir des partenariats en répondant à des besoins. Il se trouve que c'est la RDC qui a défini les trois priorités sur lesquelles vous nous avez présenté la restitution de vos travaux et la signature des accords. Je remercie nos trois rapporteuses et rapporteurs et les organisateurs de ce forum pour avoir mis au cœur des sujets et des thèmes importants. Je dois dire que la discussion qu'on a eue tous les deux ce matin concorde assez bien avec ce que vous avez décidé de mettre sur la table. Et donc pour ces trois raisons, c'est d'ores et déjà un succès. 

Alors, au-delà de ces sujets, nous avons ces dernières années, réengagé avec le Président massivement les choses et c'est un peu le sous-jacent en engageant l'Agence française de développement avec 500 millions d'euros entre 2021 et 2025 qui sont déployés ici et des conventions signées aujourd'hui permettant d'aller plus loin dans d'autres thèmes. Mais ils sont à mes yeux aussi importants : souveraineté alimentaire, santé et énergie. Là-dessus, on a déjà cette base et on l'a accélérée aujourd'hui. 

Maintenant, de manière très rapide, au-delà de ce qui a été signé, je vais vous dire pourquoi je considère que nous avons à être des partenaires de la RDC, Français et Européens, et nous pouvons l'être. En matière d'infrastructures et de villes durables, nous avons un savoir-faire réel savoir-faire. Ça a été très bien rappelé tout à l'heure, des grands groupes publics et privés aux start up. Nous avons un savoir-faire à peu près dans toute la chaîne de conception, de production des services de la ville durable et des grandes infrastructures, à la fois pour les bâtir, pour les opérer et pour en avoir les prestataires. Donc il y a une offre complète et une capacité. Il y a une vraie équipe française qui sait produire à la fois les structures et les services de la ville durable et des grandes infrastructures, ainsi que les financements qui vont avec. C'est un savoir-faire qu'on a construit et qu'on a gardé chez nous. Dieu sait que la France, parfois, a désindustrialisé dans certains secteurs, celui des infrastructures et de la ville durable demeure un point fort de l'offre française. 

Je pense que quand on voit les défis qui sont les nôtres aujourd'hui sur le continent africain et les défis qui sont les vôtres, nous parlons depuis une de ces mégalopoles africaines qui est en train de se développer de manière formidable, mais qui a besoin d'injecter du service, de l'or, de la gestion de déchets, vous l'avez dit, du numérique pour que cette ville durable soit aussi une smart city. Une ville avec la capacité à développer des services durables en matière de transport, d'eau et d'énergie. Nous avons toutes ces capacités aux meilleurs standards internationaux, et je veux qu'on puisse les déployer ici parce que c'est, là aussi, un partenariat qui est positif des deux côtés. Donc l'équipe de France a vraiment vocation à être un partenaire en la matière y compris sur le grand financement des infrastructures, au-delà des grandes villes : le financement des ponts, des infrastructures modulaires - ça a été signé ce matin - et le financement également des grandes infrastructures énergétiques que vous souhaitez déployer, en particulier en matière d'hydroélectricité. 

Je sais vos ambitions, Président, nous les partageons. Derrière nous, qu'est-ce qu'on doit faire ? D'abord, concrétiser ce qui a été signé aujourd'hui, mobiliser le meilleur de l'équipe de France. Ça, c'est la responsabilité de l'équipe qui est là pour venir continuer de mettre en face de vous nos solutions les plus performantes. Ensuite mobiliser des financements compétitifs. Et ça, je crois qu'on a très bien reçu le message, vous l'avez redit ce matin. Si on veut être au rendez-vous, on a besoin d'avoir des conditions de financement qui sont celles, évidemment de l'OCDE. 

Mais malgré tout, on n'est pas toujours les meilleurs de la classe en la matière, donc il faut qu'on se bouge pour améliorer les choses et être très compétitifs par rapport aux autres. De l'autre côté, je crois que ce qui est attendu, c'est que vous continuiez le travail commencé sur le cadre d'affaires pour permettre, sur des projets qui sont souvent très longs, où il y a des prestataires multiples, où il y a du public et du privé afin de réussir à bâtir un cadre solide qui permette de rassurer les prestataires, et de notre côté engager les banques et donner de la profondeur de champ et de la visibilité pour être au rendez-vous. Parce que si le cadre d'affaires n’est pas là, ce qui est parfois le reproche qui est fait en RDC, de l'autre côté, les financements ne sont pas là et les banques ne suivent pas les entreprises, qui est le reproche. 

Donc si on veut un partenariat gagnant des deux côtés, il faut qu'on fasse cet effort des deux côtés. Ça, c'est sur le premier pilier qui me semble essentiel, là où on a, encore une fois, beaucoup d'avancées et ça a été très bien dit. L'idée n'est pas, et je le dis avec beaucoup de force, de déployer des infrastructures énergétiques ou de gestion de ville qui sont celles d'hier ou d'avant-hier, mais le meilleur des innovations. Celles qui permettent de passer des étapes et gérer la complexité. Celles qui sont le fruit de nos innovations incrémentales françaises ou européennes, qu'on peut déployer ici et qui vont permettre de gérer une ville qui va manifestement passer de 15 à 20 puis d'ici 2050 40 à 50 millions d'habitants comme à Kinshasa. Ce sont des services à déployer, sinon ce sera une véritable difficulté économique, forte d'inégalités et de déséquilibres. 

Deuxième élément, c'est le numérique. Là, on peut vous apporter à mes yeux 3 choses. La première, c'est la formation. Tous les métiers du numérique comme tous les autres, supposent évidemment une formation d'excellence. Le fait que vous ayez signé à nouveau une École 42 ce matin, mais qu'on ait aussi développé des prestations avec notre formation première universitaire et professionnelle sur les métiers du numérique et qu'on veuille rebâtir un cadre de coopération, comme on l'a défini ensemble ce midi en matière de formation et d'enseignement supérieur est clé pour tous les métiers du numérique. 

La deuxième chose - le commissaire BRETON l'a rappelé - ce sont les infrastructures. Et il se trouve que le choix que nous avons fait à l'occasion du sommet Union africaine-Union européenne, il y a un an, c'est de dire : « on veut bâtir une infrastructure numérique pour nous Européens, qui est cette constellation ». Mais il suffit de regarder une carte. Si cette constellation est organisée d'une telle façon, elle peut couvrir un axe euro-africain, c'est le choix que nous avons fait. Donc c'est une constellation publique avec des partenaires privés. C'est une constellation qui se fait aux meilleurs standards internationaux. C'est une constellation avec des garanties qui sont les standards que nous voulons pour nous-mêmes et que nous voulons aussi pour le continent africain, c'est-à-dire de respect de la donnée individuelle, un cadre loyal et pas prédateur en matière numérique. 


On a décidé de partager cette infrastructure. Pourquoi ? Il y a deux raisons. Premièrement, ça ne coûte pas plus cher parce qu'il se trouve que ça tourne. Ensuite, c'est que c'est notre intérêt parce que ça consolide, par l'infrastructure numérique, l'axe euro-africain dans lequel nous croyons et ce partenariat que nous voulons sceller. La troisième chose - et vous avez continué de le faire ce matin et par vos propositions, vous proposez de l’accélérer - c'est de déployer des coopérations entrepreneuriales qui permettent de donner de la vitalité dans le segment numérique et dans l'ensemble des métiers du numérique. Et pour ça, ce que nous souhaitons faire, c'est embarquer le numérique et tous les métiers et secteurs associés dans un cadre, là aussi, d'affaires et de financement beaucoup plus puissant. 

C'est ce qui sera au cœur de Choose Africa 2 que nous allons préparer avec l'Agence française de développement, la Banque publique d'investissement et Business France, qui va nous permettre d'avoir une plateforme pour tous les entrepreneurs pas simplement du numérique, mais également de l’agritech et des industries culturelles et créatives. L'idée, c'est qu'avec cette plateforme, on va permettre de démultiplier les projets, de permettre à des entreprises qui sont parfois trop fragiles ou parfois n’osent pas aller sur le continent africain de venir ici faire des projets avec leurs homologues congolais. Tout ça s’appuiera et démultipliera ce qu'on a commencé à faire avec Digital Africa et je remercie toutes celles et ceux qui ont commencé à s'y impliquer. 

Puis, le dernier axe : le secteur minier. Qu'est-ce qu'on veut faire ? Les mines, c'est un sujet de compétition, de concurrence internationale terrible. On sait bien qu'il n'y a pas que les Européens et à fortiori les Français qui sont là. Il y a d'autres puissances qui veulent, pour sécuriser leurs propres minerais, leurs propres métaux critiques ou terres rares pour leur filière. Simplement, nous, on vous propose de le faire d'une manière différente et je crois que c'est ça qui fonde aussi le partenariat qu'on souhaite et qui correspond à l'esprit stratégique qu'on a défini avec le Président TSHISEKEDI. 

D'abord, on veut que ça repose sur une connaissance partagée commune et un partenariat scientifique équilibré. C'est pourquoi l'implication du BRGM, de nos chercheurs garantira qu’on ait aux meilleurs standards des acteurs qui vont vous permettre de connaître ce qu'il y a dans le sol et le sous-sol et pas simplement d'en rester à ce qui avait été exploré pour la quasi-totalité avant l'indépendance. Cela permettra ensuite de dépendre simplement de projets commerciaux ou d'acteurs qui ne sont pas du tout coordonnés avec la puissance publique congolaise. 

Deuxième élément, c'est vous aider à restaurer la pleine souveraineté sur vos ressources minières au sens large. Parce qu'on l'a dit ensemble ce matin. Qu'est-ce qui se passe ? Les mines, c'est votre chance mais c'est aussi votre malheur. C'est ce qui fait que tant de puissances régionales, tant de groupes rebelles depuis presque 30 ans maintenant, sont dans une situation de prédation de ces ressources en RDC parce qu'elles sont mal protégées, parce qu'elles sont insuffisamment connues et qu'au fond, ils viennent vous faire les poches pour pouvoir finir leur mois. C'est ça la réalité. 

Donc le deuxième élément que je veux pour cette stratégie minière est de Gouvernement à Gouvernement. Nous voulons vous aider à restaurer la pleine souveraineté de l'État dans toutes ces zones et bâtir un cadre de loyauté et de sécurité en vous aidant à former, à équiper, à bâtir une stratégie opérationnelle qui est militaro sécuritaire pour préserver un cadre d'exploitation au service des Congolaises et des Congolais en matière de mines. C'est une condition indispensable. Et donc ça, c'est un axe qu'on a défini ensemble ce matin et dans lequel on va impliquer et consolider le partenariat militaire, la France étant déjà le premier partenaire en matière de formation, de défense. 

Et puis le dernier élément, quand on parle des mines, c'est de pouvoir le valoriser et je veux faire la comparaison avec ce qu'on veut faire sur le plan de l'économie forestière et de l'agriculture. Qu'est-ce qu'on a fait pendant très longtemps ? Les Européens pendant plusieurs décennies, parfois quelques années se sont engouffrés et continuent de le faire. Si c'est une économie de prédation, je vous peins très franchement, il y a beaucoup d'autres puissances qui le font maintenant beaucoup mieux que les Européens. Ils sont plus efficaces, ils ont des normes encore plus basses que les nôtres, ils ne respectent pas les critères de l'OCDE, ils massacrent encore plus l'environnement, donc franchement, l'économie de prédation qui a été appliquée il y a des décennies par les Européens, maintenant il y a des gens bien meilleurs que nous. 

Donc je ne vous propose pas de continuer sur cette philosophie. Mais qu'est-ce que c'est, en effet, ce dont Félix parle souvent, Monsieur le Président, ce partenariat gagnant-gagnant ? C'est de dire au fond le seul truc qui marche, qui permet d'arrêter la prédation, qui limite la corruption, qui permet que les populations s'y retrouvent parce qu'elles ont en retour. C’est qu’on crée des opportunités économiques et qu'on sorte les économies de l'informel, c'est de permettre la valorisation sur place. Au fond, c'est de se dire, on ne doit pas simplement extraire les métaux critiques mais on doit au maximum les transformer, sécuriser leur transformation et leur commercialisation. 

Ainsi, ce que nous voulons faire avec vous sur le plan des mines, c'est une plateforme de transformation et de commercialisation qui permette de pleinement mesurer ce qui sort de vos mines, le valoriser en aval jusqu'au maximum de ce qui peut être fait sur place et d'assurer une traçabilité. C’est le meilleur moyen de lutter contre toutes les formes de contrebande et d'éviter que l'or, ici, le cobalt, là, le cuivre encore là, se retrouvent parfois à des milliers de kilomètres. On sait très bien d'où ça vient, mais personne ne sait vraiment le tracer. Nous avons la possibilité de le faire, c'est cela sur quoi nous voulons nous engager avec vous en matière de mines. 

Voilà, je ne serai pas plus long. C'est ce que je voulais simplement dire de manière très concrète. Mais je voulais vraiment vous remercier toutes et tous d'avoir, au fond, donné un contenu à l'interpellation que je faisais en début de semaine à Paris sur ce qu'est, ce que doit être le partenariat économique entre nos pays. C'est ce qu'on est en train de faire. Il est exigeant, il doit être loyal, il doit être bénéfique aux deux, parce qu'on défend chacun nos intérêts et c'est le propre d'un partenariat. On ne fait pas de cadeaux, mais on se respecte. Il doit permettre aussi d'aider à construire l'avenir de la RDC. 

Pour toutes ces raisons, je pense que les travaux que vous avez conduits aujourd'hui et que nous sommes en train de conclure sont des travaux plus qu’utiles et ils vont me permettre de reprendre un fil qui, pour certains secteurs, avait été abandonné. Ils vont me permettre de réévoquer des questions qu'on n'osait plus évoquer de manière saine et sincère, de le faire dans l'intérêt respectueux de nos deux pays. 

Merci beaucoup. 

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