Lundi 20 février 2023, le Président Emmanuel Macron a reçu les acteurs de la French Tech au Palais de l’Élysée.

À l'occasion des dix ans de l'écosystème, le Président de la République a tenu à féliciter tous les acteurs de la French Tech. Issues des secteurs public et privé, venues du monde associatif et de celui de la recherche, il a salué les différentes composantes de ce collectif humain facteur de progrès.

En dix ans, ces entreprises innovantes sont devenues incontournables dans le quotidien des Françaises et des Français :

Cette réunion a aussi permis au chef de l’État de faire le point sur la situation économique de l’écosystème et de présenter sa vision pour poursuivre l'accélération de son développement dans les prochaines années.

Pour y parvenir, il a appelé les investisseurs institutionnels à soutenir nos start-ups et rappelé l'engagement de l'État avec France 2030 et son objectif d'accompagner, dès cette année, une centaine d'entreprises qui s'inscrivent dans les grands projets de la décarbonation, la santé ou encore l'intelligence artificielle.
 

Revoir le discours : 

20 février 2023 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Discours du Président de la République à l’occasion de la réception des acteurs de la French Tech, à l’Elysée.

Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires, 
Mesdames et Messieurs. 

Beaucoup de choses ont été dites. Je voulais vous rassembler aujourd’hui dans cette salle, pour vous dire merci, bravo et on a encore beaucoup de boulot, si je devais résumer les choses. Alors, merci, bravo, ça a été très bien dit, je ne vais reprendre ce qui a été à l’instant parfaitement décrit. Mais on est à un moment de rendez-vous de l’écosystème, il y a les nouvelles promotions, mes félicitations à tous les heureux et heureuses lauréates de ce club d’excellence qu’ils rejoignent, Next 40, French Tech120. Je pense que c’est une reconnaissance de l’écosystème. 

Alors, ce sont des chiffres. Tout ne se résume pas à des chiffres, j'y reviendrai, mais enfin, ça vient consacrer des résultats, une croissance, une force et ça arrive avec les dix ans de notre French Tech qui est donc une vitalité de l'écosystème français qui s'est profondément transformé et que vous avez contribué à transformer parce que beaucoup d'entre vous avaient commencé bien avant et étaient parfois des pionniers, des pionnières, qu'il s'agisse de l'entreprise ou de l'investissement dans tous les territoires de notre République. 
Il y a eu, au fond, une phase d'accélération. Dix ans de succès avec des objectifs qu'on s'est donnés et des services du quotidien à nos compatriotes, des services aux entreprises, vous en avez parlé à l’instant, des solutions qui sont de plus en plus technologiques, de plus en plus industrielles. Une des transformations de ces dernières années de notre French Tech, c'est qu'on est allés vers, si je puis dire, de plus en plus de DeepTech et de plus en plus de vert. Ça a été très bien dit tout à l'heure, réconciliant d'ailleurs ce qui était jusqu'alors une forme d'impossible. 

C'est votre en même temps à vous. On s'est industrialisés et verdis. Et ces années, ça a été aussi des années de créations d'emplois. Et les chiffres sont là aussi, plus de 50 000 emplois directs créés, beaucoup plus en fait, quand on regarde les services aux grandes entreprises et la transformation, l'innovation injectée dans les ETI et les grands groupes et la capacité à relever les défis de demain grâce à notre French Tech. Et au-delà de ça, à tout l'écosystème, aux acteurs publics qui sont là et qui, de la BPI à la mission France 2030 jusqu'à notre équipe France Export et Attractivité, qui nous permettent d'aider à accompagner à l'extérieur jusqu'ici, ont permis de réussir ce travail. C'est ce qui fait que notre pays est redevenu une grande terre d'entrepreneuriat. Ça a été dit tout à l'heure par le ministre et je crois que c'est dans nos gènes. J'avais coutume de dire il y a quelques années que certains ministres ou Premiers ministres britanniques cherchaient ça, répondant à des présidents américains qui disaient “qu'est-ce que c'est le mot en français pour dire entrepreneur” ? C'est que c'était français. Et ça vient, c'est dans nos gènes, dans notre ADN. Nous sommes un pays d'inventeurs, d’inventifs, d'entrepreneuses et d'entrepreneurs. C'est ce que vous représentez. Et donc ces 25 000 start up et créations d'entreprises au plus haut de nos cycles, c'est la force de cet écosystème et c'est celui que vous avez accompagné. 

On est passés d'un milliard d'euros de levées en 2012, à, cela a été rappelé aussi, 13,5 milliards en 2022, ce qui a fait de notre pays le premier d’Europe continentale ces deux dernières années. Et ça s’incarne dans des lieux, des territoires, des événements au cœur des Capitales et des Communautés French Tech — je les salue, vous en avez parlé — avec des implantations de plus en plus nombreuses un peu partout et des usines d’Occitanie à la Moselle, de Douai à Douvrin, de Nesle à Amiens et de Nantes à Montpellier, avec là aussi 18 premières usines cette année. On a comme objectif 100 l'année prochaine. Et puis, là aussi, la création de lieux qui incarnent cette dynamique ; Station F, comme navire amiral qui a un peu plus de 5 ans, Le Cyber Campus, le Paris Santé Campus. Demain, le Paris-Saclay Cancer Campus et plusieurs autres. Ce qui montre d'ailleurs le rapprochement, là aussi avec la recherche et des grands événements comme Viva Tech. 

A chaque fois, on n'y croyait pas vraiment au début. Enfin, nous, on y croyait, mais il y avait beaucoup de gens au balcon pour nous dire : c'est sympathique, mais provincial. Les gens de Paris, parfois, disaient ça des French Tech qu'on allait monter un peu partout en province. Je me souviens encore, on les avait lancées à Laval. Et puis beaucoup de gens nous expliquaient, nous regardant – le monde anglo-saxon, VivaTech – que c'est très bien, mais que ça allait un peu surnager aux côtés de Tel-Aviv par exemple. Et Station F, je n'en parle même pas. 

Donc il n'y a pas de mystère. Il y a eu quoi ? De la volonté, de l'audace et avec ça, de l'entraide. Il se peut que certains aient cité parfois, aient utilisé des métaphores, celle du premier de cordée. Elles ont été beaucoup détournées, mal comprises. Je les assume à fond. Cordée, c'est exactement ce que vous représentez. Monter tout seul, on ne va pas très haut, il n'y a personne pour s'assurer. Vous avez été des formidables cordés à travers le pays, dans tous les secteurs et l'écosystème a tiré les plus fragiles, a fait grimper tout le monde, a assuré les autres dans les temps difficiles et on en est là. Et donc, c'est le fruit d'un travail collectif, massif, de coopération entre le public et le privé, de la province à Paris jusqu'à l'international, de l'investissement jusqu'à l'entrepreneuriat, de la recherche jusqu'à l'industrie lourde. Et tout ça s'appuyant sur des réformes aussi plus larges et structurelles, celles qu'on a menées sur le marché du travail, sur la fiscalité du capital et sur la création de nos emplois industriels, là aussi avec lesquelles on a renoué. 

Cet ensemble nous permet d'avoir ces résultats. C'est une formidable conquête et une formidable réussite. Et c'est dix ans en même temps que cette promotion d'aujourd'hui, c'est un acquis, vous pouvez en être fiers, c'est le vôtre, c'est le nôtre collectivement. Maintenant, au moment où je vous parle, je ne peux pas avoir les mêmes termes qu'il y a un an ou alors je vivrais dans un autre monde. Parce que c'est beaucoup plus dur qu'il y a un an pour beaucoup d'entre vous. Et que tout l'écosystème est en train — et c'est normal, on vit tous dans le réel — d'absorber un choc qui est sans doute l'un des plus grands que ce monde-là ait connu, j'allais dire, depuis 20 ans. C'est une réalité quand on regarde les chiffres dans certains segments de licenciement, les difficultés aussi d’accéder parfois au capital quand certains revoient leurs stratégies, quand on voit les faillites, encore plus outre-Atlantique où il y avait eu quelques excès de valorisation sans doute, etc. Il y a un vrai réajustement et le contexte est plus dur qu’il ne l’était. Alors ce contexte, il est dur mais il est porteur d'opportunités comme à chaque fois. 
Et moi, je pense que c'est là qu'on regarde et qu'on voit les vrais entrepreneurs et qu'on voit aussi les pouvoirs publics qui savent s'adapter parce que je ne suis pas là que pour vous réunir que quand tout va bien et pour célébrer. Et on ne prend pas simplement les risques, ce n'est pas à vous que je vais le dire, quand tout va bien. Et donc ce moment qu'on est en train de vivre, il faut au fond l'utiliser comme un moment qui va faire souffrir beaucoup de monde, beaucoup de vos concurrents et au fond, vous en sortirez beaucoup plus forts si vous savez mieux survivre, en tout cas, prendre les défis que d'autres. On a une situation géopolitique plus complexe, on a des innovations de rupture de plus en plus nombreuses qui viennent complètement bousculer des chaînes de valeurs ou des positions acquises. On a une transition écologique, c'est une très bonne chose qui s'accélère encore, mais là aussi par des innovations profondes. Et on a deux grands sujets, vous les avez un peu évoqués, qui se sont durcis ces derniers mois, qui sont l'accès aux talents et l'accès au financements et, si je puis dire, les deux en même temps. 

Et donc, évidemment, on a un contexte qui est très dur. Avec cette géopolitique, on a au fond, nous Européens, un double défi, c'est que les Américains deviennent de plus en plus nationalistes, on ne peut pas leur en vouloir ils défendent l'emploi américain et ils sont, eux-mêmes, en train de réajuster dans beaucoup des secteurs qui sont les vôtres. Et on a une Chine qui a traversé une période de tensions. On a, au fond, une confrontation géopolitique entre les deux qui nous rend la vie plus dure. Celles et ceux qui sont dans les semi-conducteurs ont pu encore le vivre ces derniers mois avec beaucoup de force. Et donc cette fragmentation géopolitique, cette conflictualité, elle nous pose des vrais sujets. Et puis, à côté de ça, je le disais, on a des évolutions et même des disruptions de plus en plus fortes sur l'intelligence artificielle en mode ouvert, sur l'émergence de nouvelles technologies qui sont à chaque fois des formidables levier de création de richesse, de valeur, d'amélioration des pratiques, mais qui posent d'énormes défis soit organisationnels, soit éthiques qu’on va devoir embrasser, mais qui viennent bousculer, là aussi, l'ensemble de nos écosystèmes, qu'ils soient d'innovation ou qu'ils soient de régulation. Et notre Europe aura un rôle à jouer, je pense extrêmement important à cet égard. 

Alors pour répondre à ces défis, je pense que d'abord, il y a un réflexe européen à avoir. On l'a eu ces dernières années, il faut le consolider dans ce moment, c'est ce qu'on a porté en Présidence française du Conseil de l’Union européenne. On doit continuer de développer sur les grandes stratégies, qu'il s'agisse du spatial, du Cloud, de l'hydrogène et donc au fond des grandes transformations. Des nouveaux lieux de confrontation géopolitiques tels que le spatial, le maritime profond ou le cyber, les deux grands segments d'innovations intelligence artificielle, le quantique, si je puis dire, la transversalité et puis évidemment tout ce qui relève de la réponse au dérèglement climatique. 

On doit consolider des stratégies européennes, des stratégies de régulation, des marchés uniques beaucoup plus intégrés pour vous permettre d'avoir un marché domestique natif qui n'est pas que le marché français et des stratégies de financement européennes et encore plus fortes. C’est par exemple ce qu’on a voulu lancer sous la Présidence française avec Scale Up Europe qui a eu une bonne nouvelle la semaine dernière, c’est pour moi une première étape comme pour la European Tech Champion Initiative, qui est de se dire on doit bâtir une réponse profonde européenne. Et donc ça, on a commencé à le faire, on va continuer à le faire avec beaucoup de force. 

Mais il y a deux réponses qu’on doit apporter très vite au niveau national et européen, c’est la réponse aux financements et la réponse aux talents. Alors sur la question des financements, au fond pour moi on a une priorité, c’est de continuer à accélérer. Accélérer — et là c’est ce que fait la mission France 2030 — sur les innovations de rupture, sur les besoins qui sont les nôtres. On a 11 milliards d’euros engagés, 2 000 projets, des usines qui sortent de terre, un plan bien lancé. Et donc il nous faut encore accélérer parce que c’est une course de vitesse et d’échelle, comme à chaque fois. On doit donc continuer à prendre davantage de risques, mobiliser davantage l’ensemble des acteurs émergents. Et donc on a maintenant 5 milliards de plus qui sont prévus pour cette phase d'accélération et on a ce besoin de travailler Etat, startups et investisseurs privés, toutes catégories confondues, si je puis dire, main dans la main dans ces grands sujets de décarbonation, d'intelligence artificielle, de biotechs, etc. 

Et donc je souhaite que, d'ici l'été, nous ayons identifié et qu'on puisse accompagner une centaine d'entreprises technologiques qui s'inscrivent dans les objectifs de France 2030, comme on a réussi à le faire avec les entreprises du French Tech120. Et donc sur ce volet-là, mobilisation générale pour concentrer les instruments et accélérer d'ici la fin du printemps. Et puis sur les sujets de rupture technologique à 10-20 ans, qu'on puisse là aussi avoir nos fonds côté France 2030, mais avec aussi nos grands organismes de recherche et nos universités qui concentrent là aussi les financements en expérimentant des nouvelles formes de soutien à l'innovation et à la recherche, en mobilisant un créneau européen et national pour avancer. 

Cette phase d'accélération, on va le faire autour de France 2030 que j'évoquais à l'instant, avec aussi nos crédits européens et nationaux en matière de recherche. On doit la consolider avec deux ou trois autres instruments. D'abord, on doit renforcer les financements early stage. On a rendu une mission à cet égard et donc il faut débloquer tout cela, faire en sorte que les Français investissent davantage dans les entreprises innovantes. Il y a plusieurs propositions, on va aller au bout des recommandations qui ont été portées. 

Et puis on doit développer en parallèle les financements privés late stage au travers de Scale Up Europe que j'évoquais, mais de la deuxième génération des fonds dits TIBI. Les fonds TIBI, on les lançait ici même en 2019. On était dans ce moment où on se disait il nous manque, dans notre palette de financement du fonds late stage en France, on a besoin de le faire. Le rapport TIBI a été écrit. Le professeur TIBI s'est mobilisé avec nous, on a levé avec les investisseurs institutionnels de l'argent qui a eu un effet de levier. Les résultats sont là. On a mobilisé 6 milliards d'euros pour un total de 30 milliards d'euros d'investissements. Et donc, on a réussi véritablement des vrais résultats. On est trop lent sur le fonds TIBI1. Je vous le dis en toute sincérité et je sens trop de frilosité chez tous nos copains du fonds TIBI2. Donc avis, à bon entendeur, tous les financeurs institutionnels, on a besoin de vous, on doit faire plus que la première génération. Et vous savez quoi ? Il ne faut pas attendre que ça aille mieux pour le faire. C'est maintenant. Parce que moi, si j'avais attendu de mettre les financements publics, la fin de l'épidémie Covid, il n'y aurait pas la moitié des gens qui seraient dans cette salle. Donc quand c'est dur, on doit se relancer, prendre un peu plus de risques. On a en plus les bons mécanismes. Donc c'est ici et maintenant. 

Fonds TIBI2, je compte sur vous ! En mai, il y a une réunion, j'inviterai ceux qui n'ont pas mis d'argent. Donc vous l'avez compris, je compte sur vous. Je sais que certains sont déjà engagés. Généralement, c'est ceux qui sont venus aujourd'hui. Je sais qu'il y en a beaucoup qui n'ont pas pu venir en disant : « on est en vacances, etc. » C'est en fait ceux qui étaient en train de se carapater. Donc on a les noms, ça tombe bien. Comptez sur moi avec l'ensemble des membres du Gouvernement, on va aller chercher tout le monde. Mais on a besoin là maintenant de renforcer notre effort en termes de financement et surtout, on va continuer avec tous les investisseurs de la place, mais ça a été très bien dit tout à l'heure, à continuer d'ajuster nos instruments, les piloter parce qu'on a la chance d'avoir des acteurs publics très présents. 
C'est une chance française, mais ils ne peuvent pas prendre cette part de marché. La vocation de nos instruments publics s'est progressivement réduite parce qu'on aura de plus en plus d'investisseurs privés. Et je le dis devant des business angels, des fonds d'investissement de toutes catégories qui sont là depuis bien longtemps et depuis beaucoup plus de 10 ans et qui ont fait un boulot formidable. Donc on sera là pour vous aider dans cette phase difficile. On compte sur vous mais il faut redoubler d'efforts. 

Ensuite, je finirai là-dessus. On a la question des talents, ça a été très bien dit. Je partage ce qui a été dit. Les financements, il faut quand même les consolider maintenant. Mais la vraie bataille, le cœur de la bataille, ce sont les talents. Alors on a une force. C'est quand même cet écosystème. Je crois qu'on a une deuxième force, c'est qu'on est plutôt inventifs et plus que la moyenne. Attractifs parce que justement, on a ces écosystèmes et vous l'avez tous très bien dit, on a mis les bons dispositifs de simplification. Il faut continuer de les consolider. Mais les talents attirent les talents et on est plutôt moins chers que la concurrence internationale. En tout cas, quand on se compare aux États-Unis d'Amérique ou à d'autres, on est moins cher. On ne le dit pas assez. Donc on peut même relocaliser des forces qui ont ce problème-là dans d'autres géographies. Moi, j'y crois beaucoup. Alors on doit malgré tout, dans cette phase-là avec France 2030, accélérer le financement de nouvelles places ouvertes en 2023 dans des segments clés où on voit qu'on a besoin de beaucoup plus de talents : cyber, biothérapie, etc. Ce qui passe par de l'information et de la promotion : un sourcing de nos écoles d'ingénieurs, universités et programmes de recherche conjoints, et évidemment la multiplication des programmes pour donner des opportunités dans l’écosystème. 

Il faut aussi diversifier les profils, vous avez très bien dit tout à l’heure, on un French Tech Tremplin qui a déjà permis d’accompagner plus de 1 000 entrepreneurs et je veux saluer tous celles et ceux qui en viennent, qui sont là ce soir et qui l’ont porté et il faut continuer d’aller plus loin en allant en effet sourcer à la recherche et structurer ces partenariats. On s'est beaucoup amélioré ces dernières années, mais il faut qu'on accélère et qu'on intensifie. Vous l'avez parfaitement décrit cela. Alors, je pense que nos grands campus vont permettre de le faire, mais il faut qu'on redouble d'efforts pour, là aussi, bâtir les bons programmes. Et puis, quand je parle de talent, il y a deux sujets clés pour moi qu'il ne faut pas oublier et qui, dans cette période, sont décisifs. 

Le sujet de la parité parce que quand on parle d'innovation, je ne vois pas comment on peut faire de la bonne innovation si on n'est pas paritaire et qu'on se prive de la capacité à innover de la moitié de l'humanité. Et on n'est pas super bons aujourd'hui dans l'écosystème, même si c'est toujours très bien fait quand il y a un panel avec le Président de la République parce que c'est paritaire comme vous le voyez, mais j'ai peur que vous soyez un peu la face émergée, mais vous ne représentez pas totalement la réalité de l'iceberg. Donc, il faut être lucide. 

On doit beaucoup plus féminiser. Alors, il y a les associations comme SISTA qui font un boulot formidable, le Pacte Parité pour l'écosystème French Tech lancé en mai 2022. Et donc, il faut faire vivre toutes ces initiatives. Je sais combien présidentes, ministres, y tiennent. Moi aussi. Donc là, il faut continuer à avancer parce que ce sont des viviers de talents extraordinaires et qu'on a aussi pris des dispositions qui ont été beaucoup poussées par certaines et certains d'entre vous. Le Parental Act est beaucoup de choses qui permettent justement cette vision paritaire de l'organisation qu'on a du travail, de l'innovation. Il faut continuer de le faire vivre. Donc moi, j'y crois comme vous. Simplement, il faut que ça devienne beaucoup plus une réalité. Et puis, je pense qu'il faut qu'on aille au bout de cette logique de notre écosystème French Tech qui est aussi de lui permettre d'être beaucoup plus présent dans la promotion et l'ascenseur social. 
Je pense que l'écosystème a un rôle clé à jouer. Il a commencé à le faire, mais ce n'est pas vrai partout et on est dans une phase un peu d’entre deux aujourd'hui. Mais il n'y a aucune fatalité et les secteurs que vous représentez, les métiers que vous représentez, permettent ou de prendre l'escalier ou de prendre l'escalator, l'ascenseur ou que sais-je. Mais là aussi, il faut le dire, il y a beaucoup de déterminés dans cet écosystème. Il faut y aller. Et je pense que ce qui est clé, c'est que les jeunes qui sont dans nos quartiers les plus en difficulté dans le monde périurbain, il ne faut pas leur dire : « on a fait un super métier pour toi, ça va être les métiers de l'hygiène qui sont des métiers très importants qu'on est en train de revaloriser, dont on a besoin. Mais la French Tech oublie ». Dire non à une responsabilité collective, c'est de l'assignation à résidence, ça ne vous ressemble pas et ça ne vous va pas au teint. Ça ne vous va pas. Et donc, il faut qu'on redouble d'efforts pour qu'on aille chercher les jeunes, où qu'ils soient, d'où qu'ils viennent et qui permettent de ressembler pleinement à la société qui est la nôtre. Et donc, je pense que cette capacité à bâtir des parcours républicains à travers notre innovation technologique d'usage social est absolument fondamentale et qu'elle va nous permettre de réussir cette bataille des talents qui est un de nos défis. 

Et donc ça, je compte sur vous énormément pour aussi réussir cette transition. Pour moi, c'est là aussi la vraie innovation. Et on a besoin, en termes d'organisation et au niveau humain de redéployer d’efforts pour, face à ce défi des compétences, trouver l’innovation organisationnelle avec notre système éducatif pour aller former et chercher les talents dont on a besoin, et trouver aussi de l’innovation organisationnelle et sociale pour aller les chercher partout dans la société et qu'on ait vraiment un écosystème qui ressemble à la Nation française, c'est-à-dire qui est ouvert, audacieux et qui croit dans l'avenir. 

Et je finirai, en vous disant que, parce que depuis dix ans, je vous fréquente étroitement et assidûment. D'abord, je suis très fier de vous parce que je suis impressionné de la trajectoire qui a été la vôtre depuis dix ans, individuellement et collectivement. Et vous avez contribué à transformer le pays pour vos entreprises, parfois dans des géographies difficiles, malgré les guerres ou autres ; vous avez changé la vie de nos compatriotes, soit pour se déplacer, soit pour se soigner, soit pour se chauffer, soit pour habiter. Vous êtes en train de complètement changer notre organisation collective en faisant croiser des secteurs qui ne se parlaient pas, en effet, l'agriculture et le spatial, l'observation et le climat, etc. Et vous ne lâchez rien. Et moi, c'est mon seul mot d'ordre : il ne faut rien lâcher. 

Et donc la période qu'on traverse, elle est plus dure, elle est plus dure qu'il y a un an, deux ans, trois ans, c'est clair. Mais quand vous vous retournez sur dix années, il y a eu des moments durs pour chacune et chacun d'entre vous. Là, c'est un moment plus dur collectivement. Et donc c'est à nous de le relever. Mais il y a une chose qui fait que vous êtes, toutes et tous, là, et je le crois profondément, une composante très importante de la Nation française et de la République. C'est une foi dans le progrès. Le progrès scientifique, mais aussi le fait que ça ira mieux demain, pas parce qu'on y croit bêtement, béatement, mais parce qu'on a décidé de s'engager sur la base de choix d'une volonté et d'engager les autres. C'est ça l'Histoire de notre pays et de la République. Et vous la portez aussi et vous avez votre part de responsabilité dans cela. 

Et donc, à un moment où il y a peut-être une tendance à beaucoup regarder tout ce qui va mal et je ne dis pas que tout va bien, je ne l'ai jamais dit, même trop regarder que ce qui va mal et au fond, à vouloir que la nation se recroqueville sur elle-même, on ne regardant pas les évolutions qu'elle doit prendre, votre responsabilité, partout où vous êtes, c'est de prendre ces défis, de les relever et de réussir. 
Les réussir, ça veut dire parfois survivre, ça veut dire sortir plus fort des crises, mais ça veut dire que le collectif humain que vous représentez, que vous soyez investisseurs, entrepreneuses, entrepreneurs, collaboratrices, collaborateurs, que vous soyez du secteur privé ou du secteur public ou dans l'association, est un collectif humain qui en sort plus fort. 

Et vous savez quoi ? C'est exactement ce qu'on va faire en tant que Nation et République dans les mois et dans les années qui viennent. Parce que je vous le dis avec beaucoup de fierté, on ne lâchera rien et il n'y a aucune chance que les esprits chagrins, ceux qui veulent regarder le passé, se dire que la France devrait être un pays à l'arrêt ne gagnent un centimètre. 

On va y arriver, on en sortira plus forts et la France sera un pays plus beau et plus grand tout simplement parce qu'il est fait de femmes et d'hommes qui croient dans l'égalité de destin et qui croient dans notre avenir commun. 

Vive la République et vive la France ! À vous de jouer ! Merci beaucoup.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers