Une étoile s’est éteinte. Mylène Demongeot, qui prit tant de visages, qui porta tant de costumes et de noms, qui fut tour à tour Elsa, Milady, Hélène ou Laurette, aura cheminé avec talent aux côtés de plusieurs générations de cinéastes et de publics, en soixante-dix ans d’une carrière scandée par tout autant de longs-métrages. 

Elle vit le jour en 1935 sur la Côte-d’Azur, à Nice, à quelques pas, déjà, des marches rouges de Cannes. Son père, un franco-italien d’ascendance noble, lui légua ce port aristocratique qui faisait sa grâce, quand sa mère, descendante de paysans Russes blancs ukrainiens, transmit à sa fille, qu’elle éleva à la dure, son indépendance farouche, elle qui avait fui l’Holodomor pour manger à sa faim et conquérir sa liberté.

Mais c’est à Paris, où sa famille emménagea lorsqu’elle avait 13 ans, qu’en Marie-Hélène, son prénom de naissance, commence à éclore Mylène : sa prestance, qui lui vaudra des médias étrangers le surnom de « de Gaulle féminine », tapa dans l’œil d’un directeur d’agence qui lui ouvrit les « unes » des magazines, lesquelles garnirent son book et lui frayèrent la voie de ses premiers castings.

En parallèle, Mylène se forma à bonne école : au prestigieux Cours Simon, elle avait pour camarades de jeu Jean-Pierre Cassel, Claude Berri ou Guy Bedos. Aux coups d’essai succédèrent très vite les coups de maître : en 1957, tout juste âgée de 21 ans, elle donna la réplique à Yves Montand et Simone Signoret dans Les Sorcières de Salem de Raymond Rouleau. La magie opéra, et la voilà déjà vedette.

Sa carrière prit ensuite son envol international. L’Américain Otto Preminger adapta en 1958 Bonjour Tristesse de Sagan, où Demongeot s’illustre aux côtés de Jean Seberg et David Niven. Les néo-réalistes transalpins contribuèrent aussi à son ascension : elle tourna pour Pasolini et Risi, dans les Garçons en 1959, puis l’Inassouvie en 1960. 

Mylène Demongeot marqua tout à la fois l’histoire du cinéma et les imaginaires populaires. En 1961, elle fut l’inoubliable Milady de Winter des Trois Mousquetaires de Bernard Borderie. Champion de la rediffusion à la télévision, à l’heure où celle-ci se démocratisait dans les foyers, le film devint celui de toute une génération. Puis, tout au long des années 1960, elle creva l’écran dans la saga Fantômas, se glissant avec la grâce d’une muse entre deux monstres sacrés, Louis de Funès, en commissaire Juve, et Jean Marais, en journaliste Fandor dont elle incarne l’intrépide photographe et la fiancée. 

En 1968, Mylène Demongeot épousa l’amour de sa vie, Marc Simenon, le fils de Georges, qu’elle avait rencontré deux ans plus tôt. Ensemble, ils devinrent producteurs, depuis leur port d’attache de Porquerolles, qui fut aussi une véritable arche de Noé, car tout comme Brigitte Bardot, son illustre voisine à qui on la comparait souvent, Mylène Demongeot défendit sa vie durant la cause animale.

Les années 2000 la virent renouer avec ses publics, dans des triomphes du cinéma populaire comme dans des succès du film d’auteur. Dans la trilogie Camping, portée par Frank Dubosc, elle jouait en tandem avec son ami Claude Brasseur. Son rôle dans 36 quai des Orfèvres d’Olivier Marchal et, deux ans plus tard, dans La Californie de Jacques Fieschi, aux côtés de Nathalie Baye, lui valurent ses deux nominations aux César, qui prouvaient que le temps n’avait fait que vivifier son talent.

Le Président de la République et son épouse saluent le parcours d’une grande figure du septième art français, qui sut briller dans tous ses genres pour émouvoir tous les Français. Ils adressent à sa famille, ses proches et tous ses admirateurs leurs condoléances attristées. 

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers