L’ancien résistant, médecin, député et ministre Bernard Pons s’est éteint aujourd’hui. Il était l’une des grandes figures de la droite républicaine, l’un des plus proches soutiens de Georges Pompidou et de Jacques Chirac.
    
S’il avait été élevé dans le respect de l’école par un père professeur et proviseur de lycée à Béziers, Marseille et Cahors, Bernard Pons n’hésita pas à sacrifier les chemins éducatifs traditionnels pour l’école de la liberté. En mars 1944, lorsque ses frères aînés prirent le maquis avec les francs-tireurs de Lauzès pour échapper au STO, Bernard Pons n’avait que 17 ans : sans hésiter, il abandonna la préparation du baccalauréat pour les suivre et défendre la France.

Après un an de combats clandestins, la Libération lui permit de reprendre des études de médecine à Montpellier. Son implication dans les associations étudiantes et son rôle de vice-président de l’UNEF montrait déjà des capacités d’organisation et de rassemblement. Mais il préféra d’abord le bâton d’Asclépios aux faisceaux républicains, exerçant durant quinze ans le métier de médecin de campagne. 
    
Un dîner amical fit bifurquer sa vie vers une tout autre manière de servir ses concitoyens. Parmi les convives figurait le Premier ministre Georges Pompidou, qui sut déceler en ce médecin dévoué l’étoffe d’un député. Les urnes lui donnèrent raison, et Bernard Pons fut élu député de la deuxième circonscription du Lot, puis conseiller général du canton de Cajarc. Ces années passées à prendre le pouls de son département, à ausculter les difficultés humaines et sociales de ses concitoyens, nourrirent profondément son engagement politique, et notamment son combat pour la légalisation de l’avortement. Ce premier mandat inaugurait une carrière d’élu quasi ininterrompue jusqu’en 2008, au cours de laquelle il fut ensuite député de l’Essonne, puis député et conseiller de Paris, sachant défendre les intérêts de ses circonscriptions d’adoption avec autant de cœur qu’il en mettait à représenter son Lot originaire.

Sa carrière politique fut aussi marquée par trois portefeuilles ministériels. Nommé Secrétaire d’État à l’Agriculture en 1979, il prouva l’acuité d’un regard développé par trente ans de vie au contact du monde rural. Puis, lorsque Jacques Chirac devint Premier ministre en 1986, il lui confia le ministère des Départements et Territoires d’Outre-Mer, les deux hommes ayant noué de solides liens de confiance au cours de l’aventure de la fondation du RPR. Durant deux ans, Bernard Pons mit tout en œuvre pour valoriser l’attractivité économique de ces territoires et y resta très attaché toute sa vie. Celui qui avait construit des liens et des réseaux durant si longtemps au sens figuré devint en 1995 un bâtisseur de ponts et de routes au sens propre. Ministre de l’Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme dans le gouvernement Juppé, il remodela la carte routière française, et participa au lancement du viaduc de Millau.

« Aucun combat n'est jamais perdu » : le titre de ses mémoires est, à l’image de sa vie, un compendium d’énergie morale et politique. Le Président de la République salue un serviteur de la France et des Français aux multiples vies, toutes tournées vers le bien public. Il adresse à ses proches et aux membres de sa famille politique ses condoléances sincères. 

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