Une figure tutélaire de la recherche médicale nous a quittés. Par son travail de recherche, de vulgarisation et de réflexion, le généticien et hématologue Axel Kahn fut sa vie durant aux avant-postes du progrès scientifique et des réflexions éthiques. 

Né en 1944 d’un père philosophe, communiste et résistant, le jeune Axel Kahn semblait avoir reçu en héritage ce goût des autres et cette passion de l’engagement qui le poussèrent vers les bancs de la faculté de médecine. 

Au gré des responsabilités qu’il exerça, comme médecin hématologue, chercheur en génétique moléculaire ou directeur de recherches à l’Inserm, Axel Kahn utilisa les outils du génie génétique pour comprendre les anomalies responsables des maladies du sang, et développer le potentiel des thérapies géniques.

Durant sa longue carrière, qui le conduisit à la présidence des plus prestigieux instituts et organismes de recherche – l’Institut Cochin, l’université Paris-Descartes, et de la Ligue nationale contre le cancer – il fit également progresser à pas de géants la lutte contre le cancer.

Mais ce « mandarin » de la recherche, comme il se qualifiait lui-même, qui savait déchiffrer les plus obscurs idéogrammes du génome humain et contribua à un demi-millier d’articles médicaux de pointe, était aussi un vulgarisateur génial, habité par la conviction profonde que la recherche n’est utile et durable que si l’on prend la peine de la transmettre et de la faire comprendre.

À travers son œuvre, la visée pédagogique se mêlait intimement à la quête philosophique. « Et le bien dans tout ça ? »  Bien plus que le titre de son dernier essai, cette question était le leitmotiv de son existence. Il y chercha inlassablement des réponses, en s’engageant au Parti communiste puis au Parti socialiste, en confrontant ses vues avec celles de ses contemporains : au sein du Comité consultatif national d’éthique, de la Ligue nationale contre le cancer, ou du Comité consultatif commun d’éthique de l’INRA, ses prises de position contre l’eugénisme et le clonage thérapeutique, contre le suicide assisté, pour l’assouplissement des règles de la recherche, ou encore pour la PMA, contribuèrent à nourrir le débat public. 

Il s’était efforcé jour après jour, humblement, d’être « quelqu’un de bien » : son excellence scientifique, sa rigueur morale, sa sérénité et sa dignité alors qu’il se savait condamné par la maladie, montrent combien il avait atteint, même allègrement dépassé, ce but à la fois si simple et si difficile qu’il s’était fixé.

Le Président de la République et son épouse adressent à sa famille, ses amis et ses collègues leurs plus sincères condoléances. Ils savent que le flambeau de l’engagement sera fidèlement relevé par toux ceux auxquels il a transmis sa passion, déjà prêts à tracer leur chemin dans son sillon de générosité et de droiture.
 

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