L’artiste de bande dessinée Jean Graton, créateur du héros Michel Vaillant, nous a quittés hier à l’âge de 97 ans. Dessinateur emblématique de l’âge d’or de la BD franco-belge, il avait créé un univers vrombissant, fait de vitesse et de défis, insufflant la passion des courses automobiles à plusieurs générations d’enfants. 

Jean Graton avait de qui tenir : c’est son père, sans aucun doute, qui fut sa muse la plus prodigue. Dirigeant d’un club de moto nantais et organisateur de courses régionales, il transmit à son fils la passion du sport automobile, l’emmenant assister, à 14 ans, à ses premières 24 heures du Mans.  

Puis la guerre éclate et les jeunes années de Jean s’assombrissent. Lorsque son père est fait prisonnier en Allemagne, il est livré à lui-même et entre alors au chantier naval de Nantes comme ouvrier. Ce travail pour lequel il n’a aucun goût forge en lui plus qu’une volonté, une exigence : faire un métier de passion. 

Ses passions justement, ses rêves, il leur donne forme et mouvement sur des cahiers. À 8 ans déjà, il dessine son père réparant sa moto. Au fil des âges traversés, des pages griffonnées, son trait s’affine, ses mines s’affûtent. Bientôt, il se prend à imaginer son avenir dans la bande dessinée. Pour se donner toutes les chances de réussir, il part à l’assaut de la capitale mondiale du 9e art, Bruxelles. De dessins publicitaires en illustrations d’hebdomadaire, il affirme son style et se fraye un chemin jusqu’à l’agence World’s Press, un vivier d’esprits créatifs et de mains agiles. 

Dans le journal Tintin, Jean Graton signe ses premières planches qui, déjà, font la part belle aux courses automobiles. Poursuivant sur cette voie, il invente un héros pilote qui va devenir un mythe, Michel Vaillant. Après l’esquisse des premières aventures, qui se déclinent en quatre pages, le premier album paraît en 1959. Au cours des décennies suivantes, les exploits de Michel Vaillant se transforment en une véritable saga automobile, 70 tomes qui ont fait voyager ses lecteurs sur les plus grands circuits du globe. Chaque album est une histoire de courage et d’audace, de problèmes qu’il faut résoudre et d’adversité qu’il faut surmonter, de risques que l’on prend et de records que l’on bat. Croquées avec génie par un trait de crayon qui savait donner le sentiment de la vitesse et du mouvement, ces aventures se sont écoulées à 25 millions d’exemplaires à travers le monde. Elles ont inspiré deux séries télévisées et un film sur grand écran, ont fait rêver des milliers d’enfants comme de plus grands, et fait naître bien des vocations, comme celle d’Alain Prost.  

Après avoir imaginé d’autres récits (Les Labourdet, Julie Wood) et créé sa propre maison d’édition, Jean Graton transmit sa plume à son fils qui devint, à partir des années 90, le scénariste de sa série phare, puis confia ses crayons à d’autres dessinateurs, si bien que la série qui était surgie en trombe de son esprit lui survit aujourd’hui. 

Aux proches de Jean Graton comme aux inconditionnels de Michel Vaillant, le Président de la République adresse ses plus sincères condoléances. 
 

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