Près de soixante ans après la fin du conflit franco-algérien, la France rend hommage aux Harkis qui ont combattu à ses côtés.
Si nombre d’entre eux avec le temps disparaissent, le terme, lui, ne s’éteint pas et échoit aux générations suivantes, comme si ce mot de « harki » qui n’était à l’origine qu’un statut administratif et militaire devenait une identité que l’on porte, que l’on transmet et que l’on hérite. C’est que ce statut est solidaire d’une histoire douloureuse, marquée par la guerre, la déchirure intestine d’un peuple, l’arrachement à une terre, l’exil et la relégation. La tragédie des harkis ne prit pas fin avec la guerre d’Algérie : ils furent persécutés et tués au sud de la Méditerranée, reclus et discriminés au nord ; leurs familles vivent ces blessures dans leur chair.
Ces parcours personnels, ces histoires familiales sont aujourd’hui pleinement intégrés à la mémoire de la République, qui leur dédie tous les ans une journée nationale d’hommage. En ce 25 septembre, la France honore la valeur de ceux qui se sont battus pour elle. Elle reconnaît la souffrance de ceux qui ont payé cet engagement de leur sang, parfois de leur vie, par dizaines de milliers. Elle reconnaît l’angoisse et les difficultés de ceux qui se sont réfugiés en France pour échapper à la mort, leur peine de n’y avoir pas trouvé un accueil à la hauteur de leur sacrifice, et les préjudices qu’ils ont subis en n’ayant pas eu les mêmes chances de réussite que les autres citoyens de la République française.
La France, depuis de nombreuses années, a porté assistance aux harkis, par plusieurs dispositifs successifs. L’an dernier, de nouvelles mesures ont été prises pour eux, mais aussi pour leurs enfants qui ont séjourné dans des camps ou des hameaux de forestage, et qui ont besoin de la solidarité de la nation dans le domaine de la santé, du logement, de la formation ou de l'insertion professionnelle. Depuis la mise en place de ce fonds de solidarité, plus de 1 100 personnes ont ainsi pu bénéficier d’aides d’un montant moyen de 6 000 euros pour réaliser des projets très concrets comme l’ouverture d’un commerce ou l’aménagement d’un logement. Et le décret du 4 mai 2020, qui a élargi les possibilités de recours à ce fonds, va permettre d’aider plus de demandeurs.
Quant aux lieux de leur histoire, Rivesaltes, Ongles, Bourg-Lastic, Saint-Maurice-l’Ardoise, Bias, ils doivent devenir les lieux de notre mémoire. Grâce au travail mené de concert par les pouvoirs publics et les associations, nous inscrivons sur des stèles de pierre les drames et les deuils de leurs vies, leurs larmes et leurs luttes. Grâce au travail de nos enseignants, aux témoignages dans les classes, à une exposition qui a sillonné la France, la République française transmet aussi cette mémoire auprès de toutes les générations et sur tout notre territoire. Car la connaissance est, plus que jamais, le levier de notre résilience et de notre démocratie. C’est pourquoi la France, aujourd’hui, honore les harkis qui l’ont servie avec fidélité : elle s’incline devant leurs sacrifices et leurs souffrances, comme devant leur courage et leurs combats.
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