Il y a 76 ans, venus des rivages d’Afrique, 350 000 hommes débarquaient sur les plages du Var pour prendre en tenaille l’ennemi nazi.

Pour la troisième année consécutive, le Président Emmanuel Macron célèbre l'anniversaire de la Libération de Bormes-les-Mimosas. (Ré)écoutez son discours :

N’oublions jamais tous les héros venus combattre d’Afrique, avec l’appui décisif de la Résistance et des Alliés, pour que le vent de la liberté souffle à nouveau sur ces terres du Sud et sur la France tout entière :
 


Pour aider les Maires dans leur démarche et leur réflexion, le Ministère des Armées propose ce livret :

100 fiches biographiques de combattants africains (.pdf)

26 avril 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Cérémonie du 76ème anniversaire de la libération de la ville de Bormes-les-Mimosas

Monsieur le maire, merci pour vos mots, merci pour votre accueil. Et je dois dire que je souscris à tout, à tout. 
Monsieur le maire de Bormes-les-Mimosas, 
Madame la maire, 
Madame le maire, 
Monsieur le sénateur, 
Monsieur le Ministre, 
Mesdames Messieurs les élus, 
Amiral,
Monsieur le préfet, merci pour ces quatre années presque jour pour jour ici dans le Var à servir la République et représenter le Gouvernement, bonne route.
Mesdames Messieurs les élus, porte-drapeaux, anciens combattants, merci.
Mesdames Messieurs, Borméennes, Borméens, 
Chers amis, 

Je suis heureux une fois encore d’être parmi vous pour cette troisième année consécutive afin de fêter ce 76ème anniversaire de la libération de votre commune. Et je sais votre attachement Monsieur le maire, l’attachement de toute votre commune, des associations que vous avez citées, et j’y reviendrai, mais aussi de l’ensemble des citoyens et de toutes celles et ceux ici présents d’entretenir le souvenir de ces heures tout à la fois épiques et tragiques de notre histoire qui ont façonné la nation et qui nous ont fait tels que nous sommes aujourd’hui, une nation vivante qui continue d’avancer. Et vous avez eu raison de le rappeler, Monsieur le maire, notre histoire est un bloc. 

On en apprend toujours, nos historiens continuent le travail, continuent de révéler la vérité, de mieux comprendre, l’historiographie poursuit son chemin. Mais ne cherchons pas à déboulonner des statues ou à effacer des noms, ce n’est pas ça la nation française. Ce n’est pas davantage cela la République qui consisterait à lire notre passé avec les yeux d’aujourd’hui, à confondre les combats. Il y a sans doute des héros oubliés et il y en a eu dans ce débarquement de Provence, mais il n’y a pas une histoire à revoir. 

Votre commune, Monsieur le maire, participe activement à l’effort de mémoire de la région et de cette époque et je tiens à saluer l’engagement de vos concitoyens qui, dans les associations, entretiennent la flamme du souvenir et passent le témoin aux générations nouvelles. Et c’était tout particulièrement le cas d’Yves THOMAS qui nous a quitté en juin. Cet ancien fusilier marin qui officiait depuis des années en maître de cérémonie des commémorations patriotiques en sa qualité de président de l’association varoise des anciens combattants et médaillés de Borme et du Lavandou. Il aurait scandé cette cérémonie comme toutes les autres et nous avons aujourd’hui une pensée pour lui. 

Je veux aussi rendre hommage à l'association Mémoire Bormes 1944, à son président, à l’ensemble de ses membres qui nous a présenté tout à l’heure avec une fierté légitime tout le travail fait et l’une des nouvelles pièces, le tank destroyer M10 arrivé à Bormes il y a tout juste quelques jours. Et je suis heureux grâce au travail des services du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur que nous ayons pu concrétiser ce rêve et tenir les engagements pris auprès de vous l’année dernière. En confiant à l'association et à la ville cette pièce très rare de son patrimoine, l'Etat vous témoigne une belle marque d'estime et de considération. Je sais en effet avec quelle passion, avec quel souci de l'histoire vous saurez remettre en état ce char pour que nous puissions continuer à toucher des yeux et même du doigt ces armes par lesquelles nous nous sommes libérés et, à travers elles, cette page de notre passé. 

Il y a 76 ans, près de 350 000 hommes débarquaient sur une vingtaine de plages du Var pour ouvrir ce second front après le débarquement de Normandie qui allait prendre en tenaille l'occupant nazi. Un nouveau vent d'espoir s'était engouffré en France, qui se transforma bientôt en grande bourrasque victorieuse et libératrice car ces héros venus des rivages d'Afrique prirent tous les risques, consentirent tous les sacrifices. Plusieurs milliers d'entre eux perdirent la vie pour délivrer du joug nazi ces terres du Sud, les rues de votre commune, la France tout entière. Nombre de ces jeunes gens, même s'ils étaient Français, n'avaient jamais foulé le sol de la France hexagonale. Menés par des chefs d'exception, PATCH, DE LATTRE DE TASSIGNY, MONSABERT, ces héros qui s'appelaient DE LEUSSE, KOLI, BEL HADJ ou encore SERVAN- SCHREIBER, tous ces héros sont aussi des noms à retrouver, à revigorer dans toutes nos communes. Ils font l'unité de la Nation, celle que le Général a voulu consacrer lorsqu'il a tenu à récompenser, venant de toute la France qui se libérait elle-même, tous les noms, toutes les couleurs de peau, tous les héros venus d'au-delà des mers, et en particulier d'Afrique. 

Parmi eux, il y avait Robert CHIAZZO, Borméen, parachutiste dans les commandos d'Afrique, l'un des artisans de la libération de sa commune, de votre commune. Vous l'avez rappelé, Monsieur le Maire, il nous a quittés en janvier dernier. Je veux aujourd'hui lui rendre hommage, lui qui, comme tous ses frères d'armes, consentit à suspendre le cours de sa vie pour infléchir le cours de l'histoire. Monsieur PATCH, il vous en reste beaucoup sur les épaules, vous qui, aujourd'hui, portez la mémoire et les noms de tous vos compagnons, de tous les commandos. Mais je vous sais conscient de cette gravité, de ce rôle, et en même temps porteur de ce goût de la vie que j'ai bonheur à retrouver chaque année. 

Tous ces hommes furent les figures de proue de ce second débarquement, qui n'avait pourtant rien de secondaire, comme le rappelait le général EISENHOWER dans ses mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale, car ce second débarquement fut couronné d'un triple succès. 

Un succès militaire d'abord car l'objectif fixé fut atteint au-delà des espérances. Les villes du Sud-Est furent libérées avec un mois d'avance sur un calendrier pourtant ambitieux, et ces troupes courageuses remontèrent toute la France jusqu'à livrer de terribles combats dans l'Ouest du pays. 
Succès stratégique car cette reconquête décisive permettait aux alliés de bénéficier des ports en eaux profondes et d'organiser ainsi les ravitaillements nécessaires à la poursuite des opérations. 
Et succès politique, vous l'avez rappelé en creux, Monsieur le Maire, succès politique, car oui, ce débarquement est un débarquement français. Succès politique car la France s’assurait alors une place parmi les vainqueurs, grâce à ce débarquement où la grande majorité des soldats combattaient sous ses coups, c’est la France, à ce moment-là qui se libère grâce aux combattants des deux rives de la Méditerranée, grâce à tant de ces soldats venus d’Afrique pour libérer la France. 

« La ferveur et l'audace », pour reprendre les mots du général DE LATTRE, c’est ce qu’ils avaient. La ferveur et l’audace, jamais les hommes du capitaine DUCOURNAU, à la tête du premier commando d’Afrique n’en manquèrent. Jamais. Ils en eurent tant la nuit du 14-15 août 1944 lorsqu’ils escaladèrent le Cap Nègre pour partir à l’assaut de la liberté. 

La ferveur et l’audace, jamais les réfractaires au STO n’en manquaient. Eux qui vint grossir les rangs des maquisards du Var, qui se cachèrent parmi les sapeurs forestiers du lieutenant BOUDOURESQUE. Ils avaient fui, tous et toutes. Un destin qui n'était pas le leur pour prendre part à une destinée qui les dépassait en tant qu'individu. Celle de la Résistance. Celle de la France. Cachés dans la forêt un peu au dessus de Bormes ou dans le massif des Maures, leur appui fut décisif lors du Débarquement. Ils avaient rarement plus de 20 ans. Et ils nous ont rappelé une fois encore qu'on pouvait être encore à peine adolescent et déjà être un héros. 

La ferveur et l'audace. Jamais elles n'en manquèrent. Toutes ces femmes qui, par leurs manifestations dans plusieurs communes varoises, préparèrent l'insurrection nationale, elles qui, par milliers, défilaient devant les mairies, la préfecture, les centres locaux du ravitaillement général à Marseille, Toulon, Istres, n'hésitant pas à scander des slogans qui s'attaquaient ouvertement au régime de PÉTAIN. 

Pourtant, le courage de ces femmes et de ces hommes, leur engagement, leur résolution n'aurait pu aboutir à la victoire finale sans la solidarité et la fraternité qui unirent leur refus de l'oppression, leur soif de liberté. Les manifestants seuls n'auraient rien réussi. Les maquisards seuls n'auraient pas gagné, les commandos d'Afrique seuls sans doute non plus. Mais comme par une évidence, ce sont toutes ces forces, alors qui se sont unies, rassemblées, que seraient devenus les 300 otages faits par les Allemands le 16 au soir et conduits vers Bormes si les commandos d'Afrique n'avaient pas mis hors de combat neuf Allemands dans une embuscade. Si les Américains n'étaient pas arrivés à ce moment-là, nos alliés qui ont encore une fois là aussi, joué un rôle capital. Si les sapeurs forestiers ne les avaient pas guidés jusqu'à Bormes. Jamais la Provence, jamais la France n'aurait pu secouer ses chaînes aussi rapidement, aussi énergiquement, si un seul de ces acteurs discrets mais ô combien décisifs, avaient manqué. 

Alors oui, à l'heure où notre pays, comme beaucoup d'autres, traverse une crise inédite et la crise sanitaire exige que nous nous protégions tous mutuellement, que nous soyons chacun responsable de tous, après ces mois qui nous ont rappelé à quel point nous étions tous dépendants les uns des autres, tous liés par un destin collectif. Cet épisode de notre histoire nous enseigne lui aussi que la solidarité s'écrit parfois en lettres minuscules à partir d'hommes et de femmes reliés par les fils, que tissent entre eux une communauté d'histoire, une communauté de valeurs, une communauté de projets. 

Par ces liens invisibles que décrit Albert Camus dans Combat, le 25 août 1944, cette fois ci à propos de la libération de Paris, lorsqu'il écrit : nous reconnaissons avec étonnement dans cette nuit bouleversante que pendant 4 ans, nous n'avons jamais été seuls, nous avons vécu les années de la fraternité. 

Vous l'avez dit, Monsieur le maire, et à travers vous, je veux remercier l'ensemble des maires de France, l'ensemble de nos élus, nos soignants, nos forces de sécurité, nos pompiers, nos sauveteurs ici présents, toutes celles et ceux qui ont tressé durant ces mois passés et qui continuent de le faire aujourd'hui au quotidien, la solidarité de la nation pour protéger les plus faibles. C'est par cette unité, cette capacité d'agir ensemble, de donner de son temps mais de savoir que chacun à sa place joue un rôle décisif que nous pouvons l'emporter. C'est ce que le pays pendant les mois passés a su relever. Et c'est ce que nous aurons à continuer de relever dans les semaines et les mois qui viennent, devant la reprise de l'épidémie, face aux difficultés économiques, sociales, face aux crises internationales et que notre pays aura immanquablement à affronter. Et il n'y a pas, je crois, de plus bel hommage aux soldats d'août 1944, que cette fête qui nous réunit chaque année, et que notre capacité à tenir vivant cet esprit de fraternité. Cette fraternité qui fut le ferment de la victoire, cette liberté que nous ont offerte les soldats et les civils, les Français et les étrangers, ceux qui rentraient de l'exil et ceux qui sortaient de l'ombre. 

Tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont participé à libérer notre pays, notre peuple de l'occupation nazie. Ils ont su alors que chacun avait un rôle pour le pays, que chacun avait une responsabilité à remplir et que notre destin n'est grand que lorsque chacun et chacune tient sa place, fait son devoir. 

Nous vivons dans une république magnifique, et je le dis à la jeune génération. Elle est généreuse, elle est protectrice et c'est l'acquis de tant et tant de décennies, elle donne beaucoup plus de droits que dans tant d'autres pays et nous l'oublions si souvent. Mais avant les droits, il y a les devoirs. Et la République ne tient, et nous n'avons aujourd'hui le luxe d'être ensemble malgré les difficultés du temps présent, que parce que ces femmes et ces hommes, chacune et chacun à leur place, ont fait leurs devoirs, sans compter pour la France. A nous, chacune et chacun où nous sommes de prendre notre part. C'est cela la République et rien d'autre. 

Vive la République et vive la France! 

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