Une mémoire de la Résistance s’en est allée. Georges Cukierman fut un jeune combattant de l’ombre qui prépara notre Libération et contribua au salut de la France.
Il était ensuite devenu une figure du Parti Communiste Français et un passeur de mémoire passionné. Il rejoint aujourd’hui le cortège glorieux de ceux qui ont « maintenu la France ».
Né en 1926 dans une famille juive parisienne, Georges Cukierman était un tout jeune adolescent lorsque la guerre éclata. Sa famille le conduisit alors dans la Creuse pour le mettre à l’abri, puis le jeune homme passa dans le Lot où il rejoignit la Jeunesse communiste clandestine le 1er mai 1942. Avec ses camarades, il entra aussitôt en Résistance. Il s’y voua corps et âme durant trois ans, au péril de sa vie. A la Libération, il n’avait toujours que 18 ans mais il était déjà un héros, l’un des représentants de cette jeunesse engagée, lucide et courageuse, qui lutta de toutes ses forces contre la collaboration et le nazisme. Après la guerre, il devint ingénieur en construction de bâtiment, mais il se consacra bientôt tout entier à son engagement communiste et à la transmission de la mémoire de la Résistance.
Comme militant politique, il fut le secrétaire de Frédéric Joliot-Curie, puis un proche collaborateur de Jacques Duclos, en particulier à Montreuil. Il aida Louis Bayeurte dans sa conquête de la mairie de Fontenay, épaula Fernande Valignat à la direction de la fédération communiste de Seine-Nord-Est, et collabora ensuite à la section de politique extérieure du PCF. Ceux qui l’ont côtoyé disent qu’il rassemblait tout ce que contient le beau mot de camarade : il était un soutien constant pour tous ses compagnons, un ami fidèle, mais aussi un empêcheur de penser en rond, qui aimait la confrontation d’idées.
Comme militant de la mémoire, il multiplia dès la fin des années 1970 les rencontres auprès de la jeunesse du Val-de-Marne, des écoliers de primaire aux étudiants du supérieur. Inlassablement, il racontait son histoire et expliquait les valeurs qui avaient guidé son action. Il continuait ainsi de faire vivre l’esprit de la Résistance, ravivant partout où il prenait la parole cette flamme qui ne doit pas s’éteindre.
Au tournant du siècle, il devint membre fondateur et président du Comité pour la Mémoire des Enfants Déportés parce que nés Juifs (CMEDJ), créé par son épouse Raymonde-Rebecca. Ensemble, ils ont témoigné devant des milliers d’élèves. L’un parlait de la Résistance, l’autre des enfants déportés. Deux facettes d’un même combat : celui de la tolérance, du souvenir et de la connaissance. Leurs paroles étaient de vibrants appels à une citoyenneté alerte, engagée, pacifiste. Car s’ils ont rencontré plus de 13000 élèves, c’est bien sûr, comme il le disait lui-même, « pour qu’on n’oublie pas », mais aussi « pour ne pas que ça recommence ». Il incombe désormais à tous ceux qui, un jour, ont recueilli ses paroles de les porter comme un flambeau pour éclairer les temps présents et à venir.
En tout état de cause, les valeurs d’humanisme, la fibre de l’engagement et du service de la communauté ont bien franchi les générations au sein de la famille Cukierman. Sa petite-fille, Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire et porte-parole nationale du PCF, en est un ardent exemple.
Le Président de la République exprime la gratitude de la nation à l’égard de ce héros qui a porté la flamme de la Résistance aux heures les plus sombres et qui l’a entretenue sa vie durant. Il adresse à son épouse, sa famille et tous ses camarades ses plus sincères condoléances.
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