Fait partie du dossier : Visite d’État en Chine

Dans le concert des Nations, c’est avec l’ensemble des membres de l’Union européenne que la France peut le mieux porter les projets communs. Cette voix unie de l’Union européenne est essentielle dans la relation avec la Chine.

Le voyage du Président Emmanuel Macron en Chine s’inscrit dans cette volonté avec une approche coordonnée entre États membres.

À ses côtés en Chine, Phil HOGAN, représentant de la Commission européenne et actuel commissaire à l’Agriculture, ainsi que Anja KARLICZEK, Ministre de l’Éducation et de la Recherche allemande.

Ensemble, ils ont échangé dès leur arrivée à Shanghai avec une délégation d’acteurs économiques français et allemands, sur les conditions d’accès au marché chinois.

(Ré)écoutez leurs échanges :

4 novembre 2019 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président Emmanuel Macron lors de la rencontre avec les acteurs économiques français et allemands en Chine

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames, Messieurs,

Monsieur le Commissaire, merci beaucoup d’être là. Je ne vais pas être long, au contraire. L’idée c’est d’avoir un échange avant la Foire de demain et je voulais vraiment remercier le Commissaire HOGAN et Madame la ministre d’être présents avec nous ce soir parce que je pense que c’était utile d’avoir peut-être un moment, je l’avais évoqué avec Jean LEMIERRE, de coordination européenne. Il y a des agendas nationaux qui existent, on a les uns et les autres des échanges avec nos partenaires chinois et la veille de cette deuxième édition de la Foire internationale il était important évidemment de pouvoir se croiser. Mais je pense que plus on joue en franco-allemand, et surtout en européen, plus on a de la crédibilité et des résultats. Et c’est au fond cette conviction avec laquelle je voulais commencer pour vous dire deux ou trois choses.

Ce n’est pas à vous que j’apprendrai que nous sommes dans un contexte international qui est de plus en plus bousculé, que les tensions commerciales sont aujourd’hui néfastes pour la croissance mondiale, qu’elles ont dans certains de vos secteurs un impact direct et qu’elles créent beaucoup de pression, y compris d’ailleurs en Chine. Et donc c’est l’occasion je crois pour le Président, pour l’ensemble aussi de la communauté d’affaires chinoise d’envoyer un message, si je puis dire d’apaisement, de pacification, d’ouverture sur ce plan-là. Et je crois très profondément qu’à ce moment-là la coopération sino-européenne revêt un atout tout particulier. Notre capacité à bâtir un agenda, à se donner ensemble de la visibilité est absolument décisive.

Moi je vois trois leviers pour la construire. Le premier sur le plan économique : on va signer à Pékin dans deux jours ce qu’on avait lancé en mars dernier avec le président JUNCKER et la Chancelière MERKEL à Paris, c’est-à-dire cet accord, justement les indications géographiques. C’est un accord qui était attendu depuis très longtemps, c’est une avancée dans le cadre de la relation qui est quelque chose de très important et qui est le résultat d’un jeu commun, d’une action commune. On doit poursuivre sur le plan économique à mon avis au moins sur deux choses ensemble, trois choses pardon : les partenariats concrets sectoriels qui existent déjà et que vous structurez mais à qui il faut donner de plus en plus de visibilité ; la finalisation de l’accord d’investissement qui est un point clé pour la discussion Union européenne - Chine et qui est à l’agenda économique de 2020 et qui a déjà, en particulier quand on regarde l’avance faite depuis 2017, donné lieu à beaucoup d’avantages ; et troisième point, poursuivre un agenda commun sur le plan multilatéral commercial, c’est-à-dire la réforme de l’OMC. Cela pour moi c’est le premier pilier de notre action sino-européenne : comment on stabilise, comment on pacifie l’économie mondiale ? Comment on continue l’ouverture entre nos économies ? Comment on arrive à créer un agenda commun ?

Il y a un deuxième sujet très important sur lequel il faut qu’on continue à travailler, c’est le sujet de la coopération technologique. C’est absolument fondamental, c’est au fond un tabou, c’est un sujet de peurs, c’est en train de devenir un sujet géopolitique. Cela ne doit pas être un sujet de tensions inutiles. On sait la sensibilité de certains sujets technologiques comme la 5G et il ne faut avoir ni stigmatisation ni naïveté. Mais on a besoin d’avoir une vraie coordination européenne pour avoir un vrai dialogue et un vrai partenariat à établir en transparence. Et ça pour moi c’est un des points que l’on doit structurer dans les prochains mois. Il n’y aura pas de résultat à court terme là mais sur le plan technologique, comme on a su le faire par le passé sur des technologies diverses et variées, on doit poursuivre cette coopération et réussir à la faire avancer. Mais pour moi c’est le deuxième axe après l’agenda économique, l’agenda technologique, qui est clé dans la structuration de la relation.

Et le troisième qui, à mon avis vous concerne aussi hautement parce que c’est un sujet à la fois d’innovation et de visibilité, c’est l’agenda climatique. Je ne crois pas qu’il y ait d’agenda commercial durable sans agenda climatique partagé et nous avons des rendez-vous climatiques à venir en particulier la COP biodiversité que la Chine va organiser donc en 2020, on a les agendas Accord de Paris à respecter qui au niveau des évolutions de l’Union européenne comme des choix que la Chine aura à prendre dans les prochains mois sont décisifs et c’est un des sujets sur lequel la coopération sino-européenne est structurante. Si nous arrêtons de coopérer ou plutôt si nous n’intensifions pas notre coopération nous n’arriverons pas à avoir des résultats concrets sur ce sujet et c’est l’agenda mondial qui peut par voie de conséquence être ainsi si je puis dire déformé ou être ralenti. L’économie, la technologie, le climat : trois sujets absolument décisifs et les trois ont un fil directeur, et je m’arrêterai là, c’est la capacité des Européens à faire ensemble, à se coordonner ensemble pour ensuite parler de manière efficace avec leurs partenaires chinois.

Et je pense qu’on est à un moment du fonctionnement des entreprises européennes, des gouvernements de l’Europe en son sein qui justifie qu’on passe sans doute une étape, qu’on arrive à structurer davantage les choses parce que c’est comme ça qu’on est vu de manière crédible, c’est comme ça qu’on arrive à peser de manière crédible dans cet agenda et surtout dans le moment de tension que j’évoquais. Je ne serai pas plus long, l’idée c’est surtout de laisser les amis réagir, me compléter, de vous entendre et puis de pouvoir porter aussi vos messages, vos inquiétudes, vos préoccupations durant ces deux jours que nous passerons ici à Shanghai et puis à Pékin.

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