Toni Morrison, la grande romancière américaine, lauréate du prix Nobel de littérature en 1993, nous a quittés. Elle nous laisse une œuvre immense, tout entière tendue par une grande exigence poétique, morale et politique.

Tout en menant une brillante carrière à l’université et dans l’édition, Toni Morrison publia son premier roman, le plus pessimiste, en 1970 : L’œil le plus bleu raconte le désir – hélas trop compréhensible alors – d’une petite fille noire de ressembler à une petite fille blanche, et notamment d’avoir des yeux bleus, à n’importe quel prix.

Mais c’est avec Beloved, son cinquième roman, le plus célèbre, publié en 1987, que Toni Morrison avait rencontré le succès international. Elle y narre l’extrémité désespérée à laquelle se résout une femme réduite en esclavage pour que sa fille ne connaisse pas le même terrible destin.

Seule femme afro-américaine à avoir reçu le prix Nobel de littérature, Toni Morrison revendiquait une « écriture irrévocablement noire » par ses histoires et ses personnages bien sûr, mais aussi par ses mots, ses images, ses rythmes et ses effets d’oralité.

Libre, révoltée, elle portait dans ses livres comme dans le débat public une voix puissante, engagée, précieuse, qui manquera aux Etats-Unis et au monde. Mais les constats et les combats qu’elle a livrés à la force de sa plume continueront de porter leurs fruits de vérité et d’appuyer toutes les luttes qui doivent encore être menées contre les discriminations et les permanences du racisme.

Le Président de la République salue l’écrivain majeur et la femme de conviction qu’elle a été. Il adresse ses condoléances à sa famille, ses proches et ses compatriotes, ainsi qu’aux nombreux Français qui l’ont aimée et lue avec passion.

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