Agir pour l’égalité entre les femmes et les hommes ne doit pas avoir de frontières. Grande cause du quinquennat depuis 2017, le Président Emmanuel Macron souhaite étendre ce combat et en en faire une grande cause mondiale. Dans ce nouvel élan en faveur d’une diplomatie féministe, le Président de la République se tourne vers celle qui s’est battue toute sa vie pour défendre ses convictions et les droits des femmes. Il remet, ce vendredi 8 mars 2019, le Prix Simone Veil de la République française pour l’égalité femmes-hommes.

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8 mars 2019 - Seul le prononcé fait foi

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Discours d'Emmanuel Macron lors de la remise du prix Simone Veil à Aissa Doumara Ngatansou

Chère Aïssa DOUMARA, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, chère Delphine HORVILLEUR, chers membres du jury du prix Simone Veil, cher Jean (phon.), cher Pierre-François, chère famille, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux que nous ayons aujourd’hui l’occasion en effet de nous retrouver pour ce premier millésime et cette première remise du prix Simone Veil de la République française. Et merci d’avoir rappelé l’émotion des invalides en effet à l’été 20187, je me souviens, celle vibrante, brûlante de juillet 2018 au Panthéon et tout un pays qui vibrait à la mémoire des combats de Simone. Et ce visage qui est derrière moi, on retrouve tout à la fois une forme de conviction dure et de mélancolie profonde qui est cette espèce d’alliage unique qu’elle portait à mes yeux. C’est celui d’une femme, d’une voix, qui n’a jamais voulu céder, qui n’a pas cédé au silence lorsque quelques-uns purent revenir des camps, et qui, toute sa vie, s’est battue pour la mémoire contre l’antisémitisme, pour un combat sans fin, malheureusement, qui jamais n’a décidé de se résigner lorsque la bêtise, sous toutes ses formes, s’est levée et qui, après… et puis en même temps, si je puis dire, qu’elle se battait pour la mémoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme, s’est battue constamment pour le progrès de notre État de droit, comme ministre, comme juge, qui s’est battue pour la condition de détention dans les prisons, l’accompagnement du handicap, la protection de l’enfance, qui s’est battue avec force pour notre Europe, constamment, au nom de ces mêmes valeurs et qui s’est battue - oui, vous l’avez rappelé - pour les femmes. « Ce que les femmes peuvent et doivent espérer », disait-elle, « c’est la liberté de choix ». Alors, cher Jean, je veux d’abord vous rassurer, chacun d’entre nous, chaque jour, mérite à coup sûr, à plusieurs reprises, cette carafe d’eau sur la tête. Moi le premier. Parce qu’il y a quelque chose d’un combat qui ne s’arrête jamais et qui ne cède devant aucun détail. C’est ce que vous avez rappelé en utilisant l’anecdote et elle a quelque chose d’innocent lorsqu’on parle d’un dîner de famille et peut-être y a-t-il  d’autres membres de la famille plus exemplaires que l’autre, si j’ai compris le dissensus familial qui s'installe en gestes sous mes yeux. Mais indépendamment de cela, ce que le combat de Simone Veil et de tant d'autres présentes et présents ici dans cette salle aujourd'hui a au fond d'irréductible, d’intraitable, c'est que c'est un combat pour la dignité, pour la dignité des femmes et avec elles, comme vous l'avez rappelé, la dignité des hommes, un combat consistant à faire comprendre que quand la dignité de l'une est altérée, réduite, méprisée, sous-estimée, c'est la dignité de l'autre qui alors ne peut plus vivre et il y a, dans l'intransigeance en quelque sorte du combat qu'elle portait, cette part de vérité qui est que dans le moindre détail, la part de négation, de réduction de l'autre peut resurgir et c'est aujourd'hui avec beaucoup de reconnaissance pour le combat qu'elle a porté et que beaucoup après ont porté que je veux ici remettre ce prix. La légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, le remboursement de la pilule, la dénonciation des inégalités professionnelles et du sexisme qui imprègnent la société, la revendication de l'indépendance financière et de l'autonomie conjugale des femmes, la reconnaissance et la condamnation des viols massifs en ex-Yougoslavie dans les années 90, le combat pour la parité, il y a tant et tant de combats qu’elle a sans relâche menés pour cette cause. Et puis, ce symbole qu'elle a porté, réconcilié en deux luttes : être la première femme présidente du premier Parlement que l'Europe se donna. Alors, pour toutes ces raisons, pour ce combat qu'elle a porté, je veux remercier les membres du jury d'avoir examiné ces 100 propositions et d'en avoir choisi une. Mais derrière toutes ces propositions que vous avez examinées, c'est évidemment un travail de reconnaissance mais aussi bien souvent de protection que vous avez conduit parce que s'intéresser à telle ou telle femme qui se bat dans tel ou tel pays ou à telle ou telle association ou tel ou tel homme pour ce même combat, c'est lui apporter tout à la fois la reconnaissance que nous lui devons, dans la filiation du combat de Simone Veil et la protection, celle de l'intérêt porté par la communauté internationale, par un prix tel que le nôtre, ce qui est essentiel. Il fallait pour cette première édition du Prix Simone Veil de la République française une personnalité emblématique qui ouvre avec éclat la lignée des femmes qui, chères à Aïssa DOUMARA, vous succéderont comme lauréates de ce prix et vous vous inscrivez aujourd'hui dans cette filiation de combat que je viens de rappeler, votre combat pour lequel vous venez de témoigner avec humilité, celui contre les mariages forcés et précoces, contre les violences sexuelles faites aux femmes. C'est un engagement de plus de 20 ans au service des femmes dans une région où l'aide que vous leur apportez est bien souvent une question de survie. C'est un combat qui a été mené pendant des décennies dans le silence, parfois l'opprobre parce que vous aussi, vous vous êtes indignée et vous n'avez pas cédé. Et à cet égard, votre combat et votre personnalité aujourd'hui reconnus, si je dois le dire, pour nous tous est un exemple. Un exemple de courage d'abord, courage de remettre en cause le poids des héritages, d'affronter les préjugés et la réprobation de la société. Tout ce que vous avez dit est d'évidence dans cette salle. Tout ce que vous avez fait était un combat contre les évidences, là où vous l'avez fait, au moment où vous l'avez commencé. Et c'est là où votre courage est un signe, courage de dénoncer l'injustice, de briser le silence, silence qui est chargé de beaucoup de complicité. Courage malgré les menaces, malgré la terreur, d'accueillir les victimes de la barbarie de Boko Haram. Puis, c'est un exemple de persévérance parce que, oui, il faut une infinie persévérance pour lutter comme vous l'avez fait, comme vous le faites, au milieu des dangers, au mépris des risques, depuis tant d'années. Oui, il faut une inépuisable détermination pour accompagner les survivantes des viols, des mariages forcés pour les aider à se reconstruire, à retrouver l'estime d'elles-mêmes, après avoir vécu le pire, à leur permettre cette résilience dont vous nous avez parlé, pas à pas, dans le temps, à retrouver le chemin d'une vie ensemble. Et puis un exemple de lucidité, lucidité de comprendre que tout se tient, que si l'on veut mettre fin à ce fléau des violences contre les femmes, il faut éduquer, sensibiliser, prévenir, ce que vous venez à l'instant de nous rappeler, qu'il faut s'attaquer à des représentations profondément enracinées dans l'histoire, la culture, la religion, lucidité de comprendre que le meilleur rempart contre les mariages précoces des jeunes filles consiste à leur donner des opportunités et les moyens de construire leur autonomie, que c'est un combat qui passe par la santé, la santé des mères, par l'éducation, l'éducation des jeunes filles, par l'ensemble de ces actions tout au long de la vie. Le prix qui vous est remis, Madame et qui, à travers vous, récompense toutes celles et ceux qui travaillent à vos côtés, permettra à votre association, par sa dotation, de multiplier ses actions au bénéfice de plus de femmes et d'accéder à ces quelques rêves simples d'action que vous venez d'évoquer, de promouvoir votre modèle de lutte contre les violences et les mariages forcés à d'autres territoires d'Afrique, au moment même où tant de ces territoires sont en train d'être bousculés par un obscurantisme qui revient. Aussi, la France est elle fière que vous soyez, chère Aïssa DOUMARA, la première lauréate de ce prix Simone Veil de la République française. Je veux ici, comme en écho à vos interpellations et à ce que vous avez dit madame la présidente du jury, vous dire combien ce combat que nombre d'entre vous et que vous même portez, prend sans doute aujourd'hui encore plus de sens, de force et implique, de notre part, encore plus d'engagement. Les forces conservatrices, la violence totalitaire sont de retour. L'obscurantisme dans nombre de régions du monde renait ou reconquiert des territoires. Il nous faut à la fois mener la lutte indispensable contre les préjugés, les culturalismes qui conduisent au pire et dans le même temps résister, reconquérir ces territoires qui basculent. Aujourd'hui, dans le monde, dans 41 États, l'homme continue d'être reconnu comme l'unique chef de famille. Dans 27 d'entre eux, la loi exige l'obéissance de la femme à son mari. Dans plus de la moitié des pays de la planète, l'accès des femmes à certains emplois demeure interdit et même quand l'égalité est de droit, elle n'est que très rarement de fait. 94 % des hommes dans le monde participent à l'activité économique, seulement 63 % des femmes. Et cette proportion n'évolue plus depuis quelques années. L'écart de rémunération reste quant à lui considérable, 23 % en moyenne dans le monde. Dans de nombreuses régions du monde, les filles ont un accès moins grand à l'éducation que les garçons. Seuls deux tiers des pays ont ainsi atteint la parité entre les sexes dans l'enseignement primaire, moins de la moitié dans l'enseignement secondaire, avec cette conséquence insupportable  : près de 150 millions de filles aujourd'hui ne sont pas scolarisés. Mais le symptôme le plus intolérable de l'inégalité entre les sexes, le coeur de votre bataille, c'est la violence qui frappe les femmes partout dans le monde, une violence qui se déchaîne dans les zones de conflit ou parce que les interdits et les digues morales disparaissent. Le viol et l'esclavage sexuel deviennent une barbarie ordinaire où l'on s'attaque au corps des femmes pour terroriser la population, briser les familles, détruire les communautés, changer la composition ethnique ou religieuse d'un territoire, aujourd'hui, maintenant. Ce sont les territoires ravagés par Boko Haram ou Daesh. Ce sont d'autres territoires à l'autre bout du monde, comme la Birmanie. En ce moment même, plusieurs centaines de milliers de femmes sont victimes de ces violences sexuelles en temps de guerre mais c'est aussi une violence qui fait rage par temps de paix. Plus d'une femme sur trois a été victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. 137 femmes chaque jour meurent sous les coups de leurs proches, le plus souvent leurs conjoints. 200 millions vivent en ayant subi des mutilations sexuelles.  12 millions chaque année sont mariées de force avant leur 18ème anniversaire. Cette chroniques que je fais là,  dit simplement une chose :  tout cela c'est maintenant et tout ça ce sont dans des pays en guerre, dans des pays basculés par l'obscurantisme et dans nos pays. Dans nos pays. Parce que  que votre combat, c'est un combat à dupliquer et répliquer, adapter à chacune de nos sociétés où le silence s’était installé, où la complicité s’était installée. Mais derrière ces chiffres, il y a des visages, des vies, des prénoms,  des traumatismes comme ceux que vous avez rappelés. Il y a des vies.  Beaucoup de femmes sont en première ligne dans ce combat et beaucoup sont ici, présentes dans cette salle. Mais c'est la société toute entière qui doit se mobiliser. C'est toute la société et en particulier les hommes qui doivent rejoindre les rangs de cette bataille morale, politique, profonde. Il y a quelques jours ici, nous recevions le prix Nobel de la Paix 2018 Denis MUKWEGE, l'un des deux prix Nobel avec Nadia MURAD et il rappelait lui-même, il exhortait les uns et les autres en disant que ce combat ne serait gagné que si nous arrivions à construire une nouvelle masculinité plus respectueuse de l'autre. C'est-à-dire une conversion profonde dans chacune et chacun. Ce combat, c'est une série d'actions que nous devons conduire et pour lesquels nous devons nous mobiliser. La France sera, comme elle est depuis plus de deux siècles, de ce combat parce que la vocation de la France c'est celle de l'universel, de l'émancipation. Et c'est pourquoi j'ai décidé que ce combat pour les femmes serait le nôtre et serait la grande cause de ce quinquennat.  Ce combat pour l'égalité des droits entre les femmes et les hommes, ce combat contre les violences faites aux femmes, ce combat d'égalité et de dignité. Pour cela, nous agissons au niveau national. Je suis fier que nous ayons le gouvernement et l'assemblée la plus féminine de l'histoire de notre pays. Fier que nous ayons adopté une loi qui impose des amendes aux entreprises qui refusent de mettre fin aux écarts de salaire, fier de mener avec les ministres ici présent une action déterminée, résolue contre toutes ces formes de violences. Grâce à la création du délit d'outrage sexiste, menacer, suivre ou intimider des femmes dans la rue est désormais passible de lourdes sanctions. Avec l'allongement des délais de prescription pour les crimes sexuels sur les mineurs, nous faisons reculer l'impunité. Depuis août 2018 nous sommes aussi entrés en guerre contre le cyberharcèlement et nous ne lâcherons rien de l'application ferme et rigoureuse de ces textes. Ce sont des actions qui engagent tout le gouvernement dans tous les domaines. Et pourtant, et pourtant en France aujourd'hui, il y a encore tant et tant à faire. Il y a encore, et l'actualité récente l'a montré, le pire de ces violences qui s'exerce dans notre pays. Est-ce la loi qui est là à changer à nouveau? Non. Ce sont des habitudes, des silences, des dysfonctionnements profonds, mais qui derrière conduisent au féminicide, au pire. Et donc, sans relâche, nous continuerons dans notre pays à mener cette action et je veux le dire ici, à chacune et chacun, il n'y aura plus de silence, plus de passe droits, plus d'habitude. Parce que ce dont nous avons besoin dans notre pays comme partout, c'est de ce ressaisissement morale que vous portez Madame et que beaucoup avec vous portent aujourd'hui. Ce combat, c'est aussi celui que nous voulons conduire au plan international. En effet, il est au coeur de notre action. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, et je l'en remercie, a ainsi élaboré une feuille de route pour nos ambassades et augmenté la contribution de la France à ONU femmes. La moitié de notre aide au développement, qui connaît une hausse historique, doit désormais contribuer à la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes. Et je veux vous annoncer ici que va être créé un fonds doté de 120 millions d'euros afin d'aider les mouvements en faveur des droits et de la condition des femmes. C'est la décision que la diplomatie française porte en l'honneur de cette première édition du Prix Simone Veil. Ce fonds qui sera la traduction internationale de la grande cause du quinquennat permettra tout particulièrement de soutenir la lutte contre les violences et les discriminations, d'accompagner des actions comme la vôtre, partout dans le monde. Parce que je veux à cette occasion, ici, très solennellement et avec force, dénoncer le calvaire de nombre de féministes emprisonnées parce qu'elles défendent simplement le droit des femmes. Dire ici avec force que nous prenons nos responsabilités à chaque fois qu'une militante féministe est menacée et que nous devons continuer de le faire en rappelant les noms, les visages, les causes. C'est ce que nous avons fait le 19 février dernier, en intégrant symboliquement au Conseil consultatif pour l'égalité entre les femmes et les hommes du G7 l'avocate Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne qui paie de sa liberté son combat courageux et nécessaire en faveur des droits des femmes. Sa chaise était vide, mais son nom était là. Et je pense en ce jour à Loujain AL-HATHLOUL en prison depuis 18 mois en Arabie saoudite. En prison simplement parce qu'elle avait critiqué le système qui place les femmes sous la tutelle des hommes et qui est victime d'une campagne de dénigrement dans les médias de son pays. Et j'exprime ici fortement l'espoir de sa libération prochaine.

Nous prenons nos responsabilités et nous continuerons à les prendre. Nous les prenons aussi dès que l’agenda diplomatique nous le permet. Comme vous le savez, depuis le 1er janvier, la France préside le G7. Eh bien, nous avons décidé de faire de cette année une année utile pour faire progresser les droits des femmes. Le 19 février dernier, j'ai ainsi demandé au Conseil consultatif pour l'égalité entre les femmes et les hommes réunis ici même d'identifier les lois les plus favorables au droit des femmes à travers le monde. Ce travail effectué, une trentaine de bonnes lois sera proposée aux pays du G7 et à d'autres États de bonne volonté. Je ne veux pas de déclaration du G7 sur l'égalité des droits. Plus personne ne les lit et il se pourrait même que certains refusent de les signer. Non. Ce que j'ai demandé à ce conseil consultatif, c'est de manière très pragmatique, de réunir ce bouquet législatif; Et je demanderai alors à chacun de s'engager à adopter au moins l'une des lois de bouquet. Je propose ensuite à tous les pays qui le souhaitent de s'engager eux aussi. Et chaque année, nous nous réunirons pour vérifier que les engagements ont été pris. Parce que des luttes que vous portez, des luttes que Simone Veil a mené, nous avons retenu une chose: la constance, l'endurance, la capacité à tenir. En somme, par ce projet, c'est une véritable dynamique internationale en faveur des droits des femmes que nous entendons impulser, qui permettra de tirer les standards et les normes vers le haut et de mettre chaque pays face à ses responsabilités. C'est Gisèle HALIMI, une autre grande figure du féminisme français à qui je veux rendre hommage, qui depuis longtemps porte cette idée. Nous n'avons fait que la reprendre. Et je veux juste dire combien la France est fière de reprendre à son compte cette idée et simplement de l'appliquer. Il paraît qu'on vit toujours plus vieux quand on cite ces sources.bouquet

Au cours de cette année utile pour les droits des femmes, je veux aussi lancer des initiatives très concrètes qui seront portées au niveau du G7 au plus près de la vie des femmes les plus vulnérables. Contre les violences, nous soutenons le projet de Fonds mondial de réparation pour les victimes de violence sexuelle dans les conflits que portent les prix Nobel: Nadia MOURAD et Denis MUKWEGE. Il est temps sur ce sujet de sortir des incantations, de rompre le mur de l'indifférence. Nous nous sommes engagés à le financer et il a été présenté à Paris. Je soutiens également le projet d'une charte avec les GAFA pour contenir les discours de haine et de harcèlement qui se déversent quotidiennement dans l’espace public numérique. Ils peuvent tuer et nous venons une nouvelle fois de le constater malheureusement. Pour l’éducation des filles, en particulier en Afrique, nous mobiliserons de nouveaux financements. Il y a un an à Dakar, nous avons contribué à la reconstitution du partenariat mondial pour l’éducation en mobilisant de nombreux pays et de nombreux financements avec une priorité : l’éducation des jeunes filles, principalement en Afrique, et tout particulièrement au Sahel. Partout où l’obscurantisme gagne, c’est la déscolarisation des jeunes filles qui progresse ; partout à la déscolarisation des jeunes filles progresse, c’est le mariage forcé qui s’installe, c’est l’impossibilité de choisir sa vie

Pour l’accès des femmes à l’emploi et à l’autonomie économique dans le monde en développement, nous porterons la création d’une banque pour l’entreprenariat féminin sur le continent africain.

Et j’ai annoncé à ONU Femmes que j’étais prêt à accueillir à Paris en 2020 la conférence Pékin+25. Ce sera un moment décisif, nous passerons en revue les progrès de la condition des femmes depuis la conférence historique de Pékin en 1995 et nous tracerons une nouvelle feuille de route internationale. Sur tous ces sujets, le gouvernement français est mobilisé et continuera à l’être et je veux remercier les trois ministres ici présents pour leur action au quotidien et la force de cet engagement. Et nous poursuivrons sur le plan international cette lutte pour approfondir, compléter le droit international tel qu’il doit protéger davantage la dignité des femmes. Nous porterons l’objectif d’une nouvelle convention internationale sur ce sujet. Voilà Mesdames et Messieurs ce que je voulais en cette occasion rappeler, dire en écho à votre engagement et votre action, en hommage à l’action et l’engagement de Simone VEIL et pour dire ce que la France fait et fera face aux défis multiples qui sont les nôtres. “Les chances pour les femmes procèdent trop du hasard et pas assez de la loi ou plus généralement de la règle du jeu. Réciproquement, la société ne peut que bénéficier de l’apport spécifique pour elle de la réduction des inégalités dont souffrent les femmes.” Ces mots, vous l’avez compris, sont ceux de Simone VEIL et ils disent beaucoup de votre ambition, de notre ambition : changer la règle du jeu. C’est ce que vous êtes en train de faire, c’est ce que nous sommes collectivement en train de faire. Et vous avez évoqué ces voix féminines en écho à Shéhérazade et je veux dire ici combien nous avons besoin de ces voix. La voix de Shéhérazade et l’histoire qu’elle raconte permettent d'éviter ou de repousser la violence, avant que d'un seul coup le jour, et avec lui la cruauté, ne reprennent leurs droits. Nous avons trop tendance chez nous à ne parler qu'en positif de la lumière et de la voix masculine comme celle qui saurait s’installer. D’autres que nous – italiens, orientaux ...– ont pensé cette voix de la nuit. La voix de la nuit c’est la voix de Shéhérazade et c’est celle qui, parce qu’il fait nuit, a gardé plus de discernement. C'est celle qui rappelle à la voix masculine que le soleil peut parfois rendre aveugle, absurde ; que la voix du plus fort peut conduire à l’absurdité, comme le soleil chez Camus, mais que la voix de la nuit, celle de Shéhérazade, parce que peut-être elle s’est habituée à être insuffisamment entendue, a gagné un discernement que l’autre n’a plus, une capacité à s’indigner, à dire les choses que l’autre a perdu, des mots que l’autre n’a plus. Je ne souhaite pas que cette voix de la nuit ressemble à la voix du jour ; je veux que cette voix de la nuit, nous puissions l’entendre et que cette voix de Shéhérazade dont vous avez magnifiquement parlé tout à l’heure puisse prendre de plus en plus la parole avec ses mots, sa force, son engagement, son humilité, son discernement. Je le dis de là où je suis, nous en avons besoin. J’en ai moi-même besoin chaque jour. Et donc merci à toutes ces voix de Shéhérazade. Ce combat n’est pas fini, mais j’ai compris qu’il serait aussi le mien et qu’il serait le nôtre. Je vous remercie. Vive la République et vive la France ! Merci à vous.

Aissa Doumara se bat contre les mariages précoces et forcés des filles. Le Président lui a remis ce 8 mars le Prix Simone Veil de la République française pour l’égalité femmes – hommes.

Pour en savoir plus sur ce Prix, retrouvez le communiqué de presse :

8 mars 2019

Prix Simone VEIL de la République française pour l’égalité femmes – hommes

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A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Président de la République remettra, pour la première fois, le « Prix Simone VEIL de la République française pour l’égalité femmes – hommes », ce vendredi 8 mars 2019 à 10H30 au Palais de l’Elysée.

Créé sous l’impulsion du Président de la République, le « Prix Simone VEIL de la République française pour l’égalité femmes-hommes » distinguera chaque année une personnalité ou un collectif contribuant à faire avancer la cause des femmes dans le monde. Il vise à mettre en valeur des actions qui concourent à mettre fin aux violences et aux discriminations à l’encontre des femmes, à favoriser leur accès à l’éducation et au savoir, à promouvoir leur autonomie, ainsi que leur participation aux fonctions de leadership.

Ce prix est décerné en concertation avec un jury composé de neuf personnalités, françaises et internationales, engagées dans la lutte pour les droits des femmes : Mme Leila SLIMANI, journaliste et auteure, représentante personnelle du Président de la République pour la Francophonie, Mme Delphine HORVILLEUR, philosophe, rabbin du Mouvement Juif Libéral de France, Mme Cécile COUDRIOU, présidente d’Amnesty International France, Mme Friederick RODER, directrice de ONE France, M. Antoine BERNARD, directeur général adjoint de Reporter sans frontières, Mme Anne RAVANONA, fondatrice et directrice de la plateforme en ligne Global Invest Her, Mme Emily BOVE, directrice Exécutive du réseau Women Thrive Alliance, Mme Cindy LEONIE, secrétaire générale de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, Mme Lady NGO MANG EPESSE, chercheuse en droits des femmes, Fondatrice du Women’s Environmental Covenant.

Le choix du lauréat est à l’initiative des membres du jury qui s’est réuni à plusieurs reprises au cours du mois de février pour échanger, délibérer et choisir la personnalité nommée pour cette première édition. Dans cette réflexion, le jury a été inspiré par les qualités et le parcours exceptionnels de Simone Veil : sa résilience, son courage, sa détermination, son intégrité et son indépendance, son pragmatisme et sa capacité à porter une cause mondiale.

La création de ce prix « Simone VEIL de la République française pour l’égalité femmes – hommes » constitue un acte fort et un jalon supplémentaire dans l’action de la France pour la défense des droits des femmes.  Le 25 novembre 2017, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le Président de la République avait officiellement érigé l’Egalité entre les femmes et les hommes en « grande cause nationale du quinquennat ». Il a doté cette politique de moyens, 530M€, sans précédent.

En 16 mois, cet engagement pris par le Chef de l’Etat a trouvé de multiples traductions au niveau national. Plus de 100 mesures concrètes ont été prises par le Gouvernement avec déjà de premiers effets, notamment la création du délit d’outrage sexiste, permettant de verbaliser le harcèlement de rue, l’institution de pénalités financières pour les entreprises qui ne résorbent pas les écarts salariaux, le durcissement de la législation contre le cyber-harcèlement ou l’amélioration du congé maternité des agricultrices et des indépendantes.

Face à l’ampleur du défi, l’action ne saurait se réduire aux frontières de notre territoire. L’égalité des sexes, les droits et la condition des femmes sont aujourd’hui encore incertains dans de nombreux pays. C’est la raison pour laquelle le Président de la République a souhaité étendre ce combat et faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une grande cause mondiale. Cette volonté a été exprimée par le Président de la République lors de la 73ème assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier. Il souhaite mettre à profit la présidence française du G7 et le renouvellement du mandat du Conseil consultatif du G7 pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour impulser une dynamique en faveur d’une diplomatie féministe ambitieuse. La lutte contre les violences faites aux femmes, leur accès à l’éducation et au monde du travail, en particulier à l’entreprenariat, tels sont les chantiers sur lesquels le chef de l’Etat souhaite tout particulièrement contribuer à des avancées tangibles.

Plus qu’un acte symbolique fort, le Prix permet également une action concrète en faveur des droits des femmes. Le ou la lauréate recevra la somme de 100 000 euros afin d’accompagner son action sur le terrain pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde.

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