Conférence de presse avec Paul Kagame, Président du Rwanda
24 mai 2018 - Seul le prononcé fait foi
Transcription de la conférence de presse conjointe du Président de la République et du Président du Rwanda Paul Kagame
Mesdames, Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis d’avoir accueilli à l’Elysée le président de la république du Rwanda, monsieur Paul KAGAME, également président en exercice de l’Union africaine. Cette visite de travail à Paris fait suite aux deux entretiens que nous avions eus à New York en septembre puis à New-Delhi en février dernier.
Le président KAGAME a pu participer tout à l’heure à mes côtés au sommet « Tech for Good » où nous avons pu échanger avec les plus grands chefs d’entreprise du secteur sur le rôle de la technologie et du numérique dans l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la santé et nous avons avec le président du Rwanda des priorités partagées sur ces sujets d’avenir. Cette discussion a permis d’abord d’aller vers des engagements très concrets qui ont été pris, mais aussi a permis d’avoir un échange libre avec des dirigeants d’entreprise autour du sommet VivaTech qui mettra pour la première fois à l’honneur l’Afrique cette année avec non seulement un stand pour l’Afrique mais aussi un stand pour le Rwanda et je reverrai demain matin dans ce cadre le président KAGAME.
Ce dernier est bien conscient de ces enjeux, de l’importance des ruptures technologiques y compris pour le continent africain et à ce titre l’exemple donné par son pays est particulièrement illustrant puisqu’il a su ces dernières années, dans une formidable accélération à la fois en termes d’équipements et de qualifications dans le pays, montrer que le numérique n’était pas réservé à certaines latitudes ou certains continents. C’est un exemple suivi par de nombreux pays africains et qui va continuer à la fois en termes d’innovations mais aussi en termes de talents, le succès il y a quelques semaines du Next Einstein Forum à Kigali en témoigne si besoin.
Nous avons décidé avec le président KAGAME de travailler ensemble de manière pragmatique sur les sujets d’intérêt entre nos deux pays et ils sont nombreux. C’est ce que nous avons longuement évoqué ensuite dans l’entretien bilatéral qui nous a réunis. La paix et la sécurité en Afrique, le soutien à l’innovation, le climat et l’environnement, les sujets linguistiques et éducatifs en sont quelques illustrations. Il ne s’agit en aucun cas de sous-estimer les difficultés du passé et la complexité de la relation bilatérale mais au contraire, je crois pouvoir dire que notre volonté c’est d’assumer cette complexité, de savoir la surmonter et de penser à l’avenir de nos jeunes générations qui est à construire ensemble. C’est ce vers quoi nous voulons tendre, cela prendra sans doute du temps, mais je crois pouvoir dire que nous avons tout à la fois la sincérité de l’engagement et la volonté de faire.
Aujourd’hui ce qui nous rassemble au-delà de l’échéance de cette semaine en matière de technologies et d’innovations ce sont les questions de paix et de sécurité en Afrique. Le président KAGAME en tant que président en exercice de l’Union africaine s’est personnellement engagé avec détermination en faveur d’une réforme de l’Union africaine, car il est une conviction que nous partageons absolument avec le président, c’est la nécessité pour nous Européens d’une part, et Africains d’autre part, d’assumer nos responsabilités et notre sécurité. Et nous croyons aussi pour cela dans un multilatéralisme fort. C’est le sens de votre engagement, Monsieur le Président, à la tête de l’Union africaine et c’est le sens de mon engagement au sein de l’Union européenne et aux côtés de nos partenaires africains. C’est le sens d’ailleurs depuis un an de l’action que je mène en lien constant et permanent avec l’Union africaine et nombre de ses Etats membres.
A cet égard, je suis convaincu qu’il est dans notre intérêt collectif de soutenir le renforcement, et donc le financement pérenne et prévisible des opérations africaines de paix. Je m’y suis déjà engagé à plusieurs reprises, nous sommes convenus de travailler étroitement ensemble sur cette question essentielle et je me rendrai d’ailleurs sur ce sujet principalement mais pas uniquement au sommet de l’Union africaine à Nouakchott début juillet où nous aurons donc l’occasion de nous retrouver. Le Rwanda joue également un rôle essentiel au maintien de la paix sur le continent africain et je veux ici le remercier pour son engagement tout particulier.
Nous avons évoqué plusieurs crises actuelles où le rôle, le travail du président KAGAME est important, et l’action conduite avec plusieurs autres Etats sera soutenue par la France. Je pense en particulier à la République centrafricaine, qui a plus que jamais besoin de la mobilisation de tous les acteurs internationaux, régionaux, nationaux et sur laquelle nous avons décidé de nous coordonner et de nous concerter très étroitement pour soutenir l’action de l’Union africaine. Nous sommes convenus de davantage nous concerter pour s’assurer que la Centrafrique ne bascule pas dans un nouveau cycle de violences et d’instabilité.
Nous avons aussi évoqué la situation dans la région du Sahel dont vous savez combien elle est notre priorité, où là aussi le travail est très étroit avec l’Union africaine depuis le début. Nous avons je crois ces dernières années eu de vrais progrès à travers la structuration des forces du G5 Sahel et le déploiement de l’Alliance pour le Sahel. Mais nous souhaitons faire encore davantage et l’intervention de l’Union africaine de manière concrète en termes de formation des troupes et l’initiative en accompagnement est tout à fait souhaitable.
Nous avons aussi évoqué la situation en République démocratique du Congo, la position de l’Union africaine et des pays de la région est pour moi essentielle. J'y suis très attaché, et je peux dire ici que nous partageons constamment analyse et position et que la France soutient l’initiative prise par le président de l’Union africaine en lien étroit avec le président angolais.
Enfin, sur les sujets de climat nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion d’échanger. Nous partageons un engagement déterminé en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, pour le développement durable et l’environnement et je veux ici remercier à nouveau le Rwanda d’avoir voté en faveur de la résolution du Pacte mondial pour l’environnement adopté à une très large majorité à l’Assemblée générale des Nations Unies il y a deux semaines. La prochaine étape ce sont les négociations que nous souhaitons ouvertes et inclusives et je souhaite que nos partenaires africains y prennent toute leur place mais cet engagement était aussi très important pour nous.
Voilà les principaux sujets sur lesquels je souhaitais revenir avant de céder la parole au président KAGAME à qui je redis pour moi l’importance des sujets que nous avons traités aujourd’hui et le plaisir que j’aurai non seulement à le retrouver demain à VivaTech mais dans quelques semaines à Nouakchott.
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