8 mai 1981 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Discours de M. Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République, notamment sur l'enjeu du deuxième tour et le projet socialiste en matière agricole, fiscale et familiale, sur la politique énergétique et industrielle, à Tours vendredi 8 mai 1981.

Mes chers Amis, mes chers Amis de Tours et de Touraine, et aussi des départements voisins qui sont venus pour cette réunion de ce soir, l'avant-dernière réunion de ma campagne... elle n'était d'ailleurs pas prévue au programme et c'est à l'invitation des élus de votre département et en même temps pour répondre à une tradition qui me fait venir, vous le savez, très souvent chez vous, que j'ai pensé que cette campagne ne pouvait pas se terminer sans une réunion à Tours... (applaudissements)
Je suis heureux d'y être accueilli par l'ensemble des parlementaires de la majorité, de l'Indre-et-Loire, j'aperçois le Loir-et-Cher... il y a aussi la Sarthe, et je regarde si je n'oublie personne, il y a également un élu de l'Indre et du Loiret... (applaudissements)... et vous, Monsieur le Maire de Tours, aux côtés de qui j'ai siégé autrefois lorsque vous étiez au Gouvernement avec moi, et il n'était pas facile, pour le Ministre du Commerce et de l'Artisanat que vous étiez, pour le Ministre des Finances et de l'Economie que j'étais, de se mettre d'accord sur un certain nombre de réformes et de projets et cependant, grâce à votre ouverture d'esprit et réciproquement grâce à la mienne, nous avons réussi à faire progresser notre législation et notamment notre législation en ce qui concerne le commerce et l'artisanat qui porte votre nom !
Je souhaite d'ailleurs que nous continuions sa mise à jour. Il y a un certain nombre de problèmes à l'heure actuelle, notamment dans le commerce rural qui justifieraient sans doute certaines initiatives si vous les proposez, nous les retiendrons... (applaudissements)
Mes chers Amis, c'est d'abord l'ancien combattant qui vous parle. Nous sommes le 8 mai 1981 et je me souviens du 8 mai 1945. Parmi les responsables politiques actuels de la France, il y en a peu qui étaient aux armées le 8 mai 1945 et parmi les candidats à l'élection présidentielle, je suis le seul... (applaudissements)... je suis d'ailleurs venu accompagné par 4 de mes camarades de char, parce que nous étions ensemble le 8 mai 1945, nous avons appris ensemble la grande nouvelle de la paix.
Que n'étais pas à l'époque Président de la République, j'étais brigadier-chef, mais enfin ceci représentait dans mon petit domaine une responsabilité et ce 8 mai reste pour moi un souvenir profondément émouvant.
Je souhaite que les combattants de 1916-1918, les combattants et résistants de 1939-45, les combattants d'Indochine et d'Afrique du Nord, nombreux en Touraine, se sentent unis dans l'estime et la reconnaissance des Français et nous veillerons à faire en sorte qu'elle leur soient manifestées dignement.
C'est la raison pour laquelle je vous propose, en souvenir du 6 mai 1945, d'observer une minute de silence. (L'assemblée observe une minute de silence)
Je vous remercie. (applaudissements)
Je voudrais vous parler un peu de cette campagne qui s'achève, d'abord en vous posant la question suivante : quand on voit cette campagne, est-on tenté de la faire durer deux mois de plus ? Et ne pensez-vous pas qu'elle a déjà suffisamment duré pour éclairer le choix des Françaises et des Français ? (applaudissements) C'est pourquoi je souhaite que dimanche soir vous terminiez cette campagne par un choix qui permette à la France de redémarrer aussitôt ses diverses activités et sa vie nationale. (vifs applaudissements)
Dans cette campagne, parce que j'étais Président de la République, j'ai cherché à faire apparaître la vérité, j'ai eu du mal à le faire ! J'ai proposé, vous vous en souvenez, des débats télévisés, on a commencé par les refuser ou par les compliquer pendant longtemps £ ensuite, on a accepté un seul débat, alors que j'en proposais deux qui auraient permis de répondre précisément et de comparer la valeur des argumente, et tout à coup, 48 heures après, on retrouve la mémoire... la mémoire pour quoi faire ?
Pour perdre son sang-froid et pour en venir à l'insulte ! ... (sifflets et applaudissements)... Confirmant ainsi le vieil adage : il n'y a que la vérité qui blesse ! (vifs applaudissements)
Ce n'est pas comme cela qu'on gouverne un grand pays et où est donc la " force tranquille " ? Les insultes ne sont dignes ni d'un Président, ni d'un candidat à la Présidence, c'est pourquoi je n'y répondrai pas, mais, par contre, je vous confirmerai ce que j'ai dit publiquement, et puisque j'ai accepté démocratiquement qu'on me juge sur mes actes, pourquoi mon concurrent n'accepte t-il pas, au moins, qu'on le juge sur les écrits qu'il a signés ? (applaudissements) (chants dans le fond de la salle)
Je savais que Tours était la ville la plus sportive de France, je découvre aussi qu'elle est la plus musicale et la plus spirituelle ! (vifs applaudissements) Je donnerai 3 exemples :
J'ai apporté ici le livre que j'avais sur ma table pendant le débat télévisé, le mien, il est un peu écorné, vous pouvez le vérifier, et avec les annotations que j'avais mises moi-même pour ce débat télévisé, afin de retrouver les pages. Vous vous souvenez que j'ai montré ce livre pendant le débat ? Vous vous souvenez que mon adversaire ne l'a nullement récusé ?
Il a écrit dans l'ouvrage qu'il a fait paraître à l'automne dernier, qu'un Président socialiste, je cite, devrait, dans les trois mois, indiquer la manière dont il entendrait mettre en ¿uvre le projet socialiste que je vais vous lire.
Je vous citerai simplement le cas de deux catégories, j'ai réservé le cas de la médecine et de la pharmacie pour Bordeaux, mais j'aurais pu les traiter aussi à Tours.
Deux cas :
L'agriculture : notre agriculture tourangelle, l'agriculture du Loir-et-Cher... que j'aperçois là-bas... et de la Beauce. Nous connaissons chacun les débats sur les problèmes de propriété foncière, on les connaît au moment des remembrements ou au moment des échanges... voilà ce qu'on propose : la maîtrise et la garantie de la terre, outil de travail - page 208 - la terre sera protégée contre la spéculation foncière par la mise en ¿uvre d'une politique reposant sur la création d'offices fonciers chargés d'assurer une meilleure répartition et utilisation du sol. Voilà ce qui attend les agriculteurs !
I
Deuxième citation : la fiscalité. Tours est une ville très jeune... vous avez parlé de la famille tout à l'heure, Monsieur le Maire, il y a en effet besoin pour la France d'une politique familiale active. Qu'est-ce qui est écrit page 219 ? Le quotient familial par enfant sera plafonné, puis progressivement supprimé, au bénéfice du relèvement des prestations familiales.
Je préviens les contribuables chargés de famille !
Troisième citation : on s'est préoccupé de l'application de la loi sur les plus-values et en effet cette loi est compliquée, je souhaite, Messieurs les Parlementaires, qu'on arrive à la simplifier et peut-être à rechercher un mode d'imposition forfaitaire, mais j'indique aux propriétaires de leur maison, de leur résidence, si nombreux en Touraine et si nombreux grâce à vous, le passage suivant au titre des plus values : l'exonération de la résidence principale sera plafonnée, alors qu'elle est à l'heure actuelle totalement exonérée, ce qui limitera la spéculation immobilière et encouragera la location.
Eh bien, ce que nous souhaitons faire nous-mêmes, c'est que les Français puissent devenir et rester propriétaires de leur logement et que la résidence principale¿ (applaudissements)... soit le premier des biens de famille des Français de toutes conditions et de toutes activités et je sais d'ailleurs, pour vous avoir entendu jadis, Monsieur Rayer, que c'est bien ainsi que vous souhaitez que notre politique de la construction s'oriente.
Dernier exemple, parce que quand on parle de vérité, il faut le faire avec scrupule, un sujet très sensible pour les Français : la transmission de leur patrimoine.
Une grande partie de notre effort individuel est fait en direction de nos enfants, et nous voulons, si nous sommes agriculteurs, si nous sommes commerçants, si nous sommes artisans, si nous avons une petite entreprise, si nous avons un bien, pouvoir le retransmettre sans des charges trop lourdes.
J'ai indiqué à la télévision quel était l'amendement qui a été déposé le 16 octobre dernier par M. Mitterrand et ses collègues du groupe socialiste et qui traduisait d'ailleurs une disposition du projet socialiste, il a nié l'existence de ce texte... Or, les parlementaires le connaissent, puisque, Messieurs les Parlementaires, vous avez voté contre... (applaudissements)... cet amendement contient un tarif des droits applicables en ligne directe, c'est-à-dire entre parents et enfants et entre époux, c'est-à-dire entre mari et femme et il est indiqué qu'au-delà de 500.000 F le droit deviendra un prélèvement de 45% entre parents et enfants.
Or, les agriculteurs qui ont le problème foncier, qui ont le problème de leur matériel, ceux qui ont une activité commerciale ou artisanale, savent bien que le capital de travail, à l'heure actuelle où la valeur foncière dépasse maintenant bien souvent ce chiffre, et au-delà qu'est-ce qui sera prélevé ? 45 % et ce n'est pas moi qui l'invente. C'est un amendement qui a été déposé à l'Assemblée Nationale pour y être voté.
Pour que vous en ayez la preuve, je vais demander à de jeunes giscardiens qui sont derrière moi de vous distribuer le texte de cet amendement, dans la salle, pour que celles et ceux qui en doutent puissent l'emporter chez eux pour le lire, mais certainement pas pour l'approuver ! (applaudissements)
Vous vous répartissez le travail de façon à ce que chacun puisse se persuader de l'authenticité de ce texte. Mon concurrent, dont on vous parlait tout à l'heure n'a pas pu contester l'ordre de grandeur du coût de son programme. Les évaluations que j'ai présentées sont des évaluations prudentes. J'ai dit pour 1982 100 milliards de déficit intérieur pour le budget et 100 milliards de déficit extérieur. Quand on sait qu'il a proposé au total 310 milliards de dépenses, c'est une évaluation modeste ! J'ai préféré prendre des chiffres modestes, mais 100 milliards de déficit intérieur, cela veut dire trois fois le niveau actuel et tôt ou tard vous en paierez la facture, et si je prends le déficit extérieur, 100 milliards de francs, c'est l'équivalent des deux chaos pétroliers. Ainsi, nous avons fait face durement au premier choc pétrolier, nous sommes en train de surmonter le second, eh bien, je vous en prie, faisons l'économie du troisième !
Et je vous pose la question : la Touraine et la France sont-elles en état de supporter un troisième choc, le choc bureaucratique ?
Est-ce que les entreprises, dont j'ai rencontré naturellement souvent les dirigeants dans leur travail, dans cette région, pourront payer le SMIC à 3.300 F l'été prochain ? Est-ce qu'elles pourront payer 35 heures à l'automne sans être obligées de licencier ?
Il ne s'agit pas, hélas, à l'heure actuelle, de propo-ser des emplois nouveaux, il s'agit de s'opposer à des mesures qui conduiraient à la fermeture d'un grand nombre d'entreprises et notamment dans le secteur artisanal et dans le secteur du bâtiment.
Est-ce que les agriculteurs de Touraine pourraient maintenir leur revenu avec un taux d'inflation qui baisse à l'heure actuelle, trop lentement, mais qui baisse, et que l'apparition des déficits immédiats renverrait naturellement vers la hausse et vers la hausse rapide ?
Quelle serait la fin de l'année 1981 pour notre agriculture avec des prix fixés pour un an et avec une hausse des coûts de production qui à nouveau deviendrait rapide et ruineuse pour l'exploitation familiale ?
C'est tout ceci dont j'ai le devoir de vous mettre en garde, car naturellement un certain nombre d'entre vous, peut-être pas ceux et celles qui sont ici, mais d'autres autour de vous, se laissent prendre au mirage des promesses. Croyez-vous véritablement qu'il aurait été difficile pour moi de faire des promesses ?
Bien sûr, je n'aurais pas pu comme n'importe qui vous proposer l'accroissement de toutes les dépenses qui vous plaisent et la suppression de tous les impôts qui vous coûtent, qu'est-ce qui m'empêchait de le faire ? , Je ne l'ai pas fait par honnêteté... (applaudissements)... parce que je ne voulais pas être un Président qui rentre le soir à l'Elysée en se disant : voilà, j'entre à l'Élysée, mais j'y entre comment ? J'y entre, parce que j'ai réussi à tromper les Françaises et les Français. Je préférerais ne pas y retourner que d'y retourner au prix du mensonge ou de la tromperie. (applaudissements)
Quand on pense à Tours, il y a tout de suite des images qui viennent à l'esprit : le jardin de la France, l'image de la ville chargée d'histoire, au c¿ur du Val de Loire où s'est formée notre langue, notre poésie, d'où la France a été gouvernée pendant longtemps, et d'ailleurs parmi les périodes les plus brillantes de son histoire et de sa culture¿ Mais aussi l'image de la ville contempo-raine, c'est-à-dire la ville de Jean Royer... (applaudissements) Votre ville a également certains traits qui sont moins connus des autres Français. On le rappelait tout à l'heure, Tours est la ville la plus sportive de France. (vifs applaudissements) et l'on m'a dit que c'était l'un des titres dont vous étiez les plus fiers. C'est la raison pour laquelle je suis heureux que cette réunion se passe dans une salle des sports et c'est pourquoi je suis sûr que l'encouragement que vous apportez d'habitude à vos équipes quand vous leur dites " on va gagner ", c'est le même encouragement que vous allez m'apporter dimanche ! (applaudissements)
Je gagnerai, je gagnerai avec Tours dimanche le titre de champion de France ! (applaudissements)
Tours est aussi une ville du Midi, c'est une ville du Midi à cause de l'enthousiasme de la jeunesse tourangelle... (applaudissements)... C'est une ville du Midi si j'en juge par la présence parmi nous de nombreux rapatriés et français musulmans... (applaudissements)... je leur redis les deux mots de ma devise à leur égard : mémoire et fidélité.
J'ai l'intention d'utiliser la compétence de certains rapatriés de votre région pour nous aider à régler d'ici la fin de l'année certains problèmes difficiles, je pense notamment au régime des retraites des rapatriés pour lesquels vous avez ici parmi les meilleurs spécialistes. Tours est également la capitale du département le plus indépendant au point de vue énergétique de toute la France... (applaudissements)
Malgré l'opposition, l'Indre-et-Loire dispose aujourd'hui d'un gisement d'énergie nationale à bon marché qui va vous permettre d'avoir une électricité sûre et à bon marché dans toutes les années à venir.
Malgré l'opposition, les centrales électronucléai-res de la région emploient déjà à titre permanent 2000 personnes de très haut niveau.
Malgré l'opposition, les chantiers des centrales en construction de la région Centre emploient 5.000 personnes.
Et ainsi, sans avoir souillé le sol de la Touraine, nous avons enfoui au profond de votre terre l'équivalent d'un gisement de pétrole plus important que celui que les Français ont jadis découvert en Algérie.
La Touraine dispose aujourd'hui de communications excellentes et d'une énergie à bon marché, d'une énergie qui sera d'ailleurs de plus en plus à bon marché. Elle peut donc prétendre accueillir toute la gamme des industries nouvelles et notamment de ces industries non polluantes qui doivent venir chez vous et qui doivent fournir des emplois qualifiés aux jeunes gens et aux jeunes filles de Touraine.
Vous avez appris sans doute... Je ne sais pas si on a donné à cette nouvelle la diffusion qu'elle mérite... que notre grand groupe national d'informatique vient de choisir Tours pour créer sa troisième usine en France... (applau-dissements)... et voilà bien le type d'activité à haut niveau scientifique, employant des hommes et des femmes, non polluante, qui complètera la vie économique et sociale de votre grande ville.
Je souhaite que dans le septennat nouveau, nous puis-sions progresser en direction de certaines actions que vous avez évoquées tout à l'heure, Monsieur le Maire, la liberté d'entreprendre et non pas la bureaucratisation de la France. (applaudissements)
Le renouveau de notre agriculture qui après des années difficiles, car il y a eu des années difficiles, doit à partir de cette année, et en raison de ce qui a déjà été obtenu, concernant le niveau des prix, connaître une nou-velle activité et je l'espère un meilleur équilibre de ses revenus.
Il y a les collectivités locales dont il faut réexa-miner certains aspects fiscaux.
Et puisque j'ai dit que l'Assemblée nationale serait saisie du projet de réforme ou de remplacement de la taxe professionnelle, je pense que les bons spécialistes que vous avez ici, puisque vous avez le Président de la Commission qui est chargé de ce travail et vous avez deux grands spécialistes des problèmes économiques et fiscaux, pourront nous présenter des idées qui représenteront une juste synthèse entre le besoin d'allègement et de simplification de certaines catégories économiques et sociales et le maintien de ressources appropriées pour l'avenir des collectivités locales. (applaudissements)
Tout à l'heure, je vais, vous savez, prononcer mon dernier discours de dix minutes qui est la conclusion de la campagne, mais je ne sais pas si vous serez rentrés chez vous, les habitants de Tours, sûrement, ceux de Chateaurenaud, tout juste, les autres sans doute pas. Alors, je vais vous dira ma conclusion et je verrai sur vos visages, ce que je n'ai pas pu voir à la télévision quand je l'enregistrais si ce que je propose répond à ce que vous souhaitez. Je veux que la France du septennat nouveau soit plus ouverte et plus douce à vivre.
Je veux m'occuper autant des Français que de la France, Je souhaite que l'effort que j'ai entrepris pour ouvrir plus largement les responsabilités aux femmes se poursuive... (applaudissements)... elles doivent pouvoir mieux concilier, grâce à des solutions nouvelles, leur vie de famille qu'elles aiment et leur activité de travail qu'elles souhaitent¿ (applaudissements)... elles ont beaucoup à apporter à la France, quelque chose de nouveau, de raisonnable et de généreux. (applaudissements)
Les jeunes m'ont beaucoup aidé dans ma campagne... (applaudissements)... ils ont compris que je ne cherchais pas à réveiller le passé, maïs à ouvrir l'avenir. Ils ont vu que la France était bien placée pour devenir un des pays de tête du monde, que pour cela il fallait regarder en avant, qu'il fallait avoir de grands projets, qu'il fallait comprendre et aimer le monde de notre temps à l'intérieur et à l'extérieur des frontières¿ (applaudissements)
Dans cette campagne, j'ai reçu beaucoup de conseils, et je sors même de mon texte pour vous dire que depuis trois ou quatre jours, j'ai été littéralement bombardé de conseils. On m'écrivait, les parlementaires, les spécialistes, en disant : vous devriez vous adresser à tel groupe pour lui promettre cela, vous adresser à tel autre groupe pour lui rappeler ceci... ah ! vous n'avez pas cité telle personne ou telle catégorie, faites-le donc... en général d'ailleurs, quand on me le disait, je l'avais fait la veille. Sans doute que ceux qui me le disaient n'avaient pas eu le temps ou l'occasion de m'entendre !
J'ai reçu beaucoup de conseils et on m'a dit souvent : ne parlez pas du rôle et de la place de la France dans le monde, ce n'est pas cela qui fera voter les Français Eh bien, je ne suivrai pas ce conseil¿ (applaudissements)... J'ai été votre Président pendant sept ans, une grande partie de mon temps a été consacrée à représenter la France dans le monde, à vous représenter vous-mêmes, chacune et chacun d'entre vous, pour que la France joue son rôle, tienne sa place, soit digne et respectée, et je sais que cela compte pour vous... (applaudissements) Il est vital pour toute l'Europe que la France reste forte et stable.
Les Européens de tous les pays vont regarder dimanche le vote de la France et dans leur c¿ur, ils souhaiteront que la France reste un pays fort et stable, qui est, vous le savez, un pilier de l'Europe et de sa sécurité. (applaudissements)
Françaises, Français, je poursuis mon texte, nous voici égaux, les uns et les autres, votre bulletin de vote à vous et à moi pèsera d'un même poids pour décider du sort de notre pays. Il n'y aura pas dimanche les puissants et les faibles, ceux qui s'accordent de l'importance et ceux qui en refusent aux autres, il y aura l'égalité absolue des suffrages et votre bulletin de vote comptera autant que le mien. Chaque voix compte. Aucune ne doit manquer au moment décisif.. on le regrette amèrement plus tard, mais plus tard, c'est trop tard. (applaudissements)
Alors, réfléchissez, réfléchissez tant qu'il est temps Naturellement, beaucoup d'entre vous, ceux qui m'applaudissent, ceux qui me soutiennent, ont déjà réfléchi, faites réfléchir autour de vous. Il faut qu'il y ait en Touraine, dans cette très ancienne, très vivante région, aucune person-ne qui ne se prononce sur l'orientation de la France dimanche Ce n'est pas compréhensible quand on pense à la gravité de l'enjeu, car l'enjeu, c'est l'avenir, l'avenir immédiat et lointain de la France¿ (applaudissements)... l'avenir de chacun de vous, avec des conséquences concrètes et celui de vos enfants dont vous ne voulez pas qu'ils vivent dans un pays affaibli, en désordre, en déclin.
L'enjeu, c'est la France.
Je me suis donné beaucoup de peine dans cette campagne pour vous expliquer et pour vous convaincre, et comme je crois que vous l'avez compris, après votre choix de dimanche, je suis sûr qu'ensemble, dès lundi, nous entreprendrons notre démarche vers une France plus forte dans le monde et plus fraternelle pour les Français. (applaudissements)

Vive la République !
Vive la Touraine !
Vive la France !
Allez, la France !
(vifs applaudissements)