20 avril 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Discours de M. Valéry Giscard d'Estaing à Dax, notamment sur le bilan de l'action en faveur de la région Aquitaine et le problème basque, lundi 20 avril 1981.

Monsieur le Secrétaire d'Etat, mes chères Dacquoises, et mes chers Dacquois, mes chères Landaises et mes chers Landais, et puis également mes chers Béarnais, que j'aperçois, les Basques et les Aquitains, (applaudissements)
Dans les commentaires qu'on fait sur la campagne électorale, il y a un certain nombre de gens qui disent qu'ils la trouvent trop longue, et moi je commence à la trouver trop courte, parce qu'elle me donne l'occasion de faire ce que je préfère faire, qui est de rencontrer les Françaises et les Français chez eux et de pouvoir participer à ces réunions qui sont aussi des rencontres et où je vous remercie d'être venus si nombreux à Dax.
Je m'excuse, avec M, le Maire, vis-à-vis de ceux qui sont restés à l'extérieur, la salle étant trop petite pour les accueillir £ j'espère néanmoins que ma voix leur parvient. Ce n'est pas tout à fait ce que j'aurais souhaité mais enfin c'est un commencement.
Mes chers Amis, vous entendez la campagne des 9 autres candidats, et comme je suis citoyen français, d'ailleurs muni d'un droit de vote que j'exercerai avec discernement dimanche prochain, moi aussi je juge cette campagne, campagne médiocre, à ras de terre, faite pour diviser et pour détruire. (applaudissements).
Ces 9 candidats inventent pour les besoins de leur cause une France imaginaire, faible, s'abandonnant devant l'effort, incapable £ mais, en vous décrivant cette France imaginaire, pensent-ils aussi à la France réelle ?, car je leur réponds ceci : " Non, la France n'est pas faible, elle est forte, elle est devenue la troisième puissance militaire du monde " et on en sait quelque chose, dans les Landes ! (applaudissements).
Non, les Français ne sont pas abandonnés devant l'effort £ ils ont fait face à la crise, et mieux cette année, en 1981, que la puissante Allemagne fédérale £ notre croissance économique sera nettement supérieure cette année au résultat de l'Allemagne.
Non, la France n'est pas incapable £ elle a lancé en sept ans un programme de 45 centrales nucléaires, elle a construit...
Dans la Salle.- Hou !..
M.Valéry GISCARD d'ESTAING.- Oui ! Vous criez "hou", mais vous êtes tout seul ! (applaudissements). La majorité du peuple français a choisi l'indépendance nucléaire parce que c'était un choix de courage ! Nous ne voulions pas être dépendants indéfiniment... (applaudissements) du bon vouloir ou des caprices de ceux qui nous décomptaient le pétrole et qui en fixaient 1e prix à leur guise.
Alors, si vous êtes pour la vie asservie, si vous voulez que la vie économique et sociale de la France dépende des caprices des autres, vous pouvez dire " Non ", mais vous dites non tout seul. (applaudissements).
Elle a construit l'Airbus, commandé à 460 exemplaires, et construit, vous le savez, près de chez vous.
Elle a lancé Ariane. Dans ces sept ans, il n'y a que 3 pays dans le monde qui ont envoyé des fusées dans l'espace : l'Union Soviétique, les Etats-Unis d'Amérique, et la France, il n'y en a pas d'autres ! (applaudissements).
Elle est le 2ème exportateur agricole du monde. Nous n'avons pas les terres les plus étendues du monde, mais nous avons certainement - et j'y reviendrai - une des agricultures les plus capables.
La France est ainsi estimée et respectée à l'étranger pour ce qu'elle a fait et pour ce qu'elle est devenue, et elle tient son rang, permettez-moi de vous le dire, grâce à l'action du Président de la République, reconnu comme un interlocuteur égal par les super grands du monde. J'ai consacré pendant ces sept ans tous mes efforts à créer, à construire£ je ne laisserai pas les démolisseurs ruiner nos efforts. (applaudissements).
Nous avons établi ensemble, --ensemble car, bien entendu c'est votre travail autant que le mien et, dans certains domaines, davantage que le mien --les fondations d'une France moderne et dynamique.
Celui qui a construit les fondations est le mieux qualifié pour construire les étages de la maison !
Les démagogues ne peuvent construire qu'une maison de papier, parcourue par les courants d'air des fausses promesses et des désillusions. (applaudissements)
C'est pourquoi, ayant construit les fondations, je vous propose l'espoir.
L'espoir, c'est de placer la France dans le peloton des 3 pays les plus avancés du monde : Etats-Unis d'Amérique, Japon et France £ nous en sommes capables. (applaudissements) et ainsi améliorer les conditions de vie, d'activité et de rémunération de toutes celles et de tous ceux qui travaillent pour la France.
Aussi, laissez le ch¿ur des 9 pleureuses à leurs lamentations électorales (applaudissements) et construisons ensemble une société de paix, de liberté et d'espoir pour la France.
Avant de vous la décrire, en quelques mots je voudrais vous parler de 2 problèmes : le problème de votre ville, Monsieur le Maire, et autour de votre ville, le problème des Landes. Et puis, puisque je suis venu près du Pays basque, dont il y a ici des représentants, je voudrais vous parler du problème basque.
Monsieur le Maire, vous m'aviez invité déjà à venir Dax, et n'ayant pas pu répondre à votre invitation, dans un calendrier qui était malheureusement chargé, j'avais demandé à Anne-Aynémone de me représenter, et elle m'a raconté, au retour... (applaudissements).. votre accueil si amical et chaleureux, et je vous remercie d'être là aujourd'hui, alors que vous auriez pu être sur le terrain à soutenir votre équipe. mais vous avez remarqué que les Dieux nous étaient favorables le lundi de Pâques, puisqu'elle vient de gagner, paraît-il, par 19 à 9...(vifs applaudissements). 19 à 9¿ (applaudissements)¿-c'est un bon score.
Partout où je me rends, pendant cette campagne, je propose aux Françaises et aux Français une image de l'avenir de leur ville, de leur région et de la France.
Je ne veux pas que vous quittiez ces réunions avec simplement des images tirées du passé, il faut aussi une image de l'avenir, et cette image c'est celle de la croissance à la française, entre Français, que nous allons poursuivre Ensemble pendant sept ans, si vous m'élisez à nouveau Président de la République, par 19 à 9 ! (applaudissements).
Je suis surpris de constater que certains de mes concurrents réfèrent à des modèles étrangers.
On nous propose successivement - on nous a fait faire le tour du monde des modèles ! - le modèle suédois, le modèle à la japonaise... moi, je vous propose la croissance à la française.
Ce n'est pas en imitant les Gallois, ou les Anglais, que l'Equipe de France a gagné le tournoi des 5 Nations ! (applaudissements), mais c'est en y apportant les qualités françaises à partir desquelles nous devons construire notre avenir, c'est-à-dire toutes les qualités gasconnes : l'intelligence, l'imagination, 1a générosité et le panache. (applaudissements).
Tout à l'heure, Monsieur le Maire, vous parliez de cette grande compétition économique : la France est engagée dans le tournoi des 5 continents, et il faut que dans ce tournoi, la France gagne.
Cette croissance à la française, c'est ce que le Plan du Grand Sud-Ouest propose à l'Aquitaine.
Tout à l'heure Maurice Plantier vous rappelait qu'il n'y a jamais eu dans le passé une vision d'ensemble pour le développement du sud-ouest de la France.
Il n'y en a jamais eu. Vous avez eu des dirigeants de toutes couleurs, vous avez eu des gouvernements de toutes tendances depuis cinquante ans, quel est donc celui qui a proposé une vision d'ensemble du développement du grand sud-ouest de la France ?
Il n'y a eu personne.
Et pourtant, je n'étais pas particulièrement l'élu de votre Région £ je viens d'une région voisine et montagneuse, je n'avais pas eu dans le sud-ouest tous les suffrages que j'ai eus ailleurs et, néanmoins, c'est moi qui le premier, ai proposé un plan de six ans du développement du grand sud-ouest, et si vous me confiez à nouveau le soin de conduire la présidence de la République française, ce plan du grand sud-ouest nous 1e réaliserons ensemble pendant tout le septennat nouveau.
Ce plan, il apporte d'abord au sud-ouest les moyens de la croissance, les ressources notamment les crédits.
Je vous indique que, pour le Département des Landes, par exemple, les crédits d'irrigation ont augmenté de 60 % en deux ans, et ils étaient nécessaires aux agriculteurs landais.
Je vous indique aussi que les Landes et le Bassin de l'Adour vont bénéficier, grâce à ce plan, des énergies nouvelles et des technologies de pointe : électronique, à Bayonne, câblage par fibres optiques, à Biarritz, Monsieur le Maire - auquel j'ai regretté de ne pas pouvoir rendre visite, voici quelques mois, mais ce n'est que partie remise, fabrication de carburant végétal à Soustons et à Tarnos, géothermie à Mont-de-Marsan et, bien entendu, à Dax.
Je rappelle enfin que l'Aquitaine, qui était une grande région historique de passage et d'échange, était restée curieusement isolée, sans autoroute, sans grande voie de communication et elle est maintenant desservie, elle va l'être encore davantage, par tous les grands moyens de communication moderne, et l'année 1981 va marquer le couronnement de l'effort poursuivi pendant tout le premier septennat puisque vous aurez enfin la liaison autoroutière complète de Hendaye jusqu'à la Gironde et jusqu'à Paris.
Cette croissance doit respecter le caractère, et je dirai le tempérament, de chaque région.
L'Aquitaine doit se développer en restant l'Aquitaine, la Gascogne en restant la Gascogne, le Pays basque en restant le Pays basque, c'est-à-dire que vous, qui êtes le pays de la forêt, le pays du maïs, le pays des Entreprises moyennes, vous devez autant que possible préserver ces caractères, le pays aussi de la qualité : qualité du produit agricole et alimentaire, qualité des femmes et des hommes qui ont une longue tradition de travail et de civilisation derrière eux, qualité de la vie.
C'est aussi, Monsieur le Sénateur, le pays de la palombe... je le dis (applaudissements) parce que quelques-uns la contestent... et je suis de ceux qui pensent que les paysans landais connaissent l'art de protéger les colonies de palombes aussi bien que des experts scandinaves, et j'aurai donc l'occasion, Monsieur le Sénateur Bounot, dont je connais l'habileté reconnue à cet égard, de demander que l'on défende auprès de nos partenaires cette idée de bon sens dans le respect des activités traditionnelles (applaudissements).
Monsieur le Maire, je sais que vous avez un grand projet de thermalisme, et, d'ailleurs, lorsqu'il a fallu choisir quelqu'un pour suivre l'ensemble du dossier thermal en France, on a choisi un spécialiste venant des Pyrénées Atlantiques. Compte tenu du dynamisme de Dax, et de l'importance du thermalisme pour le grand sud-ouest, je peux vous dire que l'État vous aidera à boucler d'ici l'été, c'est-à-dire dans les mois prochains, l'ensemble du financement de votre grand projet.
Et maintenant, le Pays basque, que j'ai visité, vous le savez, dès le début de mon septennat, auquel m'attachent, comme beaucoup de Français d'ailleurs, des liens familiaux : J'avais reçu, l'année dernière à Pau les élus du Pays basque et je viens de voir à l'instant les représentants des 3 comités de soutien à ma candidature formés dans le Pays basque. Ils m'ont fait part de leur inquiétude à la fois pour les problèmes économiques propres au Pays basque et pour les conséquences, pour la France, des événements qui se déroulent chez nos voisins espagnols.
Je voudrais leur répondre ceci : chacun mesure bien, en effet, la gravité des événements qui se sont déroulés en Espagne. Notre devoir de Français, notre devoir d'amis est de ne rien faire qui puisse directement ou indirectement aggraver les tensions internes au-delà des Pyrénées. Notre responsabilité de Français, ma responsabilité de Président de la République et la responsabilité des élus du Pays basque, c'est de ne pas tolérer la contagion de ces tensions sur notre sol. La France n'admet pas et n'admettra pas que des règlements de compte entre étrangers aient lieu sur notre territoire ! (applaudissements) .. Nous l'avons dit de la façon la plus ferme au Gouvernement espagnol.
Le Gouvernement n'admettra pas, non plus, que des attentats soient commis contre les personnes ou contre les biens. Toute violence, d'où qu'elle vienne et quelle qu'en soit l'origine sera réprimée selon les règles de la justice et de la loi !.(applaudissements)..La violence peut peut-être --et je n'ouvre pas ici cette discussion difficile - être le recours ultime, dans des régimes de servitude, mais, dans un pays de liberté comme le nôtre, où chacun peut s'exprimer, où chacun peut voter, où chacun peut choisir, la violence est toujours un crime (vifs applaudissements).
En France, depuis maintenant plus d'un siècle, toutes les opinions peuvent être exprimées et, d'ailleurs, toutes s'expriment. Toutes les minorités, toutes les idéologies peuvent présenter des candidats aux élections municipales, cantonales, législatives, sénatoriales et même présidentielles. J'observe, d'ailleurs, que lorsqu'elles vont devant le suffrage, elles y rencontrent peu de succès, mais chacun peut le faire.
Par contre, l'avenir que je propose aux Basques, aux Gascons et aux Français n'est pas celui de la violence c'est l'avenir de la sécurité, de la liberté, de la paix et de la solidarité.
Au cours de cette campagne, je rencontre de nombreux jeunes et je suis heureux de voir que des jeunes gens et des jeunes filles de talent, qui auraient autrefois fait carrière à Paris, se consacrent aujourd'hui à l'avenir de leur région, la Chalosse que j'aperçois là-bas, le Pays basque, le grand Sud-Ouest. C'est avec vous, les jeunes, que je veux préparer l'avenir de la France et c'est â vous, les jeunes, que je dédie mon septennat nouveau, (applaudissements)
Pour le développement économique du Pays basque, je ferai donc 3 propositions applicables dès 1981 :
Première proposition : faire de l'agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz, l'un des grands centres de technologie de l'avenir. Les industries du futur, vous le savez, se concentrent dans des régions où les communications sont faciles, où la nature est accueillante £ c'est dire que beaucoup de villes françaises sont en compétition. Mais j'ai veillé personnellement, on vous l'a rappelé, à ce que Bayonne et Biarritz se lancent dans la compétition avec quelques longueurs d'avance. Nous faisons, chez vous, des réalisations ou des expériences qui ne se font nulle part ailleurs et., si je suis élu, je vous aiderai à maintenir cette avance pour que cette grande agglomération de regroupement reste un des pôles d'accueil des industries du futur en France.
Deuxième proposition. : un programme industriel et agro-alimentaire pour le Pays basque intérieur. Comme d'autres pays de moyenne montagne, le Pays basque intérieur souffre de la difficulté des communications et de sa trop grande dépendance vis-à-vis de l'élevage. Au titre du Plan Grand Sud-Ouest, des programmes ont déjà été faits pour d'autres régions semblables £ je pense au bassin du Tarn, à l'Aveyron ou à certaines zones fragiles, et je proposerai qu'un programme de cette nature soit préparé dès cette année pour le Pays basque intérieur. Il comporterait des équipements en matière agricole et, en même temps, la réalisation des aménagements routiers qui ont été demandés à l'intérieur du Pays basque pour désenclaver largement cette région de moyenne montagne.
Troisième proposition : mettre en ¿uvre une véritable Charte culturelle, lorsque je suis venu à Pau, je l'avais indiqué aux élus du Pays basque. D'ailleurs, nous avons signé des chartes culturelles de cette nature. Nous en avons signé avec l'Alsace deux fois, avec les Bretons et avec les Corses. Les Basques ont besoin du concours de l'Etat pour mettre en valeur leur patrimoine très ancien, très riche, culturel, linguistique, littéraire, musical, monumental. Je l'avais dit, il y a dix-huit mois £ les procédures ont été engagées, elles ont été trop longues £ je suis donc favorable à la conclusion d'une Charte culturelle au Pays basque, également, d'ailleurs, si on le souhaite, en Gascogne, sur le type de celles qui ont été établies jusqu'ici, et, si je suis élu, j'accueillerai, comme j'ai accueilli les élus corses, les élus des Pyrénées Atlantiques, pour voir avec eux comment construire une telle charte.
Voilà les 3 propositions pour le problème basque. (Vifs applaudissements)
Pour la France, ce que je souhaite, c'est la paix, pendant les sept ans à venir .. c'est long, sept ans.. on me dit : vous avez déjà été là pendant sept ans, encore sept ans.. c'est long .. mais, en même temps, quand on se retourne, sept ans, c'est vite enfui !
Les sept ans à venir vont être dangereux dans le monde. Vous voyez bien qu'à l'heure actuelle, il y a entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Union Soviétique une tension qui tient au rééquilibrage de leurs forces £ vous voyez bien que toute une grande région du monde, qui va de la Méditerranée à l'Inde, est une région secouée de convulsions et d'affrontements, c'est une région dont nous dépendons largement pour nos approvisionnements £ vous voyez qu'au niveau des conflits qui étaient ouverts, conflits d'Israël et des Pays Arabes, on n'a pu aboutir à une paix définitive £ vous voyez tout cela, donc, pendant sept ans, nous allons vivre une période de tension, et je suis frappé, je suis même, au fond du c¿ur, scandalisé, moi qui, comme Président de la République, ai vu cela, de la légèreté avec laquelle les autres candidats traitent des problèmes de la sécurité de la France dans les années à venir. Ce n'est pas une affaire d'estrade électorale, c'est une affaire très grave parce que si l'on donne aux Français la paix, ils feront le reste car ils en sont capables £ si, par contre, on prive les Français de la paix, il n'y a aucune promesse électorale ou démagogique qui suffirait à améliorer leur sort.
Vous avez ici des hommes et des femmes, sur cette estrade, qui ont comme moi, plus que moi, combattu au moment où notre pays était occupé, humilié £ eh bien, lorsqu'il y a encore des tensions dans le monde, le fait de se battre pour la paix est le premier devoir du Président de la République !
Vous avez vu le début de la Campagne £ on me reprochait mes efforts pour la paix. Les candidats ont cru bon de faire de l'esprit sur ce sujet, de l'esprit, je dois le dire, d'un niveau qui était plus de la petite campagne électorale que des grandes affaires internationales, mais enfin, des plaisanteries sur la paix. (applaudissements) Eh bien, je continuerai de me battre pour la paix et dites-vous que quand on feuillette les livres d'histoire, y compris dans le Béarn, on s'aperçoit que les hommes d'État qui ont laissé des souvenirs sont ceux qui ont garanti ou rétabli la paix, ce ne sont pas ceux qui se sont lancés dans les aventures de l'éloquence improvisée ou de la provocation maladroite £ ce ne sont pas ceux-là.
Donc, je continuerai de lutter pour la paix.
Je continuerai aussi à faire de la France un pays de liberté. Vous avez vu que dans cette campagne, le problème de la Liberté a été, pour employer un vocabulaire de l'époque, presque évacué. On n'en parle pas. On en parlait en 1974, on fondait des associations pour surveiller les libertés, pour protéger les libertés. On n'en parle pas aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que j'ai maintenu, pendant sept ans, malgré les tensions et malgré les violences, la France comme un pays de liberté.
Eh bien, si je suis élu de nouveau, je maintiendrai encore la France comme un pays de liberté exemplaire, une de ces terres, dans le monde, où les hommes et les femmes vivent librement, peuvent aller où ils veulent, choisir de travailler à ce qu'ils veulent, choisir de voter comme ils l'entendent. (applaudissements)
Dites-vous que c'est un bien si rare dans le monde - si rare - qu'au moment de choisir, il ne faut pas le traiter par l'indifférence ou à la légère.
Enfin, je maintiendrai aussi la solidarité entre les Français. J'entends le langage de la division et vous voyez bien que la victoire de certains candidats, s'ils étaient élus, serait la victoire d'une fraction des Français sur les autres £ ce ne serait pas une espèce d'élan national £ ce seraient les uns qui auraient réussi à l'emporter sur les autres et qui leur feraient subir leurs lois fiscales, économiques, sociales.
Mon ambition est tout à fait différente - c'est de créer un sentiment de solidarité entre les Français qui respecte leur diversité naturellement, mais qui comporte la solidarité, Nous l'avons fait pendant sept ans, et dans des conditions difficiles. J'en prends à témoin les personnes âgées dé Dax ou des Landes £ elles ont vu cet effort de solidarité, malgré sa crise, destiné à transformer leur situation matérielle, mais aussi psychologique, leur place dans la société.
Vous l'avez également vu pour les femmes, ces femmes dont les problèmes n'étaient pas traités, il y a sept ans et qui, naturellement, avaient leur responsabilité dans leur vie de famille mais si peu dans la société française. Elles ont progressé £ elles continueront de le faire au cours des sept années à venir.
Nous l'avons fait pour les handicapés. Nous l'avons fait pour les travailleurs manuels les plus défavorisés, nous continuerons de le faire, car je veux que la France reste une société de solidarité. I1 y a, dans cette Campagne, vous l'avez senti, trop d'appels à l'égoïsme, trop d'appels à l'avantage particulier, en se disant. : on va " placer " Pierre ou Paul ou telle ou telle catégorie, en lui promettant des choses mirifiques qu'on n'a d'ailleurs jamais faites dans le passé et que, bien entendu, on ne fera pas dans l'avenir.
On fait appel à l'égoïsme. Moi, je voudrais faire appel à la solidarité ! (applaudissements).
C'est pourquoi, avant de vous quitter, Monsieur le Maire, je vous fais la confidence suivante : nous allons faire un petit détour. Nous devons aller maintenant à Auch mais nous allons faire un petit détour par Pouy, parce qu'il y a à 4 km de Dax, le lieu de naissance de St Vincent de Paul. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que par une autre coïncidence, Vincent de Paul, qui était d'une famille d'agriculteurs des Landes, d'une famille de 6 enfants, très pauvre, est né le 24 Avril 1581. Il est donc né, il y a 400 ans, à 3 jours près. I1 a été le symbole apporté par les Landes à la France de la simplicité, de la générosité et de la fraternité des Français.
Eh bien, puisque nous sommes ici 400 ans après, jour pour jour, nous allons y faire un petit détour, et ce ne sera pas le candidat, ce sera le Président de la République qui commémorera pendant quelques minutes le 4ème Centenaire d'un homme qui a incarné la simplicité et la générosité de la France. (très vifs applaudissements)
Dans cette Campagne, vous l'avez vu, je ne cherche pas ce qui divise. De temps en temps, les gens me disent vous devriez répondre. Croyez-vous que je sois incapable de répondre ?.. (applaudissements).. Croyez-vous que je n'aie ni souvenir à évoquer, ni argument à citer ? Le croyez-vous ? Et pourtant, je ne le ferai pas .. (applaudissements).. parce que même si cela fait perdre à cette Campagne un peu de son animation, un peu de son pittoresque en ne répondant pas, je respecte quelque chose qui est plus profond que tout et qui est l'unité, le besoin d'unité de la France. On ne peut pas à la fois lui dire : nous allons nous mettre en tête des pays mondiaux, nous allons être l'égal des Japonais et des Américains, et, en même temps, la découper en morceaux. Donc, je ne le ferai pas.
J'ai suivi à la télévision les matchs de cette année £ j'ai toujours vu là où nous étions bons et là où nous étions mauvais parce qu'il ne faut pas se tromper, nous gagnons quelquefois, nous perdons quelquefois. Eh bien, nous sommes bons lorsque nous nous entendons bien £ nous perdons lorsque nous nous disputons.
Or, ce qui est vrai d'une petite équipe, mettons de 15 personnes, pourquoi cela ne le serait-il pas du peuple français tout entier ? Si nous nous entendons, nous gagnerons £ si nous nous disputons, nous perdrons.. (applaudissements). C'est pourquoi, dans cette Campagne, je sers la cause de l'unité de l'Equipe de France et, mes chers amis, cette équipe de France, nous la ferons gagner, grâce à vous et avec vous. C'est pourquoi je terminerai par un appel.
Vous êtes venus aujourd'hui, ce lundi, ce n'était pas si facile car c'était encore un jour férié, vous êtes venus pour vous renseigner, pour choisir et j'espère qu'en sortant, la plupart d'entre vous aura choisi, mais aussi pour agir. Lorsque le Général de Gaulle - Plantier en parlait tout à l'heure - a, contre l'avis de tous les hommes politiques de l'époque pratiquement, décidé que c'étaient les Françaises et les Français qui choisiraient leur Président de la République, c'était pour leur transférer un pouvoir, c'était pour que, désormais, ce ne soit pas un pouvoir qui s'exerce dans un petit cercle, mais un pouvoir exercé par vous, au contraire individuellement, par chacune et chacun d'entre vous.
Je dis la chose suivante, très simple : dimanche prochain, j'irai voter.. je crois même que je sais pour qui ... (applaudissements).. mais enfin, il y a le secret des isoloirs, je n'ai jamais montré mon bulletin à personne., mais, au moment de mettre mon bulletin dans l'urne, il ne pèsera pas plus lourd que celui de chacune ou de chacun d'entre vous. Pendant sept ans, j'aurai été Président de la République française, j'aurai rencontré tous les principaux personnages du monde, les Américains, les Soviétiques, les Chinois, les Indiens, j'aurai vu tous les problèmes de l'époque, et, au moment de voter, votre bulletin de vote vaudra le mien, c'est vous qui aurez le pouvoir. Je souhaite que ce pouvoir, vous l'exerciez bien entendu pour le bien de la France, mais que d'ici là, vous l'exerciez aussi en expliquant autour de vous que ce choix est un grand choix national. Ce n'est pas un choix particulier ou de catégorie ce n'est pas l'occasion d'exprimer une insatisfaction qui peut exister, une désillusion qui peut avoir eu lieu £ c'est l'occasion, au contraire, d'ouvrir la voie vers laquelle progressera le peuple français et que vous choisirez, je le répète, avec autant de pouvoirs que moi.
C'est pourquoi je souhaite que vous soyez désormais mes associés dans cette Campagne. Je souhaite que vous la fassiez avec moi dans les quelques jours qui vont venir pour porter, pour conduire l'élan du peuple français vers la liberté, la paix, la justice et l'unité de la France ! (vifs applaudissements).