15 avril 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Discours de M. Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République, notamment sur le bilan de l'action engagée pour la Provence concernant les équipements publics, la montagne, les espaces naturels, à Manosque mercredi 15 avril 1981.

Manosquines et Manosquins, mes chers Amis, mes chers Amis des Alpes de Provence, mes chers Amis des Hautes Alpes provençaux, je suis venu en effet à l'invitation du Maire de Manosque tenir aujourd'hui ma première réunion en Provence et je vais poursuivre tout à l'heure, vous le savez, dans votre belle région.
C'est donc devant vous que je commence ma campagne de cette journée.
Alors ! Vous la voyez cette campagne qu'on offre à la France, vous en êtes les témoins sur les écrans de vos télévisions. Comment ! Dans une période de crise économique. Comment ! Dans une période de graves tensions internationales. Comment ! A un moment où la France. grâce à l'effort et au travail des Français apparaît comme un des partenaires majeurs au monde. Voilà qu'on propose aux Français un pot-pourri de critiques faites pour diviser et pour détruire.. (applaudissements). qu'on lance des arguments --je le dis en Provence - se situant à une telle hauteur que lorsqu'on les écoute volant au ras des pâquerettes, on a l'impression que l'horticulture vient de découvrir une variété de pâquerettes naines ! (vifs applaudissements)
Vous entendez s'exprimer les forces de la division représentant les tendances les plus opposées de la vie politique allant de la frange la plus conservatrice à la gauche extrémiste ou libertaire Avec eux les vieux démons de notre pays se sont réveillés, les contradictions habituelles les affrontements à l'intérieur des mêmes familles les rivalités de la politique française retrouvent ce printemps une nouvelle jeunesse.
Les mêmes forces qui ont conduit au naufrage le vaisseau de la IVème République, les mêmes forces qui avaient fait de la France l'homme malade de l'Europe vous proposent de leur confier le sort de notre pays !
Pour m'atteindre, moi que vous avez élu, majorité des Françaises et des Français, en 1974 mes concurrents croient nécessaire d'inventer de toute pièce une France imaginaire, une France abaissée, une France méprisée, une France incapable, une France en décadence et ils ne voient pas qu'en dénigrant ainsi la France, ils dénigrent aussi les Français (applaudissements)
C'est pourquoi désormais dans cette campagne j'ai choisi de vous défendre.
Je défends le travail accompli par les Françaises et les Français depuis sept ans. Je vous défends contre les fausses promesses, les illusions, la démagogie dont vous auriez à payer vous-mêmes la facture écrasante pendant sept ans (applaudissements)
Monsieur le Maire, 160 milliards de francs pour un feu d'artifice électoral c'est bien cher pour les contribuables ! (applaudissements)
J'ai déjà dit et je répéterais inlassablement que la France est un grand pays, que les Français sont un grand peuple et je vous rappellerai quelques exemples pour que vous gardiez confiance en vous et en ce que vous êtes capables de faire.
La France est avec les Etats-Unis - on le sait bien ici - la première puissance du monde occidental pour l'industrie nucléaire.
La France est la première puissance d'Europe pour l'industrie informatique.
La France est la première puissance d'Europe pour l'industrie aéronautique et spatiale, le seul pays qui lance lui aussi une fusée dans l'espace.
La première puissance d'Europe pour l'industrie du verre et du ciment, la première puissance d'Europe pour sa puissante agriculture et vous le savez, la troisième puissance militaire du monde qui a organisé ses forces pour être capable d'assurer toute seule son indépendance et sa sécurité.
Voilà donc la France, voilà son portrait, voilà son visage £ ce n'est pas le portrait honteux que l'on vous présente hélas, pour tenter d'attirer par le découragement ou par la désillusion vos votes.
La France est une grande puissance industrielle et pendant sept ans, loin de décliner, elle s'est élevée dans l'échelle des Nations.
La France est à l'heure actuelle parmi les pays d'Europe, sans doute celui qui a les plus grandes chances d'avenir devant lui.
La France est aussi un pays de justice et de liberté.
Je ne fais pas ma campagne à partir de l'appel aux égoïsmes, je fais ma campagne à partir de l'esprit fraternel des Français.
La France a progressé dans la voie de la justice et de la liberté depuis 1974. La preuve, c'est que certains me reprochent d'être un libéral inguérissable. eh bien ! je suis un libéral qui ne cherche pas la guérison (applaudissements)
La France a pu, malgré la crise faire un effort sans précédent en faveur des plus défavorisés et aussi des moins bien défendus, de ceux dont on n'entend pas les voix dans le tumulte du concert social. Voulez-vous quelques exemples ?
Les personnes âgées : pour la première fois dans une grande campagne nationale, il n'y a plus à promettre aux personnes âgées de reconsidérer leur situation, il n'y a plus qu'à leur promettre de poursuivre l'effort accompli parce que nous avons rendu la dignité, la considération aux personnes âgées de France, aux personnes âgées de Provence. (applaudissements) ...au point d'ailleurs que certains candidats... vous savez, c'est comme dans les livres, quand il y a des fautes d'impression c'est révélateur... se sont trompés dans les chiffres montrant ainsi la grande connaissance qu'ils avaient de la situation des personnes âgées puisqu'ils proposaient dans leur programme de faire pour l'avenir ce que nous avons déjà réalisé depuis le début de l'année ! (applaudissements)
Les femmes : en Provence naturellement, les femmes jouent un grand rôle dans la société depuis longtemps, ce sont elles qui prennent dans les familles les décisions les plus importantes, ce sont elles qui, dans les livres de Giono - j'y reviendrai tout à l'heure - orientent l'éducation et la vie de leurs jeunes enfants : mais enfin ces Françaises, elles étaient absentes des responsabilités de notre pays et je me suis dit qu'il y avait là un grand réservoir de capacités, d'énergie d'intelligence et de c¿ur qu'il fallait mettre au service de la France.
Regardez comment pendant sept ans, nous nous sommes préoccupés de développer le rôle des Françaises dans notre pays. Nous avons traité aussi leurs problèmes matériels, celui des femmes seules, celui des veuves, celui des femmes qui ont à élever de jeunes enfants sans disposer des ressources d'un mari disparu ou éloigné.
Les familles : il est frappant de penser que pendant les sept années qui ont précédé mon septennat qui étaient des années d'abondance, d'opulence, le revenu des familles n'a pas augmenté en France Et pendant les sept années de mon septennat qui étaient des années de pénurie, de difficultés, au contraire pour la première fois depuis longtemps, le pouvoir d'achat des familles a progressé Les travailleurs aux salaires les plus bas, ces travailleurs que l'on défend pendant les périodes électorales ou que l'on oublie très vite Vous savez que le SMIC a progressé plus vite que la moyenne des salaires : pour la première fois en France, vous savez que le nombre des travailleurs payés au SMIC n'a pas cessé de diminuer pendant toute la période, il n'y a pas plus maintenant qu'une Française ou un Français sur quinze qui soit payé au SMIC, parce qu'il y a eu une politique de revalorisation du travail manuel, politique d'ailleurs que Paul Dijoud connaît bien.
La France est estimée dans le monde pour ce qu'elle a fait et pour ce qu'elle représente, à la fois dans sa grande tradition civilisatrice et en même temps dans l'apport qu'elle peut continuer à donner au monde de notre temps.
Nous sommes, je vous l'ai dit, tout à l'heure, une grande puissance militaire, mais nous sommes aussi un pays pacifique.
Nous voulons être forts, parce quo nous ne voulons être asservis par personne mais nous voulons mettre notre force au service de la paix, et vous verrez d'ailleurs tout à l'heure ceux d'entre vous qui regarderont ce soir le programme télévisé pour voir si le candidat ressemble à la télévision à l'image qu'il vous donne au cours de cette réunion - que c'est le sujet que je traite : la France pays fort, mais la France au service de la paix.
Voilà ce qu'est la France, voilà ce qu'elle est devenue.
La décrire autrement, c'est tromper les Français et c'est mépriser leur effort.
Naturellement, je suis heureux que ces résultats, nous les ayons obtenus pendant ces sept ans, mais ce n'est pas moi seul qui l'ai fait. Ce n'est pas moi qui ai assuré la production agricole de la France, ce n'est pas moi qui ai fabriqué de mes mains l'Air-Bus ou Ariane, ce sont nos ingénieurs, ce sont nos cadres, ce sont nos employés, hommes et femmes, ce sont nos ouvriers, hommes et femmes, qui sont maintenant parmi les meilleurs du monde. Ce sont nos entreprises, grandes, moyennes, petites, qui exercent leur activité dans le secteur de la distribution, du commerce, de l'artisanat, qui sont devenues plus dynamiques et plus compétitives.
La justice sociale, la combat pour la paix, ce sont les Françaises et les Français qui les ont voulus et je n'ai fait qu'obéir à un v¿u que je savais sincère et intense.
Alors, je vous pose la question : pourquoi les autres candidats ne parlent-ils jamais des succès de la France ? Pourquoi ne parlent-ils jamais d'une des choses que la France aurait réussi à faire de bien pendant sept ans ? Regrettent-ils les succès de la France ? Préféreraient-il une France malheureuse, incapable ou médiocre si les malheurs de la France devaient faciliter leur accession au pouvoir ? Je vous pose la question. (applaudissements)
Vous avez vu le déroulement de ma campagne, je vais vous l'expliquer, parce que tout ceci, je l'ai pensé naturellement depuis le début.
D'abord, un programme pour l'emploi, et notamment pour l'emploi des jeunes, parce que c'est une action prioritaire¿ (applaudissements) ensuite, le développement de l'activité économique, grâce notamment au grand emprunt que nous avons décidé de lancer de manière conjointe avec. nos partenaire et amis de l'Allemagne fédérale pour montrer la capacité des deux plus grands pays d'Europe : emprunt qui va être progressivement distribué aux entreprises grandes, petites et moyennes pour qu'elles puissent s'équiper, investir et créer des emplois.
L'emploi, l'activité et maintenant l'espoir.
Je suis celui qui veut unir. Je suis celui qui veut construire. Je suis le seul à apporter l'espoir et je veux dire l'espoir raisonnable et non les chimères £ l'espoir fondé sur les réalités, l'espoir à partir de ce que les Français ont fait depuis sept ans et que tous moins neuf d'entre eux reconnaissent aujourd'hui. (applaudissements)
C'est celui qui a construit les fondations qui est le plus qualifié pour achever la maison.
Vous savez qu'un argument qu'on donne souvent est : comment ? ce que vous dites aujourd'hui il n'avait qu'à le faire hier. Mais hier nous avons construit les fondations de la maison et dans vos régions de montagne, dans nos régions qui sont dévastées parfois par toutes sortes de cataclysmes naturels, n'était-il pas souhaitable de construire les fondations avant de construire les étages ?
II y a eu les fondations, voici maintenant les étages (applaudissements)
L'espoir que je vous propose et donc que j'annonce à Manosque puisque c'est la première fois que j'en parle et que je le précise, c'est de porter systématiquement la France d'ici à 1988 dans le peloton des 3 Grands : Etats-Unis, Japon, France £ pour que l'on sache et que l'on reconnaisse partout (applaudissements) dans le monde en 1988 que le travail et le savoir d'une Française ou d'un Français valent ceux d'un Américain ou d'un Japonais. (applaudissements)
Et si je peux vous le proposer, c'est en raison de deux choses que nous avons faites et qui sont là corme mes témoins : c'est parce que nous avons été capables pendant le premier septennat de conduire le programme électronucléaire le plus ambitieux du monde que nous serons capables de rejoindre le peloton de tête des 3 grands pays et c'est parce que nous avons été capables de faire de la France à partir de ses propres ressources, de ses propres ingénieurs, de ses propres travailleurs, la troisième puissance militaire que nous sommes aussi capables (applaudissements) de porter la France dans le peloton de tête des 3 grands : Etats-Unis, Japon, France.
Voilà l'espoir pour la France et nous allons y réussir.
Mardi soir à la télévision, je donnerai toutes les raisons de cet espoir et je vous dis tout de suite que ce ne sont pas ceux qui ne se sont associés à aucun de nos efforts de 1974 à 1981, qui n'ont pas voté un centime de crédit pour notre défense, qui ont proposé 2 fois d'arrêter notre programme électronucléaire, qui sont qualifiés pour porter la France dans le peloton de tête des Nations. Je pense que vous le comprenez bien (applaudissements)
Je veux dire quelques-unes des bases qui sont réunies.
D'abord dans le domaine économique le plus dur de la crise est passé pour la France. Certes nous aurons encore à nous battre £ nous aurons toujours à nous battre parce que la vie dans le monde moderne. c'est la compétition c'est l'effort. Personne ne peut s'y soustraire. Mais. dans les sept ans qui viennent, nous allons récolter les fruits que nous avons semés.
Je me souviens du scepticisme qui avait accueilli en 1940 la déclaration du Général de Gaulle lorsqu'il avait dit : " l'Allemagne a perdu la guerre Eh bien, moi je peux vous dire à l'heure actuelle à partir de ce que je sais que la bataille du pétrole, nous l'avons gagnée ! "
Naturellement il faut encore des années mais avec ce que nous avons fait, c'est une bataille que nous avons gagnée et la France va se trouver à cet égard en raison de l'effort qu'elle a accompli en tête de tous les pays d'Europe.
Notre énergie sera principalement nationale et bien meilleur marché que le pétrole. Dès à présent l'électricité que nous pouvons installer est deux fois moins chère que celle que nous coûterait l'électricité produite à partir du pétrole et si j'ai pu présenter un véritable projet pour l'emploi des jeunes, si j'ai été le seul à le faire, je veux dire, un projet détaillé chiffré où on dit : voilà la mesure qui créera 100 000 emplois £ l'autre mesure qui en créera 100 000 l'autre qui en créera 250 000, c'est parce que cet effort était commencé depuis longtemps et parce que le Gouvernement en avait progressivement jeté les bases.
De même si nous pouvons développer le travail à temps partiel pour offrir de nouveaux emplois et en particulier aux jeunes et aux femmes en particulier, aux femmes qui veulent concilier leur vie de travail et leur vie de famille, c'est parce que nous avons fait voter à temps les lois nécessaires qui n'existaient pas en France pour cette organisation de travail.
S'agissant de l'équipement de notre pays, je me souviens que dans la période précédente les Français avalent un complexe vis-à-vis de l'Allemagne. Ils considéraient que l'Allemagne était, en gros, un pays plus capable au point de vue économique que nous et on disait toujours : le miracle allemand.
Eh bien croyez-vous que l'Allemagne aurait accepté de s'associer moitié avec la France pour la première fois dans l'histoire des Nations, pour lancer un grand emprunt pour améliorer l'équipement de nos entreprises, si les Allemands ne jugeaient pas de leur côté que la France est dès maintenant un pays capable solide, solvable, un pays sur lequel on peut s'appuyer quand on veut entreprendre de grandes choses ?
J'en suis heureux car l'entente franco-allemande dont le Général de Gaulle avait rêvée, que le Président Georges Pompidou n'avait pu développer, car à l'époque l'Allemagne était trop forte et la France était trop faible £ je suis fier de l'avoir réalisé pendant sept ans avec le Chancelier Helmut Schmidt. J'en suis heureux pour l'Europe qui commence à exister. L'Europe dans laquelle, bien entendu, notre forte personnalité nationale sera préservée et vous savez que toutes mes racines, toutes mes fibres sont des racines et des fibres françaises. Donc bien entendu, nous maintiendrons notre personnalité nationale mais au sein d'une Europe qui doit s'organiser pour exercer son influence sur les grandes affaires du monde.
J'en suis heureux pour nos jeunes qui n'imaginent même plus l'enfer de notre jeunesse ou de notre adolescence, c'est-à-dire la menace de la guerre qui vient et la menace aussi de l'Occupation que nous avons connue, beaucoup d'entre vous-même dans votre belle Provence. (applaudissements)
L'entente franco-allemande, c'est une entente pour la paix et c'est une entente entre partenaires égaux qui se respectent et qui travaillent ensemble (applaudissements)
Après la politique nationale, je voudrais vous parler un peu de la Provence et de votre partie de la Provence.
I1 y a quatre ans pendant l'été, je suis allé à Vallouise, il y a d'ailleurs sur l'estrade M Coquillard, Maire de Vallouise (applaudissements) I1 m'avait offert un petit animal naturalisé : c'était une marmotte. Je l'ai installée dans mon secrétariat à l'Elysée. Tous mes visiteurs qui sont venus pendant ces quatre ans ont vu la marmotte avec, écrit au-dessous : Vallouise 1976 Peut-être ne savaient-ils pas ce qu'était une marmotte et peut-être s'ils se sont renseignés, leur a-t-on dit : " mais vous savez, c'est un animal qui dort une grande partie de l'année. " J'ai mis la marmotte là, précisément pour me souvenir que les gens de Vallouise et de la montagne me demandaient surtout de ne pas dormir ! (applaudissements)
En ce qui concerne la défense de la montagne française, de la montagne et de la demi-montagne puisqu'ici nous sommes dans une région un peu différente, mais enfin nous avons vu monter peu à peu les gradins depuis Marseille jusqu'à Manosque, cette politique de la montagne a échappé jusqu'à présent à la critique pourtant universelle, de mes concurrents dans cette élection. I1 est vrai qu'ils ne s'intéressent pas beaucoup à la montagne ni d'ailleurs à la plaine c'est-à-dire à la réalité de la vie réelle de la France.
Qu'avons-nous fait ensemble vous et moi pendant quatre ans pour Manosque pour la Provence et pour les montagnes de France ? Nous avons fait 3 choses :
Nous avons comblé les retards qui existaient dans les équipements publics, nous avons aidé le maintien d'une véritable vie économique en montagne, cette vie qui quittait la montagne et nous avons protégé les espaces naturels fragiles qui étaient menacés
Je vais reprendre ces trois points en vous indiquant dans tous ces domaines ce que nous allons faire pour l'avenir.
Les retards des équipements publics ont été comblés ou sont en voie de l'être. D'ailleurs. vous l'avez rappelé Messieurs les éloquents Secrétaires d'Etat , Maires des deux villes qui m'ont précédé : en 1974 dans l'ensemble du Département, il y avait comme financements 20 logements sociaux pour les Alpes de Haute Provence. I1 y en a 350 en 1980.
Les aides à l'aménagement rural ont augmenté de 40 % entre 1979 et 1980. Elles représentent aujourd'hui l'équivalent de 40 000 F par exploitation agricole. Ce sont des aides justifiées pour permettre le maintien d'exploitations dans des régions où les coûts de production où les conditions de travail et de vie sont plus difficiles.
Les Alpes de Haute-Provence disposent aujourd'hui de 40 piscines, une pour 3 000 habitants. C'est une des proportions les plus élevées de France.
La capacité d'hébergement de plein air a doublé dans votre Département depuis 1974. Nous poursuivrons cette politique.
La desserte autoroutière de Manosque vers Aix (applaudissements) est nécessaire pour ouvrir le département sur l'agglomération marseillaise et sur la Méditerranée. C'est pourquoi je proposerai que l'autoroute Aix-Sisteron soit intégralement réalisée pendant le septennat nouveau. (applaudissements)
Je demanderai au Ministre des Transports de veiller à l'insertion de cet ouvrage dans le site admirable de la Durance car, naturellement, ces grands ouvrages de travaux publics, maintenant nous devons les réaliser dans le respect des paysages et de la vie locale £ d'ailleurs nous avons les moyens et le savoir de le faire.
De même, l'Etat assumera toute la part de financement qui lui revient dans le grand projet d'extension du Lycée Agricole de Digne (applaudissements)
La deuxième chose que nous avons faite, c'est que nous avons aidé au maintien d'une véritable vie économique en montagne Les livres de Jean Giono nous parlaient d'un monde qui meurt. Eh bien, nous n'avons pas accepté que ce monde meure. Et ce que les technocrates appellent le Schéma des Alpes du Sud, c'est ce que le poète appelait de plus beau d'un de ses titres, on devrait l'appeler " le Plan Regain " (applaudissements)
Oui£ la Provence veut vivre. Manosque est aujourd'hui célèbre pour ses technologies de pointe : électronique, micro-informatique, optique de précision.
Avant de venir à Manosque, j'ai fait quelque chose qui était de consulter le Registre du commerce et le Répertoire des métiers des Alpes de Haute Provence comme je l'avais fait la semaine dernière avant de me rendre en Lozère, autre département de montagne, autre département sympathique comme le vôtre, autre département qui m'assure au deuxième tour des Elections présidentielles une majorité de l'ordre de 64 % comme le vôtre¿ j'espère !. (vifs applaudissements)
Eh bien, j'ai constaté, en feuilletant ce Registre du Commerce, qu'au deuxième semestre 1980, il y avait deux inscriptions nouvelles pour un départ, et au Répertoire des Métiers, c'est-à-dire pour l'artisanat, quatre inscriptions nouvelles pour un départ.
J'y ai vu aussi que, par rapport à, il y a dix ans, votre Département des Alpes de Haute-Provence compte 500 entreprises artisanales supplémentaires.
Oui, la Provence veut vivre ! Oui, la Provence est capable de vivre ! (vifs applaudissements)
Les installations de jeunes agriculteurs ont recommencé depuis deux ans.
I1 y a un an, nous avons engagé, et gagné, la bataille du mouton contre certains de nos partenaires. Je sais que la situation des jeunes éleveurs reste encore difficile et que les cours sont insuffisamment rémunérateurs, par exemple sur les dernières cotations de Sisteron.
C'est pourquoi le Gouvernement va étudier avec les organisations agricoles le moyen de mieux compenser le handicap géographique, de réduire les charges et de maîtriser les prix de revient. (applaudissements)
Toutes les régions de France ont une image, mais la Provence, en plus de son image, a aussi un parfum celui de la lavande¿ (applaudissements) et nous ne devons pas laisser la Provence perdre son parfum.
Lors de la dernière Conférence annuelle, une aide importante a été décidée en faveur de la production de lavande et de lavandin. Elle sera maintenue aussi longtemps qu'elle sera nécessaire.
Une création d'appellation d'origine sera menée à bonne fin pour protéger la production provençale. (applaudissements)
Troisième sujet : les espaces naturels.
Nous avons protégé les espaces naturels et je vous citerai quelques chiffres pour montrer l'importance de l'effort accompli.
Les Françaises et les Français sont convaincus que la forêt française, à l'heure actuelle, diminue. C'est le contraire qui se passe. En sept ans, nous avons planté l'équivalent de ce que représente la forêt landaise, c'est-à-dire l'équivalent de la forêt la plus importante d'Europe.
Troisième image : les terrains acquis, c'est-à-dire sauvés par le Conservatoire du Littoral pour éviter qu'il ne soit dévasté ou mutilé, représentent aujourd'hui une longueur de côte équivalente à la distance qui sépare Marseille de Cannes !
De cet effort considérable de protection de nos sites, je veux tirer deux enseignements :
Premier enseignement, il n'y a pas de sauvegarde de la nature sans agriculteurs et sans exploitants forestiers. Nous ne pouvons pas sauver notre nature si notre nature devient déserte. (applaudissements) Quand ils s'en vont, la terre n'est plus défendue, ni contre les incendies, ni contre les pollutions, ni contre les formes dévastatrices d'un certain tourisme.
Le deuxième enseignement, c'est qu'il n'y a pas de protection de la nature sans mise en valeur de la région et, inversement, il n'y a pas de mise en valeur sans protection.
I1 y a un dernier sujet que je voudrais traiter devant vous, pensant à ma petite marmotte... Cela va vous paraître très loin d'une campagne électorale et, pourtant, c'est la vie de notre pays aussi. Je veux parler de la protection des espèces animales et végétales.
Nous avons commencé la protection des espaces en France, il faut maintenant protéger les espèces et le septennat nouveau verra une politique de protection des espèces animales et végétales.
Je proposerai la mise en place d'un Conservatoire National des espèces sauvages françaises, sous la responsable scientifique du Muséum d'Histoire Naturelle.
Cette politique de protection des espèces doit concerner aussi les espèces domestiques, c'est-à-dire l'agriculture et l'élevage.
I1 faut concevoir et mettre en place une politique de conservation systématique des races animales et des variétés végétales dans leur milieu naturel.
Cette politique sera conduite par le Ministère de l'Agriculture, en concertation avec les
organisations professionnelles agricoles, sous la responsabilité scientifique de l'Institut National de Recherche Agronomique et cette protection des espèces naturelles animales et végétales devra concerner, au premier rang, les races montagnardes. (applaudissements)
Voilà. Je voulais vous parler de la politique nationale, et puis de la politique de votre région, à laquelle, vous êtes très attachés £ d'ailleurs, je voyais à vos réactions quels étaient celles et ceux qui se préoccupaient particulièrement de tel ou tel sujet local ou régional.
Avant de conclure, je vous dirais que je connais Manosque. Je suis venu à Manosque il y a déjà quelques années... Je commence à entrer en une période de l'existence où on cherche moins à compter les années... Je suis venu pour une tâche qui était d'ailleurs délicate, qui était d'inspecter les finances de Manosque ! J'habitais un petit hôtel sur la place et j'observais l'activité des services financiers de Manosque.
A cette évoque, il y avait un impôt qui était extrêmement impopulaire, qui s'appelait la taxe locale, qui était payée par tous les commerçants et par tous les artisans, et quand j'ai réussi, plus tard, à supprimer cette taxe locale, je m'étais souvenu des réactions qu'elle suscitait à Manosque.
J'avais eu l'audace de téléphoner à Jean Giono et il m'avait dit : " Venez me voir un soir.. Venez passer la soirée avec moi. " J'étais allé dans sa maison £ je ne sais pas ce qu'elle est devenue... J'en ai toujours l'image dans les yeux, en particulier la grande pièce, demi-salon, demi-bibliothèque, dans laquelle il recevait.
Il m'a demandé : " Mais pourquoi êtes-vous venu me voir ? Vous êtes en train d'inspecter les finances de Manosque¿ C'est une tâche qui devrait vous absorber ! " Je lui ai dit : " Mais, c'est parce que je connais très bien votre ¿uvre. " Il m'a dit : " Tous les gens qui viennent me voir me disent ça ! " J'ai répondu : " Oui, c'est possible, mais moi, je la connais par c¿ur ! "¿ Je lui avais cité de longs extraits, de mémoire, d'une de ses plus belles pièces qui se situe d'ailleurs près de chez vous et qui s'appelle " Le bout de la route ". Je me rappelle que je lui avais dit :-" Je ne l'ai pas relue depuis que le titre venait du fait qu'un voyageur arrivait, la nuit, dans une ferme, et frappait à la porte £ une vieille paysanne l'accueillait et elle lui disait : " Que cherchez-vous ? " I1 répondait " Je cherche le bout de la route " et elle disait : " C'est ici. " Ensuite, cet homme, qui fuyait un désespoir d'amour, s'installait dans la ferme, travaillait avec les exploitants, et peu à peu la vie devenait plus gaie. Giono employait des expressions provençales, il disait : " On voyait de grosses joies passer dans l'air, comme des poissons enflammés ". Puis, à la fin, malheureusement, le voyageur devait repartir et la dernière citation était la suivante : il va vers la porte, c'est la fin de la nièce, il part toujours avec son désespoir d'amour, donc seul, et il dit, en partant, à une ombre : " Viens.. Qu'on soit là ou qu'on soit ailleurs, qu'importe, pourvu qu'on soit ensemble ! " (vifs applaudissements)
Dans cette campagne, j'ai dit tout à l'heure que je défendais l'acquis de la France, ce que la France avait fait vendant sept ans, que je défendais les Français contre les fausses promesses et contre les illusions. Quand on a conduit, comme j'ai eu à le faire, un peuple pendant sept ans, on a le c¿ur serré à la pensée que ce peuple pourrait être trompé à partir de promesses que n'importe qui peut faire. N'importe qui peut vous promettre la suppression des impôts, la majoration des prestations de toutes natures ! Il suffit simplement d'ouvrir la bouche ! Mais c'est parce que je pense qu'un peuple comme vous pourrait être trompé et retrouver ensuite le groupe des pays malheureux d'Europe, c'est-à-dire des pays divisés politiquement, désorganisés économiquement, comme il y en a, vous le savez, de l'autre côté de nos frontières y compris de nos frontières alpines que je cherche à vous protéger contre les fausses promesses.
Je cherche aussi à vous protéger en maintenant la France en paix. Pour moi, dans les responsabilités d'un Président de la République, quand on les classe par ordre, la première est de maintenir son pays dans la sécurité et dans la paix. (vifs applaudissements). La vérité, c'est que le reste, au fond, vous êtes capables de le faire. Si la France avait pris du retard, si la France était, sur le plan social, un pays qui n'avait pas le niveau qu'elle devait avoir, si la France, du point de vue de ses équipements, apparaissait défavorisée par rapport à d'autres, c'est parce qu'en 1870, en 1914, en 1939, notre pays avait été dévasté, reconstruit, dévasté, reconstruit ! Toute l'énergie nationale s'y était épuisée. Au fond, à partir du moment où on assure la sécurité aux Français, comme je l'ai fait pendant sept ans, le travail, ils se chargent bien de le faire, parce qu'ils en ont la capacité eux-mêmes.
C'est pourquoi je continuerai mon combat pour la paix. (applaudissements)
Je veux enfin défendre l'unité.
Naturellement, il y a des hommes qui ne connaissent pas cela - je souhaite d'ailleurs cour eux qu'ils ne le connaissent pas --mais il y a les autres, la grande majorité d'entre vous, qui le connaissent, parce que vous avez connu la France divisée. La France divisée, ce n'est pas une légende, ce n'est pas une invention, c'est quelque chose que nous avons connu ! Nous avons connu la valse ou la carambole des Gouvernements ! Nous savons très bien ce que c'est ! Nous avons connu la France décrite dans le monde entier comme " l'homme malade de l'Europe " ! Vous vous en souvenez, c'est encore une expression qui tinte à nos oreilles. Eh bien ! On voit des forces qui sont au travail pour nous y ramener et je vous dirai, en réalité, pour " vous " y ramener.
En effet, dans la campagne présidentielle, l'enjeu est aussi important pour chaque Française et pour chaque Français individuellement qu'il l'est pour le Président de la République. Votre sort en dépend tout autant que le mien. (applaudissements)
C'est pourquoi je défends l'unité. L'unité n'empêche pas la diversité, l'expression des idéologies £ cela veut simplement dire que l'action d'un pays est une action qui est faite pour rassembler et pour construire non pour diviser et pour détruire. D'ailleurs, je vois sur cette tribune des hommes et des femmes qui vous donnent une image de ce que peut être, de ce que doit être l'unité française. Ils sont venus d'horizons divers, ont des sensibilités idéologiques et politiques différentes, exercent des activités ou ont des conditions différentes £ pourtant ils conduisent en commun avec moi. cette campagne pour l'unité et pour le progrès de la France, campagne que je vous demande maintenant de soutenir. (vifs applaudissements)
Toutes les compétitions, tous les débats se gagnent toujours à la fin du parcours Vous suivez et peut-être, pour certains d'entre vous, pratiquez des activités sportives ou de compétition : c'est toujours la fin du parcours qui livre le vainqueur. Ce vainqueur, je souhaite que les Alpes de Haute Provence, je souhaite que les Hautes Alpes, je souhaite que la ville de Manosque lui apportent leur large concours.
Vous avez senti au cours de mon septennat l'attention que j'ai porté aux problèmes de la Provence. J'aurais pu faire le raisonnement politique classique consistant à dire : mais comment ? c'est une région qui ne m'a pas soutenu, oublions ses problèmes, traitons ceux des autres régions ! Pas du tout ! J'ai au contraire, essayé, je me suis efforcé, de contribuer au progrès de la Provence parce que c'est une région vivante parce que c'est une région française, parce que c'est une région sympathique, parce que c'est une région latine comme je le suis. Je souhaite donc que dans cette élection, il y ait un élan de la Provence... (applaudissements) Cet élan, qui peut l'apporter si ce n'est vous ?
Dans les quelques jours qui viennent, marqués bien entendu par la pause de Pâques que nous respecterons les uns et les autres, je souhaite que le souffle de la Provence vienne entraîner cette campagne. Je souhaite que chacune et chacun d'entre vous veuille apporter à cette grande décision nationale la contribution de son vote bien sûr, mais aussi celle de son influence, de sa conviction, de son ardeur. car le choix du Président de la République, c'est le choix du destin du peuple français, et ce choix je veux que nous le fassions tous ensemble pour le bien, l'unité et le progrès de la France.
Vive la Provence ! Vive la France !
(vives acclamations)