INTERVIEW DE M. VALERY GISCARD D'ESTAING ACCORDEE A FRANCE-INTER A PROPOS DES NOUVELLES SOCIETES DE RADIO ET DE TELEVISION, LE 6 JANVIER 1975

A. TRAMPOGLIERI.- MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, QUELS SONT VOS SOUHAITS POUR LES NOUVELLES SOCIETES DE RADIO ET DE TELEVISION ? M. GISCARD D'ESTAING.- C'EST, D'ABORD, QU'ELLES SOIENT ENTRE ELLES AUSSI INDEPENDANTES QUE POSSIBLE. L'IDEE FONDAMENTALE DE LA REFORME, C'ETAIT DE PERMETTRE AUX MOYENS QU'AVAIT L'ETAT, DANS CE DOMAINE, DE DEVENIR DES MOYENS INDEPENDANTS ET CONCURRENTIELS, CE QUI FAIT QUE, POUR MOI, JE NE DIS PLUS JAMAIS LA TELEVISION MAIS LES TELEVISIONS. IL Y A DES TELEVISIONS EN FRANCE, IL Y A DES RADIOS ET, PARMI CES RADIOS, IL Y A NATURELLEMENT RADIO-FRANCE. JE SOUHAITE DEUX CHOSES : L'INDEPENDANCE ET LA QUALITE. L'INFORMATION FAIT PARTIE DE NOTRE VIE QUOTIDIENNE £ ELLE PENETRE TOUS LES ASPECTS DE NOTRE VIE QUOTIDIENNE. IL EST TRES IMPORTANT QUE CETTE VISITE DE L'INFORMATION S'EFFECTUE DANS LA RECHERCHE D'UN ESPRIT DE QUALITE. JE SOUHAITE AUSSI QUE CES GRANDS MOYENS D'INFORMATION NON SEULEMENT N'AUGMENTENT PAS LE POIDS DE NOS SOUCIS QUOTIDIENS MAIS, DANS UNE CERTAINE MESURE, LES ALLEGENT. JE NE VEUX PAS DIRE QU'IL FAILLE AVOIR NECESSAIREMENT UNE RADIO ET UNE TELEVISION SYSTEMATIQUEMENT OPTIMISTES, MAIS JE CROIS QUE DANS LE MONDE ASSEZ SOMBRE DANS LEQUEL NOS COMPATRIOTES VIVENT, IL EST IMPORTANT DE LEUR DONNER UN PEU DE FRAICHEUR, UN PEU D'AIR ET UN PEU DE DELIVRANCE\
A. TRAMPOGLIERI.- MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, RADIO-FRANCE, C'EST UNE DES QUATRE GRANDES RADIOS FRANCAISES ? M. GISCARD D'ESTAING.- OUI, C'EST UNE DES QUATRE GRANDES RADIOS FRANCAISES. PAR SON ORIGINE, NATURELLEMENT, ELLE EST PLUS PROCHE DE NOUS PUISQUE LA NATION LA POSSEDE. C'EST UN BIEN DE LA NATION MAIS C'EST UNE DES GRANDES RADIOS FRANCAISES. JE SOUHAITE QUE, SI ELLE L'EMPORTE DANS CETTE COMPETITION, ELLE LE FASSE, PRECISEMENT, PAR SA QUALITE ET SON OBJECTIVITE. A. TRAMPOGLIERI.- LES JOURNALISTES SONT DES JOURNALISTES COMME LES AUTRES. M. GISCARD D'ESTAING.- CE SONT DES JOURNALISTES TRES SYMPATHIQUES, MAIS CE SONT DES JOURNALISTES COMME LES AUTRES. A. TRAMPOGLIERI.- DONC, CE N'EST PLUS LA "VOIX DE LA FRANCE" ? M. GISCARD D'ESTAING.- A MON AVIS, CELA A TOUJOURS ETE UNE ERREUR PARCE QUE LA "VOIX DE LA FRANCE", CELA VOULAIT DIRE QU'IL Y AVAIT UNE SORTE D'INFORMATION OFFICIELLE. IL N'Y AVAIT PAS D'INFORMATION OFFICIELLE EN FRANCE. ET PERSONNE N'AVAIT JAMAIS DIT QUE L'O.R.T.F. DEVAIT ETRE UNE AGENCE OFFICIELLE D'INFORMATION. PERSONNE NE DIT DE L'AGENCE FRANCAISE DE PRESSE QUE C'EST LA VOIX DE LA FRANCE : C'EST L'AGENCE FRANCAISE DE DIFFUSION DES NOUVELLES DE PRESSE. POUR MOI, CE N'EST PAS LA "VOIX DE LA FRANCE", CE SONT SIMPLEMENT DES FRANCAIS QUI S'EXPRIMENT\
A. TRAMPOGLIERI.- MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, SUR VOTRE BUREAU, Y A-T-IL UN TRANSISTOR ? M. GISCARD D'ESTAING.- NON. DANS MON BUREAU JE N'AI NI TRANSISTOR NI TELEVISION. J'AI UN TRANSISTOR ET UNE TELEVISION DANS L'APPARTEMENT. LE MATIN J'ECOUTE LES RADIOS, SUCCESSIVEMENT, PUISQU'ELLES SE SONT ARRANGEES POUR QU'UN MEME AUDITEUR PUISSE LES ENTENDRE. PUIS, QUAND JE LE PEUX, LE SOIR, JE REGARDE LA TELEVISION. A. TRAMPOGLIERI.- LA RADIO TIENT-ELLE, POUR VOUS, UNE PLACE IMPORTANTE DANS L'INFORMATION ET LA DISTRACTION DES FRANCAIS ? M. GISCARD D'ESTAING.- ELLE TIENT UNE PLACE TRES IMPORTANTE DANS L'INFORMATION £ JE NE PEUX EN JUGER EN CE QUI CONCERNE LA DISTRACTION PUISQUE JE NE L'ECOUTE PRATIQUEMENT JAMAIS SAUF PENDANT LES FINS DE SEMAINES. JE CROIS QUE L'INFORMATION SUR L'EVENEMENT, C'EST-A-DIRE L'ARRIVEE DE L'EVENEMENT EN FRANCE, EST MAINTENANT TRES LARGEMENT RESSENTIE AU TRAVERS DE LA RADIO. JE CROIS QUE LES FRANCAIS ONT APPRIS PAR LA RADIO LES GRANDS EVENEMENTS SOUDAINS : ASSASSINAT DU PRESIDENT KENNEDY, DECES DU GENERAL DE GAULLE. JE ME SUIS APERCU QUE, LORSQU'UNE NOUVELLE ETAIT REPANDUE PAR LA RADIO - TRES TRAGIQUE OU TRES HEUREUSE - DANS LA RUE, QUELQUES DIZAINES DE MINUTES APRES, ON VOYAIT LES VISAGES SE TRANSFORMER. JE CROIS QUE L'INFORMATION, LA CONNAISSANCE DU FAIT, ARRIVE A L'HEURE ACTUELLE, ESSENTIELLEMENT, PAR LA RADIO\
A. TRAMPOGLIERI.- SI, PAR EXEMPLE, VOUS ENTENDEZ UNE INFORMATION A LA RADIO ET QUE VOUS VOULEZ REAGIR TOUT DE SUITE, PRENEZ-VOUS DU PAPIER A LETTRE OU TELEPHONEZ-VOUS. Õ M. GISCARD D'ESTAING.- CELA DEPEND. DE TOUTE FACON - J'AURAI L'OCCASION DE LE DIRE - IL N'Y AURA RIEN DE CE QUI RESSEMBLE A UNE ESPECE DE CENSURE A POSTERIORI SUR LA RADIO £ LA RADIO DIT CE QU'ELLE VEUT. SUR UN EVENEMENT QUI SERAIT INEXACT - IL ARRIVE SOUVENT QUE CERTAINS FAITS ANNONCES SONT INEXACTS (ON DIT QU'UNE CHOSE A ETE FAITE ALORS QU'ELLE NE L'A PAS ETE £ QUE VOUS ETES A UN ENDROIT QUE VOUS N'Y ETES PAS) - ON PEUT, A CE MOMENT-LA, REAGIR TRES VITE, C'EST-A-DIRE FAIRE TELEPHONER OU TELEPHONER POUR DIRE QUE L'ON SE TROMPE. S'IL S'AGIT AU CONTRAIRE, D'UNE INFORMATION DE CARACTERE PLUS GENERAL OU DE POLITIQUE GENERALE INEXACTE (NOUS PRETER UN PROJET DE REFORME ELECTORALE QUI NE SERAIT PAS LE NOTRE OU ANNONCER UN REMANIEMENT GOUVERNEMENTAL QUI N'AURAIT PAS _LIEU), IL VAUT MIEUX, A CE MOMENT-LA ECRIRE ET ECRIRE AU PRESIDENT EN LUI DISANT QU'IL EST SUR UNE FAUSSE PISTE ET QU'IL NE DEVRAIT PAS LANCER DES NOUVELLES DE CE TYPE..Õ A. TRAMPOGLIERI.- QUELS FAITS VOUDRIEZ-VOUS ENTENDRE SOUVENT A LA RADIO ? M. GISCARD D'ESTAING.- C'EST DIFFICILE A DIRE PARCE QUE L'INFORMATION CONSISTE, PRATIQUEMENT, A CITER TOUJOURS L'EVENEMENT DERANGEANT, INATTENDU ET L'EVENEMENT DERANGEANT ET INATTENDU C'EST, MALHEUREUSEMENT, SOUVENT UN EVENEMENT PENIBLE ET TRISTE, C'EST UNE CATASTROPHE... ON DIT QUE LE ROLE DE LA RADIO N'ETAIT PAS DE CITER TOUS LES TRAINS QUI ARRIVAIENT A L'HEURE MAIS PLUTOT DE PARLER DES ACCIDENTS ET DES DERAILLEMENTS £ C'EST VRAI, EN UN SENS. EN MEME TEMPS JE NE PEUX PAS VOUS DIRE CE SERAIT TOUT A FAIT IMPOLI DE MA PART - QUE JE SOUHAITE QU'IL Y AIT LE MOINS POSSIBLE DE NOUVELLES... CE QUE JE SOUHAITE C'EST QU'ON PUISSE ENTENDRE, EN 1975, QU'UN CERTAIN NOMBRE DE PROBLEMES OU DE CONFLITS ONT ETE REGLES ET QU'ON APPRENE, UN JOUR, PAR EXEMPLE, QUE LA SITUATION AU VIETNAM OU AU CAMBODGE A FAIT L'OBJET D'UN REGLEMENT COMME CELA S'EST PRODUIT AU LAOS OU BIEN, TOUT A COUP, QU'AU MOYEN-ORIENT DES GENS QUI NE SE RENCONTRENT PAS OU QUI N'ACCEPTENT PAS DE DISCUTER DE TEL OU TEL PROBLEME, SE SONT RENCONTRES POUR EN DISCUTER. JE SOUHAITE EGALEMENT QU'ON APPRENE UN JOUR QUE SUR LE PROBLEME DE L'ENERGIE QUI SECOUE LA VIE QUOTIDIENNE DE TOUS LES HABITANTS DE LA PLANETE DANS UN SENS OU DANS L'AUTRE, NOUS NOUS SOMMES RENCONTRES ET QUE, FIALEMENT, NOUS AVONS PU NOUS METTRE D'ACCORD. Õ A. TRAMPOGLIERI.- MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, JE VOUS REMERCIEÕ\