2 mars 2011 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les relations entre la France et l'Afrique du Sud, à Paris le 2 mars 2011.

Monsieur le Président, Cher Jacob,
Madame,
Je veux d'abord vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue. Nous formons le vu que vous gardiez de votre séjour parmi nous un souvenir aussi fort, aussi émouvant, que celui que nous conservons nous-mêmes, Carla et moi, de notre visite dans votre pays voici tout juste trois ans.
Cher Jacob Zuma,
La visite d'Etat que vous entamez aujourd'hui en France nous honore.
Elle nous honore parce que vous êtes le dirigeant d'exception d'un pays d'exception.
Engagé très jeune dans la lutte contre l'apartheid, détenu dix ans à Robben Island, auprès de « Madiba », vous avez ensuite joué à ses côtés un rôle majeur dans la naissance pacifique d'une Afrique du Sud libre, démocratique et réconciliée avec elle-même. L'Afrique du Sud vous doit beaucoup.
Vous présidez désormais aux destinées d'un pays admiré et respecté dans le monde entier.
Admiré et respecté pour ce qu'il incarne, dans le cur de tant d'hommes et de femmes sur tous les continents : le combat pour la liberté, pour la justice et pour la dignité de l'Homme. Admiré et respecté aussi parce que l'Afrique du Sud est un pays jeune, un pays moderne, un pays entreprenant, un pays confiant dans son avenir, conscient de ses responsabilités et décidé à tenir toute sa place, en Afrique et dans le monde.
Vos entreprises agissent avec succès très au-delà du continent africain. Vos centres de recherche s'illustrent dans tous les domaines. Et vos jeunes talents sont reconnus sur la scène artistique mondiale.
Cette vitalité, le monde entier en a été le témoin l'an dernier, à l'occasion de la Coupe du Monde de Football. Ce que nous avons vu alors, c'est la formidable capacité d'organisation de l'Afrique du Sud, ses infrastructures de pointe, à la réalisation desquelles nos entreprises sont fières d'avoir contribué. Ce que nous avons vu, surtout, c'est un peuple sud-africain uni, accueillant, enthousiaste et décidé à surmonter les défis immenses hérités de l'Histoire.
Monsieur le Président,
L'Afrique du Sud est en mouvement. Au croisement de l'Afrique et du groupe des grands pays émergents, l'Afrique du Sud porte, dans toutes les enceintes où se décide l'avenir de la planète, une voix indispensable, une voix écoutée.
Votre pays siège à nouveau au Conseil de sécurité des Nations Unies. Travaillons ensemble sur les questions de paix et de sécurité, et surtout travaillons ensemble pour permettre à l'Afrique d'être enfin représentée comme il convient dans cette institution, parmi les sièges permanents !
Cher Président, vous accueillerez dans neuf mois, à Durban, la 17ème Conférence des Etats parties à la Convention des Nations Unies sur le changement climatique. Cette conférence ne pourrait être en de meilleures mains : vous avez montré votre engagement personnel dans le combat pour l'environnement lors du sommet de Copenhague et en acceptant la co-présidence du panel des Nations Unies sur le développement durable.
Cher Président, nous comptons sur vous dans le cadre de notre présidence du G20. Et chacun voit bien que le grand retour de l'Afrique, annoncé il y a quelques années par Nelson Mandela, est aujourd'hui en marche. L'Afrique sera, en 2050, un géant, un géant démographique. L'Afrique connaîtra alors des taux de croissance économique bien supérieurs à ceux des pays les plus développés. L'intégration régionale progresse et votre organisation, la SADC, y contribue activement.
Dans ce contexte, c'est au Cap, il y a trois ans, que j'ai tenu à présenter la nouvelle politique africaine de la France. Et vous nous avez fait l'honneur, Monsieur le Président, d'être l'un des principaux animateurs du Sommet Afrique-France de Nice, en juin dernier. Et ce fut une grande émotion pour la France que de recevoir au Sommet entre l'Afrique et la France un grand pays qui n'est pas francophone, l'Afrique du Sud.
Notre relation doit devenir encore plus dense. Vous êtes, pour la France, un partenaire stratégique.
Beaucoup de grandes entreprises françaises ont fait le choix d'être « citoyennes » d'Afrique du Sud, en s'engageant dans l'action en faveur des populations historiquement défavorisées. Leurs dirigeants sont avec nous ce soir. Je suis heureux que vous soyez vous-même accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires sud-africains. Je les invite à investir davantage en France et à travailler avec nos entreprises dans le reste de l'Afrique.
Certains groupes français sont engagés dans votre pays depuis longtemps. Je souhaite que nous continuions à développer ce partenariat stratégique global, confiant et responsable.
Depuis seize ans, nous avons fait le choix de vous accompagner dans votre stratégie de développement et de lutte contre la pauvreté. Aujourd'hui, la France est l'un des tous premiers partenaires de votre pays. Nous veillons à ce que notre action soit en totale cohérence avec les cinq « piliers » que vous avez définis pour le développement de l'Afrique du Sud : création d'emplois, éducation, santé, développement rural et lutte contre le crime. C'est donc un ami que la France accueille aujourd'hui. Tout à l'heure, lorsque nous parlions ensemble, vous nous disiez : « le monde a changé ». Eh bien oui, il a changé. Jacob ZUMA, qui représente l'Afrique du Sud, a été pendant dix ans en prison, prisonnier d'un système qui mettait des populations dans des situations d'oppression pour la seule raison qu'elles n'avaient pas la bonne couleur. Eh bien ce détenu, qui a lutté aux côtés de Nelson Mandela, est aujourd'hui le président de l'Afrique du Sud. C'est un pays immense et c'est un grand président que nous accueillons.
Merci d'avoir accepté notre invitation, Monsieur le Président, Madame. Vive l'Afrique du Sud, vive la France, vive l'amitié entre nos deux pays !