31 mai 2010 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les relations franco-africaines lors de l'ouverture du XXVe Sommet Afrique-France, à Nice le 31 mai 2010.
Majesté,
Madame et Messieurs les chefs d'Etat,
Messieurs les chefs de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de la Commission de l'Union Africaine,
Monsieur le Président de la Banque Mondiale,
Monsieur le Commissaire Européen au Développement,
Mesdames et Messieurs les représentants d'organisations internationales et régionales,
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise et représentants du monde du travail,
Mesdames et Messieurs, Chers invités,
Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter à toutes et à tous la plus amicale des bienvenues dans cette magnifique ville de Nice dont, par un heureux hasard de calendrier, la France célèbre en ce moment même le 150ème anniversaire du rattachement à notre communauté nationale. Permettez-moi, de remercier son Maire, Christian Estrosi, et à travers lui tous les Niçois pour leur hospitalité et pour la chaleur de leur accueil.
Mesdames et Messieurs, c'est avec fierté que la France vous reçoit. Et, c'est avec fierté que nous nous apprêtons avec le concours des chefs d'Etat et des chefs de délégation représentant l'ensemble du continent, à présider aux travaux de ce 25ème grand rendez-vous entre l'Afrique et la France.
Je mesure pleinement, en cet instant, l'honneur que vous faites à la France, Majesté, Madame et Messieurs les chefs d'Etat et de Gouvernement, par votre présence ici. Mais je mesure également la responsabilité que votre présence, par les attentes qu'elle exprime, fait peser sur nous.
Je sais que d'aucuns se sont interrogés sur l'opportunité qu'il y a à nous réunir à échéances régulières dans ce format. Un Sommet Afrique-France, pour quoi faire ? Est-ce encore utile ? Ne faut-il pas y voir, de la part de la France, l'expression, comment le dire d'une forme de néo-colonialisme ? Ou encore la volonté d'entretenir, par la perpétuation d'un rite qui serait devenu désuet, l'illusion d'un rôle révolu ?
Poser ces questions ce n'est offenser personne. Et d'ailleurs ces questions nous nous les sommes posées, vous vous les êtes posées. Et pourtant chacun d'entre nous y avons répondu avec force par notre présence ensemble. Nous avons dit oui ces réunions ont un sens. Oui, il existe entre la France et l'Afrique une relation particulière £ qui ne se substitue à aucune de celles que votre continent entretient avec d'autres pays et qui n'est soluble non plus dans aucune autre. Oui, nous avons des choses à nous dire, et par-dessus tout nous avons des choses à faire ensemble. Et Mesdames et Messieurs les chefs d'Etats et de gouvernement, Majesté, je suis intimement convaincu qu'il n'est plus possible d'évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l'Afrique.
Ce qui fonde notre conviction, c'est la claire conscience que nos destins sont indissolublement liés. L'échec de l'Afrique serait le drame de l'Europe. L'Europe et la France, nous avons un intérêt majeur à la réussite de l'Afrique. Douze kilomètres séparent nos deux continents, il y a une communauté de destin, une communauté d'intérêts. La nouvelle relation franco-africaine que j'appelle de mes voeux, je la veux décomplexée et c'est pour cela que j'ai voulu poser la question du pourquoi un sommet France- Afrique dès le début, décomplexé. Entre amis, dans une relation de confiance, on doit pouvoir parler de tout, sans fâcherie et sans gêne. Une relation partenariale. Il n'y a pas d'un côté des grands pays, de l'autre des petits, mais des partenaires qui ont des intérêts à défendre, des points de vue à faire valoir, sur la base d'une relation d'égalité et tournée vers le futur. Dieu que nous avons passé du temps à évoquer le passé alors que nous avons tant à faire pour construire l'avenir, bien sûr en tirant les leçons de ce passé.
L'Afrique est notre avenir. Longtemps en marge, le continent africain s'impose chaque jour davantage comme un acteur absolument majeur de la vie internationale. Le formidable dynamisme démographique de l'Afrique, ses ressources considérables, en font la principale réserve de croissance de l'économie mondiale pour les décennies à venir. De son évolution, je veux dire de l'évolution de l'Afrique, de notre capacité commune à assurer son développement, dans la paix et la stabilité, dépend pour une large part notre propre devenir. Aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain. Et, je veux dire que la France et l'Europe ont autant besoin de l'Afrique que l'Afrique a besoin de l'Europe et de la France.
C'est pour entrer de plain-pied dans ce partenariat que nous avons souhaité placer au centre de nos discussions trois thèmes.
D'abord le premier thème, incontournable, nous n'avons plus de temps à perdre, c'est celui de la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale.
Maintenant il faut que les choses soient claires, et que chacun joue carte sur table. Si l'on se dit l'ami de l'Afrique, alors il faut être prêt à faire une place à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Il ne peut pas y avoir deux discours, il ne peut pas y avoir d'hypocrisie. On ne peut pas dire qu'il faut associer étroitement l'Afrique au traitement des grands sujets qui touchent à la paix, à la sécurité, à l'équilibre du monde, et ne pas en tirer les conséquences. Le continent africain doit occuper, dans les enceintes qui traitent de ces sujets, toute la place qui lui revient, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous ne pouvons plus gérer le monde du 21ème siècle avec les institutions du 20ème. C'est une question de légitimité, et d'efficacité, le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé. Et, il est absolument anormal que l'Afrique ne compte aucun membre permanent du Conseil de Sécurité.
De la même façon, la France lorsqu'elle présidera le G8 et le G20 prendra des initiatives en la matière.
Le second thème qui figure au menu de nos travaux sera celui de la paix et de la sécurité en Afrique.
La stabilité est le préalable indispensable à toute politique de développement. Les interventions extérieures au continent africain ont quasiment cessé. Je tiens d'ailleurs à rendre hommage au rôle joué par l'Union Africaine, représentée ici par son Président et par le Président de sa Commission, que je salue. La France a très largement tiré les conséquences de cette évolution, à travers la réforme de son dispositif militaire sur le continent africain
De nouvelles menaces apparaissent : piraterie, terrorisme, trafics de drogue. Elles fragilisent les Etats africains.
Je souhaite pouvoir échanger avec vous sur les crises institutionnelles en Afrique. Vous connaissez notre position sur la démocratie et les Droits de l'Homme : ce ne sont pas des valeurs occidentales, ce sont des valeurs universelles. En Afrique comme ailleurs, la population demande des comptes au gouvernement. En Afrique comme ailleurs, le déficit de démocratie et les violations des Droits de l'Homme alimentent les violences et l'instabilité.
Enfin, troisième thème, la question du climat et du développement. Il est donc primordial, sur un tel sujet, de continuer de travailler ensemble, comme nous avons commencé de le faire à Copenhague et avant Copenhague. Et j'entends que ce que nous avons obtenu avec le ministre d'Etat à Copenhague, c'est-à-dire le « fast start », les financements pour la forêt, les financements pour l'Afrique, ces engagements soient scrupuleusement tenus. Sauf à faire perdre toute crédibilité aux conférences internationales.
Mesdames et Messieurs, en marge de nos travaux, plus de 200 chefs d'entreprise et représentants du monde du travail français et africains se rencontreront, débattront. Le choix d'avoir fait venir les opérateurs économiques n'est évidemment pas le fait du hasard. Ces opérateurs ne nous ont pas attendus pour travailler ensemble, mais nous attendons de leur participation à ce Sommet des résultats concrets.
Mesdames et Messieurs les chefs de Gouvernement et les chefs d'Etat, Majesté,
Un travail passionnant nous attend. La France veut être l'alliée de l'Afrique. L'Europe et l'Afrique ont une communauté de valeurs. Ensemble, nous pouvons construire la gouvernance mondiale du 21ème siècle. En nous confrontant les uns aux autres, nous n'aurons que l'échec. En nous additionnant les uns aux autres, alors nous parlerons à la fois au nom du Nord et au nom du Sud.
Je vais céder la parole à un sage, à un homme de longue expérience et de profonde humanité, au grand dirigeant d'un très grand pays, l'Egypte, qui accueillera notre prochain Sommet. Je voudrais dire à tous combien je sais que ce fut un sacrifice par rapport à vos emplois du temps, de participer à ce Sommet. Essayons d'en faire quelque chose d'utile. Chacun d'entre vous, croyez bien à notre reconnaissance et à la fierté du peuple français de vous recevoir.
Et toi, mon cher Hosni, c'est avec un immense plaisir que nous allons t'écouter. Et je crois pouvoir être l'interprète de tous les chefs d'Etat et de gouvernement, c'est bien et c'est bon de te voir parmi nous, en forme, pour parler en notre nom.
La parole est au Président Hosni MOUBARAK.
Madame et Messieurs les chefs d'Etat,
Messieurs les chefs de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de la Commission de l'Union Africaine,
Monsieur le Président de la Banque Mondiale,
Monsieur le Commissaire Européen au Développement,
Mesdames et Messieurs les représentants d'organisations internationales et régionales,
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise et représentants du monde du travail,
Mesdames et Messieurs, Chers invités,
Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter à toutes et à tous la plus amicale des bienvenues dans cette magnifique ville de Nice dont, par un heureux hasard de calendrier, la France célèbre en ce moment même le 150ème anniversaire du rattachement à notre communauté nationale. Permettez-moi, de remercier son Maire, Christian Estrosi, et à travers lui tous les Niçois pour leur hospitalité et pour la chaleur de leur accueil.
Mesdames et Messieurs, c'est avec fierté que la France vous reçoit. Et, c'est avec fierté que nous nous apprêtons avec le concours des chefs d'Etat et des chefs de délégation représentant l'ensemble du continent, à présider aux travaux de ce 25ème grand rendez-vous entre l'Afrique et la France.
Je mesure pleinement, en cet instant, l'honneur que vous faites à la France, Majesté, Madame et Messieurs les chefs d'Etat et de Gouvernement, par votre présence ici. Mais je mesure également la responsabilité que votre présence, par les attentes qu'elle exprime, fait peser sur nous.
Je sais que d'aucuns se sont interrogés sur l'opportunité qu'il y a à nous réunir à échéances régulières dans ce format. Un Sommet Afrique-France, pour quoi faire ? Est-ce encore utile ? Ne faut-il pas y voir, de la part de la France, l'expression, comment le dire d'une forme de néo-colonialisme ? Ou encore la volonté d'entretenir, par la perpétuation d'un rite qui serait devenu désuet, l'illusion d'un rôle révolu ?
Poser ces questions ce n'est offenser personne. Et d'ailleurs ces questions nous nous les sommes posées, vous vous les êtes posées. Et pourtant chacun d'entre nous y avons répondu avec force par notre présence ensemble. Nous avons dit oui ces réunions ont un sens. Oui, il existe entre la France et l'Afrique une relation particulière £ qui ne se substitue à aucune de celles que votre continent entretient avec d'autres pays et qui n'est soluble non plus dans aucune autre. Oui, nous avons des choses à nous dire, et par-dessus tout nous avons des choses à faire ensemble. Et Mesdames et Messieurs les chefs d'Etats et de gouvernement, Majesté, je suis intimement convaincu qu'il n'est plus possible d'évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l'Afrique.
Ce qui fonde notre conviction, c'est la claire conscience que nos destins sont indissolublement liés. L'échec de l'Afrique serait le drame de l'Europe. L'Europe et la France, nous avons un intérêt majeur à la réussite de l'Afrique. Douze kilomètres séparent nos deux continents, il y a une communauté de destin, une communauté d'intérêts. La nouvelle relation franco-africaine que j'appelle de mes voeux, je la veux décomplexée et c'est pour cela que j'ai voulu poser la question du pourquoi un sommet France- Afrique dès le début, décomplexé. Entre amis, dans une relation de confiance, on doit pouvoir parler de tout, sans fâcherie et sans gêne. Une relation partenariale. Il n'y a pas d'un côté des grands pays, de l'autre des petits, mais des partenaires qui ont des intérêts à défendre, des points de vue à faire valoir, sur la base d'une relation d'égalité et tournée vers le futur. Dieu que nous avons passé du temps à évoquer le passé alors que nous avons tant à faire pour construire l'avenir, bien sûr en tirant les leçons de ce passé.
L'Afrique est notre avenir. Longtemps en marge, le continent africain s'impose chaque jour davantage comme un acteur absolument majeur de la vie internationale. Le formidable dynamisme démographique de l'Afrique, ses ressources considérables, en font la principale réserve de croissance de l'économie mondiale pour les décennies à venir. De son évolution, je veux dire de l'évolution de l'Afrique, de notre capacité commune à assurer son développement, dans la paix et la stabilité, dépend pour une large part notre propre devenir. Aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain. Et, je veux dire que la France et l'Europe ont autant besoin de l'Afrique que l'Afrique a besoin de l'Europe et de la France.
C'est pour entrer de plain-pied dans ce partenariat que nous avons souhaité placer au centre de nos discussions trois thèmes.
D'abord le premier thème, incontournable, nous n'avons plus de temps à perdre, c'est celui de la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale.
Maintenant il faut que les choses soient claires, et que chacun joue carte sur table. Si l'on se dit l'ami de l'Afrique, alors il faut être prêt à faire une place à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Il ne peut pas y avoir deux discours, il ne peut pas y avoir d'hypocrisie. On ne peut pas dire qu'il faut associer étroitement l'Afrique au traitement des grands sujets qui touchent à la paix, à la sécurité, à l'équilibre du monde, et ne pas en tirer les conséquences. Le continent africain doit occuper, dans les enceintes qui traitent de ces sujets, toute la place qui lui revient, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous ne pouvons plus gérer le monde du 21ème siècle avec les institutions du 20ème. C'est une question de légitimité, et d'efficacité, le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé. Et, il est absolument anormal que l'Afrique ne compte aucun membre permanent du Conseil de Sécurité.
De la même façon, la France lorsqu'elle présidera le G8 et le G20 prendra des initiatives en la matière.
Le second thème qui figure au menu de nos travaux sera celui de la paix et de la sécurité en Afrique.
La stabilité est le préalable indispensable à toute politique de développement. Les interventions extérieures au continent africain ont quasiment cessé. Je tiens d'ailleurs à rendre hommage au rôle joué par l'Union Africaine, représentée ici par son Président et par le Président de sa Commission, que je salue. La France a très largement tiré les conséquences de cette évolution, à travers la réforme de son dispositif militaire sur le continent africain
De nouvelles menaces apparaissent : piraterie, terrorisme, trafics de drogue. Elles fragilisent les Etats africains.
Je souhaite pouvoir échanger avec vous sur les crises institutionnelles en Afrique. Vous connaissez notre position sur la démocratie et les Droits de l'Homme : ce ne sont pas des valeurs occidentales, ce sont des valeurs universelles. En Afrique comme ailleurs, la population demande des comptes au gouvernement. En Afrique comme ailleurs, le déficit de démocratie et les violations des Droits de l'Homme alimentent les violences et l'instabilité.
Enfin, troisième thème, la question du climat et du développement. Il est donc primordial, sur un tel sujet, de continuer de travailler ensemble, comme nous avons commencé de le faire à Copenhague et avant Copenhague. Et j'entends que ce que nous avons obtenu avec le ministre d'Etat à Copenhague, c'est-à-dire le « fast start », les financements pour la forêt, les financements pour l'Afrique, ces engagements soient scrupuleusement tenus. Sauf à faire perdre toute crédibilité aux conférences internationales.
Mesdames et Messieurs, en marge de nos travaux, plus de 200 chefs d'entreprise et représentants du monde du travail français et africains se rencontreront, débattront. Le choix d'avoir fait venir les opérateurs économiques n'est évidemment pas le fait du hasard. Ces opérateurs ne nous ont pas attendus pour travailler ensemble, mais nous attendons de leur participation à ce Sommet des résultats concrets.
Mesdames et Messieurs les chefs de Gouvernement et les chefs d'Etat, Majesté,
Un travail passionnant nous attend. La France veut être l'alliée de l'Afrique. L'Europe et l'Afrique ont une communauté de valeurs. Ensemble, nous pouvons construire la gouvernance mondiale du 21ème siècle. En nous confrontant les uns aux autres, nous n'aurons que l'échec. En nous additionnant les uns aux autres, alors nous parlerons à la fois au nom du Nord et au nom du Sud.
Je vais céder la parole à un sage, à un homme de longue expérience et de profonde humanité, au grand dirigeant d'un très grand pays, l'Egypte, qui accueillera notre prochain Sommet. Je voudrais dire à tous combien je sais que ce fut un sacrifice par rapport à vos emplois du temps, de participer à ce Sommet. Essayons d'en faire quelque chose d'utile. Chacun d'entre vous, croyez bien à notre reconnaissance et à la fierté du peuple français de vous recevoir.
Et toi, mon cher Hosni, c'est avec un immense plaisir que nous allons t'écouter. Et je crois pouvoir être l'interprète de tous les chefs d'Etat et de gouvernement, c'est bien et c'est bon de te voir parmi nous, en forme, pour parler en notre nom.
La parole est au Président Hosni MOUBARAK.