6 décembre 2008 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur le combat de Lech Walesa pour la liberté, la place de la Pologne dans l'Union européenne et le rôle de l'Europe dans le monde, à Gdansk le 6 décembre 2008.
Monsieur le Président Lech Walesa,
Madame et Messieurs les Prix Nobel de la Paix,
Et si vous me le permettez, Chers amis,
Gdansk. Cette ville fut l'un des hauts lieux de l'histoire européenne. Le nom de votre ville, Gdansk, parle à tous les Européens.
Gdansk fut prise et reprise au gré des empires et des batailles.
Gdansk fut la première victime de la barbarie nazie.
Ici, plus qu'ailleurs, dans cette ville tour à tour détruite et asservie, l'Histoire a été tragique.
Mais Gdansk fut aussi le coeur et le magnifique symbole de la lutte pour la liberté et contre l'oppression.
Si nous sommes réunis dans cette ville symbole, c'est pour rendre hommage à la Pologne toute entière et à la lutte que vous, les Polonais, avez menée contre le totalitarisme.
A l'été 1980, c'est ici, deux ans à peine après l'élection du Pape Jean-Paul II, dont je veux saluer la mémoire comme celle d'un grand Européen et d'un grand citoyen du monde qui a fait tant de choses pour la paix, c'est donc ici que Solidarnosc a vu le jour, premier syndicat indépendant à l'Est du rideau de fer.
Solidarnosc, c'est un message de résistance à l'oppression, car aucun peuple à travers le monde, et surtout pas le peuple polonais, ne renoncera à sa liberté.
Solidarnosc, c'est un message d'espoir, car il y a toujours des hommes capables d'imaginer des avenirs que l'on croyait inaccessibles.
Président Lech Walesa, avec vos compagnons, vous avez guidé et entrainé ce grand mouvement de l'Histoire que fut l'ébranlement puis la chute du bloc soviétique.
Sans vos profondes convictions politiques, sans votre talent, la voix de millions de Polonais n'aurait pas été entendue de l'autre côté du Mur.
Sans la détermination de Lech Walesa, il n'y aurait pas eu, ici, à Gdansk, cette force irrésistible de la liberté qui a démontré l'impensable : que la domination soviétique n'était pas inébranlable.
Sans le sens des responsabilités de Lech Walesa et de ses compagnons, chacun sait que la violence aurait tout emporté et que la répression aurait triomphé en 1981 et en 1989.
Jamais, Lech Walesa, vous n'avez baissé les bras, même lorsque fut instaurée la loi martiale. Jamais vous n'avez renoncé. Votre ténacité a fait souffler un vent nouveau sur tout le continent et, avec Jean-Paul II, vous avez fait tomber le rideau de fer qui était le rideau de la honte comme était honteuse la division de l'Europe avec, d'un côté des Européens qui avaient le droit à la liberté et, de l'autre, des Européens qui n'avaient le droit qu'à la prison. C'était une honte.
Il y a 25 ans, vous avez reçu le prix Nobel de la paix et vous êtes aujourd'hui, Lech Walesa, un homme dont le nom est connu partout dans le monde et partout en Europe. Mais ce nom est connu, pas simplement parce qu'il rappelle des événements historiques, mais parce que derrière votre nom, il y a des valeurs, Lech Walesa. Celles d'un Polonais qui a dit : « la Pologne ne sera jamais à genoux, parce que la Pologne est un pays libre ». Celles d'un homme de foi qui a mis sa foi au service de la liberté. Celles d'un ouvrier qui a dit : « parce que je suis ouvrier, je veux montrer à tous ceux qui ont abandonné le combat, que le combat pour l'intelligence, pour la raison et pour l'avenir peut venir de ces chantiers de Gdansk, où l'on sait travailler avec les mains et l'on sait penser avec la tête ». Lech Walesa, vous êtes l'honneur de la Pologne, mais vous êtes aussi l'honneur de l'Europe et l'honneur de tous ceux qui, à travers le monde, croient dans la liberté et refusent la dictature. En tant que Président de l'Europe, je voulais vous apporter ce témoignage.
Je pourrais associer à votre nom, d'autres noms. Jean-Paul II bien-sûr, Vaclav Havel, Geremek et tant d'autres.
Bien-sûr, après, il y a le temps du combat politique, le combat d'une démocratie comme les autres. Mais si la démocratie polonaise est une démocratie, c'est parce qu'il y a eu des hommes comme vous à l'origine. Et je veux d'ailleurs dire aux Européens de l'est, que vous avez donné une leçon à tous les Européens de l'ouest. Vous ne devez votre liberté à personne, mais la réconciliation du continent européen, nous ne devons laisser personne la remettre en cause.
Si nous avons, ensemble, retrouvé la liberté, si le mur de l'est et le totalitarisme ont été vaincus, alors, l'Europe aujourd'hui doit être unie face la crise financière, face à la crise économique, face aux défis environnementaux.
Cette génération, la génération de Lech Walesa, ils n'ont pas eu peur des armes. Ils n'ont pas eu peur des dictateurs. Ils n'ont pas eu peur du mur, ils l'ont abattu. Notre génération, nous ne devons pas avoir peur de la crise, nous devons la surmonter. Nous ne devons pas avoir peur de fixer à l'Europe des objectifs ambitieux en matière de protection de l'environnement et, ensemble, nous devons être présents au rendez-vous.
Ensemble, je le dis ici, en Pologne, ensemble, nous devons faire l'unité de l'Europe.
L'Europe a besoin de la Pologne et la Pologne a besoin de l'Europe.
Je pense depuis bien longtemps que la Pologne est un grand d'Europe. La Pologne est un grand d'Europe par sa population, la Pologne fait partie des six grands de l'Europe.
La Pologne est un grand d'Europe par sa culture, par le savoir-faire de ses ouvriers, de ses chercheurs,
de ses salariés.
La Pologne est un grand d'Europe, elle doit en avoir tous les droits, mais elle doit aussi en assumer tous les devoirs.
Etre un grand pays, c'est bien sûr participer à la gouvernance européenne et à la gouvernance mondiale. Mais c'est également assumer les conséquences de cette responsabilité.
Un grand pays doit être encore plus solidaire que les autres.
Un grand pays doit apporter encore plus à la recherche du compromis européen que les autres.
Un grand pays doit entraîner encore plus que les autres l'unité de l'Europe, parce que l'Europe a besoin de la Pologne, la Pologne a besoin de l'Europe. C'est ensemble que nous devons construire le compromis.
Après la chute du mur, peut-être que nos objectifs sont moins exaltants. Et pourtant, moins de chômeurs en Europe, mettre l'Europe comme l'exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection des grands équilibres de la planète, si nous, les Européens ne le faisons pas, comment convaincre les Chinois ? Comment convaincre les Indiens ? Comment convaincre les pays émergents ? Comment convaincre les Etats-Unis d'Amérique ?
Et, au moment où un nouveau Président aux Etats-Unis fixe la ligne - mettre les Etats-Unis au premier rang du combat pour la préservation des équilibres environnementaux de la planète - comment l'Europe pourrait-elle se diviser sur l'objectif de sauver la planète ?
J'ai bon espoir que nous trouvions un compromis. Je l'ai dit au Premier Ministre, au gouvernement : pour trouver ce compromis, nous avons besoin d'une Pologne qui s'engage, comme elle s'est engagée au début des années 1980 au service de la liberté. Nous avons besoin d'une Pologne qui s'engage au service du progrès, de l'Europe et de l'unité de ce continent européen enfin réconcilié.
Vous l'avez compris, pour moi, il était important d'être ici, à côté de vous, Lech Walesa. Et, comme bien des jeunes Européens à l'époque, nous vous devons notre engagement politique. Parce qu'à travers des exemples comme vous, nous avons compris que ce qui était important, c'était la volonté, c'était le rêve que l'on avait dans la tête, c'était le refus de la fatalité.
Rien ne vous prédisposait à jouer ce rôle. Et pourtant, vous l'avez joué. Parce qu'à un moment donné, vous avez compris que si vous ne le faisiez pas vous-même, personne ne le ferait à votre place.
Eh bien, que les jeunes générations comprennent que quand on est les héritiers d'une génération de bâtisseurs comme la vôtre, on se doit d'être à la hauteur de votre exemple. La fatalité n'existe que pour ceux qui ont décidé de renoncer.
Et, au fond, le seul problème des responsables politiques d'aujourd'hui, c'est de savoir si l'on a la volonté de faire bouger les choses ou si l'on veut subir.
J'appelle l'Europe à se souvenir, Lech Walesa, de l'exemple que vous et vos compagnons avez donné. On ne baisse pas la tête devant les difficultés, on les surmonte. Voilà pourquoi je suis fier et heureux d'avoir, à Gdansk, un ami comme vous, Lech Walesa.
Madame et Messieurs les Prix Nobel de la Paix,
Et si vous me le permettez, Chers amis,
Gdansk. Cette ville fut l'un des hauts lieux de l'histoire européenne. Le nom de votre ville, Gdansk, parle à tous les Européens.
Gdansk fut prise et reprise au gré des empires et des batailles.
Gdansk fut la première victime de la barbarie nazie.
Ici, plus qu'ailleurs, dans cette ville tour à tour détruite et asservie, l'Histoire a été tragique.
Mais Gdansk fut aussi le coeur et le magnifique symbole de la lutte pour la liberté et contre l'oppression.
Si nous sommes réunis dans cette ville symbole, c'est pour rendre hommage à la Pologne toute entière et à la lutte que vous, les Polonais, avez menée contre le totalitarisme.
A l'été 1980, c'est ici, deux ans à peine après l'élection du Pape Jean-Paul II, dont je veux saluer la mémoire comme celle d'un grand Européen et d'un grand citoyen du monde qui a fait tant de choses pour la paix, c'est donc ici que Solidarnosc a vu le jour, premier syndicat indépendant à l'Est du rideau de fer.
Solidarnosc, c'est un message de résistance à l'oppression, car aucun peuple à travers le monde, et surtout pas le peuple polonais, ne renoncera à sa liberté.
Solidarnosc, c'est un message d'espoir, car il y a toujours des hommes capables d'imaginer des avenirs que l'on croyait inaccessibles.
Président Lech Walesa, avec vos compagnons, vous avez guidé et entrainé ce grand mouvement de l'Histoire que fut l'ébranlement puis la chute du bloc soviétique.
Sans vos profondes convictions politiques, sans votre talent, la voix de millions de Polonais n'aurait pas été entendue de l'autre côté du Mur.
Sans la détermination de Lech Walesa, il n'y aurait pas eu, ici, à Gdansk, cette force irrésistible de la liberté qui a démontré l'impensable : que la domination soviétique n'était pas inébranlable.
Sans le sens des responsabilités de Lech Walesa et de ses compagnons, chacun sait que la violence aurait tout emporté et que la répression aurait triomphé en 1981 et en 1989.
Jamais, Lech Walesa, vous n'avez baissé les bras, même lorsque fut instaurée la loi martiale. Jamais vous n'avez renoncé. Votre ténacité a fait souffler un vent nouveau sur tout le continent et, avec Jean-Paul II, vous avez fait tomber le rideau de fer qui était le rideau de la honte comme était honteuse la division de l'Europe avec, d'un côté des Européens qui avaient le droit à la liberté et, de l'autre, des Européens qui n'avaient le droit qu'à la prison. C'était une honte.
Il y a 25 ans, vous avez reçu le prix Nobel de la paix et vous êtes aujourd'hui, Lech Walesa, un homme dont le nom est connu partout dans le monde et partout en Europe. Mais ce nom est connu, pas simplement parce qu'il rappelle des événements historiques, mais parce que derrière votre nom, il y a des valeurs, Lech Walesa. Celles d'un Polonais qui a dit : « la Pologne ne sera jamais à genoux, parce que la Pologne est un pays libre ». Celles d'un homme de foi qui a mis sa foi au service de la liberté. Celles d'un ouvrier qui a dit : « parce que je suis ouvrier, je veux montrer à tous ceux qui ont abandonné le combat, que le combat pour l'intelligence, pour la raison et pour l'avenir peut venir de ces chantiers de Gdansk, où l'on sait travailler avec les mains et l'on sait penser avec la tête ». Lech Walesa, vous êtes l'honneur de la Pologne, mais vous êtes aussi l'honneur de l'Europe et l'honneur de tous ceux qui, à travers le monde, croient dans la liberté et refusent la dictature. En tant que Président de l'Europe, je voulais vous apporter ce témoignage.
Je pourrais associer à votre nom, d'autres noms. Jean-Paul II bien-sûr, Vaclav Havel, Geremek et tant d'autres.
Bien-sûr, après, il y a le temps du combat politique, le combat d'une démocratie comme les autres. Mais si la démocratie polonaise est une démocratie, c'est parce qu'il y a eu des hommes comme vous à l'origine. Et je veux d'ailleurs dire aux Européens de l'est, que vous avez donné une leçon à tous les Européens de l'ouest. Vous ne devez votre liberté à personne, mais la réconciliation du continent européen, nous ne devons laisser personne la remettre en cause.
Si nous avons, ensemble, retrouvé la liberté, si le mur de l'est et le totalitarisme ont été vaincus, alors, l'Europe aujourd'hui doit être unie face la crise financière, face à la crise économique, face aux défis environnementaux.
Cette génération, la génération de Lech Walesa, ils n'ont pas eu peur des armes. Ils n'ont pas eu peur des dictateurs. Ils n'ont pas eu peur du mur, ils l'ont abattu. Notre génération, nous ne devons pas avoir peur de la crise, nous devons la surmonter. Nous ne devons pas avoir peur de fixer à l'Europe des objectifs ambitieux en matière de protection de l'environnement et, ensemble, nous devons être présents au rendez-vous.
Ensemble, je le dis ici, en Pologne, ensemble, nous devons faire l'unité de l'Europe.
L'Europe a besoin de la Pologne et la Pologne a besoin de l'Europe.
Je pense depuis bien longtemps que la Pologne est un grand d'Europe. La Pologne est un grand d'Europe par sa population, la Pologne fait partie des six grands de l'Europe.
La Pologne est un grand d'Europe par sa culture, par le savoir-faire de ses ouvriers, de ses chercheurs,
de ses salariés.
La Pologne est un grand d'Europe, elle doit en avoir tous les droits, mais elle doit aussi en assumer tous les devoirs.
Etre un grand pays, c'est bien sûr participer à la gouvernance européenne et à la gouvernance mondiale. Mais c'est également assumer les conséquences de cette responsabilité.
Un grand pays doit être encore plus solidaire que les autres.
Un grand pays doit apporter encore plus à la recherche du compromis européen que les autres.
Un grand pays doit entraîner encore plus que les autres l'unité de l'Europe, parce que l'Europe a besoin de la Pologne, la Pologne a besoin de l'Europe. C'est ensemble que nous devons construire le compromis.
Après la chute du mur, peut-être que nos objectifs sont moins exaltants. Et pourtant, moins de chômeurs en Europe, mettre l'Europe comme l'exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection des grands équilibres de la planète, si nous, les Européens ne le faisons pas, comment convaincre les Chinois ? Comment convaincre les Indiens ? Comment convaincre les pays émergents ? Comment convaincre les Etats-Unis d'Amérique ?
Et, au moment où un nouveau Président aux Etats-Unis fixe la ligne - mettre les Etats-Unis au premier rang du combat pour la préservation des équilibres environnementaux de la planète - comment l'Europe pourrait-elle se diviser sur l'objectif de sauver la planète ?
J'ai bon espoir que nous trouvions un compromis. Je l'ai dit au Premier Ministre, au gouvernement : pour trouver ce compromis, nous avons besoin d'une Pologne qui s'engage, comme elle s'est engagée au début des années 1980 au service de la liberté. Nous avons besoin d'une Pologne qui s'engage au service du progrès, de l'Europe et de l'unité de ce continent européen enfin réconcilié.
Vous l'avez compris, pour moi, il était important d'être ici, à côté de vous, Lech Walesa. Et, comme bien des jeunes Européens à l'époque, nous vous devons notre engagement politique. Parce qu'à travers des exemples comme vous, nous avons compris que ce qui était important, c'était la volonté, c'était le rêve que l'on avait dans la tête, c'était le refus de la fatalité.
Rien ne vous prédisposait à jouer ce rôle. Et pourtant, vous l'avez joué. Parce qu'à un moment donné, vous avez compris que si vous ne le faisiez pas vous-même, personne ne le ferait à votre place.
Eh bien, que les jeunes générations comprennent que quand on est les héritiers d'une génération de bâtisseurs comme la vôtre, on se doit d'être à la hauteur de votre exemple. La fatalité n'existe que pour ceux qui ont décidé de renoncer.
Et, au fond, le seul problème des responsables politiques d'aujourd'hui, c'est de savoir si l'on a la volonté de faire bouger les choses ou si l'on veut subir.
J'appelle l'Europe à se souvenir, Lech Walesa, de l'exemple que vous et vos compagnons avez donné. On ne baisse pas la tête devant les difficultés, on les surmonte. Voilà pourquoi je suis fier et heureux d'avoir, à Gdansk, un ami comme vous, Lech Walesa.