28 octobre 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration commune de MM. Nicolas Sarkozy, Président de la République, et Gordon Brown, Premier ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, sur l'action de l'Union européenne face à la crise financière internationale, à Paris le 28 octobre 2008.

LE PRESIDENT - Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous dire combien je suis heureux de recevoir Gordon BROWN, le Premier ministre britannique, avec lequel, je dois dire, nous travaillons main dans la main depuis bien avant le début de la crise. Nous essayons de coordonner nos positions. Nous essayons ensemble que l'Europe ait une position commune et nous essayons ensemble de trouver des solutions à la crise financière historique et sans précédent que connaît le monde.
Je veux dire à Gordon BROWN, combien je suis content de le recevoir, de travailler une nouvelle fois avec lui pour préparer le Sommet du 7 novembre de façon à ce que les 27 pays de l'Union aient le même message et les mêmes propositions en vue du Sommet du 15 novembre à Washington. Nous voulons tous les deux qu'en sorte des décisions concrètes pour que les causes qui ont créé la crise que nous connaissons, ne se reproduisent plus jamais.
Lorsque j'avais été en Angleterre, à l'invitation de la Reine et, bien sûr, en présence de Gordon BROWN, j'avais dit à Gordon BROWN que l'entente cordiale entre les Anglais et les Français, ce n'était pas suffisant. J'avais proposé une entente amicale et Gordon avait dit : « l'entente formidable ».
Je veux dire que nous travaillons vraiment main dans la main pour sortir le monde et l'Europe de la crise dans laquelle nous nous trouvons. J'ai vu moi-même avec beaucoup d'intérêt les propositions de Gordon BROWN sur le futur rôle du FMI qui va être un sujet de discussion entre nous, parce que ce n'est pas simplement la question de la régulation financière, de la refondation d'un système, c'est aussi la question de toute la gouvernance mondiale que nous devrons traiter. Les idées de Gordon BROWN sont passionnantes à ce sujet. Je pense moi-même qu'il faut que l'on trouve les voies et les moyens pour que le FMI ait davantage de moyens pour soutenir un certain nombre d'États. Je pense notamment aux pays émergents. Je proposerai le 7 novembre et j'en parlerai à Gordon BROWN, que l'Union européenne, elle-même, qui dispose d'un plafond de 12 Mds euros de prêts aux États membres ayant des difficultés de balance des paiements passe au moins à 20 Mds euros pour augmenter notre capacité de réponse à la crise.
Ce travail se fera dans la durée. Gordon BROWN est le Président du G20 pour l'année prochaine et il y a d'autres sommets qui doivent être organisés après celui de Washington. Nous avons envie de mettre en commun notre expérience et les convictions que l'on veut défendre pour trouver une solution et éviter naturellement que la récession économique ne se prolonge trop, pour trouver les voies et les moyens de sortir de la crise financière, de sortir de la crise économique.
Bienvenue Gordon BROWN.
M. GORDON BROWN - Je souhaite dire tout d'abord que c'est un privilège pour moi que d'être ici avec le Président SARKOZY et je veux le remercier pour son leadership au sein de l'Union Européenne depuis quelques mois et pour tout ce qu'il fait également ici en France. L'Union Européenne a beaucoup de chance d'avoir quelqu'un de la stature du Président SARKOZY qui nous dirige dans ces moments difficiles. Son leadership, dans ces moments de crise financière, nous a permis de travailler ensemble pour résoudre les problèmes que nous connaissons et est une source de reconnaissance de la part de tous les Européens. Nous pensons aux familles, aux ménages, aux entreprises de notre pays, à leurs sentiments d'insécurité terrible en ce moment. Il faut effectivement que les gouvernements à l'échelon national et international agissent concrètement. Notre toute première priorité est d'empêcher la contagion à d'autres pays y compris en Europe de l'Est où des problèmes se posent et il faut agir vite. C'est la raison pour laquelle Nicolas et moi-même allons parler des moyens que le Fonds Monétaire International doit rassembler pour abonder ses propres ressources afin d'aider les pays en difficulté et pour empêcher cette contagion.
La deuxième chose qu'il faut que nous fassions, c'est de nous assurer que les banques recommencent à prêter. Nous avons pris un certain nombre de mesures directes pour recapitaliser les banques. Il est important que les banques continuent à prêter et reprennent leurs activités vis-à-vis des entreprises et des ménages. Il faut également que nous fassions tout ce que nous pouvons pour coordonner nos actions, pour limiter les effets de la crise qui a commencé aux États-Unis et qui impacte la vie des gens aux États-Unis, en Europe et ailleurs.
La troisième chose qu'a dite Nicolas SARKOZY, c'est qu'effectivement, il faut que nous travaillions ensemble pour refonder le système financier international, pour comprendre ce qui s'est passé avec la crise des subprimes aux Etats-Unis, en tirer les leçons de façon à mettre en oeuvre des réformes rapides pour que les gens reprennent confiance dans le système financier. Il faut réformer les institutions internationales, créer des systèmes d'alerte pour empêcher que ce type de crise ne se reproduise et faire tout ce que nous pouvons pour que cela ne se reproduise pas, coordonner l'action internationale à tous les niveaux de façon à ce que cette économie mondiale puisse continuer à fonctionner. C'est cela que doit faire l'Union Européenne et c'est cela que Nicolas SARKOZY a bien compris. Nous sommes à la croisée des chemins, à un moment crucial qui nous permettra de décider comment les pays peuvent travailler ensemble.
Je suis ravi de voir que le Président SARKOZY a permis de montrer que l'Union Européenne est capable de parler d'une seule et même voix et je me réjouis de nos conversations.