Fait partie du dossier : 2020, année de Gaulle.

22 février 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur le Général de Gaulle et le gaullisme, à Paris le 22 février 2008.

Mesdames et Messieurs,
Nous voici réunis pour l'inauguration de l'Historial Charles de Gaulle. Il était temps. Nous devons cette décision à l'action de Jacques Chirac que je tiens à remercier solennellement et publiquement ce matin. Cette action était nécessaire car un jour viendra où mourra le dernier Compagnon de la Libération. Un cercueil, un cercueil vide l'attend dans la crypte du Mont Valérien où j'irai me recueillir demain.
Ce jour-là, ce dernier Compagnon de la Libération aura le visage de tous les combattants des maquis, de tous les combattants de la France Libre qui aux heures les plus sombres de notre histoire ont refusé la défaite. Il aura, ce dernier Compagnon de la Libération, le visage des marins, des paysans, des ouvriers, des cheminots qui ont choisi de résister et de continuer à aimer la France, alors que les chefs pactisaient avec l'ennemi.
Ce dernier Compagnon de la Libération aura le visage de tous ceux qui sont tombés, qui ont sacrifié leur vie pour la liberté de la France sur tous les champs de batailles, de ceux qui ont sacrifié leur vie dans les maquis, des fusillés pour l'exemple, de tous les torturés qui ne voulaient pas parler et grâce auxquels nous sommes aujourd'hui libres et fiers d'être Français. Et ce dernier Compagnon de la Libération, il aura le visage de tous ces déportés qui ont payé bien cher la victoire provisoire de l'idéologie nazie.
Lorsque le dernier Compagnon de la Libération sera couché pour toujours parmi les fusillés du Mont Valérien, il emportera avec lui le souvenir de tous ces visages tragiques et à ce moment-là, l'histoire du gaullisme cessera de se confondre avec les souvenirs de ceux qui l'ont faite.
Déjà il y a 28 millions de Français qui sont nés après la mort du Général de Gaulle.
Puissions-nous ensemble apprendre à nos enfants pourquoi le gaullisme n'est pas une leçon d'histoire parmi d'autres, pourquoi l'histoire du gaullisme nous concerne, pourquoi elle a une signification si profonde.
Certes le gaullisme n'a jamais été une idéologie, le gaullisme n'a jamais été une religion. Le Général de Gaulle s'y est toujours opposé. Il ne voulait pas que sa pensée fut enfermée dans la rigidité d'une doctrine.
A l'un de ses compagnons il confiait en 1953 : « Il ne faut être prisonnier de rien si l'on veut avancer dans la forêt épaisse des réalités mouvantes».
Mais cet homme qui voulait que la politique se fit à partir des réalités et des circonstances disait aussi : « si j'entends marcher librement, je ne marche pas pour autant au hasard ». Que cette phrase puisse inspirer chacun de nous.
Quand il parlait, le Général, à ses compagnons d'une certaine idée de la France, beaucoup d'entre eux n'auraient sans doute pas pu expliquer précisément ce qu'il voulait dire par là, mais chacun pourtant comprenait ce que cette idée signifiait pour être capable de risquer sa vie pour elle. Et ils sentaient, ces compagnons, qu'il y avait quelque chose de plus grand que leurs vies, qui les emporterait pour toujours et qui ferait de la France une nation à nulle autre pareille.
Le gaullisme ce fut d'abord cette force, cette force mystérieuse qui poussa tant de Français à rejoindre le Général de Gaulle, simplement -mais c'est tellement ce simplement, parce qu'il incarnait quelque chose que la France avait perdu et que le Général était le seul à pouvoir leur rendre. Et les Français sentaient confusément que la France avait perdu son honneur.
Cette force mystérieuse ce ne fut pas seulement celle du patriotisme. Cette force ce ne fut jamais celle du nationalisme. Pour comprendre, il faut aller chercher plus loin, plus profond.
Le gaullisme c'est la force du « non » dans l'histoire. Celle que Malraux reconnaissait dans « les ombres obscures qui se bousculaient aux Glières », lieu où j'irai me recueillir chaque année. La force de « ce non du maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort et qui suffit, disait Malraux, à faire de ce pauvre gars, le compagnon de Jeanne d'Arc et d'Antigone ». C'est cela le gaullisme, cette force mystérieuse qui est capable de transformer un anonyme parmi les plus humbles de nos compatriotes en un héro.
Le gaullisme, c'est le refus de la fatalité. Le gaullisme c'est le mot par lequel nous désignons dans notre histoire la volonté humaine, lorsqu'elle est fermement opposée au renoncement.
Il en a fallu de la volonté pour que la France combattante devienne une réalité. Et que nos amis Américains, et que nos amis Anglais, et que tous nos alliés apprennent à compter avec la France.
Il en a fallu de la volonté pour que, dans un pays comme le nôtre, la résistance soit unifiée et qu'au jour de la victoire la France fut présente.
Il en a fallu de la volonté pour éviter en 1944 la guerre civile, il en a fallu de la volonté pour imposer, -oui, pour imposer- à nos alliés le rétablissement d'une souveraineté française et empêcher que Strasbourg à peine libérée soit évacuée et livrée à la vengeance de l'occupant.
Mais le gaullisme ce n'est pas simplement le gaullisme de la guerre, ce n'est pas seulement le gaullisme de la résistance, ce n'est pas seulement le gaullisme de la France libre. Le gaullisme, il ne s'arrête pas avec la Libération. Il continue.
A la tête du gouvernement provisoire, du Rassemblement du peuple français ou de la Vème République, le Général de Gaulle reste l'homme du 18 juin, hanté par le même dessein, habité par la même idée de la France.
S'il n'y avait eu que le gaullisme de guerre, de Gaulle aurait pris sa place dans la mémoire nationale quelque part entre Carnot et Clemenceau et ses compagnons auraient ressemblé à ces soldats de la Grande Armée qui étaient rentrés chez eux tout couverts de blessures et de gloire et qui avaient passé leur vie à raconter à leurs enfants et à leurs petits enfants leur épopée. Mais la génération de la France Libre et de la Résistance, elle était dotée d'un autre caractère. Elle se souciait moins de sa légende que de bâtir un monde meilleur. Moi j'ai toujours admiré cela, après avoir parcouru l'Europe, l'Afrique, le monde, pour le sauver. Ils ne sont pas restés chez eux à cultiver leur légende, ils ont voulu construire un monde meilleur.
Si le Général de Gaulle attache une telle importance à l'Histoire ce n'est pas parce qu'il aime la ressasser, c'est parce qu'il veut la prendre, la prendre là où elle en est pour pouvoir la continuer.
Le Général de Gaulle n'est pas une vision nostalgique de l'Histoire. Et parce qu'il sait que rien ne recommence jamais à zéro, de Gaulle, c'est d'abord le refus du conservatisme. Le Général de Gaulle n'est pas un conservateur. Il n'est pas comme Vichy enfermé dans la nostalgie du passé.
Avant la guerre, il croit en la force mécanique.
En 1940, il annonce à Schumann que la guerre mondiale sera gagnée et que l'Allemagne sera vaincue. Après la guerre, c'est de Gaulle qui donne le droit de vote aux femmes, c'est de Gaulle qui crée la sécurité sociale, c'est de Gaulle qui approuve Jean Monnet.
En 1958, alors que les porteurs de pancartes, honte à eux, défilent en criant : « Le fascisme ne passera pas ! », il évite une nouvelle guerre civile. Puis il achève la décolonisation, il scelle la réconciliation franco-allemande, il restaure l'autorité de l'Etat, il modernise l'économie, il instaure l'assurance chômage, il invente la participation, il engage la France dans le nucléaire, l'aéronautique et le ferroviaire.
Il trouve l'Etat au bord de la faillite, il remet de l'ordre, cher Antoine, dans nos finances et dans notre économie.
Le pays est miné par le système des partis, le pays n'est plus gouverné. Il instaure la Ve République et dote la France enfin d'un gouvernement stable, pour un « le fascisme ne passera pas », quel bilan !
La France est déchirée par la Guerre d'Algérie. Je me souviens très bien, tout jeune enfant, qu'on ne pouvait, chez soi, avoir quelques amis à dîner sans que les passions s'exacerbent. Le Général entreprend d'y mettre fin.
En 1962, il propose de faire élire le Président de la République par tous les citoyens, donnant ainsi à celui qui est la clé de voûte des institutions la légitimité la plus incontestable.
En 1965, au moment des élections présidentielles, le Général est attaqué par tous les partis et par toutes les factions dont il dérange les intérêts. On le critique à l'extrême-gauche, on le critique au centre, on le critique à l'extrême-droite et même une partie de la droite, le critique. On voit cette chose extraordinaire : celui qui a sauvé deux fois la République est alors accusé de la menacer par un front républicain composé de tous ceux qui n'avait jamais rien fait pour la République. C'est cela aussi l'histoire du gaullisme.
En 1968, les mêmes, qui prétendaient défendre la République et la démocratie, rien que cela, mais qui ne pouvaient pas supporter d'avoir perdu les élections, 1968, et ils jouent la carte de l'insurrection populaire.
On se souvient de la révolte de cette jeunesse qui a tout, qui ne sait pas encore ce qu'est le chômage, notamment le chômage des jeunes, et qui monte sur les barricades pour réclamer le droit d'aimer sans contrainte et de jouir sans entrave. Elle réclame ce droit parce qu'elle ne sait pas exprimer autrement son malaise face à une société qui ne peut plus lui apporter que des réponses matérielles là où elle aurait besoin des réponses spirituelles que toute jeunesse attend quand elle se pose l'angoissante question du sens.
Qui mieux que le Général aurait pu comprendre ce malaise de la jeunesse lui qui fut toute sa vie rebelle aux ordres établis et à l'immobilisme ?
En 1940 une partie de la jeunesse, la plus valeureuse s'est reconnue dans le gaullisme.
En 1958, c'est un immense élan populaire des jeunes.
En 1968, le rendez-vous entre la jeunesse et le Général de Gaulle est manqué. Ce n'est pas seulement une question de générations. C'est l'oeuvre aussi de tous ceux auxquels, à droite comme à gauche, dans les syndicats, dans les partis, dans la presse, dans les milieux intellectuels, le Général de Gaulle a toujours paru illégitime parce qu'il leur a arraché un pouvoir qu'ils avaient pris l'habitude de se partager.
Ce n'est pas le moindre des paradoxes de l'histoire de notre pays que de voir unanimement célébrer la mémoire du grand homme alors que tout au long de son existence, sa légitimité fut contestée.
La légitimité populaire, celle du suffrage universel, était apparue aux ennemis du Général comme un coup de force -combien de fois ai-je entendu cette expression, « coup de force » - contre le seul pouvoir légitime à leurs yeux, c'est-à-dire le leur.
On peut pardonner à la jeunesse ses révoltes même quand elles sont sans issue parce qu'au fond la jeunesse se définit toujours en s'opposant.
On pardonne moins aux politiciens d'alors et aux idéologues qui à Charléty veulent manipuler la jeunesse en jouant avec sa générosité.
Les Français ne s'y trompent pas.
L'insurrection n'a pas lieu. Le Général de Gaulle déclare : « J'ai un mandat du peuple, je l'accomplirai ».
L'Assemblée Nationale est dissoute. Le peuple, justement, il descend sur les Champs Elysées pour montrer qu'il a son mot à dire et qu'il ne se laissera pas déposséder de ses droits Une fois de plus le Général de Gaulle a fait face à la tempête et une fois de plus le Général a évité le pire. Imagine-t-on un gouvernement Auriol en mai 68 ? Que serait devenu la France, ce jour-là ? C'est Malraux qui s'interroge.
Les élections ont lieu, les politiciens une fois de plus sont battus. Mais ils ne peuvent pas plus accepter cette nouvelle défaite qu'ils n'ont accepté les précédentes.
En voulant restaurer l'Etat dans son autorité, dans sa dignité, dans son prestige, le Général de Gaulle dresse contre lui tout au long de sa vie tous les conservatismes, tous les corporatismes, tous les clientélismes.
A force ils finissent par gagner.
On discutera encore longtemps pour savoir si le Général orchestre ou non délibérément, en vue de la perdre, la bataille du référendum sur la réforme du Sénat et sur la régionalisation. Mais ce qui est sûr, c'est qu'une fois encore il est en avance sur son temps, peut-être trop, et qu'il ne réussit pas cette fois à forcer le destin.
Le « non » l'ayant emporté, il fait ce qu'il a promis. Il s'en va. Il ne veut pas gouverner s'il n'a pas la totale confiance des Français. « Il faut savoir ce que veulent les Français, je ne referai pas la France sans eux », dit-il. «Je ne referai pas la France sans eux».
A 78 ans il a le sentiment qu'il a fait tout ce qu'il a pu et qu'il ne peut plus rien, sinon écrire pour dire aux générations futures ce qu'il a voulu faire.
Je me souviens du jour où il est mort, du proviseur qui, dans notre établissement, passait de classe en classe pour annoncer la nouvelle. Je me souviens de l'émotion qui saisit le pays tout entier et qui semblait même étreindre la plupart de ceux qui avaient combattu le Général. Un grand vide s'était brusquement creusé, au bord duquel chacun se tenait silencieux.
Je me souviens des obsèques, de la foule qui se recueillait, cette foule dans laquelle se trouvaient beaucoup de ceux qui en 1968 l'avaient attaqué, et qui un an plus tard avaient voté « non » pour qu'il s'en aille. Mais cette foule était bouleversée, parce qu'elle sentait bien qu'une page immense de l'histoire de notre pays était en train de se tourner.
J'avais 22 ans, Amiral, lorsque je me suis rendu pour la première fois à Colombey. J'y suis retourné bien souvent depuis.
Nul ne sait ce que dirait ou ce que ferait aujourd'hui le Général de Gaulle. Nul ne peut faire parler les morts, et ce mort là, moins qu'un autre, parce qu'il fut toujours de son vivant là où personne ne l'attendait, parce que même ses plus fidèles compagnons eurent parfois bien du mal à le suivre tellement il était en avance sur eux, tellement il avait d'exigence pour lui-même et pour les autres.
L'échec du RPF ne s'explique pas autrement. Le sentiment de trahison qu'éprouvent face au drame de l'Algérie française certains de ceux qui se sont crus gaullistes a la même cause.
Leur erreur est de prendre le gaullisme pour ce qu'il n'est pas. Le gaullisme n'est pas une mystique. Le Général ne rêvait pas d'une grandeur chimérique. Il voulait mettre de la grandeur dans le monde tel qu'il est, avec les hommes tels qu'ils sont. C'est un contre-sens de voir la grandeur au service de rien.
Le Général mettait la grandeur au service d'un projet.
Le « non » du 18 juin a un sens parce qu'Hitler ne peut pas gagner la guerre. Le « non » des généraux d'Alger n'a pas de sens parce que nul ne peut gagner la guerre contre un peuple qui veut être libre.
On dit qu'il est anti-européen parce qu'il croit à l'idée de nation. Et pourtant c'est qui fait l'amitié franco-allemande. Que serait l'Europe aujourd'hui sans l'amitié franco-allemande ? Rien. On dit que de Gaulle est anti-européen et pourtant c'est lui qui met en oeuvre le marché commun. De l'Europe, il a dit un jour : « Nous ferons donc ce que nous avons à faire. Construire l'Europe, en confédérant ses nations.
On dit qu'il est anti-américain parce qu'il veut que la France ne soit inféodée à personne. Mais il a toujours placé la France dans le camp de la Liberté et il a dit aux Américains : « Notre passé commun est lourd d'efforts et de sacrifices. Il est grand parce qu'ensemble nous n'avons, à tout moment, servi que la liberté.
La droite le trouve trop à gauche et la gauche lui reproche d'être de droite. Il est au-dessus des partis. Il veut parler pour tous les Français et il dit aux partis qui le combattent :
« La France, c'est tout à la fois, c'est tous les Français. Ce n'est pas la gauche, la France ! Ce n'est pas la droite, la France ! Naturellement, les Français, comme de tout temps, ressentent en eux des courants. Il y a l'éternel courant du mouvement qui va aux réformes, (...) et puis il y a aussi le courant de l'ordre, de la règle et de la tradition. L'alliance de l'ordre et du mouvement, voilà le gaullisme.
Il est le premier à comprendre la nécessité de l'ouverture pour rassembler les Français. En 1944, qui fait l'union nationale avec tous les partis ? C'est de Gaulle. En 1958, il fait entrer dans son gouvernement des ministres de tous les partis à l'exception des communistes et Houphouët-Boigny est ministre d'Etat.
Si le gaullisme est une histoire, enfin, c'est parce qu'il a une signification. Le gaullisme ne nous donne pas des réponses toutes faites. Ces réponses n'existent nulle part. C'est à nous et à personne d'autres de les inventer.
Mais la signification, c'est que de Gaulle nous parle d'une idée de l'Homme et d'une idée de la nation qui a une valeur, et peut-être une valeur plus grande encore qu'elle n'en a jamais eu tant la crise identitaire que traverse notre pays est profonde.
Je veux dire que pour notre génération c'était facile de rentrer dans la politique parce que l'on avait l'exemple de ceux qui étaient les compagnons du Général de Gaulle.
Je pense à Maurice Schumann, à Pierre Messmer, à Jacques Chaban-Delmas.
Et je veux dire également mon affection et mon estime à Yves Guéna, à Maurice Druon, à Robert Galley.
Je voudrais pouvoir les citer tous. Ils ont donné aux jeunes de notre époque et ils m'ont donné à moi, l'enfant d'immigré, la fierté d'être Français. Ils nous ont donné le goût de la grandeur. Alors, maintenir vivant le souvenir du gaullisme, c'est notre devoir et je voudrais que chacun comprenne que s'il est là aujourd'hui, c'est parce que de Gaulle a entraîné des jeunes qui avaient à peine leur âge, qu'il les a entraîné pour les sortir de leur quotidien, donner un sens à leur vie, les faire participer à une épopée au service de la liberté. Il leur a appris à aimer la France et n'a jamais voulu faire l'apologie du nationalisme. Il disait : « Le patriotisme c'est l'amour de la patrie, le nationalisme c'est la haine des autres ». Cet exemple doit vivre parce que l'exemple, cela sert.
Et je voudrais en terminer, pour que chacun d'entre vous se souvienne de ce jeune Espagnol mort pour la France en écrivant à sa famille : « Aujourd'hui à 3 heures je serai fusillé. Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France. Ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j'en suis très fier. »
Je voudrais que chaque jeune ici se souvienne de ce cheminot mort pour la France et qui écrivait : « Je meurs en Français, le 4 juillet 1944, je vais mourir mais je veux que mon fils vive, je veux qu'il soit fier de son père ». Et il terminait : « Je vous embrasse tous une dernière fois. »
Je voudrais que les jeunes qui sont ici se souviennent de ce jeune professeur de physique mort pour la France en écrivant à sa famille : « Tout le bonheur de l'homme tient dans ce devoir : agir et espérer ».
Il a été fusillé une heure après.
Mesdames et Messieurs, nous ne venons pas de nulle part, nous ne sommes pas ici par hasard. Avant nous, des femmes et des hommes se sont dressés pour faire de la France ce qu'elle est. La seule question qui se pose, c'est de savoir si nous serons à la hauteur de ceux qui nous ont transmis le flambeau. La seule question qui se pose, c'est si nous saurons faire de nos vies quelque chose d'aussi utile que ce qu'ils ont construit. Ils nous ont laissé un pays libre, un pays fort. Ce n'est pas inscrit dans le marbre. Un pays libre et un pays fort, cela se mérite. C'est pourquoi cette cérémonie d'aujourd'hui, cher Pierre Mazeaud, ce n'est pas la cérémonie du souvenir, c'est la cérémonie de l'avenir. Ce que des Français ont fait, la question pour les Français d'aujourd'hui, c'est : est-ce que vous serez capables de le faire le moment venu ?Agir et espérer, c'est tout ce que je souhaite pour chacune de vos vies. Je vous remercie.