20 décembre 2007 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration conjointe de MM. Nicolas Sarkozy, Président de la République, Romano Prodi, Président du Conseil italien et Jose Luis Zapatero, Président du Gouvernement espagnol, sur l'Union de la Méditerranée, à Rome le 20 décembre 2007.

Le président Prodi - Bonsoir à tous. Je suis très heureux d'avoir accueilli à Rome Nicolas Sarkozy et M. Zapatero. Nous devions discuter ensemble depuis très longtemps, nous souhaitions nous rencontrer pour discuter du grand projet de la Méditerranée, c'est-à-dire de l'idée de construire l'Union pour la Méditerranée. Ce projet a été élaboré, esquissé à plusieurs reprises mais il n'a jamais été mis en oeuvre car personne ne l'avait jamais poussé jusqu'au bout et j'espère que ce lieu magnifique dans lequel nous sommes réunis soit de bonne augure car l'Empereur Hadrien, auquel est consacré ce Temple a été un véritable homme de la Méditerranée. Il a passé plusieurs années de sa vie entre l'Espagne, l'Afrique du Nord, la Grèce, la Méditerranée orientale, bref c'était un véritable méditerranéen, un homme de paix, de dialogue et de grande sensibilité et surtout un homme très pragmatique et je pense que nous devons tout simplement imiter l'Empereur Hadrien. Nous n'avons rien d'autre à faire sauf créer une Union, faire en sorte que la Méditerranée devienne un lieu de paix et de dialogue et lancer des initiatives pragmatiques. Nous devons oeuvrer, ensemble, pour l'Union européenne et ce soir, le président Barroso devrait idéalement avec nous. Il n'a pas pu être ici physiquement car, aujourd'hui, neuf nouveaux Etats adhèrent à Schengen. Je soutiens depuis toujours que la Méditerranée doit être au coeur de l'action politique de l'Europe et d'ailleurs l'émergence des économies asiatiques et le changement économique du monde rendent de plus en plus urgente, une décision qui vise à considérer la Méditerranée comme le coeur, l'axe de notre politique et de notre attention. Le choc des civilisations ne peut être surmonté que par des actions concrètes pour l'environnement, pour l'énergie, pour la culture, pour les universités et pour la gestion de l'immigration. Nous venons d'en discuter et nous en discuterons au cours du dîner informel, tout à l'heure et puis, il est évidemment que notre message sera transmis à l'Union européenne, à la Commission et aux autres pays. Nous avons souvent abordé ce sujet, mais nous n'avons jamais mis en oeuvre les projets concrets qui sont indispensables pour faire en sorte qu'une Union pour la Méditerranée devienne une réalité. Nous démarrons ce soir et c'est un fait nouveau, très important que l'Espagne, la France et l'Italie soient réunis pour ce projet. Je donne maintenant la parole à Nicolas et à Luis pour leur déclaration.
Le président Zapatero - Je souhaite tout d'abord remercier l'accueil de Romano Prodi et je me félicite de rencontrer, une fois de plus, le président Sarkozy, le président du Conseil italien et l'Espagne qui participent ensemble à cette réunion qui vise à créer quelque chose d'important : l'Union pour la Méditerranée. L'Union pour la Méditerranée demande à voir le jour avec une vocation à contribuer aux changements des relations et des attentes des deux rives de la Méditerranée. Un changement, disais-je, qui doit viser essentiellement à travailler ensemble à la renaissance de la mer Méditerranée et à la paix. S'il existe une ambition, un processus décisif pour surmonter les inégalités, la richesse pour surmonter le problème de l'immigration et pour donner une réponse en anticipant l'avenir, cette voie doit nous amener à aborder les nécessités de tous ceux qui habitent dans le bassin de la Méditerranée. Cette Méditerranée qui nous unit et qui a un énorme potentiel dans le domaine de la recherche, de l'énergie et du développement et, bien sûr, des migrations, pour assurer la paix et la stabilité. L'Union pour la Méditerranée naît à partir de trois pays européistes, profondément européistes. Elle naît aussi de l'Union européenne et elle sert à l'Union européenne. Nous sommes déterminés à aller de l'avant pour donner une nouvelle impulsion à cette Union de coopération, de mobilisation, d'énergie politique, d'impulsion politique à toute une région qui est fondamentale pour régler des questions internationales pour la paix, pour le défi du changement climatique, pour surmonter les inégalités entre les riches et les pauvres et pour régler les mouvements migratoires. L'Union européenne a démarré depuis longtemps le processus de Barcelone. Ce processus a impulsé, entre autres, l'Espagne, nous le soutenons, nous l'appuyons et nous demandons à ce que l'Union pour la Méditerranée représente une nouvelle étape, une nouvelle incitation, une nouvelle direction qui puisse permettre aux pays de la Méditerranée de devenir les protagonistes à côté de l'Union européenne. L'Espagne s'engage dans ce projet - le président Sarkozy et le président Prodi le savent - étant un pays qui depuis toujours a été en première ligne dans toutes les initiatives liées à la Méditerranée. L'espace qui définit les relations entre les deux rives de la Méditerranée a été depuis toujours une source de richesse, de commerce, de culture, de communication, de civilisation. Nous devons beaucoup à la Méditerranée et nous devons lui restituer tout ce qu'elle nous a donné en ce moment. Merci.
Le président Sarkozy - Mesdames et Messieurs, mes propos seront très brefs puisque je partage pleinement les objectifs qui viennent d'être définis par Romano Prodi, dont je remercie l'invitation et l'accueil et par José Luis Zapatero. Je rajouterai simplement que c'est une vision que nous portons. En Méditerranée, le monde jouera la pire des guerres ou la meilleure des paix. C'est en Méditerranée que se cristallisera le dialogue des cultures entre l'Occident et l'Orient ou l'opposition et l'exacerbation des tensions, c'est en Méditerranée que nous réussirons la paix autour des projets concrets ou que nous échouerons. En Méditerranée, se joue une partie de l'avenir de l'humanité et tous les trois, nous avons décidé qu'en Méditerranée, il faut qu'on s'entende, que l'on s'unisse, il faut tourner le dos aux haines, à la guerre et à la destruction et c'est la vision que nous portons parce que nous estimons que notre responsabilité d'hommes politiques et d'hommes d'Etat est de faire en Méditerranée ce que les Européens ont su rêvé il y a soixante ans pour l'Europe et cet appel, l'appel de Rome pour l'Union pour la Méditerranée, se concrétisera par un sommet des chefs d'Etats et de gouvernement à Paris, le 13 juillet avant le sommet informel des chefs d'Etats et de gouvernement européens le 14. C'est une très grande ambition, c'est un très grand rêve, c'est une très grande vision. Je ne doute pas qu'il y a tous ceux qui vous diront : c'est impossible. A ceux-là on répondra : "Regarder ce qu'ont fait nos pères, l'Europe était déchirée par la guerre, ils ont réussi", eh bien nous, nous allons réussir parce que nous portons des rêves qui sont à la hauteur des responsabilités qui sont les nôtres et le plus grand risque pour la Méditerranée, c'est l'immobilisme et nous qui sommes différents, de pays différents, de sensibilité politique différente, nous voulons nous allier au service d'un projet de paix, de développement et de respect de l'environnement. Vous l'avez compris, ce n'était pas un sommet comme les autres, c'est un sommet qui porte une vision utile pour la Méditerranée et utile pour le monde. Merci./.