13 juillet 2007 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur la dissuasion nucléaire française, à l'Ile Longue le 13 juillet 2007.

Je voulais vous dire combien je suis heureux en tant que Chef des Armées d'être parmi vous, accompagné de votre ministre de la Défense, Hervé MORIN. à qui je veux redire toute mon amitié, toute ma confiance. Il a une lourde responsabilité sur les épaules. Je veux également saluer le Chef d'Etat-major des Armées qui se trouve ici et puis l'ensemble des personnalités, hautes autorités militaires et civiles puisqu'il y a un certain nombre d'élus qui sont avec nous.
J'ai voulu deux mois après ma prise de fonctions passer un moment au sein des armées françaises. Je trouvais que cela était une bonne idée de venir ici chez ceux qui portent, qui incarnent la dissuasion.
Je sais bien que cela est un travail ingrat, parce que l'on a besoin de vous au moment où cela va vraiment très mal. J'imagine que les personnels qui servent dans les différentes forces de dissuasion doivent se sentir par moment un peu oubliés. On se souvient d'eux au moment où l'on fait le budget. Moi, je voulais avec Hervé MORIN être ici pour vous remercier, parce qu'il pèse sur vous une responsabilité très grande. Vous êtes l'assurance vie de la France.
En situation ultime, le pays compte sur vous. Vous devez donc vous préparer à des évènements dont on souhaite profondément qu'ils ne produisent jamais.
Cela demande des qualités propres de sang-froid, d'abnégation et de professionnalisme. Mais la Nation qui compte sur vous.
Je sais bien que si l'on est en situation ultime, si les responsabilités pèseront sur vous, elles pèseront aussi sur moi. Je le savais parfaitement en étant candidat à la Présidence de la République. Je le mesure chaque seconde en étant Président de la République. Je n'hésiterai pas à prendre les décisions qui s'imposeraient si les intérêts vitaux de notre pays et si sa sécurité étaient menacés.
Les choix que nous aurons à faire, les choix politiques, les choix financiers, les choix industriels, les choix militaires, nous les ferons en ayant conscience d'une double exigence. La sécurité de notre pays, c'est une priorité absolue. Elle repose sur les épaules du Président de la République et en quelque sorte par délégation sur les vôtres. De ce point de vue je donnerai donc les moyens nécessaires pour que la sécurité de la France en toute circonstance soit garantie. C'est mon devoir, c'est mon premier devoir. C'est donc ma première priorité. Il faut que vous le sachiez, la dissuasion c'est aussi une dimension diplomatique, stratégique, politique au vrai sens du terme pour notre pays. Nous sommes membres permanents du Conseil de Sécurité. Nous sommes l'une des puissances nucléaires, militaires et civiles du monde. Cela nous donne un rôle, une responsabilité, un rayonnement. Vous êtes aussi les acteurs de cette responsabilité, de ce rôle, et de ce rayonnement, ne l'oubliez jamais.
Je vois parfois que nombre de pays, parfois à juste titre, réclament une place de membre permanent au Conseil de Sécurité. Sans doute à leur place nous ferions la même chose. Mais parfois ils ignorent que cela crée des responsabilités financières, politiques, militaires. Cela crée aussi le prix du sang pour les militaires qui servent au service de grandes causes sous contrôle de l'Organisation des Nations Unies.
Je tenais à vous dire tout ceci simplement, sans discours. Rassurez-vous, des éléments de langage m'ont été préparés. Moi je pense que ce n'est pas parce que l'on parle de la dissuasion, que l'on doit parler seulement avec les éléments de langage. Vous êtes des hommes et des femmes passionnés, vous faites un travail passionnant, et je tenais à être parmi vous. Je suis fier de ce que vous faites. Soyez fiers de l'uniforme que vous portez, des techniques que vous maniez, du commandement que vous avez et de la façon dont vous vivez votre engagement. Au moins ici chacun sait pourquoi il est là. Ce n'est pas rien dans la vie d'une femme ou d'un homme de savoir ce que l'on attend de vous. Ce que l'on attend de vous, c'est le sang-froid et l'esprit de décision. J'essaierai d'être digne de ceux qui tout au long de la chaîne devront un jour, que personne ne souhaite, mettre en oeuvre les décisions que je devrai prendre.
Merci à tous. J'ajoute que la baraka fait partie de la gestion. Cela n'était pas dit que l'on est du beau temps. Pas de critique à la Bretagne, il faut tout le temps beau en Bretagne. Je pensais avec Hervé dans la voiture, avec le 14 juillet qu'on a préparé pour les Français, vraiment je préfèrerai qu'il fasse beau plutôt qu'il pleuve.
Merci à tous.