16 mai 2007 - Seul le prononcé fait foi

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Déclarations de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, et Mme Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale d'Allemagne, sur les relations franco-allemandes et la construction européenne, à Berlin le 16 mai 2007.


LA CHANCELIERE - Bonjour Mesdames, Messieurs, Monsieur le Président, Monsieur SARKOZY,
J'ai le plaisir d'accueillir le nouveau Président de la République française, Monsieur Nicolas SARKOZY.
Monsieur le Président, Monsieur SARKOZY,
C'est une très grande joie pour moi que nous puissions nous rencontrer, aujourd'hui, lors de ton premier jour. Je crois que c'est un signe de l'exceptionnelle amitié franco-allemande, sur laquelle nous pouvons bâtir que nous voulons poursuivre.
Et, si on se remémore l'histoire des dernières décennies, cette amitié franco-allemande est un miracle qui a rapproché les hommes et les femmes de nos pays. Cette rencontre d'aujourd'hui est un signe. Soit le bienvenu ici à la Chancellerie à Berlin.
Je voudrais poursuivre la coopération franco-allemande avec le nouveau Président de la République, Nicolas SARKOZY, je voudrais l'approfondir et travailler dans l'esprit de nos deux pays, dans l'esprit de l'Union européenne pour enregistrer des progrès. Dans notre action, il s'agira toujours de préserver la paix et la liberté en Europe, de contribuer à ce que le monde soit plus libre et plus pacifique, que la prospérité, la démocratie soient assurées pour nos deux peuples, pour l'Europe et pour le plus grand nombre d'hommes et de femmes dans le monde.
Nous allons nous mettre au travail, dès aujourd'hui, car nous avons beaucoup de pain sur la planche. Nous allons faire en sorte qu'en Europe, qu'au Conseil européen du mois de juin, -je suis Présidente du Conseil européen-, nous avons des responsabilités importantes à l'occasion des cinquante ans du traité européen.
Nous avions annoncé que d'ici les élections du Parlement européen en 2009, nous mettrions l'Union européenne sur une nouvelle base contractuelle en fixant le cap pour l'avenir et je considère, je suis tout à fait convaincue, que nous le ferons dans la plus étroite des concertations entre nous. Je suis convaincue que nous appliquerons un certain nombre de grands principes, ce qui nous permettra au Conseil de juin, de faire un pas de plus en avant, et nous commencerons à en parler aujourd'hui.
Demain c'est le Sommet de l'Union européenne-Russie, et nous en parlerons dès ce soir, et nous aurons bien sûr des échanges sur les grands dossiers internationaux.
Mais, je voudrais saisir l'occasion pour dire mes remerciements de ce geste, de cette visite de ce soir à Berlin, qui montre que l'Allemagne et la France ont besoin l'un de l'autre, mais l'Allemagne et la France sont unis par une profonde amitié. Comme nous nous connaissons déjà un peu, je suis convaincue que ce sera une très bonne coopération qui apportera des progrès pour les hommes et les femmes de nos pays.
Bienvenue à Berlin.
LE PRESIDENT - Madame la Chancelière, Mesdames et Messieurs,
En ce jour où je prends officiellement mes fonctions de Président de la République française, j'ai tenu à venir saluer le Gouvernement et le peuple Allemand, au nom du peuple Français. Ce geste, c'est d'abord un geste d'amitié.
Je veux dire au Gouvernement et au peuple Allemand, que pour la France, l'amitié franco-allemande est sacrée et que rien ne saurait la remettre en cause.
Mais ma présence aujourd'hui à Berlin, à bien évidemment, aussi, une signification politique. En venant à Berlin, dès ma prise de fonction, je n'ai pas voulu seulement, accomplir un geste symbolique, j'ai voulu exprimer mon souhait que nous nous mettions tout de suite au travail, car il y a urgence à agir.
La première urgence, c'est de sortir l'Union européenne de sa paralysie actuelle, il est nécessaire pour cela que l'Allemagne qui exerce aujourd'hui la présidence de l'Union européenne et la France, qui a toujours été son partenaire privilégié en Europe s'entendent. S'épaulant l'une l'autre, l'Allemagne et la France ont naturellement une influence plus grande sur les affaires de l'Europe et du monde, que lorsqu'elles agissent séparément.
La deuxième urgence, c'est celle qui a trait à la coopération industrielle entre nos deux pays et naturellement d'abord, le dossier EADS. Il me paraissait donc nécessaire que nous ne perdions pas une minute. C'est ce que je suis venu faire, dès aujourd'hui, avec Angela MERKEL.
Vous l'aurez compris, la politique de la France telle que je la conçois, ne sera pas marquée du sceau de l'attentisme, ni en matière de politique intérieure, ni en matière de politique européenne, ni en matière de politique étrangère.
Je ne crois pas que les problèmes trouvent de meilleures solutions quand on attend plus longtemps pour les traiter. A ceux qui me disent, à chaque fois qu'une question compliquée se pose, qu'il faut attendre pour essayer de lui trouver une réponse, moi, je veux leur dire : « attendre, mais attendre quoi ? que cela aille encore plus mal, que cela soit encore plus difficile, que nos compatriotes souffrent un peu plus ? ». A trop attendre, on prend le risque que les choses deviennent beaucoup plus compliquées. A trop attendre, on prend le risque que cela finisse pas être trop tard.
Les relations franco-allemandes et les sujets sur lesquels nous avons, Allemands et Français à travailler ensemble, sont si importants que l'attentisme, que l'immobilisme, que le conservatisme ne peuvent pas être des solutions, et après ce premier tour d'horizon, je suis sûr qu'en nous mettant au travail, nous arriverons, Angela MERKEL et moi à des résultats. C'est en tous cas mon souhait le plus cher. J'ai la conviction que le Gouvernement allemand le souhaite aussi. La période d'incertitude inhérente à toute campagne électorale, a accru le retard que nous avons pris.
Chère Angela, j'ai grande confiance en toi, j'ai beaucoup d'amitié pour toi, et j'ai parfaitement conscience des responsabilités qui sont les nôtres, pour être à la hauteur de tous ceux qui dans le passé ont construit l'amitié entre l'Allemagne et la France.
L'Europe attend que nous prenions des initiatives. Je suis venu en Européen, en ami avec la claire conscience qu'il faut des résultats et que nous n'avons plus le temps.
Je te remercie de m'avoir invité.