16 juillet 2002 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur les performances, l'organisation de l'assemblage et les perspectives commerciales de l'avion Airbus A380, ainsi que sur l'effort gouvernemental en faveur de la recherche, Blagnac le 16 juillet 2002.
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président d'Airbus,
Monsieur le maire de Blagnac,
Monsieur le Ministre, Député-maire de Toulouse,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je reviens aujourd'hui dans l'agglomération toulousaine, cher Philippe DOUSTE-BLAZY, avec la même émotion qui nous a submergés à l'automne dernier, après la tragédie de l'explosion du 21 septembre. Mes pensées se tournent à nouveau vers les familles et les amis de ceux qui ont perdu leur vie lors de ce drame ainsi que vers toutes celles et tous ceux qui ont été durement éprouvés dans leur chair et dans leurs biens. Je sais que pour leurs proches, et pour la ville tout entière, cette épreuve a constitué un traumatisme très lourd. Ils doivent savoir que la France a été à leurs côtés tout au long de cette année si difficile et qu'elle le restera.
J'ai confiance dans la capacité collective des hommes et des femmes de votre région à surmonter les épreuves. C'est l'avenir que nous devons dessiner aujourd'hui et c'est pourquoi j'ai accepté avec beaucoup de plaisir, cher Président FORGEARD, votre invitation à venir inaugurer aujourd'hui le site d'assemblage final de l'Airbus A380 dans cette belle région de Toulouse, capitale aéronautique de l'Europe.
En regardant le film que vous venez de projeter, nous avons pu voir quelques images évoquant cet A380 et j'ai pensé au chemin parcouru par l'aéronautique française et européenne depuis les premiers vols de Clément ADER, l'enfant du pays. Le chemin parcouru aussi depuis le lancement du premier Airbus, un A300B, en 1969 au salon du Bourget...
Ces images inspirent impatience et admiration.
Impatience en pensant à l'avenir proche. Car nous avons tous hâte de voir le premier A380 prendre son envol, réalisant à un degré de puissance encore jamais atteint, ce vieux rêve de l'humanité : pouvoir voler.
Admiration devant ce qui deviendra le vaisseau amiral de la gamme Airbus.
Les superlatifs ne manquent pas lorsqu'on évoque l'A380, comme vous l'avez fait, Monsieur le Président. Les chiffres impressionnent. Avec ses 555 places, ses 80 mètres d'envergure, ses 560 tonnes, il sera le plus grand avion civil jamais construit dans le monde. C'est aussi le programme le plus ambitieux de l'aviation civile mondiale, avec 12 milliards d'euros d'investissements.
Ces chiffres donnent toute la dimension du formidable défi qu'a relevé la société AIRBUS, soutenue par ses actionnaires EADS et BAE Systems. Ils donnent une idée du niveau de savoir-faire atteint par AIRBUS et toutes celles et tous ceux qui y travaillent et des risques techniques, commerciaux et financiers qu'elle est capable d'assumer. L'ensemble du personnel d'AIRBUS peut être fier de ce qu'il est parvenu à entreprendre collectivement. C'est une extraordinaire aventure humaine. Et chacune et chacun de ceux qui travaillent dans cette belle et grande société en bénéficieront, je l'espère, et nous leur devons estime et respect.
Car l'A380 est né sous le signe du défi. C'est à la fois un défi technique, industriel, écologique, commercial, un défi pour la coopération européenne, et aussi, Monsieur le Maire, un défi pour Toulouse.
*
Un défi technologique. La dimension de l'avion lui-même suppose de résoudre des problèmes techniques sans précédent. Je sais, par exemple, que, pour alléger l'avion, de nouveaux matériaux composites seront utilisés et que sera mise en oeuvre, pour la première fois sur un avion civil la soudure au laser.
Fabriquer en série l'A380 est aussi un défi industriel. Pour le relever, il a fallu qu'Airbus invente de nouveaux outils, une nouvelle organisation. La méthode que vous avez utilisée fera école. Je suis impressionné par l'intense utilisation que vous faites des technologies numériques. Non seulement pour le développement de l'avion lui-même, mais aussi pour la conception de l'usine d'assemblage. Je me réjouis que pour mettre en oeuvre cette méthode du "tout numérique" vous ayez utilisé l'une des grandes réussites de la technologie logicielle française.
L'A380 se devait aussi de relever un défi écologique, un grand défi. Notre société est à juste titre de plus en plus exigeante vis-à-vis des nuisances, en particulier des nuisances sonores autour des aéroports. Elle est de plus en plus sensible aux grands problèmes écologiques de la planète. Vous avons parfaitement conscience de la menace bien réelle de changement climatique que font peser nos émissions excessives de gaz à effet de serre. Or d'après les experts, compte tenu de la croissance attendue du trafic aérien pour les prochaines années, un triplement d'ici 2020, si nous ne réagissons pas, l'aviation pourrait contribuer au changement climatique autant que toutes les automobiles réunies.
Nous devons donc collectivement assurer les conditions d'un développement durable des transports. Beaucoup de chemin a été parcouru mais nous devons encore beaucoup progresser. L'aéronautique s'est fixé de nouveaux objectifs à 20 ans, en particulier en terme d'impact sur l'environnement, dans le programme "vision 2020 pour l'aviation", élaboré sous l'égide de l'Union européenne. Ces objectifs exigeants démontrent l'engagement du secteur aéronautique à progresser de manière permanente.
Comme vous l'avez dit à l'instant Monsieur le Président, AIRBUS a pris soin d'intégrer le souci de l'environnement dès la conception de l'A380 et je m'en réjouis. Le bruit émis par l'A380 sera réduit de moitié par rapport à son concurrent le plus moderne, tout en emportant 35% de passagers en plus. Dès son lancement, l'A380 sera en-dessous des normes de bruit les plus sévères que l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale a édictées et qui entrent en vigueur en 2006. De plus, vous l'avez souligné, cher Noël FORGEARD, l'A380 consommera 15% de moins que l'avion le plus gros actuellement.
Tous les constructeurs d'avions doivent intégrer la contrainte écologique comme un enjeu stratégique. Nous attendons de leur part un engagement à réduire les effets négatifs du trafic aérien sur l'environnement.
Dans le contexte nouveau du transport aérien, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, l'A380 devait aussi relever le défi de la sécurité. C'est le premier avion qui incorporera dès sa conception les technologies de sécurité les plus modernes.
L'A380 devait relever également le défi de la coopération internationale. Comme tous les autres avions d'AIRBUS, l'A380 est un avion véritablement européen auquel contribueront 145 000 travailleurs dans toute l'Europe.
Pour renforcer la coopération qui existait dans le GIE Airbus, vous avez constitué une véritable société intégrée, comme, vous le savez, je l'avais souhaité. Les gouvernements européens ont pris leur part de risque sur le lancement de l'avion par l'attribution de prêts remboursables à des conditions commerciales. Cela marque leur volonté de soutenir l'industrie aéronautique qui traverse depuis le 11 septembre dernier les difficultés que chacun connaît.
Les composants de l'A380 viennent des quatre coins de l'Europe, des quinze usines d'Airbus, en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne et en France, et de toutes celles de ses partenaires associés dans l'ensemble des pays de l'Union européenne qui partagent les risques. Vu la taille de certaines pièces, les acheminer jusqu'à Toulouse est une véritable gageure logistique. Plusieurs projets alternatifs ont été étudiés. La solution choisie est multimodale puisqu'elle mêle le transport maritime, le transport fluvial puis la route pour les 240 km qui séparent Langon de Toulouse. Des solutions doivent être trouvées pour que l'équipement de cet itinéraire à grand gabarit respecte les exigences environnementales et naturellement les légitimes préoccupations des riverains.
Enfin, il est à noter que l'A380 a permis un renforcement de la coopération transatlantique. Plusieurs éléments essentiels de l'avion, comme le train d'atterrissage central, le système de pilotage, le circuit hydraulique ont été confiés à des entreprises américaines.
*
L'A380 devait réussir aussi un formidable défi commercial.
AIRBUS a mis dès le début de nombreux atouts dans son jeu en associant à la définition des caractéristiques de l'A3XX, c'était alors son nom, les futurs clients, les compagnies aériennes, les autorités aéroportuaires et d'aviation civile. Et 10 ans d'élaboration collective n'étaient pas de trop pour ajuster l'avion aux besoins effectifs des clients. Alors que certains exprimaient du scepticisme au moment crucial où AIRBUS devait décider du lancement de l'A380, le nombre de commandes obtenues en quelques mois est venu confirmer la pertinence de son concept. La réponse du marché a été forte et positive puisqu'AIRBUS affiche à ce jour 97 commandes fermes et presque autant d'options.
Je salue tous les clients qui ont ainsi donné leur confiance à Airbus, leur confiance à l'A380 et leur confiance à l'Europe de l'aéronautique.
Permettez-moi de saluer plus particulièrement le Président de Federal Express, Frederick SMITH, qui a signé tout à l'heure une commande ferme de 10 A380 en version Cargo. Je souhaite bien sûr que ce choix stratégique soit repris par d'autres transporteurs.
La réussite annoncée de l'A380 se mesure aussi par le fait que tous les acteurs du transport aérien prennent désormais en compte la mise en service prochaine de l'avion, à commencer par les structures aéroportuaires qui doivent s'adapter à sa dimension exceptionnelle.
AIRBUS s'est fixé l'objectif de vendre 750 A380 d'ici à 2019, soit la moitié du marché des très gros porteurs dans les 20 ans qui viennent. C'est un objectif très ambitieux, mais je suis tout à fait certain qu'il est à votre portée.
L'A380 est enfin un défi d'aménagement pour la région et l'agglomération toulousaine.
Nous sommes ici sur le lieu où chacun des exemplaires de l'A380 va être assemblé. Pour un avion aux dimensions exceptionnelles, il fallait concevoir un berceau exceptionnel. Les bâtiments seront spectaculaires avec leurs 500 mètres de long et 200 de large. Nous en avons eu un avant-goût grâce à l'image que vous nous avez projetée tout à l'heure. Il a fallu concevoir des portées de 100 mètres entre deux appuis, ce qui est une vraie prouesse technique qui fait honneur à nos contructeurs.
Ces bâtiments constitueront la pièce maîtresse de la zone d'activité AéroConstellation, qui s'intègre dans un grand projet d'aménagement conduit dans les délais, grâce à l'engagement solidaire de l'Etat et des collectivités locales, du conseil régional de Midi-Pyrénées, du conseil général de Haute-Garonne, et du Grand Toulouse. Il a fallu prévoir de déplacer des équipements sportifs de grande qualité, comme ce gymnase dans lequel nous nous trouvons, et une base de loisirs. Près de trois mille nouveaux logements seront construits ainsi qu'un nouveau lycée d'enseignement technique dédié à l'aéronautique.
Que toutes celles et tous ceux qui ont participé à cet ambitieux projet d'aménagement et assureront son succès soient remerciés de leurs efforts. C'est une satisfaction pour tous de voir aujourd'hui le début de sa concrétisation et de ses retombées.
Car le projet A380 représente 9000 emplois pour la région : 3000 emplois directs et 6000 emplois indirects. Il assurera de l'activité pour au moins deux ou trois décennies. C'est une bonne nouvelle pour les Toulousains, notamment au regard des pertes d'emploi inévitablement liées au redémarrage partiel du pôle chimique.
Aux conséquences positives du projet A380 s'ajouteront les mesures d'accompagnement des projets de diversification économique de l'agglomération toulousaine que le gouvernement prévoit de décider lors du prochain Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire.
*
Mesdames, Messieurs,
Je félicite à nouveau tout le personnel d'AIRBUS et de ses partenaires, les ingénieurs et techniciens, les compagnons et les commerçants. Je félicite les acteurs de Midi-Pyrénées mobilisés pour la construction du site d'assemblage final que nous avons le plaisir d'inaugurer ensemble avec vous aujourd'hui.
L'A380 est le symbole de ce que peut réussir l'Europe lorsque, au-delà de nos diversités, nous savons unir nos efforts, mettre en commun nos compétences et tirer parti de nos différences. AIRBUS est le symbole de ce que peut réussir l'Europe lorsqu'elle se place à la pointe de la technologie dans un secteur où la compétition mondiale est de très haut niveau.
Sa réussite nous confirme, s'il était nécessaire, l'impérieuse nécessité pour notre pays d'investir dans la recherche et l'innovation, de préparer son avenir dans le contexte d'une économie de plus en plus ouverte.
C'est la vocation de la France de prendre des positions fortes dans les secteurs les plus innovants. Cela ne sera possible que grâce à la qualité des hommes et des femmes et aussi grâce à la qualité de la formation qu'ils auront reçue. Je souhaite que davantage de jeunes choisissent des filières scientifiques et se tournent vers la recherche.
Nous devons aussi conforter la compétitivité de notre économie et de notre territoire. Cela passe en particulier par un grand plan national de mobilisation pour la recherche et l'innovation. Pour que la France soit pionnière dans des domaines essentiels pour l'avenir : les sciences du vivant, les sciences de l'environnement, les technologies de l'information, les technologies des transports... Nous devons atteindre l'objectif de 3% du PIB en dépenses de recherche et développement à échéance 2010, grande ambition et impérieuse nécessité.
D'ici là, nous attendons tous avec impatience le premier vol de l'A380 prévu début 2005 et sa mise en service au printemps suivant. Beaucoup de travail attend encore AIRBUS. Je vous exprime mon encouragement et le soutien, je n'en doute pas, de tous les Français, que l'aventure aéronautique fait rêver depuis plus d'un siècle.
Je vous remercie.
Monsieur le Président d'Airbus,
Monsieur le maire de Blagnac,
Monsieur le Ministre, Député-maire de Toulouse,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je reviens aujourd'hui dans l'agglomération toulousaine, cher Philippe DOUSTE-BLAZY, avec la même émotion qui nous a submergés à l'automne dernier, après la tragédie de l'explosion du 21 septembre. Mes pensées se tournent à nouveau vers les familles et les amis de ceux qui ont perdu leur vie lors de ce drame ainsi que vers toutes celles et tous ceux qui ont été durement éprouvés dans leur chair et dans leurs biens. Je sais que pour leurs proches, et pour la ville tout entière, cette épreuve a constitué un traumatisme très lourd. Ils doivent savoir que la France a été à leurs côtés tout au long de cette année si difficile et qu'elle le restera.
J'ai confiance dans la capacité collective des hommes et des femmes de votre région à surmonter les épreuves. C'est l'avenir que nous devons dessiner aujourd'hui et c'est pourquoi j'ai accepté avec beaucoup de plaisir, cher Président FORGEARD, votre invitation à venir inaugurer aujourd'hui le site d'assemblage final de l'Airbus A380 dans cette belle région de Toulouse, capitale aéronautique de l'Europe.
En regardant le film que vous venez de projeter, nous avons pu voir quelques images évoquant cet A380 et j'ai pensé au chemin parcouru par l'aéronautique française et européenne depuis les premiers vols de Clément ADER, l'enfant du pays. Le chemin parcouru aussi depuis le lancement du premier Airbus, un A300B, en 1969 au salon du Bourget...
Ces images inspirent impatience et admiration.
Impatience en pensant à l'avenir proche. Car nous avons tous hâte de voir le premier A380 prendre son envol, réalisant à un degré de puissance encore jamais atteint, ce vieux rêve de l'humanité : pouvoir voler.
Admiration devant ce qui deviendra le vaisseau amiral de la gamme Airbus.
Les superlatifs ne manquent pas lorsqu'on évoque l'A380, comme vous l'avez fait, Monsieur le Président. Les chiffres impressionnent. Avec ses 555 places, ses 80 mètres d'envergure, ses 560 tonnes, il sera le plus grand avion civil jamais construit dans le monde. C'est aussi le programme le plus ambitieux de l'aviation civile mondiale, avec 12 milliards d'euros d'investissements.
Ces chiffres donnent toute la dimension du formidable défi qu'a relevé la société AIRBUS, soutenue par ses actionnaires EADS et BAE Systems. Ils donnent une idée du niveau de savoir-faire atteint par AIRBUS et toutes celles et tous ceux qui y travaillent et des risques techniques, commerciaux et financiers qu'elle est capable d'assumer. L'ensemble du personnel d'AIRBUS peut être fier de ce qu'il est parvenu à entreprendre collectivement. C'est une extraordinaire aventure humaine. Et chacune et chacun de ceux qui travaillent dans cette belle et grande société en bénéficieront, je l'espère, et nous leur devons estime et respect.
Car l'A380 est né sous le signe du défi. C'est à la fois un défi technique, industriel, écologique, commercial, un défi pour la coopération européenne, et aussi, Monsieur le Maire, un défi pour Toulouse.
*
Un défi technologique. La dimension de l'avion lui-même suppose de résoudre des problèmes techniques sans précédent. Je sais, par exemple, que, pour alléger l'avion, de nouveaux matériaux composites seront utilisés et que sera mise en oeuvre, pour la première fois sur un avion civil la soudure au laser.
Fabriquer en série l'A380 est aussi un défi industriel. Pour le relever, il a fallu qu'Airbus invente de nouveaux outils, une nouvelle organisation. La méthode que vous avez utilisée fera école. Je suis impressionné par l'intense utilisation que vous faites des technologies numériques. Non seulement pour le développement de l'avion lui-même, mais aussi pour la conception de l'usine d'assemblage. Je me réjouis que pour mettre en oeuvre cette méthode du "tout numérique" vous ayez utilisé l'une des grandes réussites de la technologie logicielle française.
L'A380 se devait aussi de relever un défi écologique, un grand défi. Notre société est à juste titre de plus en plus exigeante vis-à-vis des nuisances, en particulier des nuisances sonores autour des aéroports. Elle est de plus en plus sensible aux grands problèmes écologiques de la planète. Vous avons parfaitement conscience de la menace bien réelle de changement climatique que font peser nos émissions excessives de gaz à effet de serre. Or d'après les experts, compte tenu de la croissance attendue du trafic aérien pour les prochaines années, un triplement d'ici 2020, si nous ne réagissons pas, l'aviation pourrait contribuer au changement climatique autant que toutes les automobiles réunies.
Nous devons donc collectivement assurer les conditions d'un développement durable des transports. Beaucoup de chemin a été parcouru mais nous devons encore beaucoup progresser. L'aéronautique s'est fixé de nouveaux objectifs à 20 ans, en particulier en terme d'impact sur l'environnement, dans le programme "vision 2020 pour l'aviation", élaboré sous l'égide de l'Union européenne. Ces objectifs exigeants démontrent l'engagement du secteur aéronautique à progresser de manière permanente.
Comme vous l'avez dit à l'instant Monsieur le Président, AIRBUS a pris soin d'intégrer le souci de l'environnement dès la conception de l'A380 et je m'en réjouis. Le bruit émis par l'A380 sera réduit de moitié par rapport à son concurrent le plus moderne, tout en emportant 35% de passagers en plus. Dès son lancement, l'A380 sera en-dessous des normes de bruit les plus sévères que l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale a édictées et qui entrent en vigueur en 2006. De plus, vous l'avez souligné, cher Noël FORGEARD, l'A380 consommera 15% de moins que l'avion le plus gros actuellement.
Tous les constructeurs d'avions doivent intégrer la contrainte écologique comme un enjeu stratégique. Nous attendons de leur part un engagement à réduire les effets négatifs du trafic aérien sur l'environnement.
Dans le contexte nouveau du transport aérien, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, l'A380 devait aussi relever le défi de la sécurité. C'est le premier avion qui incorporera dès sa conception les technologies de sécurité les plus modernes.
L'A380 devait relever également le défi de la coopération internationale. Comme tous les autres avions d'AIRBUS, l'A380 est un avion véritablement européen auquel contribueront 145 000 travailleurs dans toute l'Europe.
Pour renforcer la coopération qui existait dans le GIE Airbus, vous avez constitué une véritable société intégrée, comme, vous le savez, je l'avais souhaité. Les gouvernements européens ont pris leur part de risque sur le lancement de l'avion par l'attribution de prêts remboursables à des conditions commerciales. Cela marque leur volonté de soutenir l'industrie aéronautique qui traverse depuis le 11 septembre dernier les difficultés que chacun connaît.
Les composants de l'A380 viennent des quatre coins de l'Europe, des quinze usines d'Airbus, en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne et en France, et de toutes celles de ses partenaires associés dans l'ensemble des pays de l'Union européenne qui partagent les risques. Vu la taille de certaines pièces, les acheminer jusqu'à Toulouse est une véritable gageure logistique. Plusieurs projets alternatifs ont été étudiés. La solution choisie est multimodale puisqu'elle mêle le transport maritime, le transport fluvial puis la route pour les 240 km qui séparent Langon de Toulouse. Des solutions doivent être trouvées pour que l'équipement de cet itinéraire à grand gabarit respecte les exigences environnementales et naturellement les légitimes préoccupations des riverains.
Enfin, il est à noter que l'A380 a permis un renforcement de la coopération transatlantique. Plusieurs éléments essentiels de l'avion, comme le train d'atterrissage central, le système de pilotage, le circuit hydraulique ont été confiés à des entreprises américaines.
*
L'A380 devait réussir aussi un formidable défi commercial.
AIRBUS a mis dès le début de nombreux atouts dans son jeu en associant à la définition des caractéristiques de l'A3XX, c'était alors son nom, les futurs clients, les compagnies aériennes, les autorités aéroportuaires et d'aviation civile. Et 10 ans d'élaboration collective n'étaient pas de trop pour ajuster l'avion aux besoins effectifs des clients. Alors que certains exprimaient du scepticisme au moment crucial où AIRBUS devait décider du lancement de l'A380, le nombre de commandes obtenues en quelques mois est venu confirmer la pertinence de son concept. La réponse du marché a été forte et positive puisqu'AIRBUS affiche à ce jour 97 commandes fermes et presque autant d'options.
Je salue tous les clients qui ont ainsi donné leur confiance à Airbus, leur confiance à l'A380 et leur confiance à l'Europe de l'aéronautique.
Permettez-moi de saluer plus particulièrement le Président de Federal Express, Frederick SMITH, qui a signé tout à l'heure une commande ferme de 10 A380 en version Cargo. Je souhaite bien sûr que ce choix stratégique soit repris par d'autres transporteurs.
La réussite annoncée de l'A380 se mesure aussi par le fait que tous les acteurs du transport aérien prennent désormais en compte la mise en service prochaine de l'avion, à commencer par les structures aéroportuaires qui doivent s'adapter à sa dimension exceptionnelle.
AIRBUS s'est fixé l'objectif de vendre 750 A380 d'ici à 2019, soit la moitié du marché des très gros porteurs dans les 20 ans qui viennent. C'est un objectif très ambitieux, mais je suis tout à fait certain qu'il est à votre portée.
L'A380 est enfin un défi d'aménagement pour la région et l'agglomération toulousaine.
Nous sommes ici sur le lieu où chacun des exemplaires de l'A380 va être assemblé. Pour un avion aux dimensions exceptionnelles, il fallait concevoir un berceau exceptionnel. Les bâtiments seront spectaculaires avec leurs 500 mètres de long et 200 de large. Nous en avons eu un avant-goût grâce à l'image que vous nous avez projetée tout à l'heure. Il a fallu concevoir des portées de 100 mètres entre deux appuis, ce qui est une vraie prouesse technique qui fait honneur à nos contructeurs.
Ces bâtiments constitueront la pièce maîtresse de la zone d'activité AéroConstellation, qui s'intègre dans un grand projet d'aménagement conduit dans les délais, grâce à l'engagement solidaire de l'Etat et des collectivités locales, du conseil régional de Midi-Pyrénées, du conseil général de Haute-Garonne, et du Grand Toulouse. Il a fallu prévoir de déplacer des équipements sportifs de grande qualité, comme ce gymnase dans lequel nous nous trouvons, et une base de loisirs. Près de trois mille nouveaux logements seront construits ainsi qu'un nouveau lycée d'enseignement technique dédié à l'aéronautique.
Que toutes celles et tous ceux qui ont participé à cet ambitieux projet d'aménagement et assureront son succès soient remerciés de leurs efforts. C'est une satisfaction pour tous de voir aujourd'hui le début de sa concrétisation et de ses retombées.
Car le projet A380 représente 9000 emplois pour la région : 3000 emplois directs et 6000 emplois indirects. Il assurera de l'activité pour au moins deux ou trois décennies. C'est une bonne nouvelle pour les Toulousains, notamment au regard des pertes d'emploi inévitablement liées au redémarrage partiel du pôle chimique.
Aux conséquences positives du projet A380 s'ajouteront les mesures d'accompagnement des projets de diversification économique de l'agglomération toulousaine que le gouvernement prévoit de décider lors du prochain Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire.
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Mesdames, Messieurs,
Je félicite à nouveau tout le personnel d'AIRBUS et de ses partenaires, les ingénieurs et techniciens, les compagnons et les commerçants. Je félicite les acteurs de Midi-Pyrénées mobilisés pour la construction du site d'assemblage final que nous avons le plaisir d'inaugurer ensemble avec vous aujourd'hui.
L'A380 est le symbole de ce que peut réussir l'Europe lorsque, au-delà de nos diversités, nous savons unir nos efforts, mettre en commun nos compétences et tirer parti de nos différences. AIRBUS est le symbole de ce que peut réussir l'Europe lorsqu'elle se place à la pointe de la technologie dans un secteur où la compétition mondiale est de très haut niveau.
Sa réussite nous confirme, s'il était nécessaire, l'impérieuse nécessité pour notre pays d'investir dans la recherche et l'innovation, de préparer son avenir dans le contexte d'une économie de plus en plus ouverte.
C'est la vocation de la France de prendre des positions fortes dans les secteurs les plus innovants. Cela ne sera possible que grâce à la qualité des hommes et des femmes et aussi grâce à la qualité de la formation qu'ils auront reçue. Je souhaite que davantage de jeunes choisissent des filières scientifiques et se tournent vers la recherche.
Nous devons aussi conforter la compétitivité de notre économie et de notre territoire. Cela passe en particulier par un grand plan national de mobilisation pour la recherche et l'innovation. Pour que la France soit pionnière dans des domaines essentiels pour l'avenir : les sciences du vivant, les sciences de l'environnement, les technologies de l'information, les technologies des transports... Nous devons atteindre l'objectif de 3% du PIB en dépenses de recherche et développement à échéance 2010, grande ambition et impérieuse nécessité.
D'ici là, nous attendons tous avec impatience le premier vol de l'A380 prévu début 2005 et sa mise en service au printemps suivant. Beaucoup de travail attend encore AIRBUS. Je vous exprime mon encouragement et le soutien, je n'en doute pas, de tous les Français, que l'aventure aéronautique fait rêver depuis plus d'un siècle.
Je vous remercie.